Cet article de Ernesto Galli della Loggia est paru sous le titre : “Une Italie antichrétienne” dans le Corriere della Sera (Milan) le 21 mars 2003. La traduction est de moi-même.
De plus en plus le discours public dans la société occidentale montre une attitude méprisante, voire ouvertement hostile envers le christianisme. A l’indifférence et à l’éloignement qui prévalaient jusqu’à il y a quelques années et qui étaient la règle, à une sécularisation pour ainsi dire silencieuse, se substitue progressivement une dérision impatiente, une agressivité ouverte qui n’est plus seulement l’apanage des cercles restreints cultivés, comme auparavant. L’objectif réel est l’idée chrétienne dans son ensemble, comme je l’ai dit, mais, pour des raisons de représentation numérique et symbolique ce sont presque toujours le catholicisme et de son Eglise qui sont visés. Partout, mais, bien sûr, en Italie plus qu’ailleurs.
Le célibat, le machisme, la pédophilie, l’autoritarisme hiérarchique, la manipulation de la vraie figure de Jésus, la falsification des textes fondateurs, la complicité dans la persécution des Juifs, les spéculations financières, le mépris pour les femmes et le déni de leurs «droits» qui en découle, le sexisme anti-homosexuels, la négation du désir de paternité et de maternité, le soutien au fascisme, l’hostilité à l’usage du préservatif et donc l’apologie de fait de la propagation du sida, la méfiance envers la science, le dogmatisme et par conséquent l’intolérance congénitale : la liste des chefs d’accusation est presque infinie, comme nous le voyons s’y ajoutent de nouvelles accusations aux anciennes. Mais depuis quelques temps s’y est ajouté quelque chose qui donne à ces accusations un poids et un sens différent, un impact plus large et destructeur, pour finalement les réunir toutes ensembles dans le sens d’une attaque plus radicale. Il s’agit d’un radicalisme emphatique nourri d’acrimonie, et aussi une contestation sur le terrain des principes, une récrimination outragée et péremptoire qui laisse présager un règlement de comptes historique. Le fait le plus frappant de la situation actuelle – et pas seulement pour qui est croyant, mais aussi, et peut-être plus pour qui, comme celui qui écrit ces lignes ne l’est pas, c’est surtout l’évidence idéologico-culturelle de la position anti-chrétienne, sa facilité de déploiement, maintenant même dans les couches sociales peu cultivées, mais aussi «moyennes», et «populaires». Plus personne ne pardonne plus rien aux prêtres, à l’Eglise, à l’histoire chrétienne. Il semble – j’exagère certes, mais à peine – que maintenant dans notre société, à commencer par l’Italie, le sens commun de la majorité, est en train de devenir, en fait, anti-chrétien. Bien que la plupart préfèrent se cacher derrière l’argument des « péchés » ou du « retard » de l’Église catholique.
Parmi les motifs nombreux et très complexes qui se cachent derrière cette grande transformation de l’esprit public du pays, je n’en citerai que trois qui me semblent particulièrement significatifs.
D’abord la naïveté moderniste, Les Lumières devenues une conversation de bistrot. Nous aimons nous penser complètement modernes, et cette modernité semble vouloir dire que les seules limites légitimes sont celles que nous nous fixons.
Les vieilles autorités sont toutes mortes et à leur place n’a le droit de siéger que la Science. Nous sommes enfin en mesure de nous auto-administrer, il n’y a besoin d’aucune transcendance qui nous enseigne où est le bien et où est le mal. A quoi peuvent bien servir la religion avec ses commandements, ses prêtres et leurs interdictions? Tout ce qui jette une ombre sur eux apparaît comme la confirmation rassurante de notre supériorité et en fin de compte que nous sommes meilleurs que ceux qui voudraient nous faire sans cesse la leçon.
Et puis – il y a une seconde raison – l’église et tout ce qui la concerne (la religion incluse) entrent dans la condamnation de la liquidation du passé. Une liquidation du passé qui se manifeste en Italie avec une ampleur sans précédent. Cela signifie non seulement que tout ce qui est antique, ce qui est une tradition, est donc lui-même toujours ressenti comme lointain et étranger (la gastronomie restant la seule exception: l’idéologie du slow food est la seule tradition dans laquelle les Italiens d’aujourd’hui se reconnaissent réellement), mais cela signifie aussi que l’évocation du passé, que penser en termes historique est devenu une exception. L’ignorance de l’histoire, du contenu réel des questions, l’anti-historicisme, l’anachronisme dans l’analyse des situations du passé sont devenus de plus en plus communs. D’où la condamnation ridicule de tous les méfaits, les meurtres et les malentendus à la charge de la chrétienté, pour la plus grande gloire d’un éthicisme présomptueux qui pense avoir le dernier mot sur tout.
Et enfin, le cynisme de l’anthropologie séculière italienne, c’est à dire ce fond vaseux qui s’agite sous la naïveté moderniste. Ce cynisme qui sait comment fonctionne le monde et qui, par conséquent n’y croit pas une seconde ; qui, quand il entend prêcher le bien soupçonne tout de suite le mal, qui prend plaisir au salace, et proclame la transparence et la force. Ce farouche trait national qui par principe ne peut croire en aucune cause qui cherche la lumière, qui vise au-delà et porte son regard vers le haut, parce qu’il a toujours besoin de tout rabaisser à sa propre bassesse.
Merci de ces échos « antichrétiens » révélateurs de notre époque dans leurs analyses, notre époque avec sa lucidité mais aussi avec ses tares.
Monsieur, Luc situe cette conversion de Yeshoua ben Yossef en 36 quand Hanan et Caîphe se succèdent et que Pilate est gouverneur de Judée et Tibère empereur, soit dans sa 22. année de règne! On peut envisager les baptèmes surveillés par Yohanan au printemps, puisque les adeptes de son annonce s´immergeaient dans le Jourdain comme dans un miqvé. L´écriture dit qu´à sa suite immédiate Yeshoua ben Yossef a fustigé la foule de Galilée par son annonce de l´imminence du royaume futur, qu´il fut interrogé par le grand-prêtre Caîphe à la demande de Hanan qui n´était donc plus en fonction et condamné rapidement par Pilate, en dernière année de service. Dans cette réalité, tout s´explique: l´inexistance historique de Yeshoua, parce que porté seulement quelques mois dans l´action publique, portant sa mort en effet après Souqot qui sera en 2012 au début du mois d´octobre.
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Lamotte, exprimez-vous, je ne vous comprends pas.