Les Chrétiens d’Orient : « Nous avons un avenir ! »

 
Christ au monastère Saint Georges le Chozébite à Wadi Qelt

« Même si parfois pasteurs et fidèles peuvent céder au découragement, nous devons nous souvenir que nous sommes des disciples du Christ ressuscité, vainqueur du péché et de la mort. Nous avons donc un avenir ! Nous devons le prendre en main » (119).  Cette forte formule se trouve dans le texte qui compile les contributions des chrétiens catholiques du Moyen-Orient qui vient de paraître en vue d’un synode en octobre. Ce document de travail (voir ici en entier : ) résume la situation des églises en Iran, Turquie, Irak, Palestine, Israël… « L’actuelle situation du Moyen-Orient est, pour une grande partie semblable à celle qu’a vécue la première communauté chrétienne en Terre sainte où des hommes inspirés ont écrit les livres du Nouveau Testament (…)  L’affaiblissement, voire la disparition du christianisme là où il est né est une perte pour l’Eglise universelle ». Extraits :    

4. Dans une région où des fidèles de trois religions monothéistes vivent ensemble depuis des siècles, il est essentiel pour les chrétiens de bien connaître les juifs et les musulmans, afin de pouvoir collaborer avec eux dans la sphère religieuse, sociale et culturelle, pour le bien de la société tout entière. La religion – surtout de ceux qui professent un Dieu unique – doit devenir toujours plus un motif de paix, de concorde et d’engagement commun dans la promotion des valeurs spirituelles et matérielles de l’homme et de la communauté. 25. Toutefois, les catholiques doivent, en principe, pouvoir apporter ce qu’ils ont de meilleur dans l’approfondissement – avec les autres citoyens chrétiens, mais aussi les musulmans penseurs et réformateurs – du concept de « laïcité positive » de l’État. De telle sorte, ils aideraient à alléger le caractère théocratique du gouvernement et permettraient une lus grande égalité entre les citoyens de religions différentes, en facilitant insi la promotion d’une démocratie saine, positivement laïque, qui econnaisse pleinement le rôle de la religion, dans la vie publique galement, dans le respect total de la distinction entre les ordres religieux et temporel.
90. (…) il apparaît aussi avec évidence que dans tous les milieux ecclésiaux du Moyen-Orient l’antijudaïsme a été dépassé par les lignes pastorales du Concile Vatican II, au moins théoriquement. Les attitudes négatives actuelles entre les peuples arabes et le peuple juif semblent être plutôt de caractère politique, au vu de la situation de conflit, et donc des hostilités politiques. En même temps, il semble que soit assez répandue l’opinion que l’antisionisme est plutôt une position politique et qu’elle doit donc, en conséquence, être considérée comme étrangère à tout discours ecclésial.
 

 

 91. Assez nombreuses ont été, dans les réponses, les mentions à des initiatives pastorales qui, bien que de caractère plutôt local et au niveau de petits groupes, révèlent le désir qu’ont les fidèles et leurs Pasteurs d’entamer le dialogue avec le judaïsme. En premier lieu, c’est la prière en commun qui est indiquée, une prière principalement à partir des Psaumes, ainsi que la lecture et la méditation des textes bibliques.   

93. Dans ce sens, il faut reconnaître que l’intention d’approfondir aussi les traditions du judaïsme par une étude sérieuse au point de vue historique et théologique, et plus spécialement au niveau universitaire dans les Facultés théologiques, est des plus louables. Cela offrirait, en premier lieu, la possibilité de mieux connaître les différentes traditions ecclésiastiques orientales du fait de leurs rapports historiques avec les traditions juives. Ensuite, les études approfondies mentionnées plus haut ouvriraient un horizon plus éclairant pour mieux connaître le Nouveau Testament.   
 
95. Les rapports de l’Église catholique avec les musulmans ont aussi leur fondement dans la Déclaration du Concile Vatican II Nostra Aetate qui affirme entre autre que « L’Église regarde aussi avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes ».
 

96. Les relations entre chrétiens et musulmans sont parfois ou souvent difficiles, surtout du fait que les musulmans ne distinguent pas religion et politique, ce qui met les chrétiens en situation délicate de noncitoyens, alors qu’ils sont les citoyens de ces pays bien avant l’arrivée de l’Islam. La clé du succès de la coexistence entre chrétiens et musulmans dépend de la reconnaissance de la liberté religieuse et des droits de l’Homme. Quant aux prérogatives de la personne (famille et héritage dans certains pays), il existe des statuts particuliers pour les communautés chrétiennes, dont les ecclésiastiques sont reconnus et voient leurs décisions appliquées. Toutes les Constitutions affirment l’égalité des citoyens devant l’État. L’éducation religieuse est obligatoire dans les écoles privées et publiques, mais elle n’est pas toujours garantie aux chrétiens.     
 
101. Trop souvent, nos pays identifient l’Occident avec le christianisme. S’il est vrai que l’Occident a une tradition chrétienne, et s’il est vrai qu’il a des racines chrétiennes, il est aussi évident qu’aujourd’hui leurs gouvernements sont laïcs et qu’en soi la politique ne s’inspire pas de la foi chrétienne ; au contraire, elle combat même souvent certaines de ses expressions. Mais le fait que le monde musulman ne fait pas facilement la distinction entre l’aspect politique et l’aspect religieux lèse grandement les Églises de la région du Moyen-Orient : en effet, au plan concret, l’opinion publique musulmane attribue à l’Église pratiquement tous les choix des États occidentaux. Il est important d’expliquer le sens de la laïcité et de l’autonomie légitime des réalités terrestres, tel qu’il est enseigné par le Concile Vatican II.   
109. Il n’y a pas de laïcité dans les états à majorité musulmane, à l’exception de la Turquie : l’Islam est en général la religion d’État, la source principale de la législation, s’inspirant de la sharia.
110. Dans certains pays, l’État est islamique et la sharia est appliquée non seulement dans la vie privée, mais aussi dans la vie sociale, pour les non-musulmans également, ce qui entraîne la méconnaissance des droits humains. Quant à la liberté religieuse et à la liberté de conscience, elles sont généralement inconnues dans le milieu musulman, qui reconnaît la liberté de culte mais non la liberté de proclamer une religion autre que l’Islam, et encore moins d’abandonner celui-ci. En outre, avec le développement de l’intégralisme islamique, on voit augmenter un peu partout les attaques contre les chrétiens.   
 

 
 
 

 120. L’espérance, née dans la Terre Sainte, a animé les peuples et les personnes en détresse à travers le monde pendant 2000 ans. Au milieu des difficultés et des défis, elle reste une source intarissable de foi, de charité, et de joie pour former les témoins du Seigneur ressuscité, toujours présent au milieu de la communauté de ses disciples.
 
 

 

  

  
 
 
 

 

 

 

 

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