Les gréco-romains obligeaient-ils les nations vaincues à croire leurs dieux ?

Le 9 Av (Tisha bé Av תשעה באב) célébré aujourd’hui par le jeûne est une date de catastrophes pour le peuple juif.

–         C’est ce jour qu’ont été détruits les deux Temples de Jérusalem : le 9 Av -586, le 9 Av 68 (photo d’un maquette du second Temple)

–         C’est le 9 Av 1492 que les juifs ont été chassés d’Espagne…

Mais, si l’on en croit les des Prophètes, le 9 Av deviendra un jour de réjouissances.

« Ainsi parle l’Eternel-Cebaot: Le jeûne du quatrième mois et le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième mois seront changés pour la maison de Juda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles. Mais chérissez la vérité et la paix ! » (Zacharie 8, 18)

Occasion pour nous de revenir sur le conflit de croyance entre Israël l’empire gréco-romain qui nous sont posées sur ce blog. Les gréco-romains obligeaient-ils les nations vaincues à croire leur dieux ? Je montrerai que cette question posée de manière moderne (liberté de conscience) n’a pas de sens pour les mentalités de l’époque.

LA COLONISATION GRECO-ROMAINE

J’ai montré dans « Jésus de Nazareth, juif de Galilée » avec d’autres historiens (et non de croyants …) que la méthode des ‘villes grecques’  (d’Alexandre au départ mais aussi Séphoris à quelques kilomètres de Nazareth à l’époque de Jésus) consistait à coloniser une région avec des « villes grecques » en mettant à la tête de la population une aristocratie d’affidés locaux vivant « à la grecque » (Cf Hérode Antipas), avec gymnase, cirque, temples, jeux…, le pouvoir central relevant l’impôt et intervenant militairement en cas de problème ou gouvernant directement (CF, Pilate à Jérusalem). Les populations locales vivaient à la grecque comme nous consommons des films d’Hollywood. Ce n’était pas une question de croyances mais de colonisation, de pouvoir, d’impérialisme dirions-nous aujourd’hui. La religion, centrale, était un levier stratégique parmi d’autres.

LES ROMAINS CROYAIENT-ILS A LEURS DIEUX ?

Les romains ne s’intéressaient donc pas à ce que croyaient les populations (une supersitio d’ordre privé) mais à l’imperium, leur pouvoir garanti par la religion civique (d’ordre public) qui réglait l’ordre et le droit de la cité via le culte. Ne pas prêter allégeance à l’empereur ou à ses affidés revenait à être hors la Loi (CF. le « Rendez  à césar » de Jésus). Il ne s’agit pas de croyance mais de pouvoir. Il faut lire à ce sujet Paul Veyne : « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? » : « L’objet réel de ce texte est de montrer que la question qu’il pose, en dernière instance, n’a pas de sens. C’est que la poser est implicitement se ranger dans la descendance de Fontenelle et des hommes du siècle des Lumières, confrontant les dits avec les faits » (Veyne)… En dehors des catégories mentales antiques on projette donc dans le monde antique une question moderne auquel il ne peut répondre avec des catégories mentales modernes. Est-ce que les juifs auraient imposé leurs croyances, les romains et les grecs non… etc… Cette erreur est celle d’Onfray-Soler dans un article récent.

LA PAIX DES DIEUX GRECO-ROMAINE

C’est seulement dans ce cadre qu’on peut comprendre les faits religieux suivants :

–          Les grecs ont construit (ou fait construire par leurs affidés) un éphébium (gymnase), hésité à installer (ou faire installer) la statue de Zeus dans le Temple. Une partie de l’aristocratie jérusalémite fera alliance avec (Antiochus Epiphane) dans une sombre dispute autour du trésor du Temple, prendra le parti de l’envahisseur et installera la statue de Zeus dans le Temple en 167, provoquant l’insurrection des maccabées…

–          Les romains ont fait offrir les sacrifices du Temple de Jérusalem à l’empereur en s’appuyant sur l’aristocratie hasmonéenne au premier siècle.

–          Pilate (qui est préfet de 26 à 36) a voulu poser des boucliers votifs (portant des inscriptions à la gloire de Tibère) à Jérusalem sur le palais d’Hérode selon Philon d’Alexandrie (Legatio ad Caium 299 s.), a fait entrer des enseignes à l’effigie de César à Jérusalem selon Flavius Josèphe (GJ II, 169-171 ; AJ XVIII, 55-59)… provoquant des émeutes.

–          En 70, le temple symbole du judaïsme (à l’époque un temple est autant un lieu de culte que de pouvoir qu’une banque!) est détruit définitivement. Lors du triomphe lors du triomphe de Titus, qui sera bientôt empereur, à Rome, on exhibe les symboles de la « Judée captive », c’est à dire du Temple (Menorah-chandelier à sept branches, tables de l’autel) entourés des prises de guerres : les peuples réduits en esclaves. C’est ce qu’on voit sur l’Arc de Titus à Rome (photo) qui célèbre la destruction de Jérusalem, le massacre de 25% de la population de Judée soit 500 à 600 000 morts en 70 de notre ère et la mise en esclavage de ceux qui restaient.

–          Lors de la seconde guerre judéo-romaine en 135. Les romains ont dédié Jérusalem, devenue Aelia Capitolina, dédiée à Jupiter du Capitole en 135. Le massacre fait 580 000 morts.

Le problème était que les juifs résistaient à l’occupation de leur terre et des esprits, sans parler de la pression fiscal et de l’esclavages suite aux drames de 70 et 135. Ces actes religieux avaient une visée politique et militaire, ces réalités n’étant pas distinctes à Rome.

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