Réflexions sur le Shabbat (suite)

bougies

Le traité Shabbat du Talmud de Babylone, s’ouvre sur une première Mishna bien étrange :

Mishna : LES SORTIES (d’objets interdits), LE SAMEDI, SONT AU NOMBRE DE DEUX PORTEES A QUATRE (pour celui qui se tient) A L’INTERIEUR, ET DEUX PORTEES A QUATRE (pour celui qui se tient) A L’EXTERIEUR. COMMENT ?

LE PAUVRE (Aani) EST DEBOUT A L’EXTERIEUR, ET LE MAÎTRE DE MAISON (baal a bait) A L’INTERIEUR :

LE PAUVRE TEND SA MAIN VERS L’INTERIEUR (en tenant un objet) ET LE POSE DANS LA MAIN DU MAÎTRE DE MAISON, OU, S’IL PREND (un objet) ET LE POSE DANS LA MAIN ET LE FAIT LE SORTIR, LE PAUVRE EST FAUTIF, ET LE MAÎTRE DE MAISON EST QUITTE.

LE MAÎTRE DE MAISON TEND SA MAIN VERS L’EXTERIEUR (en tenant un objet), ET LE POSE DANS LA MAIN DU PAUVRE, OU, S’IL PREND (un objet) DE CETTE MAIN, ET LE FAIT RENTRER, LE MAÎTRE DE MAISON EST FAUTIF, ET LE PAUVRE EST QUITTE ;

LE PAUVRE TEND SA MAIN VERS L’INTERIEUR (en tenant un objet), ET LE MAÎTRE DE MAISON PREND (l’objet) DE CELLE-CI, OU, S’IL POSE (un objet) DANS CETTE MAIN ET LE PAUVRE FAIT SORTIR (l’objet), LES DEUX SONT QUITTES.

LE MAÎTRE DE MAISON TEND SA MAIN VERS L’EXTERIEUR (en tenant un objet), ET LE PAUVRE LE PREND DE CELLE-CI, OU, S’IL POSE (un objet) DANS CETTE MAIN, ET LE MAÎTRE DE MAISON LE FAIT RENTRER, LES DEUX SONT QUITTES.

En s’appuyant sur Ex 16, 29 : « Considérez que l’Éternel vous a gratifiés du Sabbat! c’est pourquoi il vous donne, au sixième jour, la provision (lehem, la manne, le pain)  de deux jours. Que chacun demeure où il est, que nul ne sorte de son habitation le septième jour» qui décrit le don de la manne pour deux jours à shabbat alors que les jours précédents le peuple recevait uniquement selon son besoin quotidien,  la loi rabbinique a induit l’interdiction de transporter un objet du domaine public au domaine privé et vis versa à Shabbat. (TB Erouvin 46 a). Le domaine public est un lieu ouvert à la circulation, le domaine privé est forclos.

Remarquons au passage que dans cette Mishna, le pauvre c’est celui qui n’a pas de maison, qui erre dans un espace ouvert aux vents. Le maître de maison n’est pas qualifié de « riche » mais de baal ha bait celui qui possède la maison.

Alors quel est le sens de cette Mishna ?

Le travail défendu par cette première Mishna du Traité Shabbat comprend deux étapes essentielles : prendre un objet qui était posé dans un domaine (« ‘Akira ») et le déposer (« Hana’ha ») dans un autre domaine. Celui qui accomplit la « ‘Akira » et la « Hana’ha » transgresse l’interdit rabbinique. Celui qui effectue les deux actes qui, ensemble, constituent une «réalisation» au sens biblique transgresse l’interdiction. Quand l’un des deux réalise seulement une partie de l’acte il est innocent. Chacun fait un pas vers l’autre. C’est l’esprit du shabbat.

L’intériorité définie permet une sanctuarisation de l’amitié (la mistvah d’inviter ses amis), une sanctification de la famille (la mistsvah des trois repas somptueux), de l’amour conjugal (la mitsvah de faire l’amour avec sa femme).

Cette intimité permet de retrouver l’intériorité, la profondeur de l’existence.

Il y a aussi dans cette mishna l’idée de maintenir l’intégrité et le respect des personnes.

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