Pessah, fête de l’UN

 

Une méditation sur le korban Pessah suite à une conférence du Rav Harboun sur l’Unité du korban Pessah.assiette-de-seder

Pessah, fête de l’UN

Un seul korban Pessah

Concernant le korban Pessah, le sacrifice pascal, les os de l’agneau ne devaient pas être brisés, cassés en deux, ils devaient être UN. Lors de la grillade, la bête devait rester entière ; ne pas être découpée auparavant en morceaux. L’agneau devait être : ben chana, (fils de l’année, il a un an) , tamim, entier, sans défaut. UN.

Pas de demi mesure,pas de découpe : « N’en mangez rien qui soit à demi cuit, ni bouilli dans l’eau mais seulement rôti au feu, la tète avec les jarrets et les entrailles ».(Ex 12, 9) 

Voilà pourquoi on met un os dans l’assiette du Seder (photo)

Un seul jour du mois UN

Tout se passe le  mois UN, lehadeshei (לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה.) de l’année : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l’année. » (Ex 12, 2)

Tout doit se dérouler en un jour,  on ne doit pas consommer le korban Pessah le lendemain, Il était proscrit d’en laisser jusqu’au matin ; tout devait être consommé la nuit même. le jour devait être UN.: « Et l’on en mangera la chair cette même nuit ...Vous n’en laisserez rien pour le matin; ce qui en serait resté jusqu’au matin, consumez-le par le feu. » (Ex 12, 8. 10)

Une seule famille

« On se procure UN agneau par maison » (Ex 12, 3). « Celui dont le ménage sera trop peu nombreux pour manger un agneau, s’associera avec son voisin, le plus proche de sa maison, selon le nombre des personnes; chacun, selon sa consommation, réglera la répartition de l’agneau. » (Ex 12, 4). Les familles doivent se réunir être UNE.

La famille doit rester unie dans sa maison : « Que pas un d’entre vous ne franchisse alors le seuil de sa demeure, jusqu’au matin. » (Ex 12, 22)

Un seul peuple

La fête de Pessah est la fête de l’UN nous a expliqué le Rav Harboun. en effet il faut faire l’unité du peuple : le pauvre est invité à la table dés le début de la Haggadah, le peuple doit être UN, ehad‘ :

«  Voici le pain de misère que nos pères ont mangé en terre d’Egypte. 
Quiconque a faim vienne et mange !
Quiconque est dans le besoin vienne et célèbre Pessah avec nous !
Cette année ici, l’an prochain dans le Pays d’Israël
cette année esclaves, l’an prochain, hommes libres. »

Haggada de Pessah 

Tous sont invités à la fête, le Lévie (qui ne possède pas d’argent durant Pessah’ car ils ne possédaient aucun terrain en Erets Israël), l’étranger, le serviteur, la servante, l’l’orphelin,la veuve… tous sont UN :

« Durant 6 jours tu consommeras des Matsot et le 7ème jour sera un évènement pour Hachem ton D… Tu ne feras aucun travail…Tu te réjouiras devant Hachem ton D., toi, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, ainsi que le Levi qui habite parmi toi, et l’étranger ainsi que l’orphelin et la veuve qui sont au milieu de toi, à l’endroit qu’Hachem ton D. choisira pour y faire résider son Nom. » (Dévarim chap.16)

L’unité intérieure

Korban vient d’un mot qui signifie « approcher, apporter », on s’approchait du Grand Prêtre au Temple pour le sacrifice. Il est bien clair que ces rites où l’on parlait au grand-prêtre et confessait son péché visaient à refaire l’Unité de l’individu. A le rassembler mentalement pour lui éviter la maladie mentale. le Grand Prêtre était un thérapeute avant l’heure. Le sacrifice visait à provoquer un choc psychologique. La personne qui venait en voyant la bête mourir et en faisant techouva en se repentante et en réparant comprenait ce qui avait failli lui arriver du fait de son péché.

La mort, le péché nous morcelle. Nous divise. C’est le sens de diabolon, le diable est celui qui divise. L’inverse du Symbolon, qui lui, unifie.

Nous vivons habituellement dispersés, impossible de nous recueillir. Bien que nous proclamions le Chema chaque matin qui proclame l’unité du D.ieu UN, nous sommes tiraillés en tous sens, schizophrènes, c’est à dire étymologiquement « coupés ».

La libération que propose Pessah face à cet esclavage est de retrouver notre Unité intérieure, familiale, de peuple libre. Littéralement nous mangeons notre Unité (l’os dans l’assiette de Pessah). Notre panim (visage) rejoint notre penim (intérieur). Mettre le sang de l’agneau sur les linteaux de la maison signifiait faire correspondre l’intérieur et l’extérieur, de la maison et de l’individu, l’unifier. Comme dit le Psaume :

 

יַחֵד לְבָבִי,    לְיִרְאָה שְׁמֶךָ « Unifie mon coeur pour qu’il craigne ton nom! » (Ps 84, 11)

Cette nuit… la liberté

A cette époque, l’idolâtrie par excellence des Égyptiens était le culte du télé,l’agneau, bête sacrée dans le pays, et dont jusqu’au toucher  était formellement interdit, à plus forte raison pour le tuer ! Il fallait un immense courage pour tuer un agneau. Cela signifiait se libérer du paganisme ambiant et naître comme une liberté nouvelle non déterminée par l’esclavage ou les dieux locaux. Mettre le sang de l’agneau sur les linteaux de la maison était une pure provocation. 

« Quand vos enfants vous demanderont: ‘Que signifie pour vous ce rite?’ vous répondrez: ‘C’est le sacrifice de la pâque en l’honneur de l’Éternel, qui épargna les demeures des Israélites en Egypte, alors qu’il frappa les Égyptiens et voulut préserver nos familles.’ «  (Ex 12, 26-27)

L’enfant demande « ma nishtana leila azé? « , « En quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits? »

Pessah-Paque-juive-Seder

 

Nuit de la création du monde, nuit de Pessah, nuit du mont Moriah, « Cette nuit est vraiment différente des autres nuits » dit la Hagada et , cette nuit, chacun de nous peut être unifié rendu à sa condition première d’Adam libre sous le regard de Dieu :  Cette unité est celle de l’homme libéré de sa duplicité de sa schizophrénie fondamentale qu la fait courir vers la servitude et le malheur. Et la Haggada proclame « En toute génération l’homme doit se considérer comme si lui-même était sorti d’Égypte », prendre conscience que Pessah est à la fois le fondement et l’espérance de toutes les libérations d’Israël et de l’humanité toute entière jusqu’à la nuit finale, celle de la Rédemption.  יַחֵד לְבָבִי,    לְיִרְאָה שְׁמֶךָ « Unifie mon coeur pour qu’l craigne ton nom! ».

« Dieu nous fit passer de l’esclavage à la liberté, de la détresse à la joie, du deuil à la jubilation, des ténèbres à une grande lumière, de la servitude à l’affranchissement » (Rituel de Pessah.) 

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