A Bnei Brak, la ville juive la plus religieuse du monde

Bnei Brak Didier Long 1

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DSCN7638 » Qui n’a pas vu Bnei Brak la veille de Pessah n’a rien vu « … « Je ne prends pas de rendez-vous la semaine de veille des fêtes mais je me libère pour toi ». Le mail de mon ami Jérémie Berrebi commençait comme un conte d’Alphonse Daudet. Et il ne m’avait pas menti… qui n’a pas vu Bnei Brak la veille de Pessah n’a absolument rien vu.

Imaginez une ville où les habitants ont une dizaine d’enfants par famille. Mon ami en a douze.

Imaginez des gens qui étudient pendant des jours et des nuits pour analyser le sens d’un seder (« Ordre », repas) du soir de Pessah alors que va se réunir toute la famille… mon ami s’était levé à 4 h du matin pour étudier la guemara en cette veille de Pessah.

L’enfant demandera : « En quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ?  » Et l’enfant comprendra qu’il est différent, irrémédiablement différent et qu’il porte cette différence du quadosh, du particulier, dans ce monde où tout se ressemble.

Le papa répondra :« Dieu nous fit passer de l’esclavage à la liberté, de la détresse à la joie, du deuil à la jubilation, des ténèbres à une grande lumière, de la servitude à l’affranchissement ». Et il dira à l’enfant que c’est chaque juif qui ce soir passe de l’esclavage à la liberté, et il chantera le récit « magique »de la fête  :

«  Voici le pain de misère que nos pères ont mangé en terre d’Egypte. Quiconque a faim vienne et mange ! Quiconque est dans le besoin vienne et célèbre Pessah avec nous ! Cette année ici, l’an prochain dans le Pays d’Israël, cette année esclaves, l’an prochain, hommes libres. »

Et dans Bnei Brak ce coin du monde où on fait des enfants on croise que des religieux et des milliers de poussettes.

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Il y a des poussettes et des religieux partout (ici tout le monde est religieux !)

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Et chacun s’active pour préparer ce repas magique.

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Bnei Brak est la ville la plus pauvre et la plus densément peuplée d’Israël. Les haredi représentent 30% de la population de Jérusalem mais 10% de celle de tout Israël, 100% de celle de Bnei Brak. L’idéal est que l’homme passe 100% de son temps à l’étude. Et comme les gens sont très pauvres pour préparer Pessah on leur offre de la nourriture (photo).

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J’ai donc visité la ville avec Jérémie. J’ai vu des tas de trucs étranges et magiques. Savez vous par exemple que le Rav Shteinman, l’un des plus grands décisionnaires qui contrôle l’étude de la plupart des Yeshivot en Israël  (Avec le Rav Kanievski  qui vit lui aussi à Bnei Brak) habite au premier étage de cette toute petite maison (la seconde) ? C’est en soi un enseignement.

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Rav Aharon Leib Shteinman

Bnei Brak est la ville juive la plus religieuse au monde, à shabbat et fêtes la circulation y est interdite. Ici il n’y a que des harédi, des «craignant Dieu» en noir. Les hommes étudient dans les yéchivot (séminaires talmudiques) les plus réputées du monde dont les rabbins sont des autorités respectées.

On trouve partout aux arrêts de bus, aux passages piétons des tas de boîte à tsedaka pour mettre des pièces dans toutes les rues de Bnei Brak qui est pourtant une  banlieue de Tel Aviv trés pauvre.

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De magnifiques yéshivot sortent de terre comme celles du Rav Halpérin :

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Il n’y a  pas la télé, les téléphones sont cashers, les hommes ne serrent pas la main des femmes… Dans cette rue il y a une syna étrange. Comme il n’avainet l’autorisation de bloquer la rue qu’en cas de prière elle tourne 24 h sur 24 !!! Les offfices s’enchaînent jour et nuit !

Pour s’informer on lit et les nouvelles sont affichées sur les murs.

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Même celles de la mairie :

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Tout est tsniout, les hommes ou les ados ne regardent pas les femmes  :

Nous sommes entrés dans une librairie et nous avons parlé à perte de vue. C’est à cela que servent les livres. Ici le livre, l’érudition, la réflexion… sont rois.

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Mon ami étudie depuis un mois les textes de ce fameux Seder qui va se  passer vendredi soir. Comme tous les juifs il a casherisé sa vaisselle pour le seder en la passant à l’eau bouillante puis au Mikvé (bain rituel). On trouve de ces établis de cashérisation au coin des rues.

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Il a nettoyé sa maison de fond en comble pour en enlever la moindre poussière de ce hametz (levure) que nous ne consommons pas pendant les sept jours de la fête où seules les matzot (pains non levés) sont autorisées. Jeudi soir nous parcourerons nos maisons jusque dans le moindre recoin avec une bougie, suivi des enfants dans la joie, pour chercher ce maudit hametz qui nous empoisonne jusque dans les coins des placards de notre âme.

Jérémie s’occupe de sa famille mais c’est un des hommes d’affaires de l’Internet les plus compétents que je connaisse. En 2014, il a investi dans 90 start-ups, oui , plus d’une par semaine ! Nous avons commencé par parler boulot, il est dans l’Internet, c’est mon métier.

Je vais vous faire une confidence et je ne suis pas sur que vous serez d’accord. Au premier regard les haredi sont étranges… mais à regarder de prés ces gens ont placé les enfants, l’étude et l’amour de  D. et du prochain au dessus de tout le reste. Il n’imposent rien à personne et il règne ici une atmosphère de gentillesse. Évidement ça choque un universitaire français progressiste qui pense que la religion s’efface à mesure que la modernité grandit et qu’il s’élève au dessus de tout le monde. Mais moi j’ai vu beaucoup de religieux dans   beaucoup de religions et j’ai un immense respect pour les gens qui donnent leur vie à chercher l’Eternel.

Alors, pourquoi pas ?

Hag Pessah Sameah !

Autre article :

Chez les fils et les filles du Rebbe de Loubavitch à Crown Heights – Brooklyn

 

 

 

 

4 commentaires sur « A Bnei Brak, la ville juive la plus religieuse du monde »

  1. Merci pour cet article Didier, J’aurais bien aimé que vous creusiez la question des rapports homme – femme.

  2. Bonjour Monsieur.
    Est-il possible d’utiliser une de vos photos sur Bnei Brack pour une petite publication juive, en signalant bien sûr son origine et le nom de l’auteur.
    IJ

  3. Et bien moi qu’est-ce que j’aimerais vivre à Bnei Brak… C’est un beau rêve qui ne pourra se réaliser, mais merci Monsieur pour ce beau reportage, j’ai voyagé…

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