Histoire des Marranes, le Ghetto de Venise

Cécile Roth dans son Histoire des Marranes (1974, Liana Levi 1990)raconte ce qu’était le ghetto de Venise. Les photos sont de nos « reporters » Eddie et Alexandra Misrahi.

Ghetto de Venise  le Campo du Ghetto Nuovo

Ghetto de Venise – le Campo du Ghetto Nuovo

« La vague d’immigration détournée de Venise se renforça d’année en année. On entendait le portugais sur les places exiguës du ghetto où résonnaient les noms des meilleures familles aristocratiques de la Péninsule ibérique. En 1651, le curé d’une paroisse voisine affirmait catégoriquement que des chrétiens, autrefois prêtres au Portugal, étaient aujourd’hui des juifs au bonnet jaune. Les tribunaux de la Péninsule étaient occupés à écouter les dénonciations de visiteurs scandalisés. D’illustres figures de la vie juive — médecins, philosophes, poètes, penseurs et mystiques — faisaient leur première expérience du judaïsme dans le ghetto de Venise.

Le Campo du Ghetto Nuovo

Le Campo du Ghetto Nuovo

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Les membres de la nouvelle colonie étaient appelés « ponentines » ou occidentaux et ils formaient un élément distinct aux cotés des « nations » allemandes et levantines de la communauté juive de Venise. L’élément « ponentin » était légalement limité au commerce maritime où certains prospéraient de manière excessive. En l’espace de quelques années, ils s’étaient acquis le monopole sur les affaires locales et payaient autant d’impôts locaux que les deux autres communautés réunies. Ils étaient représentés par soixante membres au conseil communautaire, contre quarante allemands, (de loin numériquement les plus importants) et douze Levantins.

Synagogue des Levantins au ghetto Nuovo

Ghetto de Venise – Synagogue des Levantins

Synagogue espagnole de Venise

Ghetto de Venise – Synagogue des Espagnols

Leur synagogue construite à l’origine en 1584 et reconstruite plus tard sous la surveillance du grand Longhena était la plus grande et la plus luxueuse du ghetto et servait de lieu de culte dans les grandes occasions. La langue des sermons et des annonces était l’espagnol ou le portugais. De nombreux ouvrages, littéraires, juridiques ou liturgiques, étaient imprimés dans ces langues sur les presses locales. Les armoiries des familles d’hidalgos de la Péninsule étaient gravées sur les pierres tombales du Lido où l’usage exclusif de l’hébreu s’affaiblit. Les rabbins locaux étaient assaillis par des questions de casuistique touchant aux problèmes soulevés par les nombreux semi-prosélytes. C’est ainsi que se formèrent les premières communautés permanentes d’exilés marranes. Pendant longtemps, elles jouirent de l’hégémonie sur le monde marrane. Leurs imprimeries fournissaient l’essentiel de la nouvelle littérature, elles constituaient le principal centre d’activités spirituelles et intellectuelles et fournissaient des maîtres aux congrégations naissantes qui les considéraient comme un modèle d’organisation. »

Monument de l'Holocauste

Ghetto de Venise – Monument de l’Holocauste

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