176 : le chiffre du bonheur dans la Torah

Qu’est-ce qu’une vie réussie ? C’est ce que nous le raconte la paracha de Nasso

La Paracha de Nasso est la plus longue avec 176 verset s ont remarqués nos Sages. Et ils ont aussi remarqué que le plus long des Tehilim, le Psaume 119, possède lui aussi 176 versets. D’autre part, nos Hakhamim ont remarqué que le traité le plus long du Talmud Baba Batra (la « dernière porte »), qui s’intéresse aux questions liées à la responsabilité individuelle et aux droits des détenteurs de propriétés possédait lui aussi 176 dapim (pages). Alors les Hakhamim (les Sages d’Israël) se sont posé la question.  Pourquoi 176 et pas 175 ou 177 ?

Vous pouvez compter, le psaume alphabétique (ou acrostiche) 119 comporte les 22 lettres de l’alphabet hébraïque multipliées par 8 versets soit 176 versets. Le chiffre 8 représentant la perfection, celle de la circoncision au 8ème jour et du monde qui vient.

Ce psaume qui chante les louanges de la Torah commence par la lettre Aleph comme si celui qui obéissait était un enfant qui épelle les lettres de l’alphabet de l’existence devant Dieu :

Achrei témimei derekh aolékhim betorath adonaï

Heureux ceux dont la voie est intègre, qui suivent la Loi de l’Eternel !

Heureux ceux qui respectent ses statuts, le recherchent de tout leur cœur,

qui, se gardant bien de commettre aucune injustice, marchent dans ses voies (derekh)!

Tu as promulgué tes ordonnances (tsiouta – mitsvah), pour qu’on les observe (lichmor) strictement.

Ah! puissent mes pas être fermes, pour que j’observe (lichmor) tes préceptes!

Alors, je ne serai point déçu, en portant mes regards sur tous tes commandements (mitsvoteikha).

Je te rendrai grâce en toute droiture de cœur, en m’instruisant des règles de ta justice.

Tes statuts, je les observerai (eshmor): ne m’abandonne en aucun temps. »

Ce psaume commence par le mot Achrei, un mot crochet qui dans la Bible renvoie au joug de la Torah. C’est d’ailleurs le premier mot du premier verset des Théhilim, le Psaume 1, qui résume le « joug de la Torah » (le psaume 2 résumant le joug des Cieux et la venue du Machiah[1])

Achrei haish. Acher lo halaKh. Ba’atzat rechaim ouvdérékh ‘hataïm lo amad ouvmochav létsim lo iachav

Heureux l’homme qui ne suit point les conseils des méchants, qui ne se tient pas dans la voie des pécheurs, et ne prend point place dans la société des railleurs,

Ki im betorah adonaï efétso ouvtorato yégé iomam valayla

mais qui trouve son plaisir dans la Loi de l’Eternel, et médite cette Loi jour et nuit! »

Le Psaume 112, 1 nous confirme ce lien entre la plénitude du bonheur et le plaisir pris au respect des commandements :

« Alléluia ! Heureux l’homme qui craint l’Eternel, qui prend grand plaisir à ses commandements !

Puissante sera sa postérité sur la terre : la race des justes est bénie! » (Ps 112, 1-2)

8 fois 22 c’est donc un peu une plénitude de louanges. La méditation de la Torah permanente qui devient un chemin de vie, un derekh (chemin) ou l’on marche (halakh, marcher)… selon la Halakha justement, procure un bonheur serein et durable. Le psaume 84 reprend cette idée d’un bonheur familial et en chemin à la fois.

« Heureux ceux qui habitent dans ta maison, et sans cesse récitent tes louanges! Sélah!

Heureux l’homme qui met sa force en toi, dont le cœur connaît les vraies routes! » (Ps 84, 1-2)

Le chemin du tsadik est donc un chemin de plénitude et de joie.

« Heureux le peuple connaissant les chants de victoire (terouah’ : la sonnerie du chofar), cheminant, Eternel, à la lumière de ta face ! »

Sans cesse ils sont en joie à cause de ton nom, et s’élèvent par ta justice. (Ps 119, 16)

Nous disons la prière du Achrei, un psaume alphabétique acrostiche (Ps 145) et des versets des psaumes ci-dessus cités trois fois par jour : deux fois à Chaarit, le matin, et une fois à Min’ha, l’après-midi. Cette halakha est tirée de l’enseignement de Eleazar ben Avina dans le Talmud qui rapporte :

« Rabbi Eléazar a rapporté cette affirmation de Avina [son père] : ‘‘ Quiconque dit : ‘Psaume de David…’ (Ps 145) trois fois par jour est assuré du monde futur’’ ; Quelle en est la raison ? Si nous disons ‘parce qu’il suit l’ordre alphabétique’ -on devrait dire: ‘Heureux ceux dont la voie est intègre…’(Ps 119) qui se présente avec de huit façons. Mais parcequ’il y a ‘Tu ouvres tes mains’ (v. 16) on devrait dire le grand Hallel où il est écrit ‘Il donne du pain à toute chair’ (Ps 136, 25) » (TB Berakhot 4b)

L’enfance de l’apprentissage spirituel et les lettres du bonheur

Le psaume 145, l’Achrei a le double mérite d’être alphabétique, il renvoie à l’enfance de l’apprentissage spirituel qui épèle les lettres du bonheur, et de rendre grâce à Celui qui accorde la subsistance. Le Talmud rapproche les versets du Achrei et du Grand Hallel qui remercient pour les nourritures terrestres « Tu ouvres ta main et rassasie tout être avec bienveillance » (Ps 145, 16) // « Il donne du pain à toute chair, sa bienveillance est éternelle » (Ps 136, 25) pour nous enseigner que la prise de conscience du lien entre la nourriture et la crainte de Dieu est une des clés du monde futur. Ce verset 16 est le verset final de la Birkat amazone, de nos fins de repas.

176

On retiendra que le chiffre des176 versets de cette paracha ou du psaume 119 multiplie les 22 lettres de l’Alphabet hébraïque par la plénitude du monde à venir (chiffre 8), comme si l’attitude de l’enfant qui étudie était une des clés du monde futur, comme si la vraie attitude spirituelle du tsadik était celle de celui qui ne sait pas et qui chaque matin dit : « aujourd’hui je commence ». Achrei le premier mot des tehilim et du monde qui vient.

Certains commentateurs ont remarqué que ce huitième jour du monde qui est aussi celui de la brit mila est celui du premier commandement de Dieu à Abraham lors de sa circoncision à l’âge de 99 ans : « Je suis le Dieu tout-puissant (Chaddaï); marche (ithalekh) devant ma face, sois irréprochable (tamim)» (Gn 17, 1). L’enlèvement de la Orla qui sépare l’homme de Dieu rend l’homme parfait, tamim, – un mot qui signifie « sans défaut » comme la bête offerte en sacrifice au Temple ; non pas irréprochable mais « sans obstacle » dans son alliance, sa relation, avec le Saint, Beni soit-il.

Achrei, Le Bonheur, le premier mot du premier monothéiste. C’est tout ce que nous souhaitons à la fille de Clara qui vient de naître.

[1] « Les grands de la terre se liguent entre eux contre l’Eternel et son Messie… celui qui règne dans les cieux s’en amuse et les tourne en dérision » (Ps 2)

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