De la guyour (conversion au Judaïsme)

Le processus de conversion selon la Halakha juive 

Le Traité Yébamoth 47b parle des conversions.

La pleine conscience de ce à quoi la personne s’engage librement et de manière désintéressée:

Le candidat au Guyour ne doit pas être convaincu, ou dissuadé trop fermement. R. Eleazar a déclaré: Quelle est la preuve scripturaire? – Il est écrit, Et quand elle vit qu’elle était fermement décidée à aller avec elle, elle ne lui parlait pas (Ruth 1, 18)« Actuellement, elle a vu qu’elle était fermement consciente, etc. (Ruth) « Il nous est interdit », elle [Noémie] lui a dit, [à Ruth]  « de se déplacer le jour du chabbat au – delà des frontières du chabbat »! [2000 coudées en ville]   – « Où tu iras » [l’autre a répondu] « J’irai ». (Ruth 1, 16)  »

«Nous sommes interdits de rencontre privée entre homme et femme»!  :  ‘Où tu iras j’irai »
On nous a commandé six cent treize commandements! – «Ton peuple sera mon peuple».
«Nous sommes interdits d’idolâtries»! – ‘Et ton dieu, sera mon Dieu’.
«Quatre modes de peine de mort ont été confiées à Beth Din!  : « Où dites-vous, je vais mourir ».
«Deux cimetières  ont été mis à la disposition du Beth din ‘! : « Et je serai enterré ».   Alors, elle a compris qu’elle était fermement consciente, etc.

(TB Yebamoth 47b)

L’interdiction de retarder une circoncision après l’engagement oral de la personne suite au dialogue avec le Beit Din.

«S’il l’a accepté, il est circoncis immédiatement ». Quelle est la raison? – L’exécution d’un commandement ne doit en aucun cas être retardée.(TB Yebamoth 47b)

L’interdiction formelle de ne pas envoyer un criconcis au Mikvé après la brit :

«Dès qu’il est guéri [cicatrisé], des arrangements sont faits pour son ablution immédiate [mikvé]».(TB Yebamoth 47b)

La présence de 3 témoins

«Quand deux savants doivent rester à côté de lui». R. R. Hiyya n’a-t-il pas, au nom de R. Johanan, que la ércéption d’un prosélyte exige la présence de trois? – Mais certainement. R. Johanan a déclaré au tanna: « Lis trois » (TB Yebamoth 47b)

L’irréversibilité de la conversion :

«Quand il revient après son ablution, il est réputé être un Israélite à tous égards». Et s’il ne pratique pas ?  Dans le cas où il se rétractait et se fiancerait avec la fille d’un Israélite, il serait considéré comme un Israélite non respectueux de la Torah mais ses fiançailles sont valides.(TB Yebamoth 47b)

Une décision du Rav Yossef Messas (zal)

Voici un document qui prouve ce que dis le Rav Amsellem dans le monde séfarade. La traduction est de Shifra Cervioni adaptée par moi-même.

Yossef MessasCe texte est du Rav Yossef Messas (zal), (1891-1974) un grand parmi parmi les plus grands décisionnaires. D’une grande lignée de Meknès, il est rabbin à Tlemcen en Algérie en 1924 jusqu’en 1940, et revient alors à Mekhnès comme dayan (juge rabbinique) de la ville. En 1964, il est choisi comme Grand Rabbin séfarade de la ville de Haïfa, jusqu’à sa mort en 1974. Auteur de nombreux ouvrages de Halakha, d’un commentaire de la Haggadah de Pessah, de recueils de poésies et de récits sur la vie juive au Mellah. Il écrit ceci :

גישתם וחכמתם של רבני צפון אפריקה

חֶרֶב בָּאָה לָעוֹלָם עַל עִנּוּי הַדִּין, וְעַל עִוּוּת הַדִּין, וְעַל הַמּוֹרִים בַּתּוֹרָה שֶׁלֹּא כַהֲלָכָה. מסכת אבות פרק ה משנה ח

דברים מאלפים מהגאון רבינו יוסף משאש זצ »ל (מגדולי הפוסקים, רבה הראשי של חיפה לפני כארבעה עשורים, ומלפנים רב הערים תלמסאן שבאלג’יר ומקנס שבמרוקו) בסוגיית הגיור:

« דבר זה, לגייר כל הבא להתגייר, פשוט הוא בכל מקום, בכל ערי המערב ובכל ערי אלג’יריאן וטוניס, מכמה טעמים והם:

…כמה פעמים אירע שהאישה לא נתגיירה מפני שדחה אותה רב העיר ולא רצה לגיירה, ונסעה לעיר אחרת היא ובעלה וקבעו שם דירתם בחזקת ששניהם יהודים, והולידו בנים ובנות, והבנות היו לאנשים יהודים והולידו גם הם בנים ובנות, ואחר כחמישים שנה נודעה החטאת שהסבתא לא נתגיירה, שאז כל צאצאיה נוכריות הנה, והיו מהומות רבות מזה… ויש מהם שהצאצאים נתגיירו אחר עמל רב ותלאה עצומה, ויש שלא רצו להתגייר ונסעו למרחקים ונטמעו. ומי אשם בכל זה? הרבנים המתחסדים, שאינם חכמים לראות את הנולד ואת תוצאות הזמן.

ובכן מאחר שדבר זה מביא בכנפיו סכנת נפשות, גם הרבה תועליות לקיום המצוות, ומניעת הרבה איסורים, ושלום ושקט לכמה משפחות ומניעת טמיעה לישראל באומות, ואין בדבר אלא איסור דרבנן ולכתחילה, וגם ראינו כמה וכמה גרים שלא לשמן, באו לשמן והיו גרי צדק באמת וישר, בכן מצווה רבה תחשב להקל בדבר, וכל גרות יעשה בדעת, וישקול בפלס מעשיו לראות את הנולד, ויעשה ויצליח בס »ד ».

L’attitude et la sagesse des rabbins en Afrique de Nord concernant la Conversion
par le Rav Yossef Messas, zatsal

Une épée est tombée dans le monde à cause de la procrastination (littéralement. « tortures » ) des jugements (dinim), et sur les entorses à la justice, et sur les décisionnaires de la Thora qui ne décident selon la Halakha. (Massekhet Avot, chapitre 5, mishna 8)

Paroles édifiantes du Gaon notre rabbin Yossef Messas (zal). :

 » Au sujet de conversion vers le judaïsme, cette affaire, convertir tous ceux qui veulent se convertir, et tout simplement partout, dans toutes les villes occidentales et dans toutes les villes d’Algérie et de Tunisie. Et ce pour plusieurs raisons : Combien de fois il est arrivé qu’une femme ne s’est pas convertie par ce qu’elle a été repoussée par le rabbin de la ville qui a refusé de la convertir. Elle est partie avec son mari vivre dans une autre ville. Ils se sont installés là-bas et ont vécu comme des juifs et ont eu des fils et des filles. Les filles se sont mariées et à leur tour ont eu des fils et des filles. 50 ans plus tard il s ‘est avéré que la grande mère n’était pas juive et ne s’était pas convertie au judaïsme. Donc, toutes ses descendantes (filles) ne sont pas juives. Le scandale a été énorme à cause de ça…. certains de ses descendants (es) se sont convertis (ies) après des efforts et tribulations considérables. Et d’autres n’ont pas voulu se convertir et sont partis très loin et se sont assimilés.

Qui est coupable de tout ça ?

Les rabbins qui jouent les charitables (feignent la piété, il y a ici un jeu des mots, pour dire qu’ils sont le contraire, des faux hassidim) qui ne sont pas assez intelligents pour prévoir l’avenir et les résultats  arriveront en leur temps . Et voilà que cela porte sur ses ailes un danger mortel [pour Israël].

Il faut penser à l’utilité de faire les mitzvot et éviter trop d’interdictions, pour qu’il y ait la paix et la sérénité dans les familles et éviter qu’Israël ne s’assimile aux autres nations.

Ceci n’est qu’une interdiction des rabbins.  Nous avons déjà vu plusieurs guerim (des convertis), qui se sont convertis pour des convenances, et par la suite sont devenus des vrais et honorables juifs, qu’on a appelés gerey tzedeq גרי צדק. La mitzva est de faciliter les conversions et chaque fois de le faire après mûres réflexions, et mesurer sur la balance (peles = niveau d’eau, outil pour voir si le mur est droit). Il faut envisager l’avenir.

Faire et réussir, grâce à Dieu.  »

Dans le monde ashkénaze

Rabbi Tzadok Hacohen Rabinowitz de Lublin au XIXe siècle en Pologne, explique qu’Isaïe a parlé des zera Yisrael quand il a décrit les «personnes perdues» qui rejoindraient le peuple juif lors de la techouva à notre retour dans notre patrie.

kalisher_largeDans un responsa leRav Tsvi Kalisher dit que les zerah Israël sont zerah kadosh. Il dit que l’enfant né de père juif et de mère non juive qui manifeste le désir sincère de se convertir doit être encouragé à le faire. Il dit bien sûr qu’une telle conversion n’est que louable si elle est sincère et sans intérêt (ex mariage avec un juif). Et il va jusqu’à considérer cet encouragement comme une mitzva de la Torah inspirée du Sefer Ezra  :

ב כִּי-נָשְׂאוּ מִבְּנֹתֵיהֶם, לָהֶם וְלִבְנֵיהֶם, וְהִתְעָרְבוּ זֶרַע הַקֹּדֶשׁ, בְּעַמֵּי הָאֲרָצוֹת; וְיַד הַשָּׂרִים וְהַסְּגָנִים, הָיְתָה בַּמַּעַל הַזֶּה–רִאשׁוֹנָה.  {ס}  car ils ont pris parmi leurs filles des femmes pour eux-mêmes et pour leurs fils, et ainsi ceux de la race sainte se sont mélangés avec les peuplades de ces pays; les seigneurs et les chefs ont été les premiers à prêter la main à cette félonie. » (Esdras 9, 2)

benzionuzielEnfin le Halakhiste le plus audacieux pour appliquer ce concept était l’Ancien Rabbi en chef des sépharades de l’État d’Israël Rav Ben Zion Meir Hai Uziel (שו »ת משפטי עוזיאל, כרך ב יו »ד סי ‘נב) zal.(1880-1953)

Le Rav Uziel était profondément préoccupé par le sort des enfants nés d’un père juif et d’une mère non-juive- qui, bien qu’ils soient des Zera Yisrael, ne sont en fait pas halakhiquement juifs. Les enfants élevés dans de tels mariages risquent d’être perdus pour le peuple juif. Ainsi, il est obligatoire pour les rabbins de convertir la mère selon lui afin de garder les enfants dans le peuple juif. Le rabbin Uziel a noté:

«Et je crains que si nous les éloignons complètement en n’acceptant pas leurs parents pour la conversion, nous serons amenés au jugement et ils nous diront:  » Vous n’avez pas ramené ceux qui ont été conduits loin, et ceux qui étaient perdus, tu ne les as pas cherché ». (Ez 34, 4). »

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