Antonietta Haddad : Heureuse qui comme l’eau…

Baroukh Dayan Haemet.

Antonietta Haddad, zikhrona Livrakha, nous a quittés cette nuit suite à une très longue maladie.

Puisse cet article apporter le réconfort à son mari Gérard et à toute sa famille.

Antonietta c’est celle qui agissait. Celle qu’on ne voyait pas. C’est elle qui nous a préparé le Msouki à chaque Seder de Pessah depuis nos premiers pas dans le judaïsme il y a 10 ans. Celle qui nous a accueillis à chaque Seder de Roch Achana dans cet étrange repas de mots décrit par son mari psychanalyste Gérard dans Manger le livre.

Gérard parle (et écrit) et Antonietta cuisine, c’est l’image qui s’est gravée dans ma mémoire.

Antonietta, sert de l’eau aux convives et elle dit doucement : « Tu en veux Didier ? », un puits de bonté.

Elle avait écrit : Freud en Italie : psychanalyse du voyage, avec Gérard.

Originaire de Venise, elle venait de la ville bâtie sur l’eau , convertie par le Rav Raphaël Yaakov Israël de Sarcelle. L’eau c’est la Torah pour nos sages.

Une de ces juives du fond de l’âme qu’on ne voit pas. Généreuse. Aimante. Patiente. Miséricordieuse.

Elle est partie là-bas. Là-haut. Là d’où vient la pluie de Souccot et où s’évaporent les larmes.

Son souvenir nous élève.

Elle nous a quittés à Hocha’ana Raba, dernier jour de Souccot, jour du « jugement sur l’eau », la fête des femmes par excellence. [1] Jour étrange que ce septième jour de Souccot où la joie doit culminer, fête de l’eau qui précède Sim’ha Torah, le joie de la Torah.

A l’époque du second Temple, c’était la liesse dans la cour des femmes du Temple pour cette fête de l’eau.

Le Talmud dit :

« Celui qui n’a pas vu la joie de Sim’hat Beth Hachoéva (littéralement : « la joie de puiser de l’eau ») n’a pas vu de joie de sa vie. »

TB Soucca 5,1

Etrange Sim’ha, comme si en ce monde la joie c’était aussi les larmes.

Moi je pleure.

Baroukh Dayan Haemet


[1] Mishna Roch Hachana 1,2, cf. ;  Zacharie 14, 16-19.

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