Onfray, Soler la polémique… Trackback

L’article de Michel Onfray dans Le Point du 07 juin 2012 sur le bouquin de Soler sur lequel j’avais écrit un post le 13 juin dernier à provoqué une polémique : 6500 personnes ont lu ce post !

Pour ceux qui n’ont pas suivi, voilà les différentes contributions au débat disponibles en ligne classées dans l’ordre chronologique :

– Didier Long, « Onfray, Soler… dérapage en roue libre dans Le Point« Spiritualités sans frontières, 13 juin 2012.

– Yeshaya Dalsace, « Michel Onfray, Jean Soler et les juifs »Massorti.com, 14 juin 2012.

– Pascal Bacqué, « Michel Onfray est sympa », La Règle du jeu, 20 juin 2012.

– Michaël de Saint Chéron, « Jean Soler et Michel Onfray en guerre contre La Bible« , La Règle du Jeu, 22 juin 2012.

– Guy Millière « Michel Onfray n’est pas antisémite », Dreuz Info, 24 juin 2012.

– Haïm Korsia, « Jean Soler ou les démons de Michel Onfray« , L’Express, 26 juin 2012.

– Eric Mettout, « Non, Onfray n’est pas révisionniste« , L’Express, 26 juin 2012.

– David Caviglioli, « Michel Onfray accusé d’antisémitisme… et d’amateurisme », Le Nouvel Observateur, 28 juin 2012.

– Daniel Salvatore Schiffer, « Michel Onfray antisémite ? Quelle calomnie !« , Le Plus, 28 juin 2012.

– Yeshaya Dalsace, Aldo Naouri et Antoine Spire, Marek Alter, « La polémique Michel Onfray-Jean Soler », 28 juin 2012.

– Michel Onfray,  Confidences d’un « antisémite », Le Point, 28 juin 2012.

– Tristan Denonne,  Moïse, une préfiguration de Hitler ?, Le Monde des religions, 02 juillet 2012.

– Gérard Bensussan, Alain David, Michel Deguy et Jean-Luc Nancy, « Du ressentiment à l’effondrement de la pensée : le symptôme Onfray »Libération, 3 juillet 2012.

– Michel Onfray, « Sale temps pour la pensée debout ! »Libération, 03 juillet 2012.

– Yeshaya Dalsace, Onfray antisémite?(suite), Tribune juive, 05 juillet 2012.

Onfray, Soler… dérapage en roue libre dans Le Point

Sous prétexte de démystification de pseudo « idées reçues » (les siennes ?), l’article de Michel Onfray paru dans le Point du 07 juin 2012 «  Jean Soler, l’homme qui a déclaré la guerre aux monothéismes »  (voir ici), sous couvert de défendre un livre, développe des arguments supposés historiques (les siens) qui sont pour la plupart inexacts… quant il ne s’agit pas de grossières erreurs.
S’ensuit un combat de clochmerle de généralités pour défendre les vertus d’Athènes face une Jérusalem dont la morale aurait étouffé l’occident. Mais où veut-il en venir ?… se demande le lecteur. Le meilleur est gardé pour la fin : «  les juifs inventent le génocide, cet acte généalogique « est révélateur de la propension des Hébreux à ce que nous nommons aujourd’hui l’extrémisme »», « la Shoah ne saurait être ce qui est couramment dit : un événement absolument unique… » mais « la preuve définitive de l’inexistence de Dieu». Auquel d’ailleurs Moïse ne croyait pas nous prévient l’intertitre de la version papier du Point. Enfin, au cas où le lecteur n’aurait pas compris après avoir lu le panneau « grosse provoc’ », une saine exégèse de Mein Kampf est déployée  « le nazisme selon Mein Kampf (1924) est le modèle hébraïque auquel il ne manque même pas Dieu », « Hitler est le guide de son peuple, comme Moïse »… Enorme! mais moins que l’argument définitif, une essentialisation du peuple juif violent contre les autres peuples à travers toute l’histoire : « le monothéisme devient une arme de guerre forgée tardivement pour permettre au peuple juif d’être et de durer, fût-ce au détriment des autres peuples. Il suppose une violence intrinsèque exterminatrice, intolérante, qui dure jusqu’aujourd’hui ». L’histoire est donc convoquée pour cette actualisation : « jusqu’aujourd’hui ».  Josué, Moïse, Hitler, et l’Etat d’Israël dans les territoires aujourd’hui ? même combat! Sauf que c’est faux.

Les « idées reçues » démystifiées…

Dans un laborieux effort Onfray citant Soler (derrière qui il s’abrite pour proposer sa vision radicale) commence par démystifier ce qu’il suppose des « idées reçues ». Où ? Par qui ? Nulle ne le sait … et se prend les pieds dans le tapis de l’histoire au nom d’un amateurisme éclairé et de deux livres assimilés à l’œuvre d’un « philosophe érudit et méconnu », « résultat d’années de travaux solitaires et de recherches loin du bruit et de la fureur »,« l’œuvre d’une vie » (commencée en 2002…) que « l’université, qui manque de ces talents-là, ne reconnaît pas » (on croit rêver, il ne suffit pas d’ignorer la recherche pour la disqualifier…)… assortie de recommandations prestigieuses, etc… heureusement, Michel Onfray et Le Point étaient là pour rétablir la vérité et faire avancer la science. Qu’en est-il de ces « idées reçues » sur lesquelles l’auteur pense pouvoir nous éclairer ?

          Première idée reçue : la Bible dépasse en ancienneté les anciens textes fondateurs. Faux : les philosophes ne s’inspirent pas de l’Ancien Testament, car « la Bible est contemporaine, pour l’essentiel, de l’enseignement de Socrate et des oeuvres de Platon. Remaniée et complétée plus tard, elle est même, en grande partie, une oeuvre de l’époque hellénistique ».
Cette affirmation est inexacte. Selon l’état actuel de la recherche, un certain nombre de codes et de récits noyaux du deutéronome ont précédé la période de l’Exil et datent du début du VIIe siècle, voire du Xème siècle avant notre ère. Les récits à propos des rois Saül, David (dont l’existence est vérifiée historiquement) Salomon font référence à des évènements de la fin du second millénaire et au tournant du premier millénaire. Personne ne conteste leur écriture sous forme de saga merveilleuse parmi les chercheurs. Cependant, celle-ci s’appuie sur des faits historiques : La « maison de David » (c’est-à-dire sa dynastie) est mentionnée sur la stèle de Tel Dan, l’archéologie ne met pas en doute l’existence d’un royaume de Salomon avec Jérusalem comme capitale. La mise au point du texte définitif de la Torah ou Pentateuque s’est sans doute poursuivie pendant plus d’un siècle après le retour d’exil (- 538) avec une clôture vers 400. L’élaboration de la Bible comme texte sacré du peuple juif est donc largement antérieure au siècle de Périclès et de Platon, né à Athènes en – 428-427 av. et mort en 348-347 av. l’ère commune.  Le texte biblique est une lente élaboration de traditions orales fixées peu à peu par écrit entre le Xème siècle avant notre ère et la fin de l’exil. Il ne s’agit en aucun cas d’un texte « contemporain de Platon » comme l’affirme Onfray pour en dénoncer l’aspect tardif. C’est du moins ce que reconstitue la recherche.

 synthèse de la situation actuelle de la recherche sur la rédaction
du Pentateuque ou Torah (source : Olivier Artus, Cahier Evangile 106)
NB : Exil à Babylone 586-538 avant l’ère commune

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