Amsterdam la juive : le converti d’Amsterdam

Chavouot commence ce soir.

Mon Rav m’a raconté hier soir une étrange histoire qui se passa à Amsterdam au second jour de Chavouot. C’est l’histoire de Ayat Potovzki, né comte Valentin (Walentyn) Potocki, traduite par Józef Ignacy Kraszewski en russe qui affirme s’être inspiré d’un original en hébreu publié en  1766 à Amsterdam (Hurwitz, Ammude bet Yehudah, Amsterdam) et que je  résume ici de mémoire.Sa figure est, dans la tradition juive, celle du révéré Gaon de Vilna, le rabbin Eliyaou ben Salomon Zalman (1720-1797) 

On trouvera ici en PDF l’original hébraique : Abraham ben Abraham, le guyout d’Amstel 

Abraham ben Abraham guyour d'Amstel

 « Le jeune graf (seigneur polonais) Potovzki, né d’une haute famille de la noblesse catholique polonaise fut envoyé par sa famille à Paris pour ses études.
Un jour, celui-ci eut son attention attirée par un vieux Juif dans un débit de boisson qui allait régulièrement se retirer dans une arrière-salle pour étudier dans de gros livres puis revenait faire son service. Le jeune prince vivement intrigué lui demanda de quoi il s’agissait. Le vieux lui dévoila un enseignement et des explications de l’Ancien Testament que, en tant que catholique, il ignorait totalement. Il revint jour après jour écouter le vieux qui lui commenta l’écriture. Il demanda alors à apprendre l’hébreu pour en savoir plus. En six mois, le jeune prince fut hébraïsant et  convaincu par le judaïsme. Le vieil homme lui dit qu’il devait aller voir un sage de la ville s’il désirait prendre le chemin de la guyour (conversion) . Mais ce sage l’envoya… à Rome.

Potovzki se rendit donc à Rome pour écouter les cardinaux et les curés (a comavim et cardinalim !)qui ne le convainquirent pas de la foi chrétienne et décida alors fermement de devenir juif.

Il alla pour cela voir un Rav à Amsterdam, l’un des rares lieux dans l’Europe de l’époque où les chrétiens pouvaient ouvertement se convertir.

 Sofer à Amsterdam

 Sofer (scribe juif) à Amsterdam, Musée d’histoire du judaîmse d’Amsterdam (photo DL)

Là il étudia et devint alors guer tsedek (converti juste) avec le nom d’Abraham ben Abraham.

Rabbanim à Amsterdam

Rabbanim à l’étude à Amsterdam, Musée d’histoire du judaîmse d’Amsterdam (photo DL)

Puis il retourna en Pologne dans une yeshiva. Sa famille, de noble extraction, apprit l’évènement. Folle de rage, elle l’envoya quérir pour  le faire retourner à la raison en lui envoyant des shalia (envoyés). La communauté décida de cacher le jeune homme  dans un village juif près de Vilna en Lituanie pour le protéger où trés peu de membres de la communauté étaient au courant de sa véritable identité. Lire la suite de « Amsterdam la juive : le converti d’Amsterdam »

Amsterdam la juive : La Grande synagogue portuguaise, Esnoga

Je reviens d’Amsterdam et  voudrais partager avec vous dans cette suite de quelques post la vie juive que j’y ai découverte. Je parlerai dans ce post de la communauté sépharade d’origine portugaise.
Puis, dans de prochains posts je parlerai de la vie juive à Amsterdam et de contemporains du siècle d’or d’Amsterdam ( XVIIe siècle) : Rembrandt, Menassé Ben Israël et Spinoza. Enfin je parlerai de la visite de la maison d’Anne Franck.

J’ai été donc prier à shabbat avec la communauté sépharade orthodoxe portugaise. Nous étions dans l’annexe d’hiver de la synagogue Esnoga qui vient d’être restaurée. Vingt-cinq personnes qui m’ont accueilli avec plein de délicatesse pour la prière. Des mélodies proches des nôtres en plus rapide avec cette chaleur humaine et cette joie de vivre pleine d’entrain si sépharades. C’était magnifique. La torah a été commentée lors du Qiddouch, célébré avec du porto (!) dans de minuscules verres. Une communauté très liante et ouverte.

Voici le lieu  photographié hors shabbat :

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Des sépharades qui n’ont pas connu l’orient ou l’Afrique du nord donc. Ceci dit l’un d’eux, un hazan venait du mellah de Meknès, un autre de Tanger parlait fièrement français, espagnol, hébreux, arabe… La communauté utilise une antique tradition de porter d’impressionnants chapeaux hauts de forme. Seuls le rabbin et le chef de la communauté en portaient ce shabbat mais tous le font au moment des grandes fêtes dans la Grande synagogue.
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Mais cette annexe si intime est rattachée à un lieu mythique: la grande synagogue portugaise bâtie en 1675 qui vient d’être restaurée entièrement.

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La Grande synagogue jeudi dernier

Comment cela arriva-t-il ?

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