Qu’on me permette d’abord un souvenir personnel. Je me rappelle d’une homélie du Dalaï Lama à Lavaur prés de Toulouse en 1993. Il disait à la sangha (l’assemblée de 2000 moines et moniales venus le rencontrer) à laquelle j’assistais dans une délégation de moine chrétiens :
« Si vous y réfléchissez bien, et même si vous n’avez pas le sentiment d’avoir été aimé, rappelez-vous que des bras vous ont accueilli en ce monde, des seins vous ont nourri, une voix vous a parlé, vous avez marché sur des chemins que vous n’avez pas creusés.
Faites monter en vous ce sentiment par la méditation.
Très vite va monter en vous la gratitude et la compassion pour les autres, cette émotion qui est au fond de vous que vous avez reçue, vous verrez, continuez, tout prend sens autour de vous »
J’ai alors pris cette photo où l’on voit mon frère Maximilien médecin suédois qui avait servi chez mère Thérésa en Inde puis en Afrique et à droite Matthieu Ricard alors son traducteur du tibétain.
C’est de cette émotion que parle Abigail Marsh, neurologue et psychologue professeure au département de psychologie et de neurosciences interdisciplinaires de l’université de Georgetown, spécialiste des psychopathes. Elle nous parle de l’altruisme envers des personnes sans lien de parenté ou de coopération, non fondé sur l’espoir que son bénéficiaire retournera un jour le service rendu ou une quelconque gratification.
Témoignage de Didier Long (מֵאִיר) et de R. Haïm Harboun à la communauté juive d’Aix-en-Provence le 03 juillet 2019. Annonce de la nomination de Haïm Harboun au titre de Grand Rabbin par le Grand Rabbin Daniel Dahan et la communauté juive d’Aix-en-Provence
Un poème envoyé par Raphaël Ohayon le doyen de notre synagogue (90 ans !) !
Un jour j’ai demandé à Shelomo Selinger pourquoi les personnages de ses sculptures se cachaient les yeux comme lorsque nous disons la prière le Chema Israël (Ecoute Israël) le matin et le soir.
Il m’a répondu :
» Un jour, les nazis ont convié toute la ville au ‘spectacle’ de la pendaison d’une douzaine de juifs. J’étais en face de l’arbre et j’ai vu mon moniteur des jeunesses sionistes. Il a été pendu et avant de mourir, je l’ai entendu réciter une dernière prière, il disait le Chema Israël, mais il n’a pas pu finir. »
Lisez cet article bouleversant, une interview de Noémie Halioua où Shelomo Selinger raconte son chemin, à lire absolument en ce temps de Ticha be Av : lire ici
Sculpture de Shelomo Selinger, Yad Vachem, allée des justes
Voici le mémorial pour les Juifs de Luxembourg, inauguré le 17 juin en présence du grand Duc et la grande Duchesse de Luxembourg.
En discutant avec mes amies Gabrielle et Deborah Portnoï, toutes deux CODA (Children of deaf adult : enfants entendants de parents sourds), dont la langue des signes est la langue maternelle, et qui ont créé l’association « La parole aux sourds » et militent dans l’association des sourds juifs de leurs parents (ACSJF) :
Alors qu’une autre amie, Nurith Aviv cinéaste franco israélienne qui est en train de réaliser une film sur la langue des signes qui sortira ce printemps aprés Langue sacrée langue parlée, Traduire…
… je voudrais résumer ce que dit la Halakha à ce sujet pour éviter des contresens. Ceci est contenu dans le traité ‘Haguiga 2b.
« le « H’erech » (le sourd), le fou et l’enfant »
Dans le Lévitique 19,14 il est écrit:
« Tu ne peux pas insulter le sourd. »
La traduction française est imprécise, il faudrait plutôt dire: « Tu ne dois pas prendre le sourd à la légère. »
Que peut on en conclure ?
Que désigne le H’erech ?
L’expression qui assimile « le « H’erech » (le sourd), le fou et l’enfant », du Talmud disant qu’ils ne sont pas soumis aux Mitsvot ne signifie pas qu’un juif muet ou un sourd ou un sourd-qui ne sait pas parler est exclus d’Israël.
Le contexte est celui-ci : la mitsva dans le judaïsme doit être une action consciente de l’homme qui permet de sanctifier le temps c’est-à-dire de prendre conscience de sa valeur, de le fixer pour être vécu de manière vivante. Elle s’oppose au fait de tuer le temps, d’oublier dans l’addiction, etc…
Le H’erech ne correspond pas à des caractéristiques physiques mais à un état d’inconscience, celui de l’enfant, du fou, de celui qui serait complètement coupé des autres et qui de ce fait ne peut témoigner de manière responsable dans un beit Din ou une assemblée en prière.Le « H’erech » celui qui n’entend pas et ne parle est comparé au fou ou à l’enfant parce qu’il n’est pas en possession de ses moyens de conscience.
C’est pour cela que le talmud distingue le « H’erech » qui parle mais qui n’entend pas (le sourd), ainsi que celui entend mais qui ne parle pas (le muet), tous deux considérés comme des gens de parfaite constitution en tous points parce qu’ils ne comprennent pas une situation.
Selon Rachi, il est préférable d’utiliser la langue des signes plutôt que de lire sur les
lèvres.
Le Talmud dit dans le traité Guitin 59a dit :
« Quand le sourd fait un signe, nous pouvons le lui rendre. »
Le sourd dans le contexte antique
Cette discussion du 3ème siècle doit être replacée dans le cadre de l’ancien Droit romain, selon lequel le sourd ou le muet ne pouvaient faire de testament sans la permission du Prince ou se marier de peur que le ou la sourd(e)- muet(te) ne comprenne pas les charges et les devoirs du mariage. Il s’agissait d’un préjugé qui pensait que le sourd-muet ne comprenait pas.
Ler Choul’han Aroukh dit que le sourd-muet qui connaît la langue des signes ou le
sourd qui parle peut tout à fait compléter le minyan (Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Hayim 55,8)
L’avis du Rav Ovadia Yossef
Le Rav Ovadia YOSSEF (1920-2013) zal , la plus haute autorité orthodoxe séfarade, dans Chou’t Yéh’avé Da’at vol.2 chap.6 dit que selon le strict Din, il est possible de s’appuyer sur les décisionnaires qui autorisent de compter dans le Minyan un sourd-muet qui a étudié dans une école spécialisée. Parce qu’il est conscient.
Je poursuis la mise en résonance des conceptions ésotériques corse et juive séfarade en parlant dans ce post de la conception de la mort dans le mazzérisme et la Cabbale .
U Mazzeru : voir la nuit
Le mazzérisme est une croyance spécifiquement Corse, qui, par certains aspects (le rôle des animaux, la métamorphose en animaux comme pour les totem scouts lors des mandraches, la chasse) ressemble aux cultes primitifs chamaniques. En Corse le mazzeru est un «Chasseur d’âmes » ou un «Messager de la Mort ». C’est un homme : mazzeru, ou une femme : mazzera. Lire la suite de « Mazzérisme et Cabbale »→
Je passerai sur Bibliothèque Médicis (Public Sénat) ce vendredi soir 22h (et en replay !). On y parle de monastère, des marranes et juifs de Corse, de la vie du Rabbin Haïm Harboun, Le rabbin aux mille vies, et… de la Révolution numérique.
Autres invités avant : Sylvain Fort conseiller et plume d’Emmanuel Macron qui a écrit Saint-Exupéry Paraclet, et Maurice Olender, éditeur et écrivain.