Il n’est un secret pour personne que les actes antisémites ont explosé en France depuis le 09 octobre, date de la plus grande tuerie de juifs depuis la Shoah par le Hamas en Israël.
Nombre d’actes antisémites, ministère de l’Intérieur au 20 nov. 2023
Et dans ce contexte, alors que le président Macron voulait souligner son soutien aux français juifs le Grand Rabbin de France Haim Korsia a allumé ce jeudi soir la première bougie de la fête de Hanouka à l’Elysée, à partir d’une bougie ramenée d’Auschwitz allumée par le président Macron lors d’une remise de prix…. Depuis, l’allumage d’une bougie a semé un incendie, de multiples petits Robespierre se sont levés pour défendre la République en péril, « aux armes citoyens ! » …
Il faut raison garder et prendre un peu de recul. Observons d’abord ce que font nos voisins, les grands pays démocratiques des continents américain ou européen.
On allume au parlement canadien à Montréal
Le message de Justin Trudeau pour fêter la fête de Hanouka il y a 2 jours vaut la peine d’être écouté de bout en bout car il est magnifique :
Justin Trudeau y a déclaré :
« À la suite des attaques terroristes du Hamas contre Israël au début de l’automne et d’une augmentation inquiétante de l’antisémitisme dans le monde, y compris dans nos propres communautés, les valeurs de force, de résilience et de persévérance qui sont au cœur de Hanoukka sont plus importantes que jamais. Ces actes d’antisémitisme sont totalement inacceptables et n’ont pas leur place au Canada ou ailleurs dans le monde. Que nous soyons Juifs ou non, nous devons tous nous unir contre cette haine.
« Le gouvernement du Canada sera toujours solidaire de la communauté juive. Nous continuerons de faire en sorte que le Canada demeure un pays où les Canadiens juifs peuvent vivre fièrement et ouvertement leur vie juive. Ensemble, nous bâtirons un avenir plus sûr et plus inclusif pour tous. »
« Au nom de tous les Canadiens, je souhaite une Hanoukka heureuse, bénie et paisible à tous ceux qui la célèbrent.
« Chag Hanukkah Sameach. »
On allume donc la Hanoukia au parlement canadien, et en portant kippa ! comme on le voit ici en 2019 :
Prime Minister Justin Trudeau at a menorah lighting ceremony on Parliament Hill on Dec. 9, 2019.
On allume à la Maison Blanche
Aux Etats-Unis, Joe Biden a accueilli des juifs et des rabbins à la Maison Blanche ce lundi 19 décembre à l’occasion de la fête juive de Hanouka et leur à promis qu’il ne “resterait pas silencieux” face à la montée de l’antisémitisme. Il a dit : « Je comprends votre peur, votre douleur », devant une hanoukia (candélabre à neuf branches à ne pas confondre avec la Ménorah, candélabre à sept branches présent dans le second Temple de Jérusalem au tournant de notre ère), dont s’est dotée cette année la Maison Blanche. Il faut dire que la fête de Hanouka est une tradition à la Maison Blanche depuis 2001.
On allume donc la Hanoukia à la Maison blanche comme on le remarque de visu ici en 2021 :
ou en 2019 :
Le rabbin Moshe Margaretten allume les bougies lors de la fête de Hanoukka organisée à la Maison Blanche en 2019. (Capture d’écran/YouTube)
Notons au passage que selon l’Anti-Defamation League, les États-Unis ont connu en 2021 un nombre record de 2717 actes antisémites soit une augmentation de 34% sur un an. Selon l’American Jewish Committee (AJC), « 39% des juifs américains ont changé leur comportement par crainte de subir de l’antisémitisme, y compris en prenant des mesures pour occulter leur identité juive »
On allume porte de Brandebourg à Berlin
De son côté le chancelier Scholz Olaf Scholz a manifesté jeudi sa « solidarité » avec les juifs, devenant le premier chancelier allemand à allumer à Berlin une hanoukia géante, à la porte de Brandebourg, en plein centre de la capitale allemande à côté du parlement, dans un contexte de montée de l’antisémitisme.
La hanoukia « doit être ici devant la porte de Brandebourg, au coeur de notre capitale, comme symbole d’espoir et de confiance et symbole de l’appartenance de la confession juive et des citoyens juifs à notre pays », a affirmé M. Scholz. Il a ensuite allumé la première bougie de la hanoukia avec une torche, accompagné du rabbin Yehuda Teichtal (photo).
Utiliser la loi de 1905, comme une forme de racisme contre les religions est donc une interprétation restrictive qui n’a à peu près aucune chance d’être retenue car cela va à l’encontre des traditions démocratiques et républicaines françaises. Cette tradition est cohérente avec celle de la plupart de pays démocratiques.
Assurer la liberté de conscience et la libre exercice des cultes
Le culte hébraïque était « infâme », selon un décret de mars 1808 sur l’organisation du culte hébraïque. Napoléon, homme de Lumières qui a fondé le Consistoire, a arrêté cette discrimination des juifs ou des protestants en leur offrant une place dans la République, en fondant le Consistoire dont le Grand Rabbin Korsia est le représentant élu des rabbins français, que cela plaise ou non.
La Déclaration du 26 août 1789 des droits de l’homme et du citoyen affirme que :
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »
La loi de 1905 « protège les cultes » elle ne les interdit pas.
« La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public »
Ni la loi ni la Constitution n’interdisent aux élus d’avoir une pratique religieuse ou de dialoguer avec les religions. Le Général de Gaulle avait une chapelle à l’Elysée. La messe de rentrée des parlementaires accueille députés et sénateurs en tant que tel à la basilique Sainte-Clotilde à Paris à chaque rentrée parlementaire, De Gaulle se rendait chaque dimanche à la messe à Colombey-les-Deux-Eglises, Valéry Giscard d’Estaing ou Emmanuel Macron se sont rendus à des messes papales de Jean-Paul II ou du Pape François…
Que ça plaise ou non au antisémites et aux racistes, qui ont bien évidement peur de l’Islam et qu’un jour on crie « Allah Akbar » sous les ors de la république… on ne peut invoquer aucune tradition républicaine pour interdire ce type de geste, fut-ce à l’Elysée ; et le rôle de la République n’est pas d’interdire les religions qui ont leur place « à la table de la République » comme l’a dit Haïm Korsia.
C’est donc ce qui s’est passé à l’Elysée, Temple républicain ce jeudi soir et que retiendra l’histoire c’est qu’Emmanuel Macron a juste voulu dire aux juifs qu’il était à leurs côtés au moment où beaucoup se taisent par peur ou par ressentiment. Plusieurs chefs d’Etat ont fait de même aux Etats Unis, au Canada, ou en Allemagne. C’était courageux et qu’il en soit vivement remercié.
Et ceux qui ne protègent pas les juifs et les institutions au moment où ils sont attaqués de toute part et risquent leur vie, ceux qui propagent la haine des juifs sur les campus d’HEC ou de Dauphine, les présidents de Harvard, U-Penn et MIT qui refusent de sanctionner par principe les « appels au génocide des juifs » doivent être appelés par leur nom : ce sont des antisémites.
Et cela, ni l’esprit ni la lettre de la Loi de la France républicaine -ni celles de la plupart des pays démocratiques- ne le permet.
L’antisémitisme a un peu plus de 3 000 ans, c’est-à-dire l’âge du peuple juif, et il ne s’arrêtera pas. Pourquoi ? Parce que les antisémites de tous poils ne négocient pas avec Israël, son histoire, sa diplomatie ou des juifs réels mais avec un juif imaginaire qui n’est que l’envers de la frustration de leur désir d’exister jusqu’à les exterminer.
A partir de ma propre expérience analytique je poursuis ici le versant psychopathologique des réflexions historiques sur l’antisémitisme que j’ai proposées lors d’une conférence prononcée décembre 2009 à la loge Anne Franck du B’nai Brith, en présence de Tsvia Walden -fille de Shimon Pérès et Rafi Walden[1] . Je dois beaucoup dans ces réflexions au Rabbin Haïm Harboun docteur en psychologie clinique et élève d’Henri Baruch et bien sûr à mon ami psychanalyste et psychiatre Gérard Haddad.
L’antisémitisme une réponse à la frustration pathologique du désir d’exister
L’antisémitisme aux deux extrêmes du spectre politique de gauche ou de droite peut être diagnostiqué comme Narcissistic Personality Disorder une pathologie parfaitement diagnostiquée par le DSM5. Celle-ci se répand telle une trainée de poudre pour répondre à la globalisation du selfisme et la célébration des célébrités mondialisées, nouvelles formes mutantes de l’antique paganisme.
Un Jean-Luc Mélenchon, un Dieudonné, un Soral, nouveaux héros des damnés de la terre ou des oubliés de la globalisation, vêtus de gilets jaune fluo pour qu’on les remarque, dans leurs gesticulations désespérées ne veulent sauver qu’un seul patient… eux-mêmes.
Ils ont pour figure tutélaire le haineux et anonyme narrateur des Carnets du Sous-sol de Dostoïevski. On se rappelle que ce no-name prisonnier de sa soif de reconnaissance et de son amour propre suinte la haine de la bassesse de lui-même et des autres. Il s’est créé un monde intérieur beau et du sublime par la littérature mais décroché de la réalité extérieure. Ce qui est l’exacte définition de la psychose. Le narrateur finit violeur pédophile d’une jeune prostituée, Lisa dans un sentiment ambigu de « dépravation sentimentale ».
Les antisémites de tous poils se contrefichent bien du sort des Palestiniens, d’Israël ou des juifs du 93 de Sarcelles qui vivent au RMI … ils se soucient des Rothschild, Georges Sorros ou Attali représentants de l’Etat d’Israël censés être les maîtres cachés du monde. Leur obsession n’est pas les juifs mais ce sentiment lancinant qui assaille leur ego frustré afin de réduire la fracture de leur psychisme en vrac.
Comme le montre le psychanalyste Bela Grunberger dans Narcissisme, christianisme, antisémitisme – Étude psychanalytique l’antisémite tente de guérir sa propre blessure narcissique par l’agression de celui qui représente le mal.
Le trouble de la personnalité narcissique est une pathologie de santé mentale dans lequel les personnes ont un sentiment déraisonnablement élevé de leur propre importance.
Ce sentiment grandiose s’enracine dans une destruction de l’image de soi parfois liée à des maltraitances psychiques et des négligences dans l’enfance, parfois à des causes neurologique (diminution du volume de l’amygdale, sièges des émotions) si l’on en croit la neurologue Abigaïl Marsh[2] . Pour compenser cette frustration pathologique infantile ces sujets développent un besoin insatiable d’être admiré(e)s et reconnu(e)s. Comme la réalité leur renvoie chaque jour, comme à chacun de nous, la réalité d’une importance et de leur destin limité, ces personnes critiques et méprisantes deviennent obsessionnelles de tout ce qui leur semble les rabaisser. Elles hantent les cours d’école, les réseaux sociaux tard le soir ou les machines à café des entreprises en quête d’une réussite à vanter ou d’une victime à rabaisser et harceler. Ecraser et détruire pour mieux se convaincre de sa propre grandeur. Exister enfin !
Il était inévitable que les réseaux sociaux et le selfisme, cette nouvelle religion ou chacun étale son bonheur (et frustre celui des autres !), s’affiche à côté d’une star qui va prolonger son ego vers des sommets inatteignables de manière réaliste à vue humaine ou des paysages et des monuments époustouflants inaccessibles aux copines et aux copains au boulot… ce tout à l’ego de l’apothéose narcissique… ne deviennent la caisse de résonance des égos frustrés islamistes ou néo-nazi, des théories conspirationnistes de tous poils. Là encore, le juif imaginaire devient le repoussoir de la frustration du désir d’exister inévitable et moteur du désir qui habite toute vie humaine.
La passion de l’extermination des juifs, des nazis au Hamas
Comme disait Woody allen :
« Je suis né israélite mais je me suis assez vite converti au narcissisme ».
Woody Allen
Les désordres de la personnalité narcissique ne doivent pas être confondu avec le narcissisme qui est le moteur du désir humain mais dans leur forme aiguë, ils ont comme trait commun avec la psychopathie l’absence de toute capacité de compassion, l’insensibilité aux autres, un contrôle de soi limité et des comportements antisociaux comme la manipulation ou la mythomanie. Tous les psychopathes ne sont pas violents mais c’est le cas de beaucoup d’entre eux.
La construction psychpathique comme celle des NPD repose sur le clivage. Très tôt l’enfant expulse vers l’extérieur les éléments négatifs (bêta chez Bion, le « mauvais sein » chez Melanie Klein). Il n’y a donc pas de culpabilité puisque l’extériorite est vue comme un danger pour le self qui y projette ses propres pulsions destructrices. Il n’y a donc pas de possibilité de lucidité ou de retour sur soi car celui-ci signifierait l’effondrement du self toujours perçu comme en danger.
L’antisémitisme, phénomène psychopathologique, quand il se transforme en système social, organisé, historique créée une histoire d’égos frustrés, de conscience sociale, nationale ou religieuse humiliée. Quand cette conscience frustrée se transforme en conscience idéologique, politique puis d’Etat naissent des formes millénaristes comme le IIIème Reich ou le Hamas.
La pulsion paranoïde qui s’exprime parfois de manière momentanée dans le développement adolescent (de façon non pathologique), inhibe la capacité à reconnaître les besoins et les sentiments des autres, le psychisme les estimant toujours en dette infinie de sa propre frustration sans fond ni fin. Parfois jusqu’à la décompensation délirante chez les NPD et criminelle chez les psychopathes.
L’empathie est une fonction humaine qui permet de reconnaitre la peur chez autrui comme l’a montré la neurologue Abigaïl Marsh. Cette fonction est déficiente chez les NPD, annihilée chez les psychopathes. On peut assez facilement inférer que ces types de personnalités sont attirées, prennent le pouvoir dans des régimes totalitaires fabriquant à leur tour sur des générations ce type de pathologies.
La sujet n’arrivant pas à développer un self containment qui lui permette de saisir son propre désir, celui-ci se trouve aliéné dans les injonctions réelles ou supposées d’autrui, il « chute dans un abime sans fond », son adhésion à des idéologies meurtrières pour compenser son effondrement est vu par lui comme un salut inespéré. Cette technique de manipulation est bien connue de ceux qui guident à distance les bombes humaines téléguidées que sont les islamistes.
Le meurtre et l’anéantissement des juifs par une groupe social génocidaire comme les Nazis ou le Hamas, les progroms auxquels nous venons d’assister avec torture avant assassinat, destruction d’enfants par le feu après leur avoir lié les mains, viol et assassinat de femmes, cadavre exhibés en procession devant la foule sous les vivats… procèdent de l’expression sociale de cette psychopathie. Il s’agit alors de monstrer le réel.
La psychopathie est une « folie lucide » (Harold Searles), quand son passage à l’acte millénariste devient rationalisé, organisé et public on assiste aux spectacles populaires de destructions par le feu qu’on a vu lors de l’inquisition, de la Shoah ou le 07/10. On peut s’évertuer à distinguer le Hamas de la population de Gaza, il semble bien que celle-ci dansait autour des cadavres dénudés exhibés. Le fait de ne pas avoir décrypté le Hamas comme un mouvement apocalyptique est une erreur stratégique. On ne peut pas négocier avec des gens qui préfèrent la mort à la vie car ils se vivent déjà à la fin des temps.
La publication de sa folie par le Hamas vise à renvoyer le spectateur sidéré à l’impensable qui habite tout sujet comme un trou noir et contre lequel tout humain se bat en permanence, c’est-à-dire son retour inéluctable et programmé au néant qu’est la mort. Les nazis ont caché leur méfaits, Hamas les publie et les démultiplie via les réseaux sociaux. Il s’agit de provoquer la sidération, de convoquer la fraction psychotique que possède toute personnalité individuelle (Bion).
Mais le projet d’extermination est bien le mobile ultime et « transcendant », il surpasse même la mort. La visee des mouvements millenaristesxest eschatologique. Il faut bien se rappeler qu’à la fin de la seconde guerre mondiale les nazis ont préféré affecter leur priorité logistique au transport des juifs et non pas au transport d’armes qui leur faisaient défaut sur le front. Le Hamas, dès son acte fondateur en 1988, ne vise pas comme l’Autorité palestinienne l’établissement d’un gouvernement palestinien face à l’Etat d’Israël (et l’échec de sa volonté d’administrer Gaza le montre) mais l’éradication des juifs de ce monde et de l’autre. Les 3.000 génocidaire du Hamas en franchissant la clôture partaient assurément, in fine, vers une mort certaine.
Les nazis comme le Hamas ont biberonné leurs enfants à cette frustration conjointe et à la haine exterminatrice des juifs.
Les nazis par un dressage du surmoi de leurs fidèles dès leur jeunesse nazie. Comme le remarque Bèla Grunberger, Eichmann rougit et se confond en excuses quand on lui rappelle qu’il doit se lever devant le tribunal… alors qu’il ne cille pas quand on lui rappelle ses crimes monstrueux. Car il a intériorisé la règle de l’obéissance à ses supérieurs dans surmoi, le « Führerprinzip » auquel il a abandonné son self.
Les soi-disant ‘martyres’ islamistes eux, résorbent la tension schizoïde par un saut dans la mort. Dans leur aspiration grandiose ils convoquent leur propre mort et celle de leurs victimes comme un équivalent de la vie. La mort, espace transcendant toute vie humaine devient un instant un objet de ce monde sous la main. La mort c’est la vie. « Nous aimons la mort comme vous aimez la vie » disait Oussama Ben Laden en 1997, lors d’une interview donnée à Peter Arnett pour CNN. Mais personne n’a pris à l’époque cette déclaration au sérieux.
Comme le déclare l’assassin des supporter suédois à Bruxelles : « Si on vit en musulman on doit mourir en musulman ». Le principe de non-contradiction qui fonde la logique est ébranlé en son fondement. Par cet acte de toute-puissance il s’agit dans une tentative désespérée de recouvrer l’unité du moi clivé, morcelé.
C’est par cette même identification de la vie et de la mort, présente dans le christianisme (Jésus-Dieu y meurt sur la croix et ressuscite) que l’Inquisition déterrait les cadavre pour les juger et les bruler.
Les assassins du Hamas n’ont pas « tué des israéliens » comme le dit la radio, ils ont exterminé des juifs identifiés comme tels par eux. Ils ont décapité et immolé par le feu des bébés, violé et empalé des femmes enceintes, uriné sur des cadavres, brûlé des familles, massacré des rescapés de la Shoah parce qu’ils étaient juifs. Il s’agit des mêmes procédés que les serial killer dont le but n’est pas d’abord de tuer mais de jouir de leur toute-puissance sur autrui en le faisant souffrir en effaçant son moi par la mort ou le feu. Par la réduction d’autrui à un objet sous la main il s’agit de s’approprier la toute-puissance dévolue à la victime par un individu qui déjà n’existe plus à ses yeux et doit reconstituer son moi en permanence pour ne pas sombrer dans le délire.
L’exagération paranoïaque du risque de destruction de son propre self et de son identité sociale conjointe au sentiment de la négation de sa propre importance peut conduire un NPD à transformer autrui en ennemi diabolique pour attribuer sa pulsion meurtrière à autrui. (CF ‘le bon et le mauvais sein’ chez Winnicot ou les éléments bêta chez Wilfred Bion).
Cette projection ambivalente, qui survalorise un ennemi imaginaire à la hauteur de la frustration en même temps qu’elle projette sur lui la pulsion meurtrière, permet au NPD de s’affranchir de toute morale pour ne pas s’effondrer en lui-même et passer à l’action. Un NPD comme un psychopathe n’a pas de conscience morale, il sait qu’il existe des valeurs morales dans la société mais il se croit au-dessus, jouit de la souffrance d’autrui qui lui permet d’éprouver une émotion et ne ressent aucune culpabilité.
La « dette infinie » qu’il éprouve le conduit à une réparation, une tentative de sortie du clivage violente, sans limite morale. Puisqu’autrui est le diable tout est permis même l’anéantir après l’voir traité comme une chose.
La judéophobie aux deux extrêmes du spectre politique
L’ennemi imaginaire de l’antisémitisme domestique des banlieues, repris en boucle par des élus de gauche et des journalistes complaisants finit par tuer.
Les prolétaires disparus, le marxisme déçu leur trouva un remplaçant : le Musulman. Le musulman serait le « Juif du 21ème siècle ». Cette antisionisme est né comme une nouvelle forme de haine des juifs et de la pathologie narcissique culturelle. Avec toujours l’ambivalence : on adore la Shoah en multipliant les films mais on disqualifie l’Etat juif. On vénère les juifs morts dans les camps en multipliant les films et on tue les juifs réels après les avoir chargés de tous les péchés du monde… Comme le souligne Grunberger : « La cruauté s’exerce sur « un objet qui a perdu ses références personnelles et historiques »[3]
Dès lors, Le palestinien, (c’est-à-dire le ‘réfugié’ le plus aidé du monde !) sorte de fiction où peuvent se projeter à bon compte les égos de tous les frustrés de la planète tombe à pic ! Un Palestinien fictif bien sûr pour des personnes qui n’ont jamais mis les pieds en Cisjordanie.
François Mitterrand et SOS racisme ont parfaitement compris l’utilité de cultiver la frustration des décolonisés immigrés en France pour récupérer les voix des communistes en disparition.
L’Etat juif mesure-t-il à peine deux tiers de la Belgique dans l’immense monde musulman (carte) judenfrei, vidé de ses minorités chrétiennes, druzes, yézidies ou juives ? Peu importe il est « le dernier obstacle à la paix dans la région », l’épine dans le pied de la paix mondiale. Son armée est la « plus puissante du monde ». Tout ce qui s’y passe a valeur de symbole mondial.
L’antisémite utilise le juif imaginaire pour combler son déficit d’être. La haine des juifs est la réponse à l’angoisse existentielle et à la bêtise humaine congénitale. Evidement et heureusement il ne concerne pas que les juifs. Mais comme le souligne Bèla Grunberger l’antisémitisme est l’une des « maladies mentales » les plus enracinées dans la culture occidentale et maintenant orientale.
Le mantra « juif=nazi », brutalement exposé sur les réseaux sociaux dans des groupes du genre ‘Grand Theft Auschwitz’ se multiplie en ligne appelant au meurtre de personnes réelles. A moins qu’il ne soit finement amené par une équivalence des actions du Hamas et de Tsahal par des journalistes complaisants, répété en boucle sur les télés françaises du service public depuis 40 ans pour nourrir la haine de la France bien réelle, elle, des enfants perdus de la décolonisation. Il était très facile de faire monter cette frustration dans les territoires perdus de la république où 25% de la population est au chômage dont 50% de jeunes. Ouvrant grande la porte aux discours islamistes qui l’ont récupérée.
L’antisémitisme n’est pas une obsession des juifs mais une obsession de l’idéal de soi. Il passe son temps à réclamer des comptes au juif comme si celui-ci lui volait la part manquante de son moi idéal. D’où le juif riche, pas partageur, (il a ce qui me manque), forcément antisocial et communautarisé (sans lui la paix serait possible et la société unie), etc…
Un antisémitisme globalisé
L’insécurité culturelle engendrée par la globalisation (ou quand la moitié de la population a l’impression de ne pas avoir sa part du gâteau et que ses enfants en auront encore moins !), jointe aux migrations globales engendre une frustration économique, un sentiment d’abandon culturel, le sentiment surtout de ne pas faire partie d’un jeu qui tourne sans les oubliés de ses banlieues.
Dans les banlieues d’Europe, une connaissance sommaire de l’islam et encore plus du judaïsme par les oubliés de la globalisation, beaucoup d’insécurité, un avenir forme en voie de garage dans les banlieues de mégapoles et un peu de paranoïa ont été largement suffisants pour créer de bons antisémites qui en état de décompensation sont passé à l’acte, et qui de mauvais musulmans sont devenus de vrais assassins.
Au service de l’humanité
De notre côté, juif, notre manière de vivre exotique et notre morale gravée dans des tables de pierre et surtout dans nos cœurs semble donc une gifle pour le narcissisme des Nations et des égos en quête d’apothéose dans des sociétés de la célébrité qui les frustrent en permanence à longueur de clics. Une sorte de mélange de fascination et de haine nous accompagne. Celle des egos frustrés de tous les damnés de la terre.
Il ne sert à rien de discuter avec ces gens là car tout ce qui se dresse contre leur récit délirant l’alimente. Seule la loi peut protéger les juifs de l’antisémitisme.
Mais une certitude reste. Nous sommes le Peuple juif, nous avons traversé toutes les persécutions. Et depuis 3 000 ans nous sommes toujours là, au service de notre prochain. Un projet modeste tourné non pas vers l’apothéose médiatique mais le service du prochain :
En arabe le mot حماس, Hamas signifie « la vigueur, le zèle « , Ham, fils de Noé c’est « le chaud ». alors que son autre fils Cham qui a donné Chem c’est à dire le nom, les sémites, la parole. Alors que Japhet, c’est la beauté yaffé, les grecs…
Par un curieux glissement sémantique pour nous en hébreu חמסouחמאס, Hamas, signifie « la violence ». Ce mot qui apparait dans le récit du déluge « car la terre est remplie d’iniquité (‘hamas) » nous explique Rachi : « C’est le vol avec violence ». Et Onquelos nous précise la nature de cette violence par un mot en araméen « Hatoufin » qui, en hébreu moderne, signifie « kidnapping ».
On trouve ce mot dans le psaume 11 un poème écrit il y a deux millénaires et demi :
Je suis né dans la civilisation de l’automobile… avant de grandir dans celle d’Internet. La civilisation d’amour de la bagnole faite par le peuple pour le peuple, (Volkswagen, « la voiture du peuple »), a précédé celle de l’amour universel de Facebook : « Tu likeras ton prochain comme toi-même ! ». Je voudrais m’intéresser ici au cas très particulier de la Volkswagen. Permettez moi un contour par une vie la mienne.
Mon père a été ingénieur chez Michelin pendant 25 ans (service Z : mélanges, service F: recherche…), il a construit et travaillé dans les usines de Greenville en caroline du Sud, de Turin en Italie, de Bilbao Espagne, au Brésil, au Japon… Il a fabriqué des machines à mélanger les gommes, à faire éclater des pneus d’avion arrosés d’eau en choc sur une piste d’asphalte dans une chambre blindée, à faire rouler des pneus grands comme des maisons pour la forêt amazonienne en recréant une ambiance de serre à Clermont Ferrand, à faire rouler des heures des 30 tonnes chargés de plomb sur les pistes de Ladoux… Je me rappelle de Ted Key un fournisseur texan de gomme qui venait manger à la maison à Clermont Ferrand, avec son gros accent, sans un mot de français, en chapeau de cow-boy, draguait ma mère, et se tapait des filles aux Texas au fond d’un caravane après quelques whisky. « Un whisky et un barbecue sinon rien ! » J’ai été globalisé dés les années 70 ! Mon père partait aux US pendant des mois et nous envoyait des cartes postales de Cap Canaveral où décollait Apollo. On était super fiers de partir sur la lune nous à la maison !
J’étais un Bib’ (Bibendum) dés15 ans, à Clermont Ferrand. A La Mission (service AP, comme apprenti) car pour devenir cadre il faut d’abord y être ouvrier. Donc 40 heures d’atelier pour commencer, les 3 huit l’été. Un bib’ ne peut être un bon cadre que s’il a été ouvrier. Édouard Michelin, de regrettée mémoire, a usé ses fonds de culotte à La Mission. Ce régime de fer m’a préparé au monastère et recyclé ma passion de la mécanique pour démonter des mobylettes volées à des fins plus morales.
Porsche Cayenne jaunes
Bien des années plus tard, en 2016, l’année de ma Brit mila, alors que je redevenais Meïr, j’ai travaillé avec un grand dirigeant de Michelin pour qui j’ai de l’affection car il porte en lui les hautes valeurs de la manufacture. Nous parlions avec lui et ma collègue Claire du Dieselgate chez Volkswagen, la tricherie du siècle sur les émissions de CO2 par les véhicules.
J’avançais que Ferdinand Piëch le patron de Volkswagen n’était peut être même pas au courant de ce qu’avaient fait ses équipes… et qu’il allait porter le chapeau a cause du Führerprinzip, ce (« principe du chef ») essentiel au fonctionnement du régime nazi qui consiste en la soumission aveugle aux ordres d’un Führer intégré quasi spirituellement, qu’il avait fait régner sur ses équipes pendant des décennies.
Claire m’a immédiatement mis un coup de pied sous la table. Bien visé. J’ai dû faire une grimace derrière ma cravate car mon interlocuteur a répondu :
» Laissez le parler Claire ! Savez-vous que le patron de Volkswagen Ferdinand Piëch petit-fils du fondateur de Porsche est arrivé à Aulnat, l’aéroport de Clermont Ferrand, pour rencontre notre manufacture, son fournisseur, il a quelques années, et qu’il a demandé que 3 Porsche Cayenne jaunes l’attendent au pied de l’avion ? «
Une demande impossible à satisfaire bien sûr, la couleur jaune n’étant pas la plus demandée. Mais comment refuser cela à l’empereur de l’industrie automobile allemande réunissant Audi, Bugatti, Porsche, Lamborghini ? La Manufacture à dû alors en dénicher à des milliers de kilomètres.
Pourquoi jaune ? Écoutez la suite. Il faut remonter quelques années en arrière.
Cet été France Culture a exploré les Mécaniques du complotisme, il faut écouter ces émissions passionnantes. Car chaque nouvelle crise ou événement violent fait surgir, quelques heures après, une nouvelle théorie du complot. Internet en a accéléré la diffusion et twitter diffuse instantanément n’importe quelle bêtise, et plus c’est gros plus ça passe. A condition que les juifs en fassent partie bien sûr.
Les juifs, du Sinaï au coté obscur de la Force
On nous cache quelque chose ! On nous ment ! l’Empire (comprendre les Etats Unis et Israël ligués pour gagner de l’argent sur le dos des « halogènes »), poussé par les juifs – ce petit club mondial assoiffé d’argent, c’est bien connu, sont forcément cachés quelque part au coeur du complot
Après l’attentat du World Trade Center et le crash d’un Boeing sur le Pentagone en 2001 Thierry Meyssan passé par le Renouveau charismatique catholique et la militance des droits LGBT lance sa théorie de « L’effroyable imposture ». Le livre dénonce un attentat commandité de l’intérieur par l’armée américaine (« le complexe militaro-industriel ») et se vend à 250 000 exemplaires, comme un Goncourt. Facebook et Youtube , n’existent pas encore mais les forums s’agitent déjà.
Un pur fake : de nombreux témoins ont vu l’avion se crasher sur le bâtiment et on a retrouvé l’ADN de tous les passagers du Boeing dans le Pentagone. Peu importe : Meyssan exporte sa théorie. Traduite en 26 langues dans le monde entier, elle intéresse de Hugo Chavez à L’Iran et au Hezbollah. Meyssan, prudent, ne mouille pas encore les juifs dans le complot. D’autres le font à sa place.
Dés le lendemain du 11 septembre le bruit court que les juifs ont commandité les attentats des tours jumelles. Le 19 septembre 2001, en direct sur Al-Jazira, le présentateur vedette Faycal Al-Qassem annonce qu’« aucun des 4 000 Juifs travaillant au WTC n’est venu travailler le 11 septembre », au Caire le 23 avril ils ont reçu l’ordre du Mossad de ne pas travailler. 3 000 personnes ont péri dans les attentats mais le chiffre de 4000 juifs ne fait ciller personne. En réalité 10 à 15% des victimes du 11 septembre sont juives en cohérence avec les 20% d’habitants de New York…
Meyssan se retrouve aujourd’hui classé ennemi des Etats Unis et il vit désormais établi en Syrie soit disant parce que le Mossad veut l’assassiner,; Syrie où il est rémunéré par un certain Bachar El Assad et d’où il accable « l’Occident et les sionistes » de tous les maux. Nous y voilà.
Fin août 2006 Dieudonné, Meyssan et Soral paradent à Beyrouth et Damas. En 2019 la « Liste antisioniste » lancée avec l’humoriste Dieudonné financée par l’Iran ne rassemble que 1,3 % des suffrages, … avec un seul mot d’ordre à tous les malheurs du monde à Gaza, Ramallah, le Caire ou en banlieue: « C’est la faute des sionistes ! ». Le bon vieux « complot judéo-maçonnique », est devenu le « complot judéo-américain ».
La tuerie de Charlie Hebdo ? Commanditée par Washington et les sionistes bien sûr. « les commanditaires les plus probables [de l’attentat] sont à Washington » selon Meyssan. Soral, Dieudonné et Jean-Marie Le Pen embrayent comme un seul homme.
Le Covid issu du pangolin chinois ou d’une fuite de labo ? Ne soyez pas le dernier à y croire ! c’est une création des labos et des big pharma pour vendre des remèdes au virus qu’a créé… l’Institut Pasteur ! Face à l’engouement face à cette vidéo partagée des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux qui prétend que le Coronavirus a été créé en 2003 l’Institut Pasteur se sent obligé de réagir.
Et bien sûr selon Alain Soral c’est encore la faute de « la Communauté », suivez mon regard : « Je vais citer les gens qui ont en charge la médecine d’État : Bauer, Lévy, Buzyn, Hirsch, Jacob, Guedj, Salomon » répond Soral ; contre le druide blanc européen Raoult ! Ils ne savent pas que la femme de Raoult est juive et qu’il est philo-sémite, peu importe le conspirationnisme se nourrit d’un mille-feuille d’indices et sans le début d’une preuve.
Depuis maintenant 20 ans l’ultra-droite antisémite et la gauche radicale pro-palestinienne se sont retrouvées dans la même détestation du sionisme qui commence à se répandre comme une sorte d’évidence dans la société. Un processus paranoïaque qui attribue aux juifs une toute puissance imaginaire maléfique et occulte justifiant toutes les violences verbales et bientôt physiques.
Le livre Princeps du complotisme antisémite : Le protocole des Sages de Sion
Mais la palme d’or du complotisme n’est pas née à l’heure d’Internet en France mais en Russie au temps de Nicolas II. Le protocole des Sages de Sion qui rapporte le soi-disant compte rendu d’une réunion secrète des chefs de la communauté juive et leur plan détaillé pour mettre le monde sous leur domination, même s’il est rapidement démontré comme un faux aura une immense postérité nous explique Pierre-André Taguieff. Le plagiat de textes du XIXème siècle réunis pour avertir le Tsar Nicolas II du danger des juifs dans une Russie en insurrection, grâce à son niveau d’abstraction va s’adapter à de multiples contextes avec un seul objectif : se protéger et se débarrasser des juifs.
Ford, Hitler, Goebbels, le grand mufti de Jérusalem… tous croiront fermement à la réalité du fake.
La révolution bolchevique ? les Juifs bien sûr qui veulent déstabiliser le Saint empire chrétien. Hitler déclare : « Le jour où il sera devenu le livre de chevet d’un peuple, le péril juif pourra être considéré comme conjuré. » car il faut étudier en détail la manière de penser du juif cet ennemi absolu et international lié à aucune patrie, pour l’exterminer.
De l’autre coté de l’atlantique et contre l’évidence de leur caractère frauduleux révélé par une enquête du Times de Londres, Henry Ford croit la même chose que celui qui n’est encore qu’un petit trublion d’extrême droite allemand. Il fait imprimer Le protocole des Sages de Sion et distribuer dans les écoles.
La naissance de l’Etat d’Israël, l’infortune arabe avec le nationalisme et le socialisme, la propagande des criminels nazis réfugié en Egypte autour de Nasser transformeront le Protocole en « complot sioniste mondial ».
En 2002, la série, “Le Cavalier sans Monture” adapte en série à la TV égyptienne Le protocole des Sages de Sion en 41 épisodes pour le Ramadan.
Ne le dites à personne: les Corses contrôlent les Juifs qui contrôlent les franc maçons qui contrôlent les américains qui contrôlent le monde… alors, ne vous faites pas avoir ! Vous êtes le premier à le savoir.
Lori Gilbert Kaye ZAL est partie aujourd’hui en voulant sauver la vie du rabbin Mendel Goldstein… Elle laisse derrière elle un mari dévasté et une fille de 22 ans. Elle a réalisé le Kiddouch Achem.
Le rabbin Mendel Goldstein a appelé à la paix alors qu’il avait deux doigts sectionnés par une rafale de pistolet automatique pendant la deracha. Il a dit :
» Nous sommes forts. Nous sommes unis. Ils ne peuvent pas nous briser. »
La petite Noya Dahan, 8 ans, a demandé que sa photo soit partagée pour que tout le monde sache qu’elle est forte. Elle a quitté avec sa famille la ville israélienne de Sderot pour échapper au terrorisme et aux attaques constantes perpétrées contre leur communauté. Elle est sauvée. Along Peretz, l’oncle de Noya, âgé de 32 ans, venu de Sderot pour rendre visite à sa famille pour les vacances de la Pâque a lui aussi pris une balle. Il a été blessé pour la protéger.Il est sauvé. J.E., âgé de 19 ans, a fait irruption et a déclaré: ‘F * ck les juifs ‘. que son nom soit effacé. AM ISRAEL E’HAD, AM ISRAEL HAÏ
En Espagne les émeutes antijuives ont commencé en 1391 un siècle avant l’exil de 1492. Ces émeutes signèrent la fin du brillant judaïsme arabo-ibérique.
On parle beaucoup de Sefarad (l’Espagne) mais dehors du « RAMBAM » (Rabbi Moché Ben Maimon dit Maïmonide-12e siècle, Cordoue-Fès-le Caire) et du RAMBAN (Rabbi Moché Ben Nahman dit nahmanide, Gérone- Jérusalem ?) les penseurs séfarades sont des quasis inconnus pour la culture occidentale.
Gérone – photo DL
Ces auteurs sont les légataires directs des géonim babyloniens comme Rabbi Saadia ben Yosseph Gaon Soura (Egypte 9ème siècle, Babylonie 10ème siècle) dit Saadia Gaon qui assurèrent la survie du judaïsme rabbinique babylonien face à la conquête et l’assimilation arabo-musulmane et les maîtres du judaïsme arabo-andalou dont Maïmonide sera un des légataires incontesté.
Les plus importants penseurs, décisionnaires commentateurs de la Torah, poètes séfarades, étaient des rationalistes. Ils étaient tous de grands savants dans les sciences profanes de leur époque (médecine, astronomie…) en même temps que des philosophes de langue arabe puisant à travers les penseurs arables chez les grecs… Ils sont aujourd’hui de quasi inconnus. Ils considéraient le Talmud et le midrach comme la base de toute l’étude juive et, en dehors d’un Nahmanide, envisagent la kabbale comme une note en bas de page des tannaim, amoraim et autres guéonim…
Le simple fait que le considérable « Livre de la splendeur » (Zohar) de milliers de pages, puisse avoir été écrit en araméen en plein 13ème siècle par Moïse de Léon en araméen à la manière de de la guemara imitant des maîtres du premier siècle, ce dont sa propre femme n’ignorait pas le fait ! dit la familiarité avec le talmud et les midrachim et le puits de mémoire et de sagesse que ces gens étaient. Le retour opéra par un Rabbi Yehouda Levaï ben Betzalel dit le MAHARAL de Prague (17ème siècle) au midrach, alors que sa structure de pensée doit aussi à la kabbale sans qu’il le revendique ou en cite les écrits, en dit long sur la filiation avec la source arabo-andalouse et sur ce que le judaïsme moderne lui doit.
Le juif Salomon Vidal, Musée de Gérone, photo DL
Ces esprits sont donc d’une puissance inégalée et on ne trouve après eux qu’un Maharal de Prague qui admet sa filiation pour se hisser à leur hauteur. Au-delà des aléas de l’histoire et de notre long voyage en galout que l’Éternel semble bien avoir inscrit dans la structure même de l’être comme nous en a averti le Maharal (Guevourot AChem), nous devons absolument retourner à ces sources si nous voulons aujourd’hui juste comprendre les premiers mots de notre propre tradition juive.
Qui connait :
Rabbi Itsh’ak Elafassi surnommé le « RIF » au 11ème siècle,
Bah’ya ibn Pakouda dit Rabbenou Bahya (« notre maître Bahya ») au 11ème siècle, le chantre des « Devoirs du Cœur » (Hovot ha-lev) face à une génération engluée dans le matériel et la piété de routine et ce qu’il appelle « les devoirs à accomplir par les parties du corps » (Hovot ha-evarim)…,
Shmouel HaLevi ben Yosseph HaNaggid, grammairien, rabbin andalou et vizir et chef des armées d’un royaume d’Al Andalus qui mène la guerre et y écrit des poèmes magnifiques,
Plus connu ( ?) Yehoudda Halévy l’homme aux 800 poèmes au 11ème siècle le chantre de Sion et l’auteur du Kouzari,
Et bien sûr Benjamin de Tudèle, qui parcourut tout le monde juif de son temps au 12ème siècle et que notre maître le Rav Haïm Harboun a suivi d’un livre dans ses pérégrinations,
Ibn Tibon et sa famille aux 12ème et 13ème siècles rabbins provençaux traducteurs en hébreu d’ouvrages philosophiques gréco-arabes,
Rabbi Chelomo Ben Aderet dit « RACHBA » au XIVème siècle, Rabbénou Nissim, dit le « RAN » au 14ème siècle… ?
Qui connait le Or Hachem de Hasdaï Crescas ? un des plus puissants penseurs juifs de la fin du Moyen Âge, lié à la cour du roi d’Aragon et grand rabbin de la communauté de Saragosse au 14ème siècle ? Cet homme assistera aux grands massacres de juifs de 1391 et y perdra son propre fils à Barcelone. La reconquista s’est faire aux cris de « morts aux juifs ». Crescas écrit alors une lettre à la communauté des juifs d’Avignon pour raconter en détail ce qui s’était passé.
Les massacres contre les juifs de Séville le 4 juin 1391. Ils se sont propagés dans la vallée du Guadalquivir : à Cordoue, Andújar, Montoro, Jaén, Úbeda, Baeza… et ensuite de la Meseta Sud : Villa-Real — aujourd’hui Ciudad Real —, Cuenca, Huete, Escalona, Madrid, Tolède (18 juin), et à d’autres zones castillanes : Logroño (12 août) et de la couronne d’Aragon : Valence (le 9 juillet), Orihuela, Xàtiva. Le massacres atteignent leur aproxysme à Barcelone, (5 août) puis continuent à Lérida (13 août). A Palma de Majorque le 2 août.
Nombre de réfugiés juifs fuient en Afrique du Nord après les massacres qui inaugurent le phénomène marrane.
Hasdaï Crescas qui perd son fils le 09 juillet 1391 dans le pogrom de Valence écrit à la communauté juive d’Avignon :
« En ce jour amer de Roch ‘hodech Tamouz 5151 [été 1391], Dieu banda l`arc de l’ennemi contre la communauté de Séville où habitaient sept ou huit mille familles juives. Ils mirent le feu à ses portes et en assassinèrent un grand nombre ; cependant que la plupart étaient convertis au christianisme et que d`autres, en particulier des femmes et des enfants, étaient vendus comme esclaves aux arabes ; et les quartiers juifs devinrent déserts. Beaucoup périrent en martyre, beaucoup d’autres transgressèrent l`alliance sacrée. De Séville, l’incendie se propagea et anéantit tous les cèdres du Liban des communautés de Cordoue. Là aussi beaucoup abdiquèrent leur foi et la communauté fut anéantie.
Le 17 du mois de Tamouz fut un jour de douleur et de sanction, un jour plein de souffrances. La colère de Dieu s’enflamma contre la communauté de Tolède, source de la Torah et de la parole de Dieu. Cohanim et prophètes furent massacrés dans le temple de Dieu, les Rabbanim périrent publiquement en martyre, la noble descendance de Rabbi Acher ben Yih’iel [Roch], ainsi que leurs fils et leurs disciples. Là aussi beaucoup de ceux qui ne purent se défendre acceptèrent la conversion.
Le 7 du mois de Av, Dieu éradiqua sans pitié la communauté de Valence en laquelle vivaient environ mille familles. Près de 250 personnes y périrent en martyre tandis que les survivants fuyaient vers les collines, mais peu en réchappèrent et la plupart furent convertis. La plaie se répandit ensuite aux communautés de Majorque dans les îles de la mer. Le jour de Roch ‘Odech Eloul, des intrus pénétrèrent dans le quartier juif et le violèrent et le mirent au pillage et l’abandonnèrent comme une coquille vide. 300 personnes y périrent en martyre tandis que 800 autres fuyaient dans la tour du roi et que le reste subissait la conversion. Le Chabbat suivant, la colère de Dieu se déversa comme le feu, profanant son temple et violentant la couronne de sa Torah – la communauté de Barcelone – qui fut percée et ce jour et compta 250 morts. Tout le reste de la communauté trouva refuge dans la tour alors que les ennemis, mettaient à sac toutes les rues juives et incendiaient certaines d’entre elles. La main du Gouverneur n’eut pas l’avantage mais il s’efforça de les sauver de toute sa puissance ; il fit apporter aux juifs qui se trouvaient là du pain et de l’eau, et opéra une sortie pour capturer les brigands. Alors la masse des simples gens rugit et se dressa contre les gouverneurs, et ils combattirent les juifs réfugiés dans la tour, armés d’arcs et de catapultes. Ils les frappèrent et les battirent dans la tour. Beaucoup périrent en martyre, parmi eux mon fils unique, une brebis innocente. Je l’ai offert tel un holocauste, j’accepterai le verdict et me consolerai en sachant la bonté de son destin et la félicité de son sort. Beaucoup d’entre eux se suicidèrent, certains en se jetant du haut de la tour et ils étaient déjà déchiquetés avant même d’avoir parcouru la moitié de leur chute. Quelques-uns abandonnèrent la tour et périrent en martyre dans la rue. Tous les autres furent convertis au christianisme, hormis quelques-uns qui s’enfuirent vers les villes aux alentours, si peu nombreux qu’un enfant les compterait mais de grands hommes. A cause de nos fautes, il n’existe plus un seul être humain aujourd’hui à Barcelone qui puisse être qualifié de juif. De même, dans la ville de Lérida, beaucoup périrent, le reste fut converti, seuls quelques juifs s’échappèrent.
A Gérone, où l’érudition et l’humilité s’étaient jointes en un seul lieu, les Rabbanim périrent publiquement en martyre. Seuls quelques-uns acceptèrent la conversion, la plupart trouvèrent refuge dans les maisons des habitants de la ville. Ils sont enfermés aujourd’hui dans la forteresse.
En fin de compte, dans le royaume de Valence, il ne reste plus aucun juif hormis dans la ville de Murviedro (Sagonte).
Dans la province de Catalogne, il ne reste plus aucun juif, hormis le peu qui échappèrent au massacre dans les villes alentours et ailleurs. Quant à nous ici, dans les villes d`Aragon il ne s’est produit ni brèche ni violence. Par la bonté divine toutes nos communautés sont rescapées ; mais malgré tous nos efforts, après la dispersion de nos biens, il ne nous reste rien d’autre que nos corps. Nos cœurs sont pleins de frayeur et nos yeux sont levés vers le ciel afin qu’il soit miséricordieux, qu`il guérisse nos blessures et nous aide à ne pas défaillir. »
(Rav Hasdaï Crescas, extrait de sa Lettre à la communauté d ‘Avignon traduite par Eric Slimévitch dans Lumière de l’Éternel, Hermann 2010).
L’antisémitisme a un peu plus de 3000 ans, c’est-à-dire l’âge du peuple juif, et il ne s’arrêtera pas. Pourquoi ? Parce que les antisémites de tous poils ne négocient pas avec Israël ou avec des juifs réels mais avec un juif imaginaire qui n’est que l’envers de la frustration de leur désir d’exister. L’antisémitisme est une histoire d’égo frustré, de conscience sociale ou religieuse humiliée.
Les antisémites de tous poils se contrefichent bien du sort des palestiniens, d’Israël ou des juifs du 93 sans le sou, de tous les juifs réels qui vivent des petites vies en essayant d’apporter leur pierre à l’édifice de la civilisation humaine par l’éducation de leurs enfants, l’étude et la prière puisqu’ils utilisent le juif imaginaire pour combler leur déficit à être.
Quelques photos que j’avais faites en 2010 dans un no mans land à Hébron prés du tombeau des patriarches, Ramallah, le check point de Kalandia, les 4 x 4 de l’Europe qui abreuvent Ramallah comme une manne (j’en ai toute une collection photo), les toits d’Hébron… Je suis passé à peu prés partout dans le West Bank. Sauf Gaza bien sûr, le « pavillon témoin ».
En plein Festival de Cannes, nous assistons depuis quelques jours à l’un des plus incroyables scénarios jamais écrit de l’histoire de la politique moderne.
La crise de l’accord iranien se déroule comme un épisode de 24 heures chrono. Sans déterminer qui interprète Jack Bauer, chaque protagoniste y joue un rôle précis, parfaitement maitrisé en fonction de son positionnement pour le bon déroulement du conflit et de l’objectif à atteindre : la renégociation du traité.
Un jour de 2012, Szegedi, 30 ans, Haut responssable du parti ultranationaliste et antisémite Jobbik en Hongrie, au Parlement européen, découvre… que son adorable grand-mère est juive, survivante d’Auschwitz.
Pourtant, il y a seulement quelques années, le même homme méprisait les Juifs, les considérant comme une sinistre cabale de spoilers intrigants, de malfaiteurs congénitaux, une cinquième colonne cosmopolites qui entravait les aspirations légitimes de la Hongrie en tant que fière et prospère nation chrétienne au coeur de l’Europe !
Chassé de son parti, il se fait circoncire et célèbre sa bar Mitswah.
La Bande-annonce de Keep Quiet le documentaire anglo-hongrois de Joseph Martin et Sam Blair :
Le documentaire :
Avec le Rabbi Baruch Oberlander, Hassid Loubavitch.
Un article du Jérusalem Post : http://www.jpost.com/Jerusalem-Report/A-whole-new-Jew-478706
Le rôle central de Gênes dans l’exil des juifs d’Espagne a été minimisé. Les chemins de l’exil séfarade furent en grande partie ceux des marchands de la thalassocratie Ligure et de ses comptoirs. Cette réalité occultée permet de mieux comprendre l’histoire souterraine des juifs en Corse et l’apport de juifs à la naissance de la globalisation moderne.
Alors que demain commence la cantilation des Selihot pour le monde séfarade, essayons de nous remémorer notre histoire. On trouvera une partie des informations données ici dans mon livre Des noces éternelles, un moine à la synagogue. De plus je vous invite à suivre le groupe Facebook MEMORIA EBRAICA DI A CORSICApour qui j’ai écrit cet article. La diffusion publique et gratuite de ce savoir me semble importante.
Les chemins de l’émigration juive séfarade et les destinations se superposent parfaitement avec les chemins commerciaux et bancaires génois en méditerranée aux cours du XVIè siècle (voir cartes), ce « siècle de Gênes » qui est aussi celui du premier exode de masse juif depuis la chute du Temple de Jérusalem en l’an 70.
Route commerciales et comptoirs génois (cliquer pour agrandir)