BLACK LIVES MATTER FOR JEWS – Persiste et signe. Meïr LONG

Les 8 minutes de recueillement pour George Floyd ne sont pas comprises par beaucoup d’entre vous. Vous ne croyez pas à l’antisémitisme? Habillez vous en juif et allez faire un tour à Barbès. Vous ne croyez pas à la discrimination sur la peau ? Grimez vous en noir et descendez dans le métro…

Je ne vais pas aux manifestations. Sauf pour Mireille Knoll et Madame Halimi. Le rassemblement d’hier s’est déroulé dans la dignité. Pas du tout le type de rassemblement du CRAN, antifas et propalestiniens habituels.

Nous les juifs nous avons souffert de la persécution pendant 3 millénaires. Nous les juifs devons condamner tout racisme à l’intérieur des sociétés où nous vivons. Ce n’est pas un choix. C’est un injonction de la Torah répétée de multiples fois : « Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car vous avez été vous-mêmes des émigrés dans le pays d’Égypte. » (Lv 19)

Nos frères de couleur ont droit à notre plus profond respect. Il en manquent le plus souvent cruellement. George Floyd, quel que soit son parcours, caque immigré ou fils d’immigré de ce pays mérite notre prière et ses enfants notre affection. Ce n’est pas négociable.

BLACK LIVES MATTER FOR JEWS

Dans la Bible il est écrit que Moïse, ayant fui l’Égypte, se trouvait au nord-ouest de la péninsule arabique. Là il défendit des bergères et il épousa l’une d’elles, Séphora (ou Tsipporra). Fille du pays de Kouche, que l’on situe vers le Soudan et la Nubie (sud de l’Egypte) elle avait la peau d’ébène.

C’est la paracha de ce Chabbat (Nombre 12) :

א וַתְּדַבֵּר מִרְיָם וְאַהֲרֹן בְּמֹשֶׁה, עַל-אֹדוֹת הָאִשָּׁה הַכֻּשִׁית אֲשֶׁר לָקָח:  כִּי-אִשָּׁה כֻשִׁית, לָקָח. 1 Miryam et Aaron médirent de Moïse, à cause de la femme éthiopienne (Kouchite) qu’il avait épousée, car il avait épousé une Ethiopienne,
ב וַיֹּאמְרוּ, הֲרַק אַךְ-בְּמֹשֶׁה דִּבֶּר יְהוָה–הֲלֹא, גַּם-בָּנוּ דִבֵּר; וַיִּשְׁמַע, יְהוָה. 2 et ils dirent: « Est-ce que l’Éternel n’a parlé qu’à Moïse, uniquement? Ne nous a-t-il pas parlé, à nous aussi? » L’Éternel les entendit.
ג וְהָאִישׁ מֹשֶׁה, עָנָו מְאֹד–מִכֹּל, הָאָדָם, אֲשֶׁר, עַל-פְּנֵי הָאֲדָמָה.  {ס}3 Or, cet homme, Moïse, était extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre.
ד וַיֹּאמֶר יְהוָה פִּתְאֹם, אֶל-מֹשֶׁה וְאֶל-אַהֲרֹן וְאֶל-מִרְיָם, צְאוּ שְׁלָשְׁתְּכֶם, אֶל-אֹהֶל מוֹעֵד; וַיֵּצְאוּ, שְׁלָשְׁתָּם. 4 Soudain l’Éternel dit à Moïse, à Aaron et à Miryam: « Sortez tous trois vers la tente d’assignation! » Et ils s’y rendirent tous trois.
ה וַיֵּרֶד יְהוָה בְּעַמּוּד עָנָן, וַיַּעֲמֹד פֶּתַח הָאֹהֶל; וַיִּקְרָא אַהֲרֹן וּמִרְיָם, וַיֵּצְאוּ שְׁנֵיהֶם. 5 L’Éternel descendit dans une colonne de nuée et se tint à l’entrée de la tente, et il appela Aaron et Miryam, qui sortirent tous deux;
ו וַיֹּאמֶר, שִׁמְעוּ-נָא דְבָרָי; אִם-יִהְיֶה, נְבִיאֲכֶם–יְהוָה בַּמַּרְאָה אֵלָיו אֶתְוַדָּע, בַּחֲלוֹם אֲדַבֶּר-בּוֹ. 6 et il dit: « Ecoutez bien mes paroles. S’il y a parmi vous des prophètes, moi, Éternel, je me manifesterais à lui par une vision, c’est en songe que je m’entretiendrais avec lui.
ז לֹא-כֵן, עַבְדִּי מֹשֶׁה:  בְּכָל-בֵּיתִי, נֶאֱמָן הוּא. 7 Mais il n’en est pas ainsi pour Moïse est mon serviteur; de toute ma maison c’est le plus fiable.
ח פֶּה אֶל-פֶּה אֲדַבֶּר-בּוֹ, וּמַרְאֶה וְלֹא בְחִידֹת, וּתְמֻנַת יְהוָה, יַבִּיט; וּמַדּוּעַ לֹא יְרֵאתֶם, לְדַבֵּר בְּעַבְדִּי בְמֹשֶׁה. 8 Je lui parle face à face, dans une claire vision et non avec des énigmes; c’est l’image de D.ieu même qu’il contemple. Pourquoi donc n’avez-vous pas craint de parler contre Mon serviteur, contre Moïse? »
ט וַיִּחַר-אַף יְהוָה בָּם, וַיֵּלַךְ. 9 La colère de l’Éternel s’enflamma contre eux, et Il s’en alla.

Tiskoul le Mitzvot

Black is beautiful for Jews !

BLACK LIVES MATTER FOR JEWS !

« C’est pour cela que l’homme a été créé seul, pour t’apprendre que celui qui ôte une vie, détruit un monde entier ; et celui qui sauve une vie, sauve un monde entier.»

Talmud de Babylone, traité Sanhedrin 5, 5

Cette après midi à 18h00, à l’instant où George Floyd a été porté en terre aux US nous nous sommes réunis place de la République en sa mémoire pour huit minutes et 46 secondes de silence. Que la mémoire de ce père de deux enfants soit une bénédiction.

Pour nous les Juifs, les vies noires comptent.

On ne naît pas noir ou blanc ou juif ou musulman ou chrétien… on nait dans l’humanité.

Servir l’Etat français sous l’occupation nazie

Un article de Marie-Pierre Samitier sur son blog

Faire des choix ? Les fonctionnaires dans l’Europe des dictatures 1933-1948.

Aryanisation économique et spoliation en IsèreLe colloque organisé par le Conseil d’Etat et l’EHESS les 21, 22 et 23 février explorait l’action de l’appareil d’Etat au temps de l’Occupation. Utilisant le droit et s’appuyant ainsi sur une légitimité formelle, les fonctionnaires devaient servir l’Etat et obéir aux ordres reçus… obéir jusqu’où ? Quand le droit ne protège plus l’individu et qu’il attente à la dignité humaine, les fonctionnaires les plus zélés n’ont-ils pas un devoir de désobéissance au nom de la loi morale ?

Ce colloque, inauguré par le Président de la République François Hollande,  a ceci de remarquable qu’il exprime la lecture qu’ont les représentants de nos institutions et les intellectuels  de l’histoire de Vichy et de la mémoire de la Shoah. Comment notre vieille démocratie a-t-elle cautionné par le droit et avec les agents de l’Etat l’extermination d’un peuple, et pourquoi cela a-t-il été possible ? C’est ainsi que le droit français, dans l’esprit des doctrines nazies, a mis en oeuvre les mécanismes d’exclusion des juifs, avec la mise en application des textes par les fonctionnaires, serviteurs de l’Etat. Plusieurs lois en 1941 (2 juin, 22 juillet) vont ainsi  » interdire aux juifs d’exercer une profession libérale, une profession commerciale … être titulaire d’une charge d’officier public ou ministériel ou être investi de fonctions dévolues à des auxiliaires de justice dans les limites et conditions fixées par décret en Conseil d’Etat ».

Tal Bruttmann
Tal Bruttmann

Auteur d’un livre sur la question ( ‘Aryanisation économique et spoliations en Isère’), Tal Bruttmann que j’ai rencontré à l’occasion de l’exposition sur la spoliation des biens juifs au Mémorial de la Shoah a détaillé les agissements à la préfecture de l’Isère pendant les années de l’Occupation, expliquant par exemple comment une administration peut refuser un avancement à une fonctionnaire auquel elle a droit. Bruttmann a raconté dans un livre ( ‘La logique des bourreaux’ ), comment l’arrivée des Allemands à Grenoble a transformé la ville en enfer. Grenoble et sa région où de nombreux juifs s’étaient réfugiés à partir de 1939. Plus de 700 personnes y ont été arrêtés et envoyées dans les camps de la mort. (suite sur la blog de Marie-Pierre Samitier)

 

A lire : Tal Bruttmann, Aryanisation économique et spoliations en Isère, 1940-1944,  PUG, 2010.
L’un des volets de la politique antisémite mise en oeuvre par l’Etat français entre 1940 et 1944 contre les Juifs de France fut l’organisation de leur dépossession. Dans le cadre de la politique d' »aryanisation » économique, les entreprises, commerces biens immobiliers furent systématiquement spoliés par l’action des administrations françaises sur l’ensemble du territoire. Cet ouvrage, qui conclut les travaux de la Commission d’enquête mise en place par la ville de Grenoble sur la spoliation des Juifs sous Vichy, s’attache à mettre en lumière ce processus tel qu’il s’est déroulé dans le département de l’Isère et répondre à un certain nombre de questions: quelle fut l’ampleur des biens touchés? Quelles furent les conséquences de cette politique d’exclusion pour les victimes, alors que parallèlement se mettait en place la « solution finale »? Comment, enfin, s’effectuèrent, après la libération, les restitutions ordonnées par la République?

Onfray, Soler… dérapage en roue libre dans Le Point

Sous prétexte de démystification de pseudo « idées reçues » (les siennes ?), l’article de Michel Onfray paru dans le Point du 07 juin 2012 «  Jean Soler, l’homme qui a déclaré la guerre aux monothéismes »  (voir ici), sous couvert de défendre un livre, développe des arguments supposés historiques (les siens) qui sont pour la plupart inexacts… quant il ne s’agit pas de grossières erreurs.
S’ensuit un combat de clochmerle de généralités pour défendre les vertus d’Athènes face une Jérusalem dont la morale aurait étouffé l’occident. Mais où veut-il en venir ?… se demande le lecteur. Le meilleur est gardé pour la fin : «  les juifs inventent le génocide, cet acte généalogique « est révélateur de la propension des Hébreux à ce que nous nommons aujourd’hui l’extrémisme »», « la Shoah ne saurait être ce qui est couramment dit : un événement absolument unique… » mais « la preuve définitive de l’inexistence de Dieu». Auquel d’ailleurs Moïse ne croyait pas nous prévient l’intertitre de la version papier du Point. Enfin, au cas où le lecteur n’aurait pas compris après avoir lu le panneau « grosse provoc’ », une saine exégèse de Mein Kampf est déployée  « le nazisme selon Mein Kampf (1924) est le modèle hébraïque auquel il ne manque même pas Dieu », « Hitler est le guide de son peuple, comme Moïse »… Enorme! mais moins que l’argument définitif, une essentialisation du peuple juif violent contre les autres peuples à travers toute l’histoire : « le monothéisme devient une arme de guerre forgée tardivement pour permettre au peuple juif d’être et de durer, fût-ce au détriment des autres peuples. Il suppose une violence intrinsèque exterminatrice, intolérante, qui dure jusqu’aujourd’hui ». L’histoire est donc convoquée pour cette actualisation : « jusqu’aujourd’hui ».  Josué, Moïse, Hitler, et l’Etat d’Israël dans les territoires aujourd’hui ? même combat! Sauf que c’est faux.

Les « idées reçues » démystifiées…

Dans un laborieux effort Onfray citant Soler (derrière qui il s’abrite pour proposer sa vision radicale) commence par démystifier ce qu’il suppose des « idées reçues ». Où ? Par qui ? Nulle ne le sait … et se prend les pieds dans le tapis de l’histoire au nom d’un amateurisme éclairé et de deux livres assimilés à l’œuvre d’un « philosophe érudit et méconnu », « résultat d’années de travaux solitaires et de recherches loin du bruit et de la fureur »,« l’œuvre d’une vie » (commencée en 2002…) que « l’université, qui manque de ces talents-là, ne reconnaît pas » (on croit rêver, il ne suffit pas d’ignorer la recherche pour la disqualifier…)… assortie de recommandations prestigieuses, etc… heureusement, Michel Onfray et Le Point étaient là pour rétablir la vérité et faire avancer la science. Qu’en est-il de ces « idées reçues » sur lesquelles l’auteur pense pouvoir nous éclairer ?

          Première idée reçue : la Bible dépasse en ancienneté les anciens textes fondateurs. Faux : les philosophes ne s’inspirent pas de l’Ancien Testament, car « la Bible est contemporaine, pour l’essentiel, de l’enseignement de Socrate et des oeuvres de Platon. Remaniée et complétée plus tard, elle est même, en grande partie, une oeuvre de l’époque hellénistique ».
Cette affirmation est inexacte. Selon l’état actuel de la recherche, un certain nombre de codes et de récits noyaux du deutéronome ont précédé la période de l’Exil et datent du début du VIIe siècle, voire du Xème siècle avant notre ère. Les récits à propos des rois Saül, David (dont l’existence est vérifiée historiquement) Salomon font référence à des évènements de la fin du second millénaire et au tournant du premier millénaire. Personne ne conteste leur écriture sous forme de saga merveilleuse parmi les chercheurs. Cependant, celle-ci s’appuie sur des faits historiques : La « maison de David » (c’est-à-dire sa dynastie) est mentionnée sur la stèle de Tel Dan, l’archéologie ne met pas en doute l’existence d’un royaume de Salomon avec Jérusalem comme capitale. La mise au point du texte définitif de la Torah ou Pentateuque s’est sans doute poursuivie pendant plus d’un siècle après le retour d’exil (- 538) avec une clôture vers 400. L’élaboration de la Bible comme texte sacré du peuple juif est donc largement antérieure au siècle de Périclès et de Platon, né à Athènes en – 428-427 av. et mort en 348-347 av. l’ère commune.  Le texte biblique est une lente élaboration de traditions orales fixées peu à peu par écrit entre le Xème siècle avant notre ère et la fin de l’exil. Il ne s’agit en aucun cas d’un texte « contemporain de Platon » comme l’affirme Onfray pour en dénoncer l’aspect tardif. C’est du moins ce que reconstitue la recherche.

 synthèse de la situation actuelle de la recherche sur la rédaction
du Pentateuque ou Torah (source : Olivier Artus, Cahier Evangile 106)
NB : Exil à Babylone 586-538 avant l’ère commune

Lire la suite de « Onfray, Soler… dérapage en roue libre dans Le Point »

La presse commente ce qui se passe en France

« Beaucoup pensaient qu’après l’Holocauste et l’occupation nazie, les enfants français ne seraient plus jamais tués de sang-froid à cause de leur religion. Et pourtant, c’est précisément ce qui s’est passé à Toulouse » Haaretz

« Depuis 2000, les juifs de France ont été exposés à la plus importante manifestation d’antisémitisme depuis l’Holocauste. La grande majorité de ces crimes haineux ont été perpétrés par des immigrés arabes qui protestaient contre ce qu’ils considéraient comme des agressions israéliennes dirigées contre les Palestiniens » Jerusalem Post

« Concernant l’antisémitisme en France, il y a eu un enchaînement d’événements ces dernières années (…) Il est temps que la politique cesse de minorer ce type d’incidents »  Frankfurter Allgemeine Zeitung

« We don’t know yet who committed the Toulouse massacre but we do know that it was the work of a Jew-hater who sought out and murdered Jewish children in cold blood solely because they were Jewish. » Commentary

« Ils ont eu une vie, terriblement courte, et je veux avant toute chose leur redonner leur identité, leur nom: Imad Ibn Ziaten (30 ans), Abel Chennouf (24 ans), Mohamed Legouad, (26 ans), Jonathan Sandler (30 ans), Gabriel Sandler (6 ans), Aryé Sandler (3 ans), Miryam Monsonégo (8 ans). Tous enfants de France, porteurs les uns de l’idéal de responsabilité et d’engagement propres au soldat, les autres du futur de la société incarné par l’enfant, ils étaient la garantie de notre pérennité, l’assurance de l’espérance qu’incarne la France lorsqu’elle fait vivre ses valeurs et qu’elle croit en son avenir. Et c’est justement ce que ces meurtres veulent briser. L’espérance et notre futur. » Un article du Grand Rabbin Haïm Korsia Toulouse-Montauban quête de conscience à lire sur le Huffington Post 

La campagne présidentielle sera spirituelle… ou ne sera pas (bis repetita)

J’avais écrit cet article dans Marianne en… 2006. En le relisant  je n’en retirerai pas une ligne. Quelle réflexion a été entamée depuis …? (cliquer sur l’article pour l’agrandir)