Le ciel de Manhattan vide des twin towers en mars 2011, (pris du Rockfeller Center)
Ground Zero il y a un an
à Ground Zero, ce 11 septembre, Barack Obama a récité le psaume 46 :
» Dieu est pour nous un abri, une force, un appui dans les tourments, facilement accessible. Aussi ne craindrons-nous rien, dût la terre bouger de sa place, et les montagnes s’abîmer au sein de l’Océan… »
Ce psaume était le psaume préféré de Martin Luther pour lequel il avait composé une musique : » Notre Dieu est une forteresse » ( Ein feste Burg ist unser Gott) devenue trés populaire et réécrite par Jean-Sébastien Bach. Dans le psaume la » ville de Dieu, demeure sainte du Très-Haut » n’est pas NYC (qui ressemble plus à Babylone !) mais Jérusalem, mais bon!… 🙂
Psaumes 46 – תְּהִלִּים
א לַמְנַצֵּחַ לִבְנֵי-קֹרַח– עַל-עֲלָמוֹת שִׁיר.
1 Au chef des chantres. Par les fils de Coré. Cantique sur les Alamoth.
ב אֱלֹהִים לָנוּ, מַחֲסֶה וָעֹז; עֶזְרָה בְצָרוֹת, נִמְצָא מְאֹד.
2 Dieu est pour nous un abri, une force, un appui dans les tourments, facilement accessible.
Le texte qui suit commente le « Tympan de la Création » du narthex de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire (Yonne). Œuvre de frère Marc (Didier Long). 1991. Biennale de Venise 1992- Architettura e spazia sacro nella modernita, architecte belge Jean Cosse pour les bâtiments (dont DL a réalisé l’étude matériaux et couleurs). Matériaux : Granit, béton coloré, céramique émaillée à la cendre, fresque, cuivre. Largeur 4 mètre, poids du linteau 4 tonnes.
Le site Le monastère est une petite citée perdue au coeur de la forêt du Morvan entre Avallon et Saulieu en Bourgogne. Tout l’urbanisme monastique à travers la prière des psaumes, le méditation de la Bible, les commentaires des anciens, le travail manuel et intellectuel… vise à écouter la parole de Dieu ici et maintenant et à faire UN avec le Dieu UN (c’est le sens de monos, moine). C’est étrange mais c’est ainsi. Toute la vie est donc ritualisée autour du cloître (cour carrée intérieure) qui distribue les fonctions : réfectoire, église,cellules, chapitre, bibliothèque, atelier (le monastère vit du seul travail des moines)… autour de ce coeur battant du monastère qui est entouré d’une clôture.
La clôture est un espace de silence absolu où ne pénètrent que les moines. La cloche les appelle 7 fois, jour et nuit à l’office divin (prière des psaumes).
Les hôtes sont accueillis à l’hôtellerie (photo de la porterie) où ils peuvent séjourner.
J’ai travaillé sur le projet couleur et matériaux de l’Abbaye avec l’architecte belge Jean Cosse. J’ai réalisé le tympan de la Création du Narthex et nous sommes passés à la Biennale de Venise en 1992 : Sacro spazio nella modernita.
L’ensemble du tracé régulateur de l’architecture est basé sur des séries de Fibonacci.
l’église est ouverte à tous, on y entre par un vaste sas de recueillement, le Narthex où se trouve le tympan.
Le texte Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre n’était que solitude et chaos (Tohou vavoou : tohu-bohu); des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux (al penei amaïm, sur le visage des eaux). Dieu dit: « Que la lumière soit! » Et la lumière fut. Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres, il les appela Nuit. Il fut soir, il fut matin, jour UN (iomehad).
Comme dit le rabbin de ma synagogue chaque fois qu’il va commenter la Torah pour shabbat : « On pourrait passer trois ans à étudier cette parasha (passage de la Bible)… ». Cependant je vais essayer de donner l’explication d’une sculpture ésotérique entièrement bâtie sur ces quelques versets qui ouvrent le premier chapitre du premier livre de la Bible, celui de la Genèse.
Le tracé régulateur du tympan
Le tympan est basé sur la maguen David, le carré (éléments) et le cercle (le ciel)
Il est enroulé dans une spirale de Fibonacci.
Dans la suite de Fibonacci, pour laquelle, une suite de nombres dans laquelle tout nombre (à partir du troisième) est égal à la somme des deux précédents:
1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89,…
La suite de Fibonacci possède de nombreuses propriétés très utilisées en mathématiques. Une d’entre elles est que le rapport de deux nombres consécutifs de la suite est alternativement supérieur et inférieur au nombre d’or , un nombre remarquable qui vaut exactement 1.61803398…
La spirale de Fibonacci est bâtie sur une série de rectangles d’or :
On retrouve celle-ci partout dans la nature : Tournesol, ananas, pommes de pin, cactus, étoiles de mer, coquillages (ici le nautile), galaxies, ouragans…
coeur de pâquerette
Cette présence du Nombre d’or dans la nature est fascinante. Les lois mathématiques pénètrent la nature comme une torah vivante liée aux développement des organismes, à l’équilibre des forces, à la mécanique…
Il me semble que tout être humain, toute créature intelligente et en dehors de toute ‘religion’ peut comprendre cela. Cela m’a semblé un bon point de départ pour une réflexion sur la création, le simple fait que nous sommes tous de créatures créées, des simples passagers de l’univers qui nous porte.
Les éléments en le vide central Le Ciel est symbolisé par le cercle, la course circulaire des astres circulaires, la voute étoilée au-dessus de nos têtes. « Deux choses me remplissent d’une joie éternellement renouvelée : la voûte étoilée au-dessus de ma tête et la présence de la loi morale en moi » dit Emmanuel Kant au début de sa ‘Critique de la raison pratique’. C’est aussi ce que chante le psaume 19 : « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance. Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. Là, se trouve la demeure du soleil : tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s’élance en conquérant joyeux. Il paraît où commence le ciel, il s’en va jusqu’où le ciel s’achève : rien n’échappe à son ardeur. La Torah du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples. » Au fond, pour qui veut bien l’entendre, la parole créatrice de Dieu anime toute la création. Ces dix paroles de création de Genèse 1 (Vayomer Elhoim, « Dieu dit » est répété dix fois) renvoient aux dix paroles/commandements donnés au Sinaï. Elles invitent à l’éthique. Sans éthique, sans les commandements de la Torah l’homme meurt, sa vie redevient un tohu-bohu. L’homme qui ne prend pas le « joug des cieux », c’est-à-dire qui se pense la mesure de toute chose va à sa perte. Seul celui qui prend refuge en Dieu peut entrer dans un chemin d’humanité.
La terre est symbolisée par les 4 carrés : l’eau, l’air, la terre et le feu. Le chiffre 4 est celui de ce monde : 4 saisons, 4 éléments, 4 vents…
L’étoile de David à 6 branches, symbolise les six jours de la semaine, le septième jour, celui du repos divin (le shabbat), est symbolisé par le centre de l’étoile, un vide qui symbolise l’attente messianique, la Rédemption. Selon la prophétie de Balaam : « Je le vois, mais ce n’est pas encore l’heure; je le distingue; mais il n’est pas proche: un astre s’élance de Jacob » (Nombres 24, 1-25). Ce texte annonce la venue d’une étoile messianique, qui devait sortir de la maison de David. Les six points aux extrémités de l’étoile et les 6 points d’intersection des triangles représentent les douze tribus d’Israël.
A ces éléments qui constituent la matière et l’espace s’oppose l’absence de matière et d’éléments. Le vide central.
« La pierre qu’ont dédaignée les architectes est devenue la pierre d’angle ». Au milieu du tympan est l’endroit où la matière n’a pas de forces. L’espace vide (il manque une pierre) au cœur de l’étoile est le point focal du tympan où il n’y a aucune force dans la matière, un repos, (un shabbat) au-dessus du linteau. Ce système de décharge est utilisé depuis la plus haute antiquité pour soulager les linteaux.
Selon les mots du psaume : « Voici la porte de l’Eternel, les justes la franchiront!Je te rends grâce pour m’avoir exaucé, tu as été mon sauveur. La pierre qu’ont dédaignée les architectes, elle est devenue la plus précieuse des pierres d’angle. C’est l’Eternel qui l’a voulu ainsi, cela paraît merveilleux à nos yeux. » (psaume 118,2) La pierre d’angle absente renvoie à la reconstruction du Temple de Jérusalem attendue et demandée dans la prière.
« Le souffle de Dieu planait sur le visage des eaux ». La vague de l’esprit est une spirale construite sur une série de rectangles d’or. Pour construire une spirale dorée, on prend un rectangle d’or horizontal de largeur 1 et de longueur fi. On y inscrit un carré de côté 1 dans le coin gauche. Le rectangle restant est donc un rectangle d’or vertical de longueur 1. On y inscrit un carré dans le coin supérieur. Il reste un rectangle d’or. On itère… Cette courbe est appelée spirale dorée. Elle ressemble à s’y méprendre à une spirale logarithmique. Pour moi elle symbolise le temps.
L’étoile de la Rédemption, la Maguen David met en route le temps, elle est au cœur de la spirale qui entraine l’histoire. Et comme dit Maïmonide, « le monde suit son cours ».
La Bible parle de l’ordre cosmique parce que celui-ci symbolise le fondement d’une existence humaine. Le cosmos comme l’homme sont traversés par la parole de Dieu, la Torah qui les ordonne. Selon ce point de vue Dieu est radicalement séparé de l’homme et la Torah n’en dit rien qui ne soit humain, de mots d’homme. Si « Dieu a créé le monde en regardant sa Torah qui en est le plan » (Midrach Berechit Rabba 1)…
Dans les Pirqé Avot on peut lire : « Dix choses ont été créées avant le (premier) Shabbat (du monde) : La bouche de la terre, le puits de Myriam, l’arc-en-ciel, etc.»… et Moïse Maïmonide commente (à propos de ces ‘miracles’) : « Ne crois pas que Dieu change d’avis à chaque instant (en fonction du comportement des hommes), mais Dieu a placé dès l’origine des lois qui pourront se réaliser s’il y a lieu qu’elles se réalisent. ». Donc « le monde suit son cours », Dieu s’en est retiré pour nous laisser libre, que nous comprenions ses lois ou que nous ne les comprenions pas.
Alors, si d’aventure vous passez par Avallon, à 2h30 de Paris… allez voir les moines de la Pierre-qui-Vire. Dans la forêt, loin du tumulte de ce monde, n’ayant pour compagnie que les chênes, dans le dépouillement et la joie, leurs quelques paroles vous conduiront au coeur de vous-même.
Par Thomas J. Reese, jésuite, ancien rédacteur en chef de l’Amérique, chargé de recherches au Centre théologique Woodstock de Georgetown University à Washington.
Toute autre institution qui aurait perdu un tiers de ses membres voudrait savoir pourquoi
Le nombre de personnes qui ont quitté l’Église catholique [aux US] est énorme.
Nous avons tous entendu des histoires au sujet de personnes qui ont « quitté ». Les parents partagent ces histoires avec leurs enfants. Les universitaires en parlent avec leurs élèves. Tout le monde a un ami qui est parti.
Même si l’expérience personnelle peut être utile, la recherche en sciences sociales nous oblige à regarder au-delà de notre cercle de connaissances pour voir ce qui se passe dans toute l’Église.
L’étude sur le paysage religieux des États-Unis du Pew Research Center on Religion and Public Life a factualisé en chiffres l’évidence que chacun peut constater de manière anecdotique : un Américain sur 10 est un ex-catholique. S’il existait une dénomination spécifique [pour les ex-catholiques], ils seraient la troisième force aux Etats-Unis, après les catholiques et les baptistes. Une personne sur trois qui a été élevée dans le catholicisme ne se considère plus comme catholique.
Toute autre institution qui a perdu un tiers de ses membres veut savoir pourquoi. Mais les évêques des États-Unis n’ont jamais consacré un instant lors de leurs réunions nationales pour parler de cet exode. Ils n’ont pas dépensé un sou en recherche pour trouver le pourquoi. Lire la suite de « L’exode caché : ces catholiques qui deviennent protestants »→
Débat : Michael Lonsdale, Gilbert Collard, Didier Long interviewés dans l’émission Prise Directe de Béatrice Schönberg, le 7 décembre sur France 2
Lire la vidéo ici : sur le site de l’émission
Un texte de l’écrivain et théologien protestant Paul Tillich (1886 – 1965) commentant 1 Corinthiens 2, 10 : « C’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit. Car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. »
Les mots « profond » et « profondeur » s’emploient dans la vie quotidienne, en poésie, en philosophie, dans la Bible, et dans beaucoup d’autres documents religieux, pour désigner une attitude spirituelle, bien que ces mots eux-mêmes soient empruntés à l’expérience de l’espace. La profondeur est une dimension de l’espace, et, pourtant, elle est en même temps le symbole d’une qualité spirituelle. Nombre de nos symboles religieux ont ce caractère qui nous rappelle notre finitude et notre asservissement aux choses visibles. Nous sommes et nous restons des êtres liés à leur sens, même quand nous-nous occupons de choses spirituelles. Il y a, d’autre part, une grande sagesse dans notre langage. Il intègre d’innombrables expériences du passé. Ce n’est pas au hasard, que nous employions certains symboles tirés du domaine des choses visibles, plutôt que d’autres, C’est pourquoi, il est souvent utile de chercher la raison des choix collectifs des générations précédentes. Cela peut avoir pour nous une signification ultime de découvrir ce qu’implique pour nous l’emploi de mots comme « profond », « profondeur » et « abyssal ». Cela peut nous donner l’impulsion de rechercher de notre propre profondeur. Lire la suite de « La profondeur de l’existence – Paul Tillich »→
Cela se voit du premier coup d’œil : Didier Long est inspiré. En liaison directe avec le ciel. Dix ans à la Pierre-qui-Vire, cela laisse des traces divines ! Ancien moine, il est devenu businessman. Un pro des nouvelles technologies, du web. Il dirige un cabinet de conseil, à Paris. Quinze salariés. Trois enfants. Une maison dans l’ouest parisien. Quarante-trois ans, mais rien de classique dans cette existence hors du commun, marquée par des ruptures successives. Brutales. Radicales. Didier Long a découvert la foi à 17 ans. Trois ans plus tard, il quitte l’école technique Michelin de Clermont-Ferrand et le lotissement « upper middle class » de ses parents pour devenir moine dans le Morvan. «Didier! Didier! C’est moi! Sors de ton tombeau. Moi, je t’aime », lui avait dit la voix. «Quand j’ai compris que j’étais aimé par Dieu, cela m’a semblé la moindre des choses que de lui donner ma vie», confie Didier. La cloche, le cloître, la règle, l’office sept fois par jour… Dix ans plus tard, il part – un regard, une femme, sa femme – et, de fil en aiguille, passant de l’édition numérique (un CD-Rom sur la Bible) au web (le site Fnac.com, qu’il a créé), il se retrouve chez McKinsey – le saint des saints du management ! – avant de monter sa propre structure de conseil. Plusieurs vies en une, c’est donc possible ! Mais une seule ligne, comme un fil d’Ariane : la foi. «En se cherchant soi, on rencontre des gens. Et parfois, l’amour des autres vous façonne et vous apporte la paix, explique Didier. Ces visages, croisés au hasard de l’existence, sont comme un puzzle. Peu à peu l’image de Dieu se révèle et, un jour, on comprend: c’est l’humanité qui est le visage de Dieu!» Si, comme l’économiste Schumpeter, Didier Long estime que «la Bourse est un médiocre substitut pour le Saint-Graal», il pense néanmoins être aujourd’hui à la bonne place, «au cœur du réacteur» : le monde est devenu tout économique et «c’est là que ça chauffe, en ce moment». «Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas», dit l’Evangile. En attendant, Didier Long a écrit un livre au titre évocateur : Manuel de survie spirituelle dans la globalisation*.