Après sept ans d’exil dans différents pays d’Europe c’est un Walter Benjamin épuisé qui arrive à Portbou fin septembre 1940. Quelques jours plus tôt il avait fui Parisle lendemain de l’entrée des nazis dans la capitale.
Il vient à pied de Banyuls-sur-Mer, a grimpé de nuit la montagne au-dessus de Cerbère et Portbou, il marche sur cette « route Lister » qui, un an plus tôt, a vu se tasser 500 000 civils fuyant l’enfer de la guerre d’Espagne au poste frontière français ; en haut de ce col venteux et désert où « hurle la solitude » cette montagne de grés entre ciel et mer où les falaises des Pyrénées plongent à pic dans la mer. Un pays qui se préparait à vivre à l’ombre de la dictature organisée par les éléments les plus conservateurs que l’Espagne aie produit, et ce, pendant des décennies. Benjamin a laissé à José l’ami de Berthold Brecht son cartable avec son manuscrit qui vaut « plus que sa vie » selon lui. (Ci-contre : Passeport de Walter Benjamin vers 1926, Berlin, Archives Walter Benjamin.)
Du haut du col, Portbou apparait, l’Espagne est là. Benjamin est donc sauvé. Hélas…
Car d’après Lisa Fittko, les autorités espagnoles ont avisé les trois fuyards qu’une nouvelle directive du gouvernement espagnol préconisait la reconduite des réfugiés en France. — une réglementation qui ne sera jamais appliquée. Benjamin ne supporte pas cette nouvelle. Lire la suite de « Walter Benjamin à Portbou, fin de l’histoire ? »