Quelques photos que j’avais faites en 2010 dans un no mans land à Hébron prés du tombeau des patriarches, Ramallah, le check point de Kalandia, les 4 x 4 de l’Europe qui abreuvent Ramallah comme une manne (j’en ai toute une collection photo), les toits d’Hébron… Je suis passé à peu prés partout dans le West Bank. Sauf Gaza bien sûr, le « pavillon témoin ».
En plein Festival de Cannes, nous assistons depuis quelques jours à l’un des plus incroyables scénarios jamais écrit de l’histoire de la politique moderne.
La crise de l’accord iranien se déroule comme un épisode de 24 heures chrono. Sans déterminer qui interprète Jack Bauer, chaque protagoniste y joue un rôle précis, parfaitement maitrisé en fonction de son positionnement pour le bon déroulement du conflit et de l’objectif à atteindre : la renégociation du traité.
Après le rapt et le massacre des trois adolescents israéliens dont les auteurs s’ils ont été identifiés n’ont pas encore été arrêtés, après ce lamentable et odieux assassinat d’un jeune palestinien par des irresponsables qui ont déjà été arrêtés et sont en passe d’être jugés, une pluie de roquettes s’abat à partir de Gaza, non seulement sur le sud d’Israël mais également sur ses grandes villes , Tel-Aviv, Jerusalem, Nathanya etc…
Fort heureusement 20% d’entre elles ont été neutralisées par le système « dôme de fer » et les autres sont presque toutes tombées dans des terrains vagues sans faire ni victimes ni dégâts
Manifestement, par cette offensive de grande envergure, le Hamas cherche la confrontation et l’on est en droit de se demander pourquoi et dans quel but ?
Veut-il simplement prouver aux Palestiniens et au monde arabe qu’il est la seule force capable de s’attaquer à ce qu’il appelle « l’entité sioniste » et de libérer la Palestine ? Son action a-t-elle un rapport avec l’offensive actuelle du djihadisme sunnite et la proclamation du « califat » par les militants de l’état islamique d’Irak, alors qu’il est en perte de vitesse, certains disent même qu’il est aux abois, ayant perdu le soutien de l’Egypte et étant à court de moyens financiers ?
Aux centaines de roquettes qui l’ont atteint durant les dernières heures, Israël réagit en bombardant vigoureusement des objectifs stratégiques à Gaza, en rappelant des réservistes et en massant des chars à sa frontière. Il met le Hamas face à ses responsabilités, lui faisant savoir qu’il répondrait au calme par le calme et à la violence par la violence. Lire la suite de « « Ne sent la braise ardente que celui qui marche dessus » »→
Certains voudraient faire passer Finkielkraut pour un vieux réac mais il n’en est rien : le philosophe est toujours vert et prêt à guerroyer. Hier soir à Copernic, il a lancé une nouvelle mise en garde concernant l’antisémitisme à l’occasion d’une conférence-débat sur les « Français et la mémoire de la Shoah »
Alain Finkielkraut, François Azouvi et Alexandre Adler
« J’ai ici n’est-ce pas… d’ailleurs, sacrilège que d’avoir ce livre ici ce livre ! La violence monothéiste (éd de Fallois), qui a été célébré récemment par Michel Onfray dans Le Point. Jean Soler nous y explique que Hitler s’est directement inspiré du modèle biblique, que Mein Kampf reprend, d’une certaine manière, une idée du peuple élu et de l’extermination contenue dans la Bible. Donc, si vous voulez, non seulement les juifs sont les nazis d’aujourd’hui mais ils sont aux yeux de certains, les nazis originels ».
Samedi 24 mars, un colloque organisé à l’Assemblée Nationale à l’initiative d’Arnaud Montebourg du Parti socialiste a permis d’exprimer deux conceptions de la politique étrangère de la France.
D’un côté Régis Debray, qui publie un nouveau livre et de l’autre l’ancien Ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine. Le « trotskiste » Debray, puisqu’il s’est présenté ainsi, a savouré cette joute contre l’ancien chef du Quai d’Orsay, fustigeant la ligne suivie par la diplomatie française, laquelle est imprégnée de la philosophie des néoconservateurs américains. Ces néocons, a-t-il remarqué, ne tiennent pas compte de la revendication des peuples à disposer d’eux-mêmes pour imposer leur vision démocratique. Le débat est resté idéologique – d’ailleurs l’ouvrage de Debray titre sur le « rêve »- omettant délibérément les enjeux pétroliers et autres matières premières qui sont les véritables leviers des champs d’action, outre ce qui pourrait mettre en péril Israël et les Etats-Unis.
Petits règlements de compte entre amis
Il n’a été question que de la future stratégie du Quai d’Orsay, si les socialistes conquièrent le pouvoir dans un mois et demi. Tout le monde appréciera que Debray, le vieux briscard du marxisme, un brin mélancolique, pourfende encore le droitdel’hommisme qui a toujours justifié le devoir d’ingérence dont la France s’est faite la première porte-parole depuis les Lumières, devoir personnifié par Védrine.
Les idées mettent toujours plus de temps à mourir que les hommes. Celles de Régis Debray sont héritées d’un trotskisme qui ne compte plus d’adepte dans le monde hormis en France. J’ai donc adoré entendre le beautiful loser du marxisme ressasser sa détestation de la technocratie. Après lui, qui le fera ? Il fait partie des derniers vestiges du XXème siècle, le siècle des idéologies, avant le XXIè, siècle des technologies.
La fabrique de Bière à Taybeh (Photo Didier Long, 2010)
Je vis au beau milieu de nulle part, et chaque jour ou presque je me félicite sincèrement que le monde entier soit prêt à venir à nous, pour voir comment notre microbrasserie fabrique cette excellente bière, la Taybeh Beer. Très souvent, je me dis que nous devons avoir perdu la raison pour rester dans la plus haute région montagneuse de Palestine, surtout avec le cercle des colonies israéliennes illégales qui se resserre autour de Taybeh, préparant le “Grand Israël”. Tantôt ce sont des coupures d’électricité, tantôt des coupures d’eau, et de temps à autre une invasion militaire. Néanmoins quelque chose de formidable se passe dans cette Judée biblique, au carrefour de la Judée et de la Samarie [en Cisjordanie]. Grâce à l’aide de Dieu, nous continuons à produire la meilleure bière du Moyen-Orient, avec le sentiment que c’est notre façon à nous de résister pacifiquement. Dieu a beaucoup d’humour. Il permet à une famille chrétienne minoritaire de vivre parmi une population à 98 % musulmane et de fabriquer un produit dont la consommation est interdite par le Coran à la majorité.
Hébron : impact de balle dans le tombeau d’Abraham : Av’ aam, le père de tous les peuples.
Suite de la discussion avec un de nos frères, juif orthodoxe de Bnei Brak.
Concernant l’élection d’Israël et les rapports entre judaïsme et christianisme On ne peut qu’être d’accord. Mais comment vis tu une religion qui s’est trompée pendant 1900 ans ? Pourquoi lui donner raison malgré le « pardon » accordé ? Qu’apporte le christianisme « en plus » du Judaïsme ? Je te pose une question qui je l’espère ne te choquera pas. Nous sommes là pour discuter, pas pour nous combattre. Pour le Judaïsme, le christianisme est considéré comme un comportement idolâtre. C’est d’ailleurs pour cela que nous n’avons pas le droit d’entrer dans des églises alors que nous pouvons entrer dans des mosquées. Comment peux-tu expliquer cela ? Comment considères-tu le christianisme comme purement monothéiste?
DL : Merci pour ta franchise. Aucune question ne me choque. Selon mon point de vue, le christianisme est une torah orale particulière, celle d’un rabbi juif pharisien de Galilée, Jésus qui a vécu toute sa vie sous la Torah (participation aux fêtes, Mitsvot comprises, purification dans des mikvaot avant d’aller au Temple, etc… je montre cela dans mon livre Jésus le rabbin qui aimait les femmes). Ce rabbi pharisien marginal, sans doute assez nationaliste, ne pouvait pas se targuer de l’enseignement d’un grand maître (comme Paul par exemple qui dit qu’il a appris la torah aux pieds de Gamaliel, le petit fils d’Hillel) avait un enseignement qui s’adressait aux juifs et se situait dans les strictes limites d’Israël : « N’allez pas chez les païens et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. » (Mt 10). Cet enseignement pharisien visait clairement à rassembler Israël dans une période de grande trouble religieux (Cf : le Talmud : « après Hillel et Shammaï il y avait deux torot en Israël ») et politique. Plus précisément je montre à la suite de Geza Vermes que l’enseignement de Jésus se rapproche de celui de la piété des hassidim (baignée des psaumes) comme deux figures charismatiques du judaïsme galiléen qui ont vécu autour de l’an 70 : Honi le traceur de cercles et Hanina ben Dosa qui apparaissent dans le Talmud. Jésus a donc fondé un mouvement en vue de rassembler tout Israël pour la Rédemption finale qu’il espérait dans une situation d’oppression romaine. Il s’est trouvé dans une opposition frontale face aux sadducéens, ennemis politiques (proches du pouvoir romain et du temple et fondamentalistes de l’Ecriture qui avaient bien l’intention que rien ne change) et ennemis religieux des pharisiens, ce qui lui a coûté sa vie .
En dialogue avec un français qui est parti vivre en Israël depuis huit ans et réside dans la ville orthodoxe de Bne Brak, voici un point de vue chrétien sur la question suite à mon dernier post sur le sujet.
-Tu sais pourquoi Dieu parle dans le désert ? -Non… – Parceque rien n’y appartient à personne dit le Talmud! (sage sentence reçue d’un ami talmudiste dans ce désert prés de Jéricho)
Concernant l’élection d’Israël
Je pense que cette révélation confiée à Israël est au cœur de l’histoire de l’humanité est son moteur profond. Seule l’adoration du Dieu Unique peut permettre de sortir de l’idolâtrie constitutive de tout désir humain, quelle que soit la culture. Pourquoi ? Parce que les cultures et les individus, quels que soient leurs efforts ou leur fulgurances restent enfermés dans l’idolâtrie. Sans l’Amour de Dieu, sans l’acceptation du « joug de la Torah » le désir de chacun de nous, la volonté de vivre des peuples, va de soi à soi en méprisant autrui. Cette annexion prédatrice d’autrui, la réduction d’autrui et des autres peuples ou religions à notre propre point de vue ne peut conduire qu’à la haine destructrice et à la guerre. La séduction (l’attitude du faible) n’est qu’une autre forme d’idolâtrie, une manière déguisée de continuer à exister sans Dieu. Donc sans Dieu, impossible de sortir de ce cercle infernal. En attendant la rédemption, nous sommes simplement invités à entrer dans le chema : « aime Dieu de tout ton cœur, de tout ton âme, de toutes tes forces… » Et d’autre part à réaliser ce que Dieu à fait connaître à Israël ; « ce qui est bien, ce qui est juste : pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec notre Dieu » (Mi 6,8), bref aimer son prochain. Il est bien clair que la rétribution de la terre découle de cet amour de Dieu et du prochain. La révélation à Moïse a été donnée à Israël de manière irrévocable, Israël en possède la plénitude jusqu’à ce que Dieu se manifeste à toutes les nations.
D’un point de vue chrétien on ne peut pas abroger l’élection d’Israël, elle n’est pas effacée par le christianisme, elle n’est pas caduque. Le lien entre le peuple juif et la Torah est affirmé par Jésus, Paul (« Les dons de Dieu sont sans repentance » (Rm 11,29), la tradition primitive de l’église et par le Concile Vatican 2 (1965) (Constitution Nostra Aetate) sans aucune ambigüité… C’est vrai que les chrétiens commencent seulement à le redécouvrir… après avoir persécuté les juifs. Toutes les tentatives de substitution du judaïsme par le christianisme, sont des erreurs théologiques et des fautes graves devant Dieu qui ont conduit à des atrocités.
Je n’avais jamais été frappé en lisant ce verset du Deutéronome à quel point le mot justice (répété deux fois) était lié à la possession de la terre (erets) d’Israël.
Qu’est ce que la justice ? La justice dont il s’agit ici (tsedek) de Dieu n’est pas celle des tribunaux (michpat), tsedek est parfois traduit par ‘charité’ mais il s’agit surtout d’un commandement éthique , d’une injonction. La possession de la terre découle de la poursuite de la justice et non l’inverse . En clair, on ne peut pas coloniser et ensuite attendre la paix…
Tsedek donne tsadik le juste. Qu’est-ce qu’un juste ? Une personne qui vit en conformité avec la Torah, qui devient une torah vivante, qui fait tenir debout la torah comme dit le talmud. La Bible nous dit que « Noé était un homme juste et intègre dans ses générations. Noé marchait avec Dieu » (Gn 2,9). Grâce à cette justice c’est toute l’humanité qui est sauvée dans le texte. Or Noé n’était ni juif, ni musulman, ni chrétien… ou pour le dire autrement : Dieu n’a pas de religion ! Lire la suite de « A qui appartient la Terre d’Israël d’un point de vue religieux ? »→
La plus étrange rencontre que j’ai faite est celle d’une famille de musulmans d’un quartier très « middle class » de Jérusalem-Est. C’était lundi 17 mai vers 16 heures. Un membre de l’ONG ICAHD prénommé Yavah, était venu faire une conférence au Christmas Hôtel sur la situation dramatique des Palestiniens privés de leurs habitations. ICAHD is the Israeli Committee Against House Demolitions. Après avoir visité plusieurs lieux, nous sommes arrivés devant une petite maison de plain-pied avec son jardinet sur le devant. A l’orée de la maison, deux jeunes juifs à papillotes étaient assis sur des chaises rudimentaires agacés par les enfants de la maison. A droite, de l’autre côté de la maison, une femme musulmane, les cheveux dans un foulard avait hoché la tête en les montrant d’un geste exaspéré de la main droite > lire la suite
Ici une présentation du mouvement Rabbis for Human Rights, (R.H.R) d’une profondeur biblique magnifique. « Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas. Vous traiterez l’étranger résident parmi vous comme un autochtone du milieu de vous. Tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte. Je suis l’Eternel votre Dieu » (Lv 19. 33-34).
« La justice, la justice, tu la poursuivras afin que tu vives » (Dt 16.20 ).
Premier chapitre de : « Au pied du mur, au coeur de la Terre sainte en guerre, Paris-Jérusalem-Ramallah, petit guide à usage politico-spirituel », Marie-Pierre Samitier, Bourin Editeur.