Fratelli ! Corsi e ebrei ! Appuntamentu a dumenica 12 di nuvembre a stu locu precisu ! « invalides Paris » 15 ore !
Forti saremu se saremu uniti
Comme l’a écrit Le Figaro : la Corse c’ est l’exemple à suivre et notre pétition a fait bouger les lignes ! Continuons ! Rendez vous à l’endroit précis sur la carte ci dessous !
Un des plus grands historiens corse raconte comment pour Pascal Paoli, père de la Nation, l’identité du peuple corse était liée à celle du peuple juif dans son ADN.
L’antisémitisme a un peu plus de 3 000 ans, c’est-à-dire l’âge du peuple juif, et il ne s’arrêtera pas. Pourquoi ? Parce que les antisémites de tous poils ne négocient pas avec Israël, son histoire, sa diplomatie ou des juifs réels mais avec un juif imaginaire qui n’est que l’envers de la frustration de leur désir d’exister jusqu’à les exterminer.
A partir de ma propre expérience analytique je poursuis ici le versant psychopathologique des réflexions historiques sur l’antisémitisme que j’ai proposées lors d’une conférence prononcée décembre 2009 à la loge Anne Franck du B’nai Brith, en présence de Tsvia Walden -fille de Shimon Pérès et Rafi Walden[1] . Je dois beaucoup dans ces réflexions au Rabbin Haïm Harboun docteur en psychologie clinique et élève d’Henri Baruch et bien sûr à mon ami psychanalyste et psychiatre Gérard Haddad.
L’antisémitisme une réponse à la frustration pathologique du désir d’exister
L’antisémitisme aux deux extrêmes du spectre politique de gauche ou de droite peut être diagnostiqué comme Narcissistic Personality Disorder une pathologie parfaitement diagnostiquée par le DSM5. Celle-ci se répand telle une trainée de poudre pour répondre à la globalisation du selfisme et la célébration des célébrités mondialisées, nouvelles formes mutantes de l’antique paganisme.
Un Jean-Luc Mélenchon, un Dieudonné, un Soral, nouveaux héros des damnés de la terre ou des oubliés de la globalisation, vêtus de gilets jaune fluo pour qu’on les remarque, dans leurs gesticulations désespérées ne veulent sauver qu’un seul patient… eux-mêmes.
Ils ont pour figure tutélaire le haineux et anonyme narrateur des Carnets du Sous-sol de Dostoïevski. On se rappelle que ce no-name prisonnier de sa soif de reconnaissance et de son amour propre suinte la haine de la bassesse de lui-même et des autres. Il s’est créé un monde intérieur beau et du sublime par la littérature mais décroché de la réalité extérieure. Ce qui est l’exacte définition de la psychose. Le narrateur finit violeur pédophile d’une jeune prostituée, Lisa dans un sentiment ambigu de « dépravation sentimentale ».
Les antisémites de tous poils se contrefichent bien du sort des Palestiniens, d’Israël ou des juifs du 93 de Sarcelles qui vivent au RMI … ils se soucient des Rothschild, Georges Sorros ou Attali représentants de l’Etat d’Israël censés être les maîtres cachés du monde. Leur obsession n’est pas les juifs mais ce sentiment lancinant qui assaille leur ego frustré afin de réduire la fracture de leur psychisme en vrac.
Comme le montre le psychanalyste Bela Grunberger dans Narcissisme, christianisme, antisémitisme – Étude psychanalytique l’antisémite tente de guérir sa propre blessure narcissique par l’agression de celui qui représente le mal.
Le trouble de la personnalité narcissique est une pathologie de santé mentale dans lequel les personnes ont un sentiment déraisonnablement élevé de leur propre importance.
Ce sentiment grandiose s’enracine dans une destruction de l’image de soi parfois liée à des maltraitances psychiques et des négligences dans l’enfance, parfois à des causes neurologique (diminution du volume de l’amygdale, sièges des émotions) si l’on en croit la neurologue Abigaïl Marsh[2] . Pour compenser cette frustration pathologique infantile ces sujets développent un besoin insatiable d’être admiré(e)s et reconnu(e)s. Comme la réalité leur renvoie chaque jour, comme à chacun de nous, la réalité d’une importance et de leur destin limité, ces personnes critiques et méprisantes deviennent obsessionnelles de tout ce qui leur semble les rabaisser. Elles hantent les cours d’école, les réseaux sociaux tard le soir ou les machines à café des entreprises en quête d’une réussite à vanter ou d’une victime à rabaisser et harceler. Ecraser et détruire pour mieux se convaincre de sa propre grandeur. Exister enfin !
Il était inévitable que les réseaux sociaux et le selfisme, cette nouvelle religion ou chacun étale son bonheur (et frustre celui des autres !), s’affiche à côté d’une star qui va prolonger son ego vers des sommets inatteignables de manière réaliste à vue humaine ou des paysages et des monuments époustouflants inaccessibles aux copines et aux copains au boulot… ce tout à l’ego de l’apothéose narcissique… ne deviennent la caisse de résonance des égos frustrés islamistes ou néo-nazi, des théories conspirationnistes de tous poils. Là encore, le juif imaginaire devient le repoussoir de la frustration du désir d’exister inévitable et moteur du désir qui habite toute vie humaine.
La passion de l’extermination des juifs, des nazis au Hamas
Comme disait Woody allen :
« Je suis né israélite mais je me suis assez vite converti au narcissisme ».
Woody Allen
Les désordres de la personnalité narcissique ne doivent pas être confondu avec le narcissisme qui est le moteur du désir humain mais dans leur forme aiguë, ils ont comme trait commun avec la psychopathie l’absence de toute capacité de compassion, l’insensibilité aux autres, un contrôle de soi limité et des comportements antisociaux comme la manipulation ou la mythomanie. Tous les psychopathes ne sont pas violents mais c’est le cas de beaucoup d’entre eux.
La construction psychpathique comme celle des NPD repose sur le clivage. Très tôt l’enfant expulse vers l’extérieur les éléments négatifs (bêta chez Bion, le « mauvais sein » chez Melanie Klein). Il n’y a donc pas de culpabilité puisque l’extériorite est vue comme un danger pour le self qui y projette ses propres pulsions destructrices. Il n’y a donc pas de possibilité de lucidité ou de retour sur soi car celui-ci signifierait l’effondrement du self toujours perçu comme en danger.
L’antisémitisme, phénomène psychopathologique, quand il se transforme en système social, organisé, historique créée une histoire d’égos frustrés, de conscience sociale, nationale ou religieuse humiliée. Quand cette conscience frustrée se transforme en conscience idéologique, politique puis d’Etat naissent des formes millénaristes comme le IIIème Reich ou le Hamas.
La pulsion paranoïde qui s’exprime parfois de manière momentanée dans le développement adolescent (de façon non pathologique), inhibe la capacité à reconnaître les besoins et les sentiments des autres, le psychisme les estimant toujours en dette infinie de sa propre frustration sans fond ni fin. Parfois jusqu’à la décompensation délirante chez les NPD et criminelle chez les psychopathes.
L’empathie est une fonction humaine qui permet de reconnaitre la peur chez autrui comme l’a montré la neurologue Abigaïl Marsh. Cette fonction est déficiente chez les NPD, annihilée chez les psychopathes. On peut assez facilement inférer que ces types de personnalités sont attirées, prennent le pouvoir dans des régimes totalitaires fabriquant à leur tour sur des générations ce type de pathologies.
La sujet n’arrivant pas à développer un self containment qui lui permette de saisir son propre désir, celui-ci se trouve aliéné dans les injonctions réelles ou supposées d’autrui, il « chute dans un abime sans fond », son adhésion à des idéologies meurtrières pour compenser son effondrement est vu par lui comme un salut inespéré. Cette technique de manipulation est bien connue de ceux qui guident à distance les bombes humaines téléguidées que sont les islamistes.
Le meurtre et l’anéantissement des juifs par une groupe social génocidaire comme les Nazis ou le Hamas, les progroms auxquels nous venons d’assister avec torture avant assassinat, destruction d’enfants par le feu après leur avoir lié les mains, viol et assassinat de femmes, cadavre exhibés en procession devant la foule sous les vivats… procèdent de l’expression sociale de cette psychopathie. Il s’agit alors de monstrer le réel.
La psychopathie est une « folie lucide » (Harold Searles), quand son passage à l’acte millénariste devient rationalisé, organisé et public on assiste aux spectacles populaires de destructions par le feu qu’on a vu lors de l’inquisition, de la Shoah ou le 07/10. On peut s’évertuer à distinguer le Hamas de la population de Gaza, il semble bien que celle-ci dansait autour des cadavres dénudés exhibés. Le fait de ne pas avoir décrypté le Hamas comme un mouvement apocalyptique est une erreur stratégique. On ne peut pas négocier avec des gens qui préfèrent la mort à la vie car ils se vivent déjà à la fin des temps.
La publication de sa folie par le Hamas vise à renvoyer le spectateur sidéré à l’impensable qui habite tout sujet comme un trou noir et contre lequel tout humain se bat en permanence, c’est-à-dire son retour inéluctable et programmé au néant qu’est la mort. Les nazis ont caché leur méfaits, Hamas les publie et les démultiplie via les réseaux sociaux. Il s’agit de provoquer la sidération, de convoquer la fraction psychotique que possède toute personnalité individuelle (Bion).
Mais le projet d’extermination est bien le mobile ultime et « transcendant », il surpasse même la mort. La visee des mouvements millenaristesxest eschatologique. Il faut bien se rappeler qu’à la fin de la seconde guerre mondiale les nazis ont préféré affecter leur priorité logistique au transport des juifs et non pas au transport d’armes qui leur faisaient défaut sur le front. Le Hamas, dès son acte fondateur en 1988, ne vise pas comme l’Autorité palestinienne l’établissement d’un gouvernement palestinien face à l’Etat d’Israël (et l’échec de sa volonté d’administrer Gaza le montre) mais l’éradication des juifs de ce monde et de l’autre. Les 3.000 génocidaire du Hamas en franchissant la clôture partaient assurément, in fine, vers une mort certaine.
Les nazis comme le Hamas ont biberonné leurs enfants à cette frustration conjointe et à la haine exterminatrice des juifs.
Les nazis par un dressage du surmoi de leurs fidèles dès leur jeunesse nazie. Comme le remarque Bèla Grunberger, Eichmann rougit et se confond en excuses quand on lui rappelle qu’il doit se lever devant le tribunal… alors qu’il ne cille pas quand on lui rappelle ses crimes monstrueux. Car il a intériorisé la règle de l’obéissance à ses supérieurs dans surmoi, le « Führerprinzip » auquel il a abandonné son self.
Les soi-disant ‘martyres’ islamistes eux, résorbent la tension schizoïde par un saut dans la mort. Dans leur aspiration grandiose ils convoquent leur propre mort et celle de leurs victimes comme un équivalent de la vie. La mort, espace transcendant toute vie humaine devient un instant un objet de ce monde sous la main. La mort c’est la vie. « Nous aimons la mort comme vous aimez la vie » disait Oussama Ben Laden en 1997, lors d’une interview donnée à Peter Arnett pour CNN. Mais personne n’a pris à l’époque cette déclaration au sérieux.
Comme le déclare l’assassin des supporter suédois à Bruxelles : « Si on vit en musulman on doit mourir en musulman ». Le principe de non-contradiction qui fonde la logique est ébranlé en son fondement. Par cet acte de toute-puissance il s’agit dans une tentative désespérée de recouvrer l’unité du moi clivé, morcelé.
C’est par cette même identification de la vie et de la mort, présente dans le christianisme (Jésus-Dieu y meurt sur la croix et ressuscite) que l’Inquisition déterrait les cadavre pour les juger et les bruler.
Les assassins du Hamas n’ont pas « tué des israéliens » comme le dit la radio, ils ont exterminé des juifs identifiés comme tels par eux. Ils ont décapité et immolé par le feu des bébés, violé et empalé des femmes enceintes, uriné sur des cadavres, brûlé des familles, massacré des rescapés de la Shoah parce qu’ils étaient juifs. Il s’agit des mêmes procédés que les serial killer dont le but n’est pas d’abord de tuer mais de jouir de leur toute-puissance sur autrui en le faisant souffrir en effaçant son moi par la mort ou le feu. Par la réduction d’autrui à un objet sous la main il s’agit de s’approprier la toute-puissance dévolue à la victime par un individu qui déjà n’existe plus à ses yeux et doit reconstituer son moi en permanence pour ne pas sombrer dans le délire.
L’exagération paranoïaque du risque de destruction de son propre self et de son identité sociale conjointe au sentiment de la négation de sa propre importance peut conduire un NPD à transformer autrui en ennemi diabolique pour attribuer sa pulsion meurtrière à autrui. (CF ‘le bon et le mauvais sein’ chez Winnicot ou les éléments bêta chez Wilfred Bion).
Cette projection ambivalente, qui survalorise un ennemi imaginaire à la hauteur de la frustration en même temps qu’elle projette sur lui la pulsion meurtrière, permet au NPD de s’affranchir de toute morale pour ne pas s’effondrer en lui-même et passer à l’action. Un NPD comme un psychopathe n’a pas de conscience morale, il sait qu’il existe des valeurs morales dans la société mais il se croit au-dessus, jouit de la souffrance d’autrui qui lui permet d’éprouver une émotion et ne ressent aucune culpabilité.
La « dette infinie » qu’il éprouve le conduit à une réparation, une tentative de sortie du clivage violente, sans limite morale. Puisqu’autrui est le diable tout est permis même l’anéantir après l’voir traité comme une chose.
La judéophobie aux deux extrêmes du spectre politique
L’ennemi imaginaire de l’antisémitisme domestique des banlieues, repris en boucle par des élus de gauche et des journalistes complaisants finit par tuer.
Les prolétaires disparus, le marxisme déçu leur trouva un remplaçant : le Musulman. Le musulman serait le « Juif du 21ème siècle ». Cette antisionisme est né comme une nouvelle forme de haine des juifs et de la pathologie narcissique culturelle. Avec toujours l’ambivalence : on adore la Shoah en multipliant les films mais on disqualifie l’Etat juif. On vénère les juifs morts dans les camps en multipliant les films et on tue les juifs réels après les avoir chargés de tous les péchés du monde… Comme le souligne Grunberger : « La cruauté s’exerce sur « un objet qui a perdu ses références personnelles et historiques »[3]
Dès lors, Le palestinien, (c’est-à-dire le ‘réfugié’ le plus aidé du monde !) sorte de fiction où peuvent se projeter à bon compte les égos de tous les frustrés de la planète tombe à pic ! Un Palestinien fictif bien sûr pour des personnes qui n’ont jamais mis les pieds en Cisjordanie.
François Mitterrand et SOS racisme ont parfaitement compris l’utilité de cultiver la frustration des décolonisés immigrés en France pour récupérer les voix des communistes en disparition.
L’Etat juif mesure-t-il à peine deux tiers de la Belgique dans l’immense monde musulman (carte) judenfrei, vidé de ses minorités chrétiennes, druzes, yézidies ou juives ? Peu importe il est « le dernier obstacle à la paix dans la région », l’épine dans le pied de la paix mondiale. Son armée est la « plus puissante du monde ». Tout ce qui s’y passe a valeur de symbole mondial.
L’antisémite utilise le juif imaginaire pour combler son déficit d’être. La haine des juifs est la réponse à l’angoisse existentielle et à la bêtise humaine congénitale. Evidement et heureusement il ne concerne pas que les juifs. Mais comme le souligne Bèla Grunberger l’antisémitisme est l’une des « maladies mentales » les plus enracinées dans la culture occidentale et maintenant orientale.
Le mantra « juif=nazi », brutalement exposé sur les réseaux sociaux dans des groupes du genre ‘Grand Theft Auschwitz’ se multiplie en ligne appelant au meurtre de personnes réelles. A moins qu’il ne soit finement amené par une équivalence des actions du Hamas et de Tsahal par des journalistes complaisants, répété en boucle sur les télés françaises du service public depuis 40 ans pour nourrir la haine de la France bien réelle, elle, des enfants perdus de la décolonisation. Il était très facile de faire monter cette frustration dans les territoires perdus de la république où 25% de la population est au chômage dont 50% de jeunes. Ouvrant grande la porte aux discours islamistes qui l’ont récupérée.
L’antisémitisme n’est pas une obsession des juifs mais une obsession de l’idéal de soi. Il passe son temps à réclamer des comptes au juif comme si celui-ci lui volait la part manquante de son moi idéal. D’où le juif riche, pas partageur, (il a ce qui me manque), forcément antisocial et communautarisé (sans lui la paix serait possible et la société unie), etc…
Un antisémitisme globalisé
L’insécurité culturelle engendrée par la globalisation (ou quand la moitié de la population a l’impression de ne pas avoir sa part du gâteau et que ses enfants en auront encore moins !), jointe aux migrations globales engendre une frustration économique, un sentiment d’abandon culturel, le sentiment surtout de ne pas faire partie d’un jeu qui tourne sans les oubliés de ses banlieues.
Dans les banlieues d’Europe, une connaissance sommaire de l’islam et encore plus du judaïsme par les oubliés de la globalisation, beaucoup d’insécurité, un avenir forme en voie de garage dans les banlieues de mégapoles et un peu de paranoïa ont été largement suffisants pour créer de bons antisémites qui en état de décompensation sont passé à l’acte, et qui de mauvais musulmans sont devenus de vrais assassins.
Au service de l’humanité
De notre côté, juif, notre manière de vivre exotique et notre morale gravée dans des tables de pierre et surtout dans nos cœurs semble donc une gifle pour le narcissisme des Nations et des égos en quête d’apothéose dans des sociétés de la célébrité qui les frustrent en permanence à longueur de clics. Une sorte de mélange de fascination et de haine nous accompagne. Celle des egos frustrés de tous les damnés de la terre.
Il ne sert à rien de discuter avec ces gens là car tout ce qui se dresse contre leur récit délirant l’alimente. Seule la loi peut protéger les juifs de l’antisémitisme.
Mais une certitude reste. Nous sommes le Peuple juif, nous avons traversé toutes les persécutions. Et depuis 3 000 ans nous sommes toujours là, au service de notre prochain. Un projet modeste tourné non pas vers l’apothéose médiatique mais le service du prochain :
En arabe le mot حماس, Hamas signifie « la vigueur, le zèle « , Ham, fils de Noé c’est « le chaud ». alors que son autre fils Cham qui a donné Chem c’est à dire le nom, les sémites, la parole. Alors que Japhet, c’est la beauté yaffé, les grecs…
Par un curieux glissement sémantique pour nous en hébreu חמסouחמאס, Hamas, signifie « la violence ». Ce mot qui apparait dans le récit du déluge « car la terre est remplie d’iniquité (‘hamas) » nous explique Rachi : « C’est le vol avec violence ». Et Onquelos nous précise la nature de cette violence par un mot en araméen « Hatoufin » qui, en hébreu moderne, signifie « kidnapping ».
On trouve ce mot dans le psaume 11 un poème écrit il y a deux millénaires et demi :
Belle marche de 16 000 personnes juives ou non juives (source : préfecture), mais hélas en dehors des politiques tous ceux qui sont venus pour le Bataclan ou Charlie (artistes, journalistes, personnalites… ) ne dont pas venus…
J’ai rencontré JPE via mon ami Claudio Faiola, au Restaurant Le Stresa, qui me l’avait présenté. On était resté amis et il m’a longuement interviewé deux fois à Bibliothèque Médicis. Pour mon livre Mémoires Juives de Corse, puis pour Des noces éternelles et Haïm Harboun le rabbin aux milles vies (voir en bas), on se voyait souvent au Stresa.
Il est un aspect peu connu de Jean-Pierre Elkabbach, le mystique secret. Cet homme renfermait un secret.
De la mort de son papa un jour de Kippour il était resté agnostique mais attentif à l’invisible. Un peu superstitieux aussi. Il était fasciné par l’invisible. Comme ceux qui on côtoyé la mort.
Un jour en 2019 je l’appelle : « – Jean-Pierre je t’ai vu dans un rêve – Aie, pourvu qu’il ne nous arrive rien, me répond-t-il » et quelques minutes plus tard je le rencontre au Stresa, un restaurant, par une de ces étranges coïncidences dont Dieu à le secret.
Le secret justement. C’était ce mot qu’il m’avait laissé de Ibn Arabi : » « O toi qui cherche le chemin qui conduit au secret reviens sur tes pas, car c’est en toi qu’il se trouve le secret tout entier ».
Jean-Pierre Elkabbach est parti un 01 octobre 2023, son père Charles le 03 octobre 1949. Lui à Souccot, son père à Kippour.
Il raconte ce ‘secret’ du deuil jamais fait dans son très beau livre Les rives de la mémoire : « Je voulais conserver précieusement ce secret comme un talisman que l’on garde toujours sur soi, dissimulé sous un vêtement ou au fond d’une poche. »
« J’examinais les inscriptions funéraires, curieux de cette foule immense d’Oranais qu’avait rejoints mon père. Je regardais leurs noms, essayant de savoir qui ils étaient et d’où ils venaient. La compagnie de tous ces défunts atténuait ma solitude et ma révolte. La mort qui avait emporté mon père était une condition si partagée. Le cimetière et ses occupants demeuraient parmi les vivants. Ils me lançaient comme un appel : « Ne perds pas de temps, jette-toi dans la vie ! » Je me sentais dépositaire d’une sagesse insufflée par le deuil. Je ne parlais pas de ces visites au cimetière à mes amis, même les plus intimes. Non qu’ils n’aient été en mesure de m’écouter et de me comprendre. Mais je voulais conserver précieusement ce secret comme un talisman que l’on garde toujours sur soi, dissimulé sous un vêtement ou au fond d’une poche. J’aimais aussi me rendre au cimetière, à pied, sans être accompagné. Je voulais être seul. Personne ne troublait ma tranquillité : le lieu était le plus souvent désert. Je voyais parfois d’autres visiteurs, une femme en noir, un vieil homme coiffé d’un chapeau de paille, ou un mouchoir noué sur la tête. Mais ils passaient sans me regarder. Assis sur un petit banc, j’examinais en détail la tombe en marbre gris-bleu, notre nom gravé, les dates, la naissance, la mort. Je laissais mes pensées divaguer. Le départ de mon père avait dépouillé la vie de tous ses oripeaux. »
JPE dit que c’est dans ces moments passés au milieu des tombes qu’il a « puisé l’énergie de toute sa vie ».
« Je ne ressens pas de nostalgie, plutôt une tendresse, une affection, qui ont creusé en moi des ramifications secrètes et parfois mystérieuses. »
Sa maman Hanna, Annette, parlait à son papa à l’infini après sa mort et confiait à ses fils les trésors secrets de son papa diparu.
« Annette gardait cachés dans une armoire quelques objets qui lui avaient appartenu, un revolver, une carte de presse délivrée par le journal France Soir et un appareil photo Agfa. Elle les sortait de temps en temps pour nous les montrer, les manipulant avec précaution. Nous contemplions ces trésors secrets, n’osant pas les toucher. »
L’autre secret c’était Oran bien-sûr. Haim Korsia était bien sûr son grand ami d’Oran « Allo Haïm? C’est Haïm! » . Oran dont il évoque le souvenir :
JPE a passé sa vie à chercher ces secrets des personnes qu’il rencontrait comme ceux de De Gaulle, du vieux Mitterrand et de son étonnante interview sur la collaboration, de sa maladie secrète, de Chirac dont il dit que la brutalité » procédait d’un secret manque de confiance en soi ».
La manière d’interviewer qui a formé des générations de journalistes à France 2 et ensuite était de déstabiliser l’autre, quidam ou chef d’Etat, en le forçant à avouer son secret, de le pousser dans ses retranchements pour qu’il perce avec une lucidité désespérée la puissance brutale du réel et de la mort. JPE n’était pas brutal mais il aimait la vérité souvent cachée sous les apparences. Et en cela il était profondément juif, sans trop le vouloir. Comme hanté par ses disparus et par leur secret. On échappe rarement au Mektoub (destin).
Sod en hébreu, le secret est la réalité la plus mystique, la plus réelle pour les kabblistes [1]. Jean-Pierre est mort pendant la fête de Souccot qui clôture les fêtes du mois de Tichri, dont le jour de Kippour. Il se souvenait avec terreur des kapparot la veille de Kippour, alors que son père faisait tourner un poulet au dessus de sa tête pour l’égorger dans le sang et le charger de ses fautes de l’année passée. Un processus qui peut être lu comme un epure superstition ou comme un processus psychologique d’abréaction visant à éteindre la culpabilité. Kippour où l’on se souhaite : Gmar Hatima Tova « que tu sois inscrit dans le Livre de Vie », Souccot, « le jour de notre joie », où on construit une cabane pour y vivre qui nous rappelle que nous ne sommes que des passants provisoires, des nomades du désert, des bergers du désert qui n’ont que leur cape contre le soleil le jour et le froid la nuit. El Kabbach, la capas (cape, manteau) en judéo-espagnol, ou de l’arabe ‘al kabsh, « le bélier », l’animal du sacrifice, comme un pied de nez du destin. Jean-Pierre Elkabbach s’était juré que ce nom, celui de son père serait connu. Il l’a accompli.
J’aimais vraiment cet homme, nous partagions ce ‘secret’ de nos disparus, cette quête du secret, de la proximité avec l’invisible. Cette quête de tous ces pères partis trop tôt, de la Méditerranée tragique, des amours et des pays perdus. Et du temps qui déchire tout.
Que ton âme Jean-Pierre trouve le secret et que ta mémoire soit une bénédiction (zal).
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[1] : L’allégorisme mystique est fondé par le Zohar (Livre de la splendeur 13eme siècle) sur le principe que toutes les choses visibles, y compris les phénomènes naturels, ont, outre leur réalité exotérique, une réalité ésotérique destinée à instruire l’homme de ce qui est invisible. Le Zohar suppose quatre types d’exégèse biblique : « Peshaṭ » (sens littéral), « Remez » (allusion), « Derash » (anagogique) et « Sod » (mystique).
Les premières lettres des mots « Peshaṭ », « Remez », « Derash » et « Sod » forment ensemble le mot « PaRDeS » (Paradis), qui est devenu la désignation du quadruple sens dont le sens mystique est la partie la plus élevée. (Article Jewish Encyclopedia)
A l’initiative du Beth Habbad de Bastia une conférence sur les juifs de Corse a eu lieu ce dimanche soir. Pendant deux heures et demie, quai des martyrs sur le vieux port, environ 70 personnes ont écouté parler du passé, du présent et de l’avenir des juifs de Corse.
J’ai parlé de mon côté des traces juives en Corse dans les archives de Gênes à partir de l’Inquisition et jusqu’à Pascal Paoli.
On trouve les traces de ces juifs en Corse dans les Archives de Gênes :
Pascal Paoli qui avait vécu avec les insurgés juif à Livourne identifiait le destin de la Nation Corse avec celui de l’Israël insurgée sous domination grecque. Corses et juifs vont travailler de concert. Corail contre canons pour libérer la Corse des génois de concert ! Boswell écrit :
« [les Corses] trouvent dans leur mer une quantité considérable de corail et des trois sortes : blanc, rouge, et noir. Les juifs de Livourne qui ont établi une manufacture de corail jouissent d’une sorte de privilège exclusif que leur accordent les Corses pour ce trafic ; et en revanche, ils sont d’un très grand service à la nation en lui avançant de l’argent et en lui fournissant des canons »
James Boswell, Relation de l’isle de Corse, journal d’un voyage dans cette isle et mémoires de Pascal Paoli, éd. 1769.
On se rappelle qu’une devise de Pasquale Paoli était tirée du livre des Maccabées qu’il cite dans une lettre à son père (Fernand Ettori [1]) :
« Melius est in bello mori quam videre mala gentis nostrae »,
« Il vaut mieux pour nous mourir que d’être spectateurs des malheurs de notre nation »,
Premier livre des Macchabées 3, 59
Paoli, personnage providentiel s’identifiait à Judas Maccabée à la tête des forces juives pendant la révolte des Maccabées en l’an – 166 avant notre ère, des juifs en lutte contre la domination syrienne hellénistique des Séleucides.
Fréderic Joseph Bianchi, qui a fondé l’association Terra Erets Corsica- Israël reprendra ce propos en résonnances contemporaines ; le peuple Corse luttant pour son peuple, sa langue, sa terre.
Il a rapporté ses conversations avec Edmond Simeoni qui avait puisé dans le judaïsme de son épouse Lucie, le sionisme, comme une matrice de son idéal nationaliste Corse.
Fréderic Joseph Bianchi et Edmond Simeoni, à Pianellu, août 2017(Terra Erets Corsica-Israël)
Fréderic Joseph Bianchi a rappelé que de manière immémoriale la Corse qui n’a pas déporté les juifs en 1940 (seul un fut envoyé à Auschwitz en l’absence du préfet Balley), était une terre d’accueil pour les juifs et que celle-ci le redeviendrait peut-être avec la potentielle arrivée d’un parti fascisant en France.
Je posais la question de savoir pourquoi les juifs avait fait souche en Corse là où les Arméniens ou les Serbes (5 000 personnes) qui y avaient trouvé refuge en grand nombre en 1915 étaient tout simplement tous repartis. Mais eux… avaient un pays !
Guy Sabbagh nous a raconté avec chaleur et émotion l’histoire de sa famille et des 740 juifs arrivés à Ajaccio en 1915, puis arrivés à Bastia rejoignant les juifs de Turquie arrivés à Bastia dans la seconde partie du 19eme siècle. Comment les instituteurs corses avaient pris sur leur paie pour donner à ces réfugiés miséreux en habits orientaux des costumes occidentaux; eux apprenant la langue corse et s’intégrant en un an comme commerçants ou tragulinu (marchand ambulant).
Alors que la majorité était restée (400 personnes) et que la quasi-totalité des magasins juifs de Bastia était tenus entre deux guerres par des Corses juifs.
Bastia – Rue Napoléon
La Corse a été et sera probablement encore une terre d’accueil pour les juifs comme elle a accueilli des multitudes d’humains pour leur simple qualité de sœurs et frères humains depuis l’Antiquité. Faisant d’eux des Corses de destin.
Il est d’usage, pour s’en lamenter ou s’en réjouir, de raconter qu’il ne reste presque plus de juifs en Corse. C’était compter sans les facéties de l’âme corse et du D.ieu des enfants d’Abraham.
Car aujourd’hui, grâce au Beth Habbad à Ajaccio, Bastia et Porto Vecchio on assiste à une véritable renaissance spirituelle du judaïsme Corse : 230 personnes à Bastia, 400 à Ajaccio où on a servi 150 personnes le Chabbat dernier… à Porto Vecchio on a vendu 400 hallot (pains de Chabbat) « Chez Eva » à Chabbat dernier, 100 poulets cachers rotis et servi 400 personnes au Beth Habbad, 70 en semaine… Levi Pinson à Ajaccio, Zalman et Haya Teboul (photo) font un travail formidable.
Ce nouvel élan conforte la synagogue consistoriale Beth Meïr dont je porte le nom en mémoire du rabbin Meïr Tolédano grand-père de Guy et Benny Sabbagh (photo) qui a repris vigueur. all’s well that ends well !
… des juifs qui participent de manière minoritaire et discrète, par la prière et l’aide aux démunis, avec leurs frères chrétiens à construire l’identité de la Nation corse.
La prophétie de Pascal Paoli, fils de Hyacinthe, serait-elle en train de devenir réalité ?
Que Dieu bénisse la Nation Corse et tous ses enfants.
Corsica Nazione sempre vivu ! Am Israël Hai !
[1] Cette devise était déjà celle du manifeste signé par Hyacinthe Paoli et Louis Giafferi en 1738. (source)