Un article à lire sur le blog de Marie-Pierre Samitier
Basilique-mosquée Sainte-Sophie, Constantinople
Synagogue Ahrida, Constantinople
Un article à lire sur le blog de Marie-Pierre Samitier
Basilique-mosquée Sainte-Sophie, Constantinople
Synagogue Ahrida, Constantinople
Cette phrase de l’évangile de Luc ouvre la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 30-37). Je vous propose une visite de cette route qui descend de Jérusalem, située sur une montagne, à environ 800 mètres d’altitude à Jéricho vers la ville la plus basse de la planète, à plus de 250 mètres sous le niveau de la mer!
Le monastère Saint-Georges de Choziba est accroché à la falaise de pierre du wadi Qelt-« wadi » qui en arabe désigne une rivière dont le lit reste sec toute l’année sauf lors de la saison des pluies. Il est érigé sur un des versants de la falaise de pierre. Fondé à la fin du Ve siècle, ce monastère réunissait pour la liturgie, le dimanche et pour les fêtes les ermites qui vivaient dans les grottes de la falaise. Selon la légende, le prophète Élie se serait déjà reposé dans une de ces grottes en se rendant dans le Sinaï. Un lieu magique.
Un article de Maria C. Khoury paru dans Palestine Note et traduit par le Courrier international
Je vis au beau milieu de nulle part, et chaque jour ou presque je me félicite sincèrement que le monde entier soit prêt à venir à nous, pour voir comment notre microbrasserie fabrique cette excellente bière, la Taybeh Beer. Très souvent, je me dis que nous devons avoir perdu la raison pour rester dans la plus haute région montagneuse de Palestine, surtout avec le cercle des colonies israéliennes illégales qui se resserre autour de Taybeh, préparant le “Grand Israël”. Tantôt ce sont des coupures d’électricité, tantôt des coupures d’eau, et de temps à autre une invasion militaire. Néanmoins quelque chose de formidable se passe dans cette Judée biblique, au carrefour de la Judée et de la Samarie [en Cisjordanie]. Grâce à l’aide de Dieu, nous continuons à produire la meilleure bière du Moyen-Orient, avec le sentiment que c’est notre façon à nous de résister pacifiquement. Dieu a beaucoup d’humour. Il permet à une famille chrétienne minoritaire de vivre parmi une population à 98 % musulmane et de fabriquer un produit dont la consommation est interdite par le Coran à la majorité.
Vers la fin du troisième siècle, alors que dans l’Empire Romain, le temps des persécutions touche à sa fin, quelques pionniers partirent au désert d’Egypte, le pays honni de la Bible, avec « le pain et le sel » fuyant Alexandrie, son port, ses prostituées et bientôt les évêques de la nouvelle chrétienté, la religion d’Etat de Constantin. Jésus aurait séjourné avec la sainte famille trois ans en Egypte; Israël avait trouvé sa fondation au désert, il n’en fallait pas plus pour les attirer. Et c’est ainsi que « le désert devint une cité » selon le mot d’un historien de l’époque. Voilà pour la légende.
Plus probablement, ces moines poursuivaient simplement l’idéal des communautés juives parties vivre au désert décrites par Philon d’Alexandrie ou Flavius Josèphe comme celle des Thérapeutes. Cette communauté d’ascètes juifs retirée au désert prés du lac de Maréotis est proche parente des esséniens du désert de Juda à Qoumrân. Ces ascètes juifs vivaient en ermites, isolés six jours sur sept dans une maison individuelle comprenant une « pièce sacrée » appelée encore monastêrion ou « ermitage » étudiant la Loi, les prophètes et les Psaumes. Mais surtout, ces comunuautés composées d’ascètes hommes et femmes se réunissaient pour la liturgie du shabbat selon Philon d’Alexandrie. Une liturgie menée par « le membre le plus ancien (presbytatos) et le plus versé dans la doctrine ». Ils mangeait du pain levé, accompagné de sel et d’hysope. La fête se poursuivait jusqu’à l’aube, avec des chants alternés féminins et masculins, unis à la fin dans un chœur unique puis des danses.
Les communautés chrétiennes de femmes et d’hommes trois siècles plus tard, elles aussi séparées, se réunissent pour célébrer la liturgie du dimanche. Il faut dire que déjà au moment où Pacôme (292-348) fondait des monastères masculins, sa sœur Marie établissait des communautés féminines. Dans son « Histoire Lausiaque » Pallade a noté qu’un monastère était habité par 400 nonnes (HL, XXXIII, 1). Des chiffres antiques à lire avec prudence ! Le monachisme d’abord érémitique était devenu cénobitique, c’est-à-dire communautaire. cassien servira de trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Sa règle inspirera tout le monachisme occidental. On retrouve chez eux le pain et le sel des Thérapeutes. L’ascète qui accueillit Pacôme au désert lui dit : « Considérez, mon fils, dit le vieillard, que du pain et du sel font toute ma nourriture ; l’usage du vin et de l’huile m’est inconnu. »
Quand à la pratique liturgique, elle est décrite par l’ascète qui accueillit Pacôme au désert : « Considérez, mon fils, dit le vieillard, que du pain et du sel font toute ma nourriture ; l’usage du vin et de l’huile m’est inconnu. Je passe la moitié de la nuit à chanter des psaumes ou à méditer les Saintes Écritures ; quelques fois il m’arrive de passer la nuit entière sans sommeil. » Bref, une pratique de liturgie juive, la lectio divina monastique succédant au talmud Torah (l’étude de la Torah), tandis que le livre des psaumes était devenu le livre des prières juives de la synagogue et de l’office quotidien, vu comme un résumé de la Bible.
Ce n’est pas du tout un hasard si la plus importante communauté monastique se trouvait à l’ouest d’ Alexandrie (cliquez sur la carte pour l’agrandir) , car c’est tout simplement là que se trouvait la diaspora juive la plus nombreuse et la plus ouverte au écoles et pratiques de méditation stoïciennes.
Etrange personnage que l’abba (« papa » en araméen) Chenouté mort en 456 , ou Shenouda comme on voudra. Moins connu qu’Antoine ou Pacôme – grands organisateurs de mouvement monastique l’homme part au désert d’Egypte au IV siècle pour réformer la règle pacômienne… trop douce à ses yeux! Chenouté est persuadé que dans ses monastères règne une foire permanente. Il acquiert vite une réputation de sévère réformateur et la légende lui prête même d’avoir tué un moine de ses propres mains. Ses écrits ne sont qu’invective envers ses moines. Le vigoureux Chénouté est par ailleurs responsable de la destruction d’un grand nombre de temples égyptiens pharaoniques de sa région, trop païens à son gout. La communauté organisée par Chénouté d’Atripé avait sa branche féminine. Grand fondateur du monachisme copte on dit que l’archimandrite eu jusqu’à deux mille moines et mille huit cents moniales sous ses ordres.
Ce court ( !) préalable pour introduire le texte d’une prière émouvante de ce saint copte, si proche des prières du Kippour juif :
Folio 1 Recto
« La prière de l’archimandrite du monastère d’Atripé.
Dieu, pardonne-moi, car j’ai péché contre Toi en tant qu’homme. Pardonne-moi en tant que Dieu bon.
Dieu, aie pitié de moi en ce monde et en celui qui va venir.
Dieu, aie pitié de mon corps et de mon âme. Dieu aie pitié de moi à cause de la faiblesse de ma chair.
Dieu, accorde-moi un peu de répit dans Ta bonté. Lire la suite de « Des nouvelles… des pères du désert »
Comment vit-on en Israël quand on est chrétienne? La montée progressive de l’intégrisme oblige les femmes de confession catholique à vivre recluses et enfermées. Du port du foulard aux contrôles de sécurité, Marie-Pierre Samitier, journaliste et auteur du livre Au pied du mur. Au cœur de la Terre sainte en guerre, nous décrypte la vie des chrétiennes en Israël.
« Même si parfois pasteurs et fidèles peuvent céder au découragement, nous devons nous souvenir que nous sommes des disciples du Christ ressuscité, vainqueur du péché et de la mort. Nous avons donc un avenir ! Nous devons le prendre en main » (119). Cette forte formule se trouve dans le texte qui compile les contributions des chrétiens catholiques du Moyen-Orient qui vient de paraître en vue d’un synode en octobre. Ce document de travail (voir ici en entier : ) résume la situation des églises en Iran, Turquie, Irak, Palestine, Israël… « L’actuelle situation du Moyen-Orient est, pour une grande partie semblable à celle qu’a vécue la première communauté chrétienne en Terre sainte où des hommes inspirés ont écrit les livres du Nouveau Testament (…) L’affaiblissement, voire la disparition du christianisme là où il est né est une perte pour l’Eglise universelle ». Extraits : Lire la suite de « Les Chrétiens d’Orient : « Nous avons un avenir ! » »
Je vous avais parlé l’an dernier d’un pèlerinage en Terre Sainte avec des épiscopaliens américains. Et bien cette année c’est moi qui ai organisé le pèlerinage pour une vingtaine de decision makers avec un ami. Quelques impressions.
L’oeil du cyclone ou une réelle détente ?
Thanks to Obama, la pression est descendue d’un cran dans le West Bank, avec beaucoup moins de check points, l’heure est à la détente. Cependant il est de plus en plus clair qu’aucune des deux parties du conflit Israélo palestinien ne veut faire la paix malgré tous les discours.
D’un coté, les ultras en Israël veulent la terre, 500 000 colons vivent à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, dans une stratégie d’étouffement et de fait accompli ; et d’autre part, dans le West Bank le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza (impossible à visiter) a rayé Israël de sa carte du Moyen Orient. L’Iran pèse comme une épée de Damoclès et l’Islam politique (frères musulmans, hezbollah), qui fait pression de l’extérieur, n’est pas prêt de rendre les armes. Les religieux des deux camps qui sont montés peu à peu ont donc maintenant pignon sur rue, plutôt pour le pire comme le montre Charles Enderlin qui est venu nous parler de son livre : « Le grand aveuglement : Israël et l’irrésistible ascension de l’islam radical« . Une étincelle et c’est l’explosion.
Gel des settlements ?
Le gel des settlements que la communauté internationale appelle de ses voeux pour permettre la négociation reste largement une illusion. Les colonies représentent maintenant des villes immenses (photo) comme des forteresses médiévales sur les collines parfois baties en à peine dix ans, elles représentent des enclaves réparties dans tout le West Bank aux points stratégiques. Comment les stopper ? Toujours le même sentiment d’impuissance devant cette situation.
Les chrétiens de Terre sainte sous pression
Les chrétiens, écrasés entre le marteau et l’enclume, sont sommés de choisir leur camp. Ils sont passés de 70% à 12% dans une ville comme Bethléem, ils sont 1,4% dans le West Bank (60 000 ; 400 000 sont partis à l’étranger) et plus aucun des marchands autour du Saint Sépulcre dans la quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem n’est chrétien. Une lueur d’espoir, un village comme Taybeh – Ephraïm, 100% chrétien (catholiques et Melkites grecs). Le moins qu’on puisse dire c’est que son curé, le père Raed Abu Sahlieh (photo), n’est pas désespéré ! Il a planté 30 000 oliviers et créé des business pour faire vivre un quart de la population du village, soit 86 familles (40% du village est au chômage)! Il vend chez Cora, Match, Leclerc, Super U, Auchan, Carrefour… La France n’a même pas été capable d’accorder des financements pour un moulin à huile à Taybeh… donc financement italien.
D’autre part il soutient l’école tenue par des religieuses (50 enfants de 5 à 15 ans) qui a besoin de financement, l’éducation d’un enfant coute 400 € par an, un prof 3000 €, à bon entendeur… Il est absolument clair que la montée d’une classe moyenne dans le West Bank et la création de business est le meilleur rempart contre les islamistes et l’exode vers l’étranger.
Cependant l’âge des communautés religieuses dans le West Bank frappe n’importe quel observateur et c’est par les chrétiens que passent l’éducation et les hopitaux dans tout le Moyen Orient. Les modérés de tous les camps et de tous les pays ont donc intérêt à se mobiliser. Sans parler des répercussions de ce conflit en France et ailleurs dans le monde.
Fabrique de Bière à Taybeh (Ephraïm)
Une autre originalité : une fabrique de bière (photo) tenue par des chrétiens au même endroit (Cf. article du NYTimes : A Beer for Palestine ).
Dieu parle arabe… à Nazareth
Nous avons assisté à la messe du dimanche de Pentecôte à Nazareth. Mgr Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem la présidait. C’était magnifique.
Dieu parle ici arabe, et ce, bien avant l’Islam, déjà au premier siècle de notre ère comme en témoigne le récit de la Pentecôte dans le Livre des Actes de Apotres :
« Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or, à Jérusalem, résidaient des Juifs pieux, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. A la rumeur qui se répandait, la foule se rassembla et se trouvait en plein désarroi, car chacun les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Tous ces gens qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye cyrénaïque, ceux de Rome en résidence ici, tous, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu. » (Ac 2, 1-4)
Pour tout simplifier l’arrière fond de ce récit est juif… Le feu est celui de la remise de la Torah à Moïse au Sinaï, le bruit est celui de la montagne du Sinaï… un fête célébrée par les juifs à Chavouot, la Pentecôte juive quelques jours plus tôt, la tradition est de faire Talmud Torah toute la nuit. Cette pratique conduit à éprouver en soi le feu intérieur par l’unification de la Torah, à devenir une « Torah vivante », comme les disciples dans le récit des pélerins d’Emmaüs : « Notre coeur n’était-il pas tout brulant en nous alors qu’il nous ouvrait les Ecritures »(Lc 24), Dieu étant censé babiller toutes les langues (Cf. le récit inversé de Babel dans la Genèse dans lequel les hommes ne parlent plus la même langue, qui a donné « babillage »). D’origine païenne, la Pentecôte était une fête agricole où l’on célébrait la fin de la moisson des blés (Ex 23,16 ; 34,22), d’où le nom de fête « de la moisson » (Ex 23,16) ; son rituel se lit en Lv 23,15-21. Elle doit avoir lieu « sept semaines complètes, cinquante jours » après la Pâque (Lv 23,15-16). De là, les noms de « fête des Semaines » en hébreu ( Chavouot), et de « Pentecôte » dans le judaïsme hellénistique (le « cinquantième jour », en grec). Bref, on célèbre la fête avec un récit judéo-chrétien profondément enraciné dans la traditon juive et adressé aux arabes ! Tradire trahire (traduire c’est trahir) ? ou traduction = tradition ? Bienvenue dans le Moyen-Orient compliqué…
Voitures de luxe à Ramallah
J’ai, d’autre part, constitué une belle collection de photos de 4×4 à Ramallah et de programmes immobiliers somptuaires alors que la crise de l’immobilier bat son plein dans le monde entier… preuve que les aides européennes qui n’ont pas réussi à faire décoller le pays ne sont pas perdues pour tout le monde.
Je rappelle à ceux qui ne l’auraient pas lu le livre de Marie Pierre Samitier : Au pied du mur : Au coeur de la Terre sainte en guerre Paris-Jérusalem-Ramallah
Et voici quelques images du pélerinage :
Premier chapitre de : « Au pied du mur, au coeur de la Terre sainte en guerre, Paris-Jérusalem-Ramallah, petit guide à usage politico-spirituel », Marie-Pierre Samitier, Bourin Editeur.
Ce post pour vous annoncer la parution du livre « Au pied du mur » de Marie-Pïerre Samitier ce 18 mars (Bourin Editeur). Un pélerinage avec des américains épiscopaliens démocrates dans la Terre sainte en guerre. Quelques images et une présentation sur son blog : www.samitier.net
Je reviens d’un petit pèlerinage en Terre Sainte avec des amis épiscopaliens (anglicans US). Voici quelques images qui commentent la situation désespérée des chrétiens dans les Territoires :
Jérusalem vue du Mont de Oliviers
Le Mur, « de séparation » assurant la sécurité pour les uns, » de la honte » et créant l’apartheid pour les autres est omniprésent. 450 km sont construits sur les 750 prévus. 600 000 personnes vivent coté palestinien. Ici il coupe l’ancienne route qui allait de Jérusalem à Jéricho (Jérusalem Est).
Des Checkpoints barrent routes et rues (ici Al Shuada street à Hébron) et il faut des laisser passer pour les traverser.
De l’autre coté, dans Al-Shuada Street qui mène au tombeau des patriarches (un no man’s land)
Les checkpoints sont ausssi présents sur les routes créant des files d’attente pour le contrôle des véhicules.
A Hébron dans la vieille ville… au dessus les habitations des colons. No comment.
En 1948, les chrétiens représentaient encore 47 % de la population non juive de Jérusalem; aujourd’hui 1,6 %. 20% de la population palestinienne, ils sont aujourd’hui 1,8 %. L’exode des chrétiens de Terre sainte n’a pas commencé avec la création de l’État d’Israël, mais dès la fin du XIXe siècle, lors de persécutions sous l’Empire ottoman. Aprés l’échec du socialisme et du nationalisme arabe, la condition de ces communautés est dramatique dans tout le proche-Orient.