En réalité l’avènement d’un populiste sans scrupule sur le thème « America is back » proposant de construire des tunnels, des ponts (premier discours de Donald) tout en baissant les impôts (mais alors comment payer les tunnels et les ponts ?) dans la même phrase; l’idée de se replier sur la vieille Amérique arrivée d’Europe sur le Mayflowers, terrorisée par les basanés –( les latinos étaient 3 % de la population des États-Unis il y a 50 ans, 17 % aujourd’hui) … un soi disant capitaliste milliardaire deux fois en faillite personnelle qui a planté ses banquiers et leur disant qu’ils auraient dû mieux surveiller les business qu’il coulait; un type qui nie le réchauffement climatique… évidement tout cela fait beaucoup…Mais si finalement Trump n’était pas la maladie mais le symptôme forcément spectaculaire, d’une crise spirituelle bien plus profonde ?
D’autre part, la « révolte des petits blancs » n’est pas une nouvelle pour les Clinton… Robert Reich le premier secrétaire d’Etat d’emploi de Bill Clinton de 1993 à 1997, l’un des mentors politique le plus proche d’Hillary avait analysé dés 2008, dans Supercapitalisme[1], bien avant la crise actuelle, les causes de ce qui se passe aujourd’hui. la financiarisation de l’économie sous Reagan et Thatcher dopée aux théories de Milton Friedman, et la fin de la classe moyenne, vrai pilier de la création de richesse. La colère légitime de l’homme blanc, père de famille protestant, travaillant à la ferme où à l’usine, bref, la classe moyenne américaine, laminée par la désindustrialisation et la digitalisation du monde, bercée aux sirènes de la globalisation et du free market vient de s’exprimer dans les urnes. Essayons de comprendre pourquoi la classe moyenne a voté contre les supposés « démocrates » et pour ce symptôme de son désespoir.
En préalable je voudrais lever un malentendu, la personne qui s’exprime ici n’est pas « de gauche » je suis un pur capitaliste, consultant en stratégie et organisation digitale, formé par les idées de James McKinsey et de Marvin Bower. Marvin était le responsable d’une secte protestante descendent des pilgrims du Mayflower. A la fin de sa vie il distribua ses actions à ses partners au prix nominal d’entrée car ils n’avaient plus les moyens de les acheter, l’entreprise ayant immensément grandi sous sa direction. Marvin Bower qui inventa le conseil en organisation rapporte ce passage de la Bible (Exode 18, 14-28) où Jethro, le beau-père de Moïse lui conseille d’améliorer son organisation en créant un organigramme (Source : Diriger, c’est vouloir, p. 102.)
Je crois à ces valeurs de la Torah et à cette Civilisation du capitalisme et à la Globalisation dont l’âge digital n’est qu’une nouvelle forme, une civilisation qui a émergé au Moyen Age en mariant l’économie de marché et la création de richesse au bénéfice du plus grand nombre en interaction avec la démocratie et des sociétés ouvertes ce qui ne veut pas dire free boundaryless… et je ne vois pas d' »autre modèle » alternatif (voir ici : La « Civilisation du Capitalisme » (Schumpeter) : des Market places médiévales à Amazon Web Services (AWS)). Contrairement à ce qui est répété en boucle Trump n’a rien à voir avec le capitalisme, il a à voir avec l’avidité, ces golden boys greedy qui ont décidé de s’emparer du capitalisme à partir des années 80 en se moquant de toute création de valeur, toujours border line, la loi sans l’éthique. Un pompier pyromane qui a alimenté ce qui est justement en train de nous exploser à la figure, l’hyper capitalisme.
Back to 1835…
De la démocratie en Amérique
Le noble normand Tocqueville, un incroyant fervent partisan d’une stricte séparation de la religion et de l’Etat, parcourt l’Amérique en 1835. Dans La Démocratie en Amérique il constate la « passion pour l’égalité des américains » est la marque des peuples démocratiques. Elle permet aux individus de poursuivre un goût naturel qui n’avait pu être satisfait auparavant : le goût du bien-être (ibid., p. 182).
« Les avantages de l’égalité se font sentir dès à présent, et chaque jour on les voit découler de leur source… L’égalité fournit chaque jour une multitude de petites jouissances à chaque homme. Les charmes de l’égalité se sentent à tous moments, et ils sont à la portée de tous ; […] La passion que l’égalité fait naître doit donc être à la fois énergique et générale. »
L’interaction entre la liberté, l’égalité et goût du bien-être matériel fait de la société démocratique une société industrielle capable de produire des richesses au service de tous de manière égalitaire. Chacun a sa chance et une génération cultive l’espoir d’être plus aisée que la précédente.
Il ajoute aussi que la composante religieuse est fondamentale dans cette croyance commune :
« Des hommes semblables et égaux conçoivent aisément la notion d’un Dieu unique, imposant à chacun d’eux les mêmes règles et leur accordant le bonheur futur au même prix. L’idée de l’unité du genre humain les ramène sans cesse à l’idée de l’unité du Créateur tandis qu’au contraire des hommes très séparés les uns des autres et fort dissemblables en arrivent volontiers à faire autant de divinités qu’il y a de peuples, de castes, de classes et de familles et à tracer mille chemins particuliers pour aller au ciel. »
Tocqueville constate que les philosophes des Lumières « expliquaient d’une façon toute simple l’affaiblissement graduel des croyances ; le zèle religieux, disaient-ils, doit s’éteindre à mesure que la liberté et les lumières augmentent. Il est fâcheux que les faits ne s’accordent point avec cette théorie. ».
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