14-18, la brutalisation des masses écrite par Jean-Michel Steg et Pierre Lemaitre

Jean-Michel Steg, Pierre Lemaitre
Jean-Michel Steg, Pierre Lemaitre

Pour ceux que mon article sur le livre de Jean-Michel Steg Le jour le plus meurtrier de l’histoire de France 22 août 1914 avait intéressé voici un article à lire sur le blog de Marie-Pierre Samitier « 14-18, la brutalisation des masses écrite par Jean-Michel Steg et Pierre Lemaitre »  qui rapporte la rencontre entre Pierre Lemaitre, Prix Goncourt 2013 pour “Au revoir là-haut” et Jean-Michel Steg à Val d’Isère ce 19 février 2014.

Jean-Michel Steg : 22 aout 1914, la catastrophe inconnue

Le brouillard de Rossignol

Qui connaît le village de Rossignol en Belgique ? C’est pourtant là que sont tombés au champ d’honneur 27 000 soldats français le 22 aout 1914. C’est cette terrible journée et le contexte qui l’a rendue possible que nous raconte Jean-Michel Steg dans Le Jour le plus meurtrier de l’histoire de France, 22 aout 1914 (Fayard).

Killing Field

27 000 morts français en une journée, moitié moins côté allemand. Derrière cette abstraction comptable Jean-Michel Steg, financier de profession, remarque que c’est en un jour autant de mort que pendant toute la guerre d’Algérie qui dura de 1954 à 1962, presque la moitié de soldats américains tués pendant la guerre du Vietnam entre 1969 et 1975 (58 000 soldats américains tués en 16 années de combat)… Et pourtant qui connaît la bataille de Rossignol. Car derrière l’abstraction mathématique, le constat clinique qui met à distance et anesthésie l’émotion note Jean-Michel Steg : « plus je travaille sur les circonstances de la mort, il y a un siècle, de ces milliers d’hommes, et plus leur humanité m’envahit, rendant souvent l’écriture plus difficile encore qu’elle ne l’est déjà pour moi ».

JeanMichel Steg

« Un livre sur la mort violente au XXe siècle »

Comment un tel nombre de morts dans un espace aussi restreint a-t-il été possible se demande l’habitué des chiffres ? Le killing field, à la sortie de Rossignol sur la route de Neufchâteau mesure seulement quelques dizaines de mètres de large  pour un peu plus d’une centaines de mètres de long. Tout déploiement était impossible car la forêt est entourée de marécage, le traquenard parfait. Les soldats pénétraient « dans un véritable entonnoir de feu, dense et continu » . En filigranne de cette question comptable c’est l’absurdité de la mort industrielle au XXème siècle qu’interroge Jean-Michel Steg qui avoue écrire, « un livre sur la mort et plus particulièrement sur la mort violente au XXe siècle ». Un livre trés personnel qu’il a mis des années à écrire en forme de solde de tout compte. Lire la suite de « Jean-Michel Steg : 22 aout 1914, la catastrophe inconnue »