Yéfé Nof, un poème de Yéhuda Halévi. Chanté par Etti Ankri.

Le poème commence à 3’49

L’histoire de Yéhouda Halévy (1075 – 1141) se confond avec celle du judaïsme séfarade. Né à Tudèle (Navarre)  vers 1075. Poète, philosophe et médecin, hébraïsant et arabisant. Très jeune, il parcourt l’Espagne en proie aux guerres entre chrétiens et Almoravides. Il descend au pays d’al-Andalûs afin d’y compléter ses études. Il remporte une compétition de poésie à Cordoue, puis rencontre à Grenade les poètes séfarades Moïse ibn Ezra et Abraham ibn Ezra, avec lesquels il sera lié sa vie durant. Il écrit en arabe le Kuzari, apologie de la religion méprisée, (vers 1140) une polémique contre l’Islam et le Christianisme qui écrasent alors le judaïsme.

A 60 ans Yéhouda Halévi décide de rejoindre enfin son espoir. Il arrive à Alexandrie, puis au Caire où il meurt en 1141 avant d’avoir pu s’embarquer pour la Palestine. La légende le fait mourir aux portes de Jérusalem sous les sabots d’un cavalier arabe. Halévy laisse huit cent poèmes, dont les Shirei Tsion « Chants de Sion » et environ 350 piyyutim (chants liturgiques). Dans le Kuzari, il souligne l’importance de la musique dans les temps anciens d’Israël où elle était réservée à l’élite des lévites et jouée à la place réservée du temple.

Les Chants de Sion  expriment une profonde nostalgie de la Terre Sainte. L’un des plus connus est Yéfé nof. « Splendide en son paysage », une citation du psaume 49 : Gadol Hachém ouméhoulal méod, béîr Eloqénou har-qodcho. Yéfé nof, messos kol-haaréts « Grand est Hachém et hautement loué, dans la ville de notre D.ieu, montagne de Sa sainteté. Splendide en son paysage, joie de toute la terre ». Le poète exprime son désir de Jérusalem où tout est perfection à ses yeux et son désir d’y demeurer, même si elle a été détruite et déserte. Je trouve que c’est une belle manière de sortir du Shabbat.

יְפֵה נוֹף מְשׂוֹשׂ תֵּבֵל קִרְיָה לְמֶלֶךְ רָב
לְךָ נִכְסְפָה נַפְשִׁי מִפַּאֲתֵי מַעְרָב

הֲמוֹן רַחֲמַי נִכְמָר כִּי אֶזְכְּרָה קֶדֶם
כְּבוֹדֵךְ אֲשֶׁר גָּלָה וְנָוֵךְ אֲשֶׁר חָרַב

וּמִי יִתְּנֵנִי עַל כַּנְפֵי נְשָׁרִים עַד
אֲרַוֶּה בְדִמְעָתִי עֲפָרֵךְ וְיִתְעָרָב

דְּרַשְׁתִּיךְ וְאִם מַלְכֵּךְ אֵין בָּךְ וְאִם בִּמְקוֹם
צְרִי גִּלְעֲדֵךְ נָחָשׁ שָׂרָף וְגַם עַקְרָב

הֲלֹא אֶת אֲבָנַיִךְ אֲחוֹנֵן וְאֶשָּׁקֵם
וְטַעַם רְגָבַיִךְ לְפִי מִדְּבַשׁ יֶעְרַב

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