Au cours de ce petit déjeuner, Didier Long présente la « Civilisation du capitalisme » d’où nous venons et pose les enjeux en termes de RH.

Hypercapitalisme : la fin d’un monde ?
Didier Long débute par un résumé des 30 dernières années et la crise actuelle.
La crise de 2008 : « la faille dans la coque du Titanic » ? Tout un fonctionnement est remis en cause.
Trois leviers expliquent l’hypercapitalisme : l’émergence des nouvelles technologies, la globalisation, la dérèglementation.
Sans l’hyperconsommation l’hypercapitalisme ne fonctionnerait pas, ce qui pose la question de la responsabilité individuelle de chacun dans cette crise, la responsabilité de chacun de nous dans l’affaiblissement du politique depuis 30 ans. La crise du capitalisme est aussi une crise de la démocratie.
La classe moyenne a perdu de son pouvoir d’achat, l’endettement des ménages a augmenté construisant une gigantesque bulle pour stimuler la croissance qui ne peut plus être garantie que par les Etats : jusqu’à quand ?
La concurrence renforcée génère la montée des lobbyings, derniers leviers d’avantage concurrentiels et donc le détournement de l’intérêt général à des fins privées, cause de l’affaiblissement de la démocratie.
Les leviers traditionnels de la politique (nombreux militants, débats d’idées, partis intégrés à la vie de la cité) ont été remplacés par des opérations de marketing et de communication politique qui permettent de gagner les élections pour des partis qui représentent en tout 2% des citoyens électeurs (812 000 personnes pour 44M d’électeurs et 63M de français !).
Cette crise économique, politique, morale, oblige à se demander d’où nous venons et quelles sont les croyances du capitalisme ? Car les vrais leviers de l’hypercapitalisme sont en réalité religieux : ainsi la croyance en la dérégulation (Friedman), en la « raison financière » ou en la vertu intrinsèque des marchés pour générer le bonheur social ont fait illusion pendant 30 ans après l’échec communiste et la fin de la guerre froide mais ils sont aujourd’hui clairement compris comme des superstitions.

La Civilisation du capitalisme (Schumpeter) : d’où venons-nous ?
Vers 800, c’est la création des premiers monastères, les premières « world companies », sociétés religieuses de production aux réseaux internationaux.
An 1000 : décollage économique de l’Europe le PIB par habitant revient à celui de l’empire romain en 1000 (400$/ habitant/an) et double entre 1000 et 1500 selon l’analyse longue d’Angus Maddison (OCDE 2001).
Les world companies de Cluny, mais surtout de Cîteaux seront les premières à fonder une économie sur une organisation rationnelle du travail et de la production. Cîteaux, contre la thésaurisation de Cluny, invente la frugalité économique et le réinvestissement perpétuel du capital sans en jouir, un mécanisme dont Weber affirmera qu’il est les leviers déterminants et distinctif de l’ « esprit du capitalisme », l’ attribuant à tort au seul protestantisme calviniste.
Le Moyen-âge, la chrétienté, est la première civilisation après l’empire gréco-romain qui fonde son énergie sur les énergies non humaines (inventions technologiques : collier d’épaule, énergie hydraulique et moulin eau …). Cette fin de l’esclavage est directement corrélée à la fin de l’empire romain (fin des trafics internationaux d’esclaves à bon marché) et à la christianisation de l’Europe (Duby) ) à partir du 7ème siècle. Lire la suite de « « Civilisation du capitalisme », quels enjeux RH ? »