Philon d’Alexandrie : « puisque je suis un homme »

Buste de César, découvert en 2007 dans la Rhône à Arles

 

Contemporain de Jésus, Philon d’Alexandrie a écrit un vaste commentaire de la Torah qui témoigne de la pensée juive affrontée à l’hellénisme en Egypte au début de notre ère. On ne peut qu’être frappé par l’humanité de ce commentateur qui puise dans le stoïcisme (Cf. la « mère commune de tous les hommes qu’est la nature »(1)) dans le De decalogo, son commentaire du décalogue.
Philon y oppose « le fabricateur de l’univers et son bienfaiteur, le Roi de rois » « qui ne s’est pas permis de dédaigner même l’homme le plus humble » à « la morgue et la jactance » dont sont remplis les tyrans et les rois de ce monde. Et Philon invite le tyran à « décontracter ses sourcils ».

Le buste de César découvert à Arles en 2007, ville qu’il fonda en 46 avant J.C., deux ans avant son assassinat, les sourcils froncés, plein d’une noble énergie montre bien l’inquiétude de celui qui rêvait d’égaler Alexandre le Grand ayant conquis l’univers à 30 ans… et fondé Alexandrie.
« J’aurais donc un abord facile et je serai affable, même si j’obtiens de dominer sur la terre et sur la mer » dit Philon, car il « convient de ne pas oublier ce que l’on est »… « Puisque je suis un homme »
Il faut relire Philon en ce temps de démesure.

Mais qui se soucie encore de nos jours de ces humanitas antiques ?

(1): on retrouve cette idée chez Marc Aurèle : Tous les hommes sont parents; et comme leur mère commune est la nature, c’est-à-dire la raison de Dieu, commettre une injustice envers les hommes est une impiété. «Se rendre coupable d’une injustice envers autrui, c’est faire un acte d’impiété, parce que la nature qui gouverne l’univers, ayant créé les êtres raisonnables pour s’aider par des secours réciproques, selon leurs mérites divers, sans qu’il leur soit jamais permis de se nuire entre eux, celui qui méconnaît cette volonté expresse de la nature se rend impie envers la plus auguste des divinités.» (Marc Aurèle, Pensées, LIvre IX, ch. 1)

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