Quelques étincelles tirées de la nuit de Pessah

De Corse et d’ailleurs

Les familles de Guy et Benny Sabbagh (dont je porte le nom du grand-père le rabbi Meïr Tolédano-zal, rabbin de Bastia de 1920 à 1970) étaient avec nous.

  • Leur père David, président de la communauté de Bastia, chaque veille de Pessah passait une annonce dans Corse Matin pour inviter tout juif de Corse à faire le Seder avec eux.
  • Un jour il a demandé à tous les fabricants de Matsots du continent d’envoyer des échantillons. Puis il a convoqué ses fils pour les tester. Seules celles de Rosinski (les carrées craquantes ashkénazes) ont passé le Blind test. Alors après il vidait son magasin à l’approche de la fête et le remplissait de matsot et faisait la tournée de Bastia avec ses fils pour les distribuer aux juifs.
  • Une femme d’origine corse petite fille de Rabbin d’Alsace et venue avec son mari et sa fille. Parfois la Nechama des Zera Israël parle de loin.

De Tunisie

Gérard Haddad a célébré tout le Seder et il a eu bien du mal avec tous car nous sommes indisciplinés. On a fini à 2 heures du matin…

Il a écrit un nouveau livre : « Monsieur Jean » (hémisphères Zellige), un roman. Il s’agit de l’histoire (vraie) d’un cambrioleur surpris en pleine action par celui qu’il vole… et qui l’invite à prendre le thé… il n’est autre que Jean Rostand. C’est beau non ?

De Riga, d’Israël et d’Ukraine

La cinéaste – poétesse Nurith Aviv est venue de Tel Aviv. J’adore sa manière de parler hébreu. Pas du tout comme Gérard pur tunisien.

Je lui ai lu en arrivant une phrase qu’elle a écrit et qui me hante :

« La mère de ma mère est née à Prague. Sa mère également. Elle parlait allemand comme bien des juifs de Prague. Ma grand-mère a quitté Theresienstadt dans un train à destination de Riga. Le lieu de sa mort est inconnu. Ma mère est morte en Israël. Son dernier mot elle l’a prononcé en allemand. Elle a dit : ‘‘ Aussteigen’’, ‘‘terminus, je veux descendre’’. »

Elle m’a offert un livre que vous devez lire absolument : Trente pages d’Avot Yeshurun (Editions de l’éclat).

Avot Yeshurun (1904-1992) est un poète israélien, né en Ukraine et qui a émigré en Palestine en 1925. Toute sa famille, restée en Ukraine et qui était opposée à son départ, a été assassinée au camp de Maidanek.

Un jour il retrouve par hasard dans un tiroir les lettres de sa famille restées sans réponse. Il écrit trente poèmes comme les trente jours du deuil des lettres des siens. L’édition est bilingue hébreu français. En les lisant, ton âme est convoquée :

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Parfois il arrive que les rêves deviennent réalité

On a reparlé du rêve d’Eliezer Ben Yehouda, qui comme on le sait est un refondateur de la langue hébraïque comme langue de la rue. On a lu « le rêve traversé » traduit par Gérard Haddad où Ben-Yehouda dit :

« J’entendis une étrange voix intérieure m’appeler :

“Résurrection d’Israël et de sa langue sur la terre des Pères.”

Tel fut mon rêve. Sur le coup en effet, ce phénomène m’apparut comme un rêve, une vision nocturne. Mais très vite je ressentis qu’il ne s’agissait pas d’un rêve, et si c’en était un, qu’il ne m’abandonnerait plus. Sentiment et idées contradictoires d’affrontaient en moi : le grand peuple russe d’une part et les idées sublimes de lutte pour sa libération, mais de l’autre une vision qui emplissait mon âme d’une joie sans bornes, Israël renaissant sur sa terre sainte. Mais à un autre moment cette dernière vision se trouvait repoussé et surgissait devant moi l’image d’un petit peuple abbatu et souffrant. […] En mon esprit luttaient deux peuples le russe et le juif qui étaient tous deux en moi se livraient un terrible combat.

Et le juif triompha. Mon sort était scellé. Ma vie et mes forces seraient consacrés à cette tâche de la résurrection d’Israël et de sa langue sur la terre des Pères.»

“Résurrection d’Israël et de sa langue sur la terre des Pères.”, c’est ainsi que commence Langue sacrée langue parlée de Nurith.

Parfois il arrive que les rêves deviennent réalité. Le Talmud dit :

« Il y avait vingt-quatre interprètes de rêves à Jérusalem.

Un jour j’ai fait un rêve

Et je suis allé auprès de tous.

L’interprétation de l’un n’était pas l’interprétation de l’autre.

Or toutes ses sont accomplies pour moi.

Comme il est dit :

« Les rêves suivent la bouche »

Berakhot 55b

Et le Saint, béni soit-Il, nous sauve de leur main !

Après les deux premiers jours de la fête, hier soir, j’ai reçu des images de Ruthy Selinger. Shelomo Selinger 88 ans-son mari, continue de sculpter dans un granit monumental le futur mémorial aux juifs déportés de Luxembourg :

Dans la Haggadh de Pessah on a chanté :

Vehi Che’amda laavoteinou velanou,
chelo e’had bilvad ‘amad aleinou lekhaloténou,
ela chébekhol dor vador omdim aleinou lekhaloténou,
veHakadoche Baroukh Hou matsilénou miyadam.

Voici ce qui a soutenu nos pères et nous !
Car ce n’est pas qu’un seul qui s’est levé contre nous pour nous détruire,
mais, dans chaque génération, ils se lèvent contre nous pour nous détruire ;
et le Saint, béni soit-Il, nous sauve de leur main !

Et le Saint, béni soit-Il, nous sauve.

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