Une belle captive et un fils rebelle (Ki-Tetsé)

Je reprends ici deux interprétations du début de la paracha, l’une du Rav Harboun : « La belle captive » et l’autre de mon ami Jacob Ouanounou : « Le fils rebelle ». La paracha est bien sur beaucoup plus riche que ces deux points d’entrée.

La belle captive

La sidra Ki-tetsé commence ainsi : Ki Tétsé lamiléama, quand tu partiras en guerre. Pourquoi : quand « TU » ? ». Pourquoi pas Ki-Tétséou : quand VOUS partirez à la guerre ? A-t-on déjà vu un homme partir seul à la guerre ?

Cette formulation a interpellé nos Sages qui ont compris cette guerre comme une guerre très particulière, celle contre le monde des pulsions intérieures. En effet nos pulsions nous entrainent souvent bien loin d’où nous aurions voulu aller. Elles semblent parfois irrépressibles. Quand le monde de ses pulsions domine un individu c’est la définition même de l’addiction.

La guerre dont il est parlé ici selon une première explication est donc celle contre un ennemi qu’on doit vaincre pour rester maître chez soi. Cet ennemi à maîtriser ce sont les pulsions égoïstes qui nous dominent : le sexe, l’argent, le pouvoir…. Le Yotser hara désigne non pas le « mauvais » penchant comme certains traduisent –avez- vous déjà vu quelqu’un « pencher » du mauvais côté et tomber ? mais plutôt nos pulsions profondes sans limites, nos appétits incontrôlés.

Une autre explication de nos sages dit qu’il s’agit d’une guerre bien réelle. La première réaction de l’homme en guerre, c’est la peur de perdre sa vie. Fragilisé dans le cœur de ce qui fait l’estime de soi, cet homme, en réaction, va vouloir vivre à tout prix. « Mangeons et buvons car demain nous mourrons » (Is 22, 13) devient sa devise comme l’expliquent nos Sages[1].

Quoi qu’il en soit de l’une ou l’autre explication la mort est au bout de la vie limitée de tout être humain, une durée et une prise de conscience que la guerre exacerbe ; et ce savoir affecte notre manière de nous comprendre et de vivre les instants successifs du temps qui passe qui sont toujours les derniers… Notre désir de vivre est déterminé par la possibilité de son extinction. Et notre Sidra raconte le cheminement du désir et ses conséquences à travers trois épisodes qui semblent séparés mais sont en fait liés :

  • La belle captive
  • La femme dédaignée
  • Le fils rebelle

Explication.

Dès qu’il voit la « belle captive », le premier réflexe de cet homme avide d’être, confronté aux sang et aux larmes du champ de bataille, est de se servir en la violant… Puisqu’il n’a plus rien à perdre, autant en profiter ! C’est le début de notre Sidra. Et le début du désir humain.

 « Quand tu iras en guerre contre tes ennemis, que l’Éternel, ton Dieu, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers ;  si tu remarques, dans cette prise, une femme de belle figure, qu’elle te plaise, et que tu la veuilles prendre pour épouse,  tu l’emmèneras d’abord dans ta maison ; elle se rasera la tête et se coupera les ongles,  se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère, un mois entier. Alors seulement, tu pourras t’approcher d’elle et avoir commerce avec elle, et elle deviendra ainsi ton épouse. S’il arrive que tu n’aies plus de goût pour elle, tu la laisseras partir libre de sa personne, mais tu ne pourras pas la vendre à prix d’argent : tu ne la traiteras plus comme esclave, après lui avoir fait violence » (Dt 21, 10-14)

Face au délire d’appétit sexuel du combattant qui se vit déjà comme mort, la Torah ne dit pas « non ! STOP ! ». Elle sait que cette pulsion incontrôlable de l’homme en état de fragilité mentale extrême qui peine à maintenir sa personnalité fragile et n’a plus aucune valeur à ses propres yeux, ne peut être stoppée net par la raison, impuissante face au torrent émotionnel. La Torah raconte le désir avide dans toute sa crudité : une belle femme captive est à sa merci, le fantasme masculin absolu, la « femme-objet » parfaite… « esclave » en miroir du désir de l’homme qui s’objective lui-même.

Alors la Torah propose une sorte de négociation avec le désir qu’explicite Rachi :

« Elle fera ses ongles » : Elle les laissera pousser pour s’enlaidir (Sifri).

« Elle ôtera le vêtement de sa captivité » : pourquoi ? Parce que ses vêtements sont beaux. Car les filles des païens s’embellissaient pendant les guerres afin d’entraîner les autres à se prostituer avec elles.

« Elle demeurera dans ta maison » : Dans la partie de la maison dont il se sert : Il bute sur elle quand il rentre, il bute sur elle quand il sort, il la voit telle qu’elle pleure, il la voit dans sa laideur. C’est pour qu’il en soit dégoûté.

« Elle pleurera son père » : Pourquoi tout cela ? Pour que la fille d’Israël soit dans la joie tandis qu’elle est dans la tristesse, pour que la fille d’Israël soit rendue plus belle tandis qu’elle s’enlaidit.

« Il bute sur elle quand il rentre, il bute sur elle quand il sort, il la voit telle qu’elle pleure » conclut Rachi. Il s’agit, face au raz de marée du fantasme qui veut tout, tout de suite, de rétablir l’autorité du réel et de la durée. Tu la prendras mais attend un peu… juste un mois. L’homme bute sur le corps de la femme, sur le réel. Il est peu à peu ramené à la réalité, à sa propre fragilité de créature et comme par définition le rêve ne dure qu’un instant alors que le réel est têtu… cet homme retrouve ses esprits. A force d’attendre, de se retrouver confronté à la faiblesse de la femme, à sa misère, l’idole féminine, ce « tout » qui aurait pu étancher le désir de l’homme assoiffé, l’idole se dégonfle. La femme est un autre lui, aussi faible que lui, et pas le dieu qui l’a subjugué un instant.

« S’il arrive que tu n’aies plus de goût pour elle, tu la laisseras partir libre de sa personne, mais tu ne pourras pas la vendre à prix d’argent: tu ne la traiteras plus comme esclave, après lui avoir fait violence » (Dt 21, 14)

L’homme est donc désormais libre de son désir, soit il l’épouse, c’est à dire la choisit à nouveau mais librement, soit il se sépare d’elle ; et la Torah lui enjoint de ne pas traiter cette femme comme un objet sous la main vendable à sa volonté.

Mais l’homme doit envisager les conséquences de ses actes. Rachi, dès le début de l’épisode explique que les épisodes de la belle captive, de la femme aimée et de l’autre délaissée et du fils rebelle sont les conséquences les uns des autres :

« Ce sera, si tu ne la désires pas » : Le texte t’annonce que viendra un jour où tu la haïras. La Tora ne stipule ici que pour tenir compte du yotser hara (Qiddouchin 21b). Car si le Saint béni soit-Il ne la lui avait pas permise, il l’aurait épousée malgré l’interdiction. Mais s’il l’épouse, un jour viendra où il la haïra, comme il est écrit dans la suite : « Lorsque seront à un homme deux femmes, l’une aimée et l’une haïe… » (verset 15), et un jour viendra où il engendrera avec elle un fils indocile et rebelle » (verset 18). Voilà pourquoi ces [trois] paragraphes se suivent les uns les autres.

Suit donc l’épisode de la femme délaissée, qui n’est bien-sûr autre que « la belle  captive » quelques années plus tard… la vie est longue.

« Si un homme possède deux femmes, l’une qu’il aime, l’autre qu’il dédaigne ; si l’une et l’autre lui donnent des enfants, et que le fils premier-né se trouve appartenir à la femme dédaignée, le jour où il partagera entre ses fils l’héritage de ce qu’il possède, il ne pourra point conférer le droit d’aînesse au fils de la femme préférée, aux dépens du fils de la dédaignée qui est l’aîné. C’est le fils aîné de la dédaignée qu’il doit reconnaître pour tel, lui attribuant une part double dans tout son avoir ; car c’est lui qui est le premier fruit de sa force, à lui appartient le droit d’aînesse. » (Dt 21, 15-17)

La Torah nous apprend là à envisager les conséquences de nos actes pas seulement sur notre champ de bataille spirituel personnel mais aussi pour nos descendants. Cette polygamie théorique a des conséquences. Le fils de la dédaignée sera forcément un rebelle, un « moins que rien » à ses yeux puisque sa mère ne vaut pas grand-chose aux yeux de son père… et qui voudra exister par n’importe quel moyen fut-ce au détriment de la société dans l’addiction du « stade oral » le plus régressif  à la boisson ou à la ripaille à jet continu :

« Si un homme a un fils indocile et rebelle, sourd à la voix de son père comme à celle de sa mère, et qui, malgré leurs corrections, persiste à leur désobéir, son père et sa mère se saisiront de lui, le traduiront devant les anciens de sa ville, au tribunal de sa localité, et ils diront aux anciens de la ville : ‘‘Notre fils que voici est indocile et rebelle, n’obéit pas à notre voix, s’adonne à la débauche et à l’ivrognerie’’. Alors, tous les habitants de cette ville le feront mourir à coups de pierres, et tu extirperas ainsi le vice de chez toi » (Dt 21, 18-21)

Il faut lire le Talmud qui commente ce passage. Si un homme a un fils indocile et rebelle on les appelle tous les deux et le père et le fils. Et si le fils dit « Quand je me lève le matin mon père est déjà parti et quand je me couche le soir il n’est toujours pas revenu »… ça veut dire que cet homme est en train de lapider son fils. Il ne lui parle pas, il n’est pas là et l’enfant n’a personne contre qui s’appuyer pour se construire. Et quand on ne parle pas à un enfant celui-ci culpabilise et il a pitié de ses parents. Et cette culpabilité finit par le détruire. Ou alors il s’en va !

Pas plus que le « œil pour œil dent pour dent » n’invite à créer deux aveugles mais exprime l’égalité dans la justice ; la lapidation ou la mort physique dans la Torah est la conséquence d’une situation et non pas une peine capitale. De cet enfant glouton sans limites qui refuse d’obéir à ses parents la Torah dit qu’il faut le lapider… hors selon nos Sages on n’a jamais lapidé quelqu’un en Israël. Cela veut dire que si cet enfant se comprend comme un vaurien, quelqu’un de complètement dévalorisé à ses yeux et donc capable de n’importe quoi, il est « mort ». Et déjà « mort » il n’a plus rien à perdre. Il peut devenir un mass murder pour être une star d’un quart d’heure à la télé et qu’on retienne son nom qui n’a jamais existé.

Que faire ?

Dans ce cas dit le Torah nous dit : on appelle ses parents. Car ce sont eux qui sont coupables, qui ne l’ont pas aimé, qui n’ont pas perdu de temps pour cet enfant, qui ne lui ont pas parlé. Cet enfant est donc « mort pour la société » et c’est ce que signifie la lapidation « hors du camp », c’est-à-dire l’exclusion sociale. Cette lapidation n’est pas une peine suite à un jugement mais la simple constatation que cet enfant se considère comme mort socialement. Et on convoque les parents car ce sont eux les responsables. C’est l’avidité du père qui a méprisé la mère, (celle qui était autrefois la belle captive et dont la présence est maintenant un reproche vivant et permanent de son désir vain) qui conduit à la dévalorisation du fils et aux drames en tous genres, conséquences de toutes les addictions.

La Torah raconte simplement l’enchaînement de cause à effet et le cercle vicieux qui peut se mettre en œuvre.

Rachi observe :

Et le fils indocile et rebelle est mis à mort à cause de ce qui [ne manquera pas d’arriver] un jour, car la Torah a pénétré au plus profond de sa psychologie : Un jour viendra où il dilapidera le patrimoine de son père et, cherchant en vain à assouvir ses passions, il se tiendra à la croisée des chemins et détroussera les passants. La Torah dit : « Qu’il meure innocent plutôt que de mourir coupable ! » (Sanhédrin 70 a à 71b).

La Torah a pénétré au plus profond de la psychologie. Première explication.

Le fils rebelle existe, je l’ai rencontré !

Seconde explication : la Michna se pose seulement la question de la possibilité d’en arriver à cette situation. Elle va analyser en détail la possibilité même de l’existence d’un fils rebelle.

Tout d’abord quel est l’âge de ce fils rebelle ? « À partir de quand un fils têtu et rebelle devient-il passible de la peine de mort infligée à un fils têtu et rebelle ? » (Sanhédrin 68b)

Les sages disent qu’on l’appelle « fils » parce qu’il est encore soumis à l’autorité de ses parents. Mais il ne peut être condamné à mort s’il n’est pas adulte : « Un mineur moins de treize ans est exempt de la peine infligée à un fils têtu et rebelle, parce qu’il n’a pas encore atteint l’âge d’être responsable des mitsvot ». Et la mishna enseigne qu’ « un garçon ne peut être condamné comme un fils têtu et rebelle que jusqu’à ce qu’il ait développé une barbe naissante. Le rabbi Ḥiyya enseigne une baraïta qui dit: ‘Jusqu’à ce que les cheveux entourent la couronne’. ». La Guemara (Sanhédrin 69a) va fixer ce délai entre la bar mitsvah et l’âge pubien à 3 mois.[2] Elle finit par statuer : « Cela semble indiquer que sa responsabilité dépend de sa maturité physique et non d’une période donnée »

Donc l’enfant est un ado juste bar Mistvah mais pas vraiment encore adulte.

« À partir de quand un fils têtu et rebelle est-il responsable ? À partir de ce moment, il mange un tarteimar de viande et boit une demi- log de vin italien. Rabbi Yosei dit : ‘‘À partir du moment où il mange un maneh de viande et boit un log de vin’’. » (Sanhedrin 70 a)

Mieux, la mishna énumère ensuite une série de conditions concernant son alimentation et sa consommation d’alcool.

 « S’il a mangé ces éléments avec un groupe assemblé pour l’exécution d’une mitsva, ou s’il les a mangés lors un repas pour célébrer la néoménie, ou s’il a mangé ces éléments quand ils avaient le statut de deuxième dîme, à Jérusalem, il n’est pas considéré comme un fils têtu et rebelle parce que chacune de ces circonstances implique un aspect de la mitsva. S’il mangeait la viande de carcasses d’animaux non abattus ou d’animaux portant des blessures qui les auraient provoqués dans un délai de douze mois ou des créatures répugnantes ou des animaux rampants, ou s’il mangeait des produits non déchiquetés dont la dîme et la terouma n’étaient pas séparés, ou la première dîme dont le terouma n’était pas séparé, ou la deuxième dîme en dehors de Jérusalem ou une nourriture consacrée qui n’était pas rachetée, chacune étant une transgression, il ne serait pas considéré comme un fils têtu et rebelle. » (TB Sanhédrin 70a)

A la fin le nombre de conditions devient tellement important qu’on se demande qui peut encore être un fils têtu et rebelle !

Mais la guemara par la voix du rabbin Zeira commente piteusement : « En ce qui concerne ce tarteimar mentionné dans la michna, je ne sais pas quelle est sa mesure ». Evidement une peine dont on ne connait pas les critères est inapplicable !

Le Rav Hanan bar Molada répond au nom du Rav Huna: « Un fils indocile et rebelle n’est pas responsable , à moins qu’il achète bon marché (bezol) de la viande et la mange, et du vin à bon marché et des boissons il, comme il est écrit: « Il est un glouton [zolel] et un ivrogne. »

« Rav Ḥanan bar Molada rapporte les propos de Rav Huna : Un fils têtu et rebelle n’est pas responsable sauf s’il mange de la viande crue et boit du vin non dilué. »

Quant à Rabba et Rav Yosef ils disent tous les deux : « S’il mangeait de la viande fortement salée ou buvait du vin de son pressoir, c’est-à-dire un vin qui n’avait pas fini de fermenter, il ne deviendrait pas un fils têtu et rebelle. »

S’ensuit une discussion sur la viande salée… puis le vin qui réconforte le cœur des endeuillés… On considère enfin des fils rebelles et lointains imaginaires, forcément allés à l’extrême limite. Et comme l’ivresse évoque Noé, après avoir cité le passage où il est question de Noé, la Guemara entame une discussion sur ce que lui a réellement fait son plus jeune fils, Ham. « Rav et Shmuel n’étaient pas du même avis : l’un dit que Ham a été castré par Noah et l’autre que ce dernier l’a sodomisé. » mais d’autres inversent les personnages !… bref le retour au stade anal le plus vil et même la castration symbolique… ne permettent pas de se prononcer sur le fait de savoir si Ham, « le chaud » en hébreu qui a « fait son chaud » était un fils indocile et rebelle.

Mais au final aucun des rabbins, qui avaient dû en voir d’autres concernant des fils rebelles, n’est – pas plus que nous ! prêt à excommunier son fils et à le tuer.

Car comme le souligne Jacob Ouanounou Il est de la nature même de la relation père-fils d’être conflictuelle et c’est la base même de l’éducation. Un fils adolescent sait que c’est lui qui mène le jeu et pas son père.

Un fils défie l’autorité de son père pour s’affronter à la loi, la transgression et le rappel lui permet d’en éprouver la réalité, et qui sait jusqu’où ce défi peut aller ? Et que peut y faire un père ?

Donc on manie l’épée de Damoclès du châtiment mais à la fin un fils bien aimé est un fils bien-aimé fut-il en prison et l’obligation d’aimer et d’enseigner la Torah à son fils n’a pas de limite, en aurait-il transgressé tous les commandements !

Et la Guemara finit par avouer :

« Conformément à l’opinion qui est enseigné dans une baraïta : Il n’y a jamais eu un fils indocile et rebelle et il n’y en aura jamais à l’avenir, car il est impossible de répondre à toutes les exigences qui doivent être respectées afin d’appliquer cette halakha.

Alors, pourquoi le passage relatif au fils indocile et rebelle est écrit dans la Torah? Pour que vous puissiez exposer de nouvelles conceptions de la Torah et recevoir une récompense pour votre apprentissage, cet aspect de la Torah n’a qu’une valeur théorique. Qui soutient cette opinion ? Elle est conforme à l’opinion du rabbi Yehouda, qui dit que tous les parents sont semblables dans leurs sentiments, ce qui rend pratiquement impossible l’application de la halakha. » (Sanhédrin 71a)

Donc le fils rebelle lapidé n’existe pas… c’est un cas d’école. Quel père en aurait douté.

Mais c’était compter sans le témoignage du rabbin Rabbi Yonathan qui dit :

« J’étais une fois dans un lieu où un fils têtu et rebelle a été condamné à mort et je me suis même assis sur sa tombe après son exécution. »

Bref : le fils rebelle existe, je l’ai rencontré… où du moins j’ai vu sa tombe.

Comment comprendre cette histoire ?

Une première manière de la lire est le fait que le fils rebelle est peut-être enterré ici… mais rien ne prouve qu’il ait été exécuté en punition de son statut !

Une seconde interprétation consiste à… lire les passages suivants dans la guemara qui continuent par un raisonnement à fortiori semblable en disant qu’aucune ville au monde ne saurait être dite païenne car il y a sans aucun doute au moins un juif qui y possède une mezouza sur sa porte, ce qui reste bien sûr une supposition ! Il est donc probable sinon absolument sûr qu’il n’existe pas de ville païenne puisqu’il y a un juif dans chaque ville de la galout !

De même pour le fils Rebelle : il faut que la Loi ait la possibilité théorique d’être réalisée au moins une fois en ce monde pour qu’elle puisse faire force de la loi et pas seulement une simple admonestation sans effet possible !

Mais personne ne peut être sûr qu’il n’y ait pas quelque part en ce monde une villa sans mezouza ou un fils rebelle dans une tombe qui ne soit pas parti de sa belle mort ! Et un fils rebelle que son père aurait laissé mourir sous le jugement du bet din. Ce qui en dirait plus sur ce tribunal et sur ce père que sur son fils…

Qu’est-ce qu’un fils ? un enfant qui cherche la limite de la Loi, fut-ce jusqu’à l’absurde. Cette limite qui va le structurer et lui permettre de s’appuyer sur un tuteur, un re-père. Sans loi l’ado est « mort socialement », il ne pourra jamais entrer dans la société adulte.

Les Sages en déduisent aussi que l’homme et la femme doivent parler de la même voix, ce qui est le début de toute éducation. Au risque de compromettre toute parole.


[1] « Voilà que chez vous tout est plaisir, allégresse, tuerie de bœufs, égorgement de moutons, mangerie de viandes, beuverie de vin : « Mangeons et buvons, dites-vous, car demain nous mourrons. »

[2] Revenons à l’ affaire elle-même: le rabbin Kruspedai dit que le rabbin Shabbtai a déclaré: Le temps pendant lequel il est possible de juger et de condamner un fils têtu et rebelle n’est que de trois mois. La Guemara demande: Mais n’avons-nous pas appris dans la mishna qu’un garçon peut être jugé comme un fils têtu et rebelle à partir du moment où il fait pousser deux poils pubiens jusqu’à ce qu’il se laisse pousser une barbe autour de ses organes génitaux? Cela semble indiquer que sa responsabilité dépend de sa maturité physique et non d’une période donnée. La Guemara répond: S’il se laissait pousser la barbe autour des parties génitales, même s’il ne s’était pas écoulé trois mois,il ne peut plus être tenu pour responsable en tant que fils têtu et rebelle. Et si trois mois se sont écoulés, alors même s’il n’a pas grandi une barbe autour de ses parties génitales, il est tout aussi exempté.

Laisser un commentaire