Un commentaire de la paracha du dernier Shabbat (à lire ici) par le Rav Haïm Harboun.
L’unité, l’Un (Ehad) est l’arrière fond de toute la paracha Térouma. Ce mot UN est au cœur du judaïsme. Il est le premier et le dernier mot de notre office du shabbat : C’est de cela que parle la paracha Térouma.
Cette unité est individuelle et sociale. Le bon fonctionnement de la société est fondé sur une personnalité solide, équilibrée, en un mot unifiée. Par conséquent une personnalité émiettée, disloquée, schizophrène (étymologiquement un « esprit » « coupé, déchiré ») met en danger tout l’équilibre d’une société, la disloque.
Pour nous signifier cette idée la Torah nous explique dans les moindres détails la construction du Michkane (Sanctuaire, tabernacle), ce Temple portatif que nos ancêtres nomades ont transporté pendant 40 ans au désert. Celui-ci est un symbole de l’unité de l’individu accompli. Il symbolise la société idéale et ses composantes, les hommes et les femmes et toute la nature.
Nous évoquerons trois points : la construction de l’arche (arone), les chérubins, et enfin le candélabre (ménora).
L’Unité dans la construction de l’Arche
A propos de la construction de l’Arche qui contenait les tables de la Loi et les débris des tables brisées. La Torah nous précise : « Tu la plaqueras d’or pur, de L’INTERIEUR ET DE L’EXTERIEUR » autrement dit : l’intérieur est comme l’extérieur. Tel doit être un homme.
Chacun connaît au moins une personne qui embrasse et qui en même temps tient le couteau dans sa main derrière son dos. Une personne unifiée est une personne qui n’est pas schizophrène, coupée en deux. Cela veut dire que je ne peux pas dire quelque chose et penser autre chose. Un père ne peut pas dire à un enfant ce qu’il faut faire, par exemple ne pas mentir ou voler, et ne pas lui donner l’exemple.
Cet « intérieur » et cet « extérieur » qui doivent s’accorder ont une profonde signification. La langue hébraïque qui exprime la pensée juive utilise le même mot pour exprimer « l’intérieur », Penim, un mot qui désigne aussi le « visage », Panim (au pluriel car on a deux yeux, deux oreilles…). Pnim, ces deux mots sont composés des mêmes lettres pour nous dire que les deux doivent être identiques.
Cette idée de visage en concordance avec l’intérieur, reflet de la spiritualité, parcourt tout la Torah. Ainsi Moïse parle à D. panim el panim, visage contre visage, face à face, sans confusion (deux droites parallèles ne se rencontrent jamais !).
L’arche en bois d’acacia doit être dorée à l’intérieur et à l’extérieur. Elle est le symbole de l’unité de D., de la vocation de l’homme à l’unité. Nous devons tendre vers l’unité.
L’unité se retrouve dans tous les aspects de la vie juive, même dans les lois de la nutrition. Le Judaïsme interdit la consommation du porc bien qu’extérieurement il réunit les signes de la cacherouth il a des sabots fendus et les pieds fourchus et d’un point de vue extérieur il semble donc casher, mais à l’intérieur, il ne rumine pas ! (« Vous mangerez de tout animal qui a le sabot fendu, le pied fourchu, et qui rumine » Lévitique- Vayikra 11, NDLR) Il est donc interdit Parce que l’intérieur n’est pas identique à l’extérieur. L’apparence est bonne mais l’intérieur est mauvais.
L’arche est construite dans un premier temps en bois mais ce bois n’est pas apparent on ne voit que l’or pur à l’extérieur. Parce que le bois est facile à acquérir mais l’or demande beaucoup de travail. Pour nous dire que la Torah exige beaucoup d’effort pour être acquise. Nous devons passer du bois à l’or par la Torah.
L’Unité des Chérubins
Nous devons donc imaginer cette arche avec les tables brisées à l’intérieur et les nouvelles tables avec un couvercle sur lequel deux figures ailées qui se regardent face à face.
Les chérubins représentent l’enfance et l’innocence.
Et, là encore, eux aussi doivent être UN. La Torah exprime cette idée en nous disant que la fabrication des chérubins doit être d’une seule pièce et ne doit pas se faire par un montage de plusieurs pièces.
Cette unité dans la fabrication concerne toute les pièces de l’arche. La Torah dit à ce propos : Tu feras des barres dans les anneaux sur les flancs de l’arche pour porter l’arche. (Exode- Chemot 25,14) Et elle ajoute : « Ces barres ne seront jamais retirées mais doivent faire partie de l’arche (pour ne pas en briser l’Unité) »
L’Unité du Candélabre
Le Candélabre est le symbole du peuple d’Israël. A son propos la Torah dit : « Tu feras une MENORA son socle et sa tige ses coupes, ses boutons et ses fleurs en seront (Ex 25,31) ; le verset 32 parle des branches et les versets 33, 34, 35, 36 décrivent le reste de la ménorah.
Les boutons se fanent très vite ils représentent les personnes sans trop de volonté pour appliquer toutes les Mitsvoth. Les Coupes sont le symbole de ceux qui ne pensent qu’à boire et à manger. La Tige centrale représente les grands sages et les six barres, trois de chaque côté, le peuple qui s’accrochent à la tige centrale (Les savants) ET enfin la Torah ajoute TOUTE LA MENORA SERA D’UNE SEULE PIECE. Cela pour nous dire que dans le peuple il y a toutes sortes de catégories : les bons vivants, les faibles, les savants, le menu peuple etc. Tout cela doit être d’une seule pièce (coulé dans un moule et non pas par montage de plusieurs pièces). Nous retrouvons encore une fois cette idée de l’Unité partout.
Ainsi de tous les éléments qui entrent dans la construction du tabernacle. L’objectif est que chacun de nous s’unifie donc peu à peu par la Torah pour unifier la société, l’humanité tout entière.