Qu’est-ce qu’on n’ose pas dire ?
Qu’il y a une haine des juifs en France. Tant qu’on n’accepte pas de le dire, alors on est dans une idée léthargique de la société, «tout va bien, ça pourrait aller mieux…» Mais si on fait le diagnostic, alors on peut mettre en route des mesures de formation de la jeunesse, un contrôle de ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux et les satellites, qui arrive du monde entier et qui diffuse la haine. Il y a une part de la population, une petite part heureusement, qui a une haine des juifs qu’elle habille des oripeaux de l’antisionisme. Dans cette manifestation, on a entendu «A mort les juifs !», «Les juifs dehors» et ce n’est pas la première fois qu’on entend ces slogans insupportables à Paris et ailleurs. Je voudrais rappeler que ce week-end il y a eu une attaque de jeunes hurlant des slogans antisémites contre la synagogue d’Asnières et des cocktails Molotov lancés contre la synagogue d’Aulnay-sous-Bois.
Des attaques que vous séparez du conflit au Moyen-Orient ?
Absolument. Lundi soir, par exemple, au journal d’une grande chaîne de télé, après les sujets nationaux, on a eu des sujets internationaux, des reportages à Gaza, et, dans la foulée, comme un corollaire de Gaza, on continue sur ce qui s’est passé à la synagogue de la Roquette. Pour moi c’est une grave erreur. La haine qui s’exprime n’est pas liée à ce qui se passe à Gaza. Si c’était vraiment lié à l’actualité internationale, on aurait vu des gens manifester à Paris contre ce qui se passe en Syrie ou des massacres de populations dans le monde. Mais non, ce qui s’exprime c’est l’obsession anti-israélienne et antisémite. Une haine qui se manifeste au quotidien même quand il n’y a pas de guerre : des jeunes juifs sont frappés dans le métro, dans la rue…
LES FAITS :
par Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès dans Le MOnde du 16 juillet 2014.
Le témoignage du président de la synagogue Abravanel
« C’était censé être un rassemblement pour la paix – de paix pour les Israéliens, et de paix pour les Arabes. » C’est par ces mots que Monsieur Serge Benhaim, président de la synagogue Don Isaac Abravanel, rue de la Roquette, choisit de revenir sur les incidents de la veille.
Lui et ses collègues désiraient en effet faire quelque chose pour aider à promouvoir la paix au Moyen-Orient. Et c’est ainsi que le projet d’organiser une grande prière communautaire avait vu le jour.
Située dans le quartier branché du 11ème arrondissement, cette importante synagogue orthodoxe séfarade est un lieu de culte vibrant de vie et d’activité. Des centaines de fidèles participent aux offices du Chabbat, dont de nombreuses familles avec des enfants en bas âge.
Mais à mesure que la date de ce rassemblement pacifique approche, l’atmosphère en France s’assombrit. Aux quatre coins de l’Hexagone, des manifestations anti-israéliennes sont prévues, et les vocables employés dans les programmes de ces évènements n’ont rien de pacifique.
« Vendredi matin, nous avons appris qu’un rassemblement anti-israélien se tiendrait à proximité de la Synagogue, et à la même heure que la prière » se souvient Monsieur Benhaim. Détail qui n’augure rien de bon, les organisateurs prévoient une manifestation partant de la Bastille et se terminant devant la Synagogue Don Isaac Abravanel.
« J’ai dit à la police que ce serait dangereux, et leur ai demandé de changer la trajectoire du défilé pro-palestinien ou du moins de l’écourter, de manière à ce qu’il débouche loin de notre synagogue » poursuit Monsieur Benhaim. La police lui assure qu’ils n’ont aucun souci à se faire, que la situation est sous contrôle.
Mais la tension continue à monter. Samedi soir, un cocktail Molotov est lancé sur la synagogue d’Aulnay sous Bois, en banlieue parisienne et deux autres hommes armés sont arrêtés à proximité de l’entrée d’une autre synagogue du 20ème arrondissement.
Dimanche 13 juillet, à l’heure du rassemblement anti-Israël, 8 000 Parisiens affluent place de la Bastille pour écouter, et répéter, des accusations contre les Juifs et de l’État juif.
Entièrement d’accord avec le RAV Haïm Korsia !