Oscar Gröning est le premier responsable nazi à avoir demandé pardon aux représentants des victimes

Dans le Figaro de ce jour une interview d’une certaine Marie-Pierre Samitier :

INTERVIEW – «Je suis désolé», a déclaré le comptable d’Auschwitz à son procès. Pour Marie-Pierre Samitier, auteur de Bourreaux et survivants, Faut-il tout pardonner ?, ces excuses ont une valeur de symbole décisive.

LE FIGARO: 70 ans après les faits, Oscar Gröning, le comptable d’Auschwitz, a été condamné à quatre ans de prison pour complicité dans la mort de 300.000 hommes. Est-ce important de punir les coupables si longtemps après leurs crimes?

MARIE-PIERRE SAMITIER*: Oui, c’est important, même si longtemps après. Pour l’exemplarité de la peine (légèrement supérieure à ce qui était attendu) et pour l’imprescriptibilité qui accompagne la notion de crimes contre l’Humanité. Cette imprescriptibilité est à la mesure de la gravité de la faute commise. Si longtemps après, c’est un procès politique qui est fait là à travers les institutions judiciaires, un procès politique c’est-à-dire un procès qui a valeur de symbole: c’est le représentant du système nazi de l’époque qui est condamné. L’Allemagne d’aujourd’hui condamne donc ce qu’il s’est passé à travers ses hommes de loi.

«Je suis profondément désolé.», a affirmé le nonagénaire pendant son procès. Est-ce rare qu’un bourreau s’excuse pour ses actes?

Oscar Gröning est le premier responsable nazi (même s’il était très jeune à l’époque) à avoir demandé pardon aux représentants des victimes dans le cadre d’un procès. C’est un acte fort parce que la demande de pardon signifie qu’il reconnaît ses fautes commises envers autrui. C’est également un acte fort parce qu’il est unique. Je raconte dans mon livre que les Nazis n’ont jamais exprimé de demandes individuelles de pardon: ils ont été persuadés avoir eu raison jusqu’au bout. C’est le cas de Rudolf Hess (directeur du camp d’Auschwitz) par exemple et des autres prisonniers de Spandau (prison de Berlin où étaient enfermés des criminels nazis après la guerre). La prison a été détruite, elle abritait jusque dans les années 1980 sept hauts dignitaires nazis qui n’ont jamais exprimé de regrets, même si parmi eux Albert Speer (l’architecte d’Hitler) a parfois tenu des propos hésitants sur le sujet. Tous ont estimé jusqu’à la fin qu’ils avaient eu raison de vouloir éliminer «tous les Juifs».

Cette demande de pardon est-elle importante symboliquement?

La demande de pardon d’Oscar Gröning signifie qu’il reconnaît avoir eu tort et qu’il veut changer, faire «Techouva» selon le terme hébreu (la notion de pardon si essentielle pour les Juifs et les Chrétiens vient de là). Cela signifie la possibilité d’un «retour» (Techouv en hébreu) et donc qu’un recommencement est possible avec l’instauration de nouvelles relations entre les individus.

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