« Ô Éternel, D. vrai, qui ne sommeille ni ne dort, qui réveille ceux qui dorment et ranime ceux qui somnolent, qui ressuscite les morts et guérit les malades… »

A toi Yaël J., à ton frère à ta Maman guéris Baroukh Achem ! Cette Tefilah (prière) adressée à tous les vivants et ceux qui peinent dans la douleur du Coronavirus.
Au Rav Hamou.
A Néda.
Que le Chomer- Gardien d’Israel vous donne la couronne de la Refoua Chelema.
Que le Chomer veille sur les vaillants soldats des corps qui risquent leur vie jour et nuit et veillent au péril de leur vie.
Que soit béni le Grand Rabbin Haïm Korsia qui court d’un malade à l’autre sans relâche avec son téléphone et qui m’a réconforté en mon confinement dans une autre peine en ce jour.


 » Vois il ne dort ni ne veille, le Chomer (gardien) d’Israël. »

Ps 121, 4

Si tu doutes de ce que je te dis crois en au moins nos Sages, je n’invente rien qu’ils n’aient dit, regarde en note [1]).

« Nichmat Kol ‘Haï » : Que l`âme de tout vivant

Le « Nichmat Kol ‘Haï » composé à l’époque des Tannaïm est chanté dans la prière du matin de Chabbat, des fêtes, et aussi le soir du Séder de Pessa’h (traité Pessa’him 118).

D’Autres attribuent la paternité de ce chant à Chimon Ben Chatah le frère de la Reine d’Israël Salomée Alexandra qui régna en 75-67 avant notre ère.
Ce « Bircat Achir » (la bénédiction du chant) est aussi mentionné dans le Talmud qui dit qu’il était chanté après le Cantique du passage de la mer (on en retrouve des expressions). Il date donc au moins de l’époque talmudique.

La coutume est de réciter « Nichmat Kol ‘Haï » après avoir été délivré d’une souffrance après s’en être sorti sain et sauf; et en public lorsqu’on doit traverser une période dangereuse. C’est seulement à l’époque des guéonim (8e-11e siècle) qu’on ne l’a plus prononcé principalement qu’à Chabbat.

La 3ème partie se compose de quatre versets courts qui enchâssent les noms d’Isaac et Rivka. Ce Quidouchine (fiançailles, mariage, de quadosh, « Saint » = « choisir, particulariser » en hébreu et non pas « être un petit saint », un petit dieu… ce uies t de l’idolâtrie) d’Issac et Rebecca a la signification de l’amour dans notre Tradition. Isaac symbolise la prière de l’après midi, celle de Minha.

« Parmi les saints d’Israël (nous !) » et pour tous nos frères et soeurs humains « que l’Éternel soit loué ». « Aux gens intègres et aux tsadikim convient la louange ».

L' »efficacité »de la prière ?

Pourquoi Issac et Rebecca sont-ils évoqués à la fin du Nichma Kol ‘Haï ? Allez au bout de ce post et vous découvrirez ce secret.
Voici explication une hypothèse de moi et qui ne vaut pas plus : dans ‘Hayé Sarah nous lisons que lorsqu’Abraham envoya son serviteur Eliézer, chercher une épouse pour Issac celui-ci pria pour que sa mission soit couronnée de succès et… fut immédiatement exaucé.

« Il n’avait pas encore fini de parler lorsque Rébecca apparut… »

Gn 24, 15

Le Midrach dit :

« Il y eut trois personnes dont la prière fut immédiatement exaucée : Eliézer le serviteur d’Abraham, Moïse et Salomon. « 

Béréchit Rabba 9:4

La prière n’a pas pour fonction de provoquer une événement surnaturel qui irait contre les lois de la nature ou l’ordre du monde. C’est l’ordre du monde qui est lui-même surnaturel tout comme la guérison. D.ieu n’est pas un super ministre de la santé ou des finances qui nous comblerait de ce qui nous manque. Il ne peut être instrumentalisé, ce qui en ferait une idole, une chose de ce monde. Or D. est Un et un jour son Nom sera Un pour tous les être humains comme le dit la bénédiction à la fin de toute tefilah (Adonaï E’had Ouchmo E’had).

En réalité, celui qui prie est déjà exaucé nous a enseigné le Professeur Yechayahou Leibowitz via son disciple et traducteur Gérard Haddad; Celui qui ne sait pas cela n’a jamais prié véritablement.

« La prière n’est pas une tentative pour provoquer l’intervention du Créateur dans l’ordre de sa Création, tel qu’il l’a fixé. Le monde de D.ieu suit son cours selon les lois imprimées en lui par son Créateur. La signification de la prière n’est pas une demande pour que Dieu modifie le cours de son monde pour le bien de celui qui prie, mais elle est l’acte d’attachement à Dieu par le fait de Le servir, sans lien aucun avec ce qui se produit dans la réalité naturelle. Celui qui ne sait pas cela n’a, de sa vie, jamais accompli une prière croyante en D.ieu. (…)

« Pourquoi la prière des justes, des droits et des purs n’est-elle pas exaucée ? » la réponse est la suivante : Il n’est pas de prière qui ne soit exaucée ! Du fait que la prière n’est que l’expression, par celui qui prie de l’intention de servir D.ieu, il s’ensuit que cette prière  en elle-même constitue le succès de cette intention (…) De quoi s’agit-il alors ? De prier avec intention, c’est-à-dire avec l’intention religieuse de servir Dieu : ‘D.ieu est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’appellent en vérité‘. (…) Voilà le grand principe de l’éducation religieuse, et cela suffit à celui qui le comprend. »

Dans : Les fondements du judaïsme, causeries sur le Pirqé Avot (Aphorismes des Pères) et sur Maïmonide. Traduction de Gérard Haddad. Cerf, 2007, pg. 69-70.

L’Eternel « trône au milieu des louanges d’Israël » et c’est pourquoi nous continuons de chanter dans l’épreuve :

ד  וְאַתָּה קָדוֹשׁ–    יוֹשֵׁב, תְּהִלּוֹת יִשְׂרָאֵל.4 Tu es Saint, trônant (yoshev s’asseoir- comme chabbat) au milieu des louanges (tehilot) d’Israël.
ה  בְּךָ, בָּטְחוּ אֲבֹתֵינוּ;    בָּטְחוּ, וַתְּפַלְּטֵמוֹ.5 En toi nos pères (avoténou) ont espéré, ils ont eu confiance, et tu les as sauvés.
ו  אֵלֶיךָ זָעֲקוּ וְנִמְלָטוּ;    בְּךָ בָטְחוּ וְלֹא-בוֹשׁוּ.6 Ils ont crié vers toi et ont été délivrés; ils ont espéré en toi et n’ont pas été déçus. (Ps 22)

Seules les larmes brisent les portes d’airain des Cieux fermées depuis la destruction de notre Temple. Que viennent Machiah’ en notre génération.

Bircat Achir

« Que l`âme de tout vivant bénisse ton nom ; Éternel notre D.,
et que l’esprit de toute chair glorifie et magnifie ton souvenir, o notre roi,
constamment d’éternité en éternité tu es D.
Hormis toi, nous n’avons pas de roi qui délivre et sauve, qui rachète et libère, qui répond et a pitié dans chaque moment de malheur et d’oppression.
Nous n’avons pas de roi qui secoure soutient si ce n’est Toi,

D. des origines et de la fin, D. de toutes les créatures, seigneur de tous les événements, célébré par toutes les louanges, qui dirige son univers avec amour et ses créatures avec miséricorde ;
ô Eternel, D. vrai, qui ne sommeille ni ne dort, qui réveille ceux qui dorment et ranime ceux qui somnolent, qui ressuscite les morts et guérit les malades, qui dessille les yeux des aveugles et redresse ceux qui sont courbés, qui fait parler les muets et dévoile les secrets, c’est à toi seul que nous rendons hommage.


Et quand bien même notre bouche serait pleine de cantiques comme la mer ; notre langue, de chants, comme la multitude de ses vagues, et nos lèvres, de louanges, comme les espaces du firmament ; quand bien même nos yeux seraient lumineux comme le soleil et la lune, et nos mains déployées comme les aigles des cieux, et nos pieds rapides comme les biches
nous ne pourrions épuiser l’hommage qui t’est dû, ô
Eternel, notre D., bénir ton nom, ô notre roi,
ne serait-ce que pour un seul des milliers de milliers, des myriades de myriades de bonté que tu as accomplis pour nos ancêtres.

Avant, déjà, tu nous avait délivré d’Egypte, o Etrenl notre D. rachetés de la maison d’esclavage; nourris pendant la famine, sustentés avec abondance, délivres du glaive, tirés de la peste, sortis de maladies graves et nombreuses.

Jusqu’à présent, ta miséricorde nous a secourus et ton amour ne nous a pas abandonnés.
C’est pourquoi, les membres que tu as répartis en nous, l’esprit et l’âme que tu as insufflés dans nos narines et la langue que tu as placée dans notre bouche, te rendent hommage, bénissent, louent, glorifient et chantent ton nom, ô notre roi !


Oui, toute bouche doit te rendre hommage ; toute langue doit te louer ; tout œil doit espérer en toi, tout genou doit plier devant toi, tout être dressé doit se prosterner devant toi, les cœurs te craindre, les entrailles et les reins chanter ton nom, ainsi qu’il est dit :
« Que tous mes os clament, ô Éternel : « qui est comme toi qui délivre le pauvre d’un plus fort que lui, l’indigent et le malheureux de leur voleur ». (Ps 35, 10)

Tu entends la plainte des pauvres, tu es attentif au cri du faible et tu sauves ! Il est écrit « Chantez Justes l’Eternel ! Aux intègres convient la louange » [à D.] (Ps 33, 1)


Par la bouche des gens intègres, sois magnifié !

Par les lèvres des justes, sois béni !

Par la langue des pieux, sois sanctifié !

Parmi les saints, sois loué !

Nichmat


(Les noms de Isaac- Itsrak et de Rebecca-Rivka, son épouse, apparaissent en acrostiche dans chacune des colonnes)

[1] L’Éternel, Chomer Israël :

Danny Trom, Persévérance du fait juif – Une théorie politique de la survie. Éd. de l’Ehess/Gallimard/Éd. du Seuil, 2018.

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