

Plateau iranien, 18e siècle.
Un passage énigmatique tiré du Talmud de Jérusalem (Makot 11 a) nous éclaire sur la Techouva :
« On demanda à la Hokhmah, la Sagesse : Qu’adviendra-t-il d’une âme qui a fauté ? La hohkmah répondit : « Le fauteur ; le mal le poursuivra ».
On posa la même question à la prophétie. Elle répondit : « Le fauteur devra mourir ! »
On posa la même question à la Torah qui répondit : « Qu’il apporte un sacrifice et le pardon lui sera accordé. »
Enfin, on demanda à D.ieu ! D.ieu répondit : « Qu’il fasse Téchouva, qu’il retourne à D.ieu et il sera pardonné. »
Tout cela est bien étrange. Pourquoi la sagesse, la Prophétie, la Torah et D.ieu auraient quatre avis différents ? Les quatre réponses apportées par la sagesse, la prophétie, la Torah et D.ieu sont les quatre étapes indispensables au pardon. Elles ne s’opposent pas mais se suivent. On ne peut pas pardonner comme ça de but en blanc, d’un pardon à bon marché qui ne coute rien mais qui finalement ne vaut rien ! C’est un chemin en quatre étapes. Pour « faire Téchouva », pour opérer un retour sincère à D.ieu. il faut d’abord parcourir une première étape que nous suggère la sagesse, la Hokhmah quand nous prenons un peu de recul. « Le fauteur ; le mal le poursuivra ! »
Nous prenons d’abord conscience de la gravité de notre faute. Nous avons blessé inutilement, nous avons trompé, volé, blessé, peut-être tué en disant du mal à distance. Le lachion hara peut faire tant de mal à distance ! Tant que nous ne sommes pas hantés par notre faute en y pensant chaque fois que nous nous arrêtons, rien ne peut arriver, cette faute détruit notre entourage, mais surtout notre culpabilité détruit. Nous devons être rongés par la faute pour que nos mauvaises actions ne continuent pas leur œuvre de mort en nous, dans notre couple, dans notre famille, dans la communauté, dans la société.
Une fois que nous avons pris conscience du mal que nous avons fait, arrive le message de la prophétie : « Qu’il meurt ! ». Nous sommes écrasés de remords. Nous prenons alors conscience que D.ieu nous a donné un cœur, un corps, une intelligence, la santé et que nous les avons utilisé pour faire souffrir notre prochain. Celui qui est fermement repentant arrive à la conclusion qu’il a gaspillé le don de D.ieu. Nous avons réalisé l’opposé de qui est dit par la Torah qui veut nous faire vivre. Notre vie en ce monde ne vaut donc plus rien : « Qu’il meurt ! » dit la Prophétie.
La Torah rentre alors en piste, c’est le dernier espoir : « Qu’il apporte un sacrifice et le pardon lui sera accordé. ». Mais pourquoi un sacrifice ? D.ieu aurait-il besoin qu’on tue des bêtes pour le satisfaire ? Le sacrifice, le korban d’une bête au Temple, provoque un électrochoc dans l’esprit de celui qui est sincèrement traversé par un remord déchirant. Grâce à ce choc émotionnel, je vois mon plus beau bien, ma plus belle bête sans défaut (temim), mourir. Je prends alors conscience que c’est moi qui aurait dû me trouver sur l’autel à la place de cet animal.
A ce moment, c’est la quatrième étape. Ne peut y arriver que le repentant sincère ! L’Eternel dit simplement : « Qu’il fasse Téchouva, qu’il retourne à D.ieu et il sera pardonné. » D.ieu attend de nous que nous nous améliorions, que nous modifiions notre comportement, et que nous changions nos habitudes. Et à cette seule condition d’avoir franchi ces quatre étapes, nous dit le Talmud, la culpabilité est effacée.