Oradour-sur-Glane

Si vous passez prés de Limoges, allez visiter le village d’Oradour-sur-Glane. Vous verrez où a pu mener la folie en Europe. Le massacre (642 victimes) a été perpétré le 10 juin 1944 par des jeunes hommes, Waffen-SS  de la Panzerdivision Das Reich qui remontait sur la Normandie où avaient débarqué les américains. Des français (‘malgré-nous’ : enrolés de force) en faisaient partie. La vieille méthode ramenée du front de l’Est a été appliquée : rassembler la population civile sur une place, séparer les hommes des femmes et des enfants, puis tuer et incendier pour effacer les traces, enfin inventer un prétexte bidon. 
Le silence qui règne dans le village , l’atmosphère de fin du monde des batiments restés en l’etat, les voitures qui luttent contre la rouille, les rails du tramway de Limoges à une heure de là, l’église au coeur du village où trois-cent cinquante femmes et  enfants ont été tués, toujours debout , la cloche fondue par les flammes, donnent au lieu une  ambiance de mausolé sacré. « Dieu voit » dit la Bible (Gn 22, 14).
Pendant ce temps de jeunes américains donnaient leur vie sur les plages de Normandie pour mettre fin à ce reich qui devait durer 1000 ans. 
Puissions-nous ne pas oublier ces jours.
Quelques photos :

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Le témoignage d’une des rares rescapées en novembre 1944 :

« Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes, de plus en plus inquiets, la fin des préparatifs auxquels nous assistions. Vers 16 heures, des soldats âgés d’une vingtaine d’années placèrent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassaient des cordons qu’ils laissèrent traîner sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l’engin dans lequel une forte explosion se produisit et d’où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea. Les femmes et les enfants à demi asphyxiés et hurlant d’épouvante affluèrent vers les parties de l’église où l’air était encore respirable. C’est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d’un groupe épouvanté. J’y pénétrai à la suite et, résignée, je m’assis sur une marche d’escalier. Ma fille vint m’y rejoindre. Les Allemands, s’étant aperçus que cette pièce était envahie, abattirent sauvagement ceux qui venaient y chercher refuge. Ma fille fut tuée près de moi d’un coup de feu tiré de l’extérieur. Je dus la vie à l’idée de fermer les yeux et de simuler la mort. Une fusillade éclata dans l’église. Puis de la paille, des fagots, des chaises furent jetés pêle-mêle sur les corps qui gisaient sur les dalles. Ayant échappé à la tuerie et n’ayant reçu aucune blessure, je profitai d’un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel. Il existe dans cette partie de l’église trois fenêtres. Je me dirigeai vers la plus grande qui est celle du milieu et, à l’aide d’un escabeau qui servait à allumer les cierges, je tentai de l’atteindre. Je ne sais alors comment j’ai fait, mais mes forces étaient décuplées. Je me suis hissée jusqu’à elle, comme j’ai pu. Le vitrail était brisé, je me suis précipitée par l’ouverture qui s’offrait à moi. J’ai fait un saut de plus de trois mètres, puis je me suis enfuie jusqu’au jardin du presbytère. Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j’avais été suivie dans mon escalade par une femme qui, du haut de la fenêtre, me tendait son bébé. Elle se laissa choir près de moi. Les Allemands alertés par les cris de l’enfant nous mitraillèrent. Ma compagne et le poupon furent tués. Je fus moi-même blessée en gagnant un jardin voisin »

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