Corses juifs : de l’Inquisition à Edmond Simeoni en passant par Pascal Paoli et les juifs « syriens » de 1915

A l’initiative du Beth Habbad de Bastia une conférence sur les juifs de Corse a eu lieu ce dimanche soir. Pendant deux heures et demie, quai des martyrs sur le vieux port, environ 70 personnes ont écouté parler du passé, du présent et de l’avenir des juifs de Corse.

J’ai parlé de mon côté des traces juives en Corse dans les archives de Gênes à partir de l’Inquisition et jusqu’à Pascal Paoli.

On trouve les traces de ces juifs en Corse dans les Archives de Gênes :

A l’époque de Pasquale Paoli on trouve la trace de 120 familles arrivées de Catalogne pour fonder l’Ile Rousse :

Pascal Paoli qui avait vécu avec les insurgés juif  à Livourne identifiait le destin de la Nation Corse avec celui de l’Israël insurgée sous domination grecque. Corses et juifs vont travailler de concert. Corail contre canons pour libérer la Corse des génois de concert ! Boswell écrit :

« [les Corses] trouvent dans leur mer une quantité considérable de corail et des trois sortes : blanc, rouge, et noir. Les juifs de Livourne qui ont établi une manufacture de corail jouissent d’une sorte de privilège exclusif que leur accordent les Corses pour ce trafic ; et en revanche, ils sont d’un très grand service à la nation en lui avançant de l’argent et en lui fournissant des canons »

James Boswell, Relation de l’isle de Corse, journal d’un voyage dans cette isle et mémoires de Pascal Paoli, éd. 1769.

On se rappelle qu’une devise de Pasquale Paoli était tirée du livre des Maccabées qu’il cite dans une lettre à son père (Fernand Ettori [1]) :

« Melius est in bello mori quam videre mala gentis nostrae »,

« Il vaut mieux pour nous mourir que d’être spectateurs des malheurs de notre nation »,

Premier livre des Macchabées 3, 59

Paoli, personnage providentiel s’identifiait à Judas Maccabée à la tête des forces juives pendant la révolte des Maccabées en l’an – 166 avant notre ère, des juifs en lutte contre la domination syrienne hellénistique des Séleucides.

Fréderic Joseph Bianchi, qui a fondé l’association Terra Erets Corsica- Israël reprendra ce propos en résonnances contemporaines ; le peuple Corse luttant pour son peuple, sa langue, sa terre.

Il a rapporté ses conversations avec Edmond Simeoni qui avait puisé dans le judaïsme de son épouse Lucie, le sionisme, comme une matrice de son idéal nationaliste Corse.

Fréderic Joseph Bianchi et Edmond Simeoni, à Pianellu, août 2017(Terra Erets Corsica-Israël)

Fréderic Joseph Bianchi a rappelé que de manière immémoriale la Corse qui n’a pas déporté les juifs en 1940 (seul un fut envoyé à Auschwitz en l’absence du préfet Balley), était une terre d’accueil pour les juifs et que celle-ci le redeviendrait peut-être avec la potentielle arrivée d’un parti fascisant en France.

Je posais la question de savoir pourquoi les juifs avait fait souche en Corse là où les Arméniens ou les Serbes (5 000 personnes) qui y avaient trouvé refuge en grand nombre en 1915 étaient tout simplement tous repartis. Mais eux… avaient un pays !

Guy Sabbagh nous a raconté avec chaleur et émotion l’histoire de sa famille et des 740 juifs arrivés à Ajaccio en 1915, puis arrivés à Bastia rejoignant les juifs de Turquie arrivés à Bastia dans la seconde partie du 19eme siècle. Comment les instituteurs corses avaient pris sur leur paie pour donner à ces réfugiés miséreux en habits orientaux des costumes occidentaux; eux apprenant la langue corse et s’intégrant en un an comme commerçants ou tragulinu (marchand ambulant).

Comment leur chef spirituel Jacob Meïr Tolédano est devenu le ministre des affaires religieuse de Ben Gourion en 1958 et comment beaucoup de ces réfugiés ont rebondi sur un Israël difficile à vivre pour faire leur Alyah… en Corse.

Alors que la majorité était restée (400 personnes) et que la quasi-totalité des magasins juifs de Bastia était tenus entre deux guerres par des Corses juifs.

Bastia – Rue Napoléon

La Corse a été et sera probablement encore une terre d’accueil pour les juifs comme elle a accueilli des multitudes d’humains pour leur simple qualité de sœurs et frères humains depuis l’Antiquité. Faisant d’eux des Corses de destin.

Il est d’usage, pour s’en lamenter ou s’en réjouir, de raconter qu’il ne reste presque plus de juifs en Corse. C’était compter sans les facéties de l’âme corse et du D.ieu des enfants d’Abraham.

Car aujourd’hui, grâce au Beth Habbad à Ajaccio, Bastia et Porto Vecchio on assiste à une véritable renaissance spirituelle du judaïsme Corse : 230 personnes à Bastia, 400 à Ajaccio où on a servi 150 personnes le Chabbat dernier… à Porto Vecchio on a vendu 400 hallot (pains de Chabbat) « Chez Eva » à Chabbat dernier, 100 poulets cachers rotis et servi 400 personnes au Beth Habbad, 70 en semaine… Levi Pinson à Ajaccio, Zalman et Haya Teboul (photo) font un travail formidable.

Ce nouvel élan conforte la synagogue consistoriale Beth Meïr dont je porte le nom en mémoire du rabbin Meïr Tolédano grand-père de Guy et Benny Sabbagh (photo) qui a repris vigueur. all’s well that ends well !

… des juifs qui participent de manière minoritaire et discrète, par la prière et l’aide aux démunis, avec leurs frères chrétiens à construire l’identité de la Nation corse.

La prophétie de Pascal Paoli, fils de Hyacinthe, serait-elle en train de devenir réalité ?

Que Dieu bénisse la Nation Corse et tous ses enfants.

Corsica Nazione sempre vivu ! Am Israël Hai !


[1] Cette devise était déjà celle du manifeste signé par Hyacinthe Paoli et Louis Giafferi en 1738. (source)

Memoires juives de Corse, retour vers le Futur

Le Beth Habad de Bastia organise une Grande soirée communautaire estivale ☀️

🎙️Conférence sur l’histoire des juifs Corse par Guy Sabbagh, Didier Long et Frédéric Bianchi + collation 🥂

📆Dimanche 13 août à 16h30

☀️Dans une terrasse *privatisée* pour l’occasion – Bar Le Bati’Rose sur le quai des martyres.

Participation libre 💰

Français juifs, combien sommes-nous ? ; Etude : Avez-vous un grand-parent juif ?

Qui est juif ? une question qui remonte à Mathusalem…

Dans le cadre de ses recherches post doctorat, le Docteur Yaël Touati de l’université de Strasbourg et son équipe proposent un questionnaire anonyme s’adressant aux personnes majeures en France ayant au moins un grand parent juif et au moins un autre qui ne l’est pas. (voir ici : www.racinesjuives.fr)

Il les compte parcequ’il les aime (Rachi)

Rachi commentant le premier verset du Livre de Chemot (L’Exode) en se demande pourquoi l’Éternel fait le recensement d’Israël et compte ses enfants avant et après leur mort et Rachi répond : il les comptes pour montrer combien il leur est attaché. Bref, il les compte parcequ’il les aime.

Quand on se pose cette question tout à fait banale, « Combien y-a-t-il de juifs en France ? » on obtient les réponses les plus fantaisistes.

Chat GPT4 répond :

« Je n’ai pas accès aux données démographiques en temps réel, mais selon les estimations disponibles jusqu’à septembre 2021, la population juive en France était d’environ 450 000 à 500 000 personnes »

On a peu de chiffres d’abord parce que les statistiques ethniques sont interdites et France, ensuite parce que toute la question est de savoir « qui est juif ? », une question aussi vieille que le judaïsme,  et selon quels critères… Toute personne qui se déclare comme telle ? des personnes se déclarant de confession juive ? Une personne née de mère juive ou juive par conversion (Halakha) ? Une personne ou « ayant au moins un parent d’origine juive » ? un grand-parent juif ?

L’équipe du Docteur Yaël Touati s’interroge sur les personnes ayant juste un grand parent juif.

(Cf. www.racinesjuives.fr) ?

Si on demande à Chat GPT « Qui est juif en France ? » :

« Votre question est assez vague et pourrait être interprétée de plusieurs manières. Si vous voulez savoir combien de personnes en France sont juives, il est difficile de donner une réponse précise. Selon les estimations, la France a la plus grande population juive en Europe et la troisième plus grande au monde, avec environ 500 000 à 600 000 personnes. »

Alors 65 000 ? 500 000, 450 000 ? Plus ?

Judaïsme en France, combien de divisions ?

On se rappelle la réponse ironique de Staline à Laval : « Le pape, combien de divisions ? ». Staline aurait dû se méfier car quelques années plus tard l’Empire soviétique s’effondrera grâce à un certain Karol Wojtyla à partir des chantiers naval de Gdansk.

La parole juive est semblable. Résumée par Freud : « La voix de la raison ne saurait se taire qu’elle n’ait été entendue ». Mais combien y-a-t-il de juifs en France ?

Depuis longtemps, les travaux démographiques de Doris Bensimon, Sergio Della Pergola ou Erik Cohen apportent des connaissances chiffrées sur les Juifs de France.

Jérôme Fourquet, directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » à la SOFRES et Sylvain Manternach ont mené une analyse statistique par échantillonnage[1] et ils résumaient en 2016 dans « L’an prochain à Jérusalem » (Éditions de l’Aube et Fondation Jean-Jaurès) :

« Les personnes se déclarant de confession juive (qu’elles soient pratiquantes ou non) représentent ainsi 0,6 % de la population française et ceux ne se déclarant pas de confession juive mais comme ayant au moins un parent juif, 1 %. Ces deux groupes « pèsent » donc au total 1,6 % de la population, soit environ 770 000 personnes de 20 ans et plus : 290 000 de confession juive et 480 000 ayant au moins un parent juif mais ne se déclarant pas de confession juive. »

Ajoutant :

« Nous avons choisi d’inclure dans le périmètre de notre population étudiée les personnes ayant au moins un parent juif car l’analyse des résultats a montré que, bien que ne se déclarant pas de confession juive, elles étaient assez proches en termes de ressenti, d’opinions et de vécu des interviewés de religion juive, même si des différences se font jour sur certains sujets, cet univers correspondant assez bien à la notion de « population juive élargie » évoquée par Sergio Della Pergola. »

Les personnes ayant un grand-parent juif sont plus proches de la sociologie de la population française avec un rapport à l’identité juive, au lien avec Israël plus ténu et se sentant moins concernés par l’exposition à des actes antisémites selon Fourquet.

Si on se réfère à la JewishData Bank de Sergio DellaPergolla on retrouve à peu prés les mêmes chiffres… avec 448 000 français juifs en l’an 2000 .

Mais la population des français juifs a probablement baissé d’environ 20% depuis, selon Sergio DellaPergolla :

« 80 000 et 100 000 juifs qui ont quitté la France ces dernières années »

Source

La France est la seconde diaspora mondiale, la plus nombreuse population juive d’une Europe qui s’est vidée de ses juifs . Elle a aussi la première population musulmane d’Europe si l’on en croit le Pew Research Center.

Qui est « juif » ?

Une très grande part de la population juive, presque un demi-million de personnes donc, en France, semble assez loin des institutions du judaïsme.

Je ne parle pas des marranes, ces personnes comme moi on découvert leurs racines juives par la généalogie d’Espagne ou les usages familiaux après plusieurs siècles et se sont convertis, ou pas. Mais des juifs ‘culturels’ qui se reconnaissent comme tel et ont parfois des noms juifs ou pas.

Un demi-million de personnes dans la nature.

Le Talmud a une vision plus restrictive et plus large de l’identité juive. Il dit :

Tout homme qui renie l’idolâtrie est appelé yehoudi (juif)

Talmud de Babylone, Méguila 13 a

Si l’on en croit le Traité Meguila, être « juif » (yéhoudi) consiste en un seul principe : renier l’idolâtrie. Maïmonide souligne la centralité du renoncement à l’idolâtrie, il explique dans le Guide des Egarés que « le but principal de la Loi est d’extirper l’idolâtrie » ( Guide des égarés, III, 30)… Une question non pas d’identité mais de comportement. Pour discussion…

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ETUDE ANOMYME : Si vous avez au moins un grand parent juif et un autre qui ne l’est pas répondez à cette étude si vous le désirez : www.racinesjuives.fr


[1] « Hormis l’évaluation précise du poids d’une catégorie dans la population générale, travailler à partir de gros échantillons présente un autre avantage. Il est ainsi possible de disposer de bases statistiques suffisamment solides même pour les segments les plus étroits de la population française comme c’est le cas ici. Avec un sous-échantillon de 724 individus se déclarant de confession ou d’origine juive, il a été possible de dresser un portrait sociodémographique de cette population. » (Fourquet)

LE MONDE DE DEMAIN ?


Je ne connais pas une femme ou un homme d’affaire US ou européen, un politique, un dirigeant du renseignement ou des services de police qui ne m’annonce tranquillement l’arrivée de Marine Le Pen à la tête de la France ces derniers mois.

Pour beaucoup c’est « déjà fait ». « Regarde la Suède, et l’Italie… ça ne change rien ! »… ou encore  » regarde l’histoire, il y a forcement des périodes de déclin, des temps barbares… », mais vivre sous Victor Orban c’est vraiment sympa ?

Et puis la France est spécifique. Déjà Giorgia Melloni parle 4 langues et MLP seulement la sienne ! Et encore ! Sans parler d’économie…

La France est irrésistible et bonne mère : 20 millions de personnes en France ont des ascendants immigrés sur 3 génération (Fondapol). 10 millions mangent casher. La France pourrait donc bien être l’épicentre de la tectonique des plaques continentales… c’est inévitable.
La France abrite aussi la plus grande communauté musulmane et aussi la plus grande population juive d’Europe. La seconde diaspora du monde. Là encore…

En 30 ans l’alternance de « moi ou le chaos » s’est construit tranquillement élection après élection et maintenant la classe moyenne à basculé : les gaulois de banlieue, les jeunes ou les kabyles sans compter de nombreux juifs…
La tectonique des plaques non gérée depuis 30 ans a conduit à une situation au bord de la rupture.
Alors on nous raconte que les vieux copains du Menhir qui défendaient le bunker du Führer en avril 45 comme mon frère moine Symphorien qui y perdit un œil et fut converti sur l’échafaud ont disparu, que le FN à fait sa mue… mais curieusement de nombreux antisémites sont quand même suprématistes… ou à l’extrême droite (sans compter les antisionistes de gauche). Aux dires de la Territoriale (ex RG) 1300 fichés S ultra droite prospèrent au pays de Voltaire, dont un quart en île de France et la plupart des antisémites sont au RN…
Mais les renseignements territoriaux comptent aussi… un million de frères musulmans… probablement beaucoup moins mais certainement bien plus de voiles en réalité (même les femmes kabyles se voilent désormais dans le 9.3).
Le ressentiment monte et beaucoup, à droite comme à gauche, rêvent de plus en plus du Grand soir.

‘Gaulliste’, républicain, social… je ne suis pas sûr que cette guerre médiévale qui s’annonce entre la Nouvelle Chrétienté bolloréenne dopée aux chaines d’info et autres JDD… et ‘los olvidados’ des territoires perdus de la République accélérés à l’engrais de pétrodollars, construise un monde viable.

Elle est surtout l’inverse des valeurs du respect de l’étranger répété 4 fois dans la Bible juive et chrétienne, qui est au cœur du message biblique :
« Tu n’opprimeras pas l’étranger, car vous savez ce qu’il ressent vous qui avez été étrangers au pays d’Égypte » (Ex 22, 20. 23,9- Lv 19, 34, Dt 10, 19).

Mais le plus frappant reste quand même le désintérêt des dirigeants pour ce qui est en train d’arriver. Comme fascinés par ce qu’ils savent déjà sans oser bouger.
Une sorte de déni du réel comme si leur patrimoine ou leur vie n’allait pas être affectée. Il est vrai que les bilans sont à 3 mois. Bientôt une nostalgie du monde d’avant.

Nous vivons donc probablement les dernières heures du « Monde de la sécurité » comme dit Stephan Zweig dans Le monde d’hier, l’œil du cyclone, mais pour combien de temps ? … la paix est un trésor précieux que nous devrions chérir… car les mondes violents se nourrissent de passions tristes.
Comme disait ma grand mère Corse :  » Ici le sang ne sèche jamais « .
C’est bien cela que nous voulons ?

Pourquoi D.ieu « dit en disant » (לאמר) ?

De nombreuses fois la parole de D.ieu est amenée dans la Torah par le verbe lemor (לאמר) qui répète l’action de dire : « Et D.ieu exprima toutes ces paroles-là pour dire » (Ex 20,1)… qu’on peut traduire par « D.ieu parla ainsi pour ainsi dire ».

Vayedaber Hashem el-Moshe lemor. וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

« D.ieu dit à Moïse en disant », Lémor semble alors dire « c’est à dire », « pour ainsi parler »

On peut proposer une première explication ontologique, penser qu’il s’agit de protéger D.ieu de tout anthropomorphisme.

C’est ce qu’exprime Jean Scot Erigène, (scottus c’est à dire « l’irlandais », de cette Irlande du IXe siècle d’où venaient les saints et les moines). Un érudit à la cour de Charles le chauve qui parlait l’hébreu, le grec et le latin :

« Aucun homme connaissant correctement la nature des choses ne peut mettre en doute le fait que tous les existants s’avèrent contenus dans l’Intelligence divine. »

(Érigène, Periphyseon, V. 925a)

Si on transpose cela non plus en terme d’ontologie mais de langage, car la pensée hébraique pense que la parole précède la nature et non l’inverse, l’expression originelle va de D.ieu aux hommes mais son énoncé en ce monde et l’explication qui la suit sont bien inter-humaines. « La Torah parle le langage des hommes ». Comme si ‘D.ieu n’avait jamais dit cela directement mais l’avait assurément pensé en lui même’. Le texte biblique est la réception humaine de cette voix qui ne peut pas s’entendre autrement que dans le langage humain. Mais rien ne dit que D.ieu ne parle pas à la pierre, l’arbre ou l’oiseau pour les créer d’une voix que eux seuls comprennent. A moins que le langage humain soit une sorte de fenêtre (Adam nomme les êtres dans Beréchit) qui permet aux mondes minéraux, végétaux et animaux d’accéder à la Parole de D.ieu.

On peut aussi avancer que le monde n’est que le reflet alors que la Torah qui est en l’ADN. Ce que nous voyons n’est que le reflet de la Torah qui est l’ADN de ce que nous voyons (Dieu à fait le monde en prenant la Torah comme plan- Talmud). Mais quelle est cette parole de D.ieu cette Torah originaire? Ce n’est bien sur pas la Torah écrite, le texte mais la tradition orale c’est à dire la transmission vivante jusqu’à nous des Rakhamim .

A moins que nous soyons sourds, aux autres, à la vie à l’amour et que lorsque nous entendons, la parole humaine devient alors parole de D.ieu, c’est à dire Emet, la réalité ?

On peut aussi dire que l’Eternel s’est retiré du texte comme de ce monde, il est absent, et qu’il ne reste que sa trace. Sa voix est une voix de « fin silence » comme il se révèle au prophète Elie à l’Horeb. Devrions nous alors devenir des torah vivantes pour le révéler en ce monde ? Pour que ce silence parle comme une musique ?

Toujours est-il que Torah parle le langage des hommes mais se révèle pour moi comme parole de D.ieu qui n’est pas un homme (Le logos ou le Verbe pour les alexandrins et les chrétiens). C’est bien Isaïe qui parle un homme situé qui prêche entre – 766 et – 701 avant notre ère à Jérusalem en hébreu mais cette parole fait sens ici et maintenant pour moi. Elle se révèle dans mon présent comme un ordre de D.ieu à accomplir pour accéder à la plénitude de mon humanité.

Raphaël Draï de vénérée mémoire explique le lémor en disant que parce que la parole divine est performative, elle ne saurait être gardée par devers soi.

« La Thora écrite est liée à la Thora orale parce que, une fois que la première a été énoncée par Dieu à l’intention de son interlocuteur, celui-ci ne saurait conserver par devers lui ce dont Dieu l’a informé à l’intention et à l’attention d’autrui. L’information divine doit être communiquée.

Cette obligation est exprimée par le verbe indicatif-impératif : lemor, comme on l’a vérifié lors de la théophanie du Sinaï : « Et Dieu exprima toutes ces paroles-là pour dire » (Ex 20,1).

Quelles sont les implications opératoires d’une telle obligation ? Le verbe amar désigne l’exercice non plus expressif mais explicatif, et donc social, de la parole divine. Si l’expression originelle va de Dieu aux hommes, l’explication qui la suit est bien inter-humaine. La Tradition juive en indique les modalités.

Une fois que Moïse avait reçu le davar divin dans la tente de la rencontre (ohel moêd) (Ex 40,2), il y appelait Aharon pour lui en faire d’abord la présentation. Aharon se plaçait ensuite à sa droite. Entraient alors Eléazar et Ithamar. Une nouvelle présentation de la parole divine leur était adressée. À leur tour les deux fils d’Aharon se plaçaient à la gauche de Moïse… »

Raphaël Drai, La Torah, pg. 61 à 113

Il suit en cela la première Mishna du Pirké avot qui explique que Moïse « reçu » (kibel, Kabbalah) la Torah et la transmis ‘transmettre’ (messarah) à Aaron.

« שֶׁה קִבֵּל תּוֹרָה מִסִּינַי וּמְסָרָהּ לִיהוֹשֻֽׁעַ Moïse reçut la Torah au Sinaï et la transmit à Josué ; Josué la transmit aux Anciens, les Anciens aux Prophètes et les Prophètes la transmirent aux Hommes de la Grande Assemblée. »

PA 1,1

La parole est bien de D.ieu mais, le emor, la profération, l’élocution, est de Moïse, un homme, lui-même bègue et qui doit passer par Aaron pour communiquer. Ca fait beaucoup de monde entre Dieu et les humains : Moïse, Aaron, Israël, les Nations … on est en plein clivage psychique !

Manitou remarque que :

 » ceux qui connaissent les Taamim remarquent qu’il y a en fait : Vayedaber Hashem / el-Moshe lemor, alors que la traduction que j’ai faite demanderai que ce soit cantilée de la manière suivante : Vayedaber Hashem el-Moshe /  lemor – ce qui n’est pas le cas. Cela signifie tout simplement que cette Mitsvah transmise par Mosheh à Israël, concerne Moïse d’une certaine manière. […] Ce mot de lémor qui est dans ce verset introduisant ce que Dieu transmet à Moïse pour qu’il le transmette à Israël, mais on ne sait pas ce que Dieu dit à Moïse. On connait le résultat de cette  révélation à Moïse : qu’il puisse transmettre à Israël ce qui suit : …. Dieu a parlé à Moïse lémor jusqu’à ce qu’il arrive à dire ce qui suit… lémor pour dire, pour que Moïse dise à Israël. »

source

Et il pose la question de savoir : Pourquoi Moïse devrait être être intermédiaire entre Dieu et le peuple ? comme dans certaines religions où un intermédiaire entre D.ieu et les hommes serait nécessaire. Si vraiment Israël est Israël, D.ieu s’adresse à Israël directement. Pourquoi aurait-il besoin d’un parolier ? Ce qui renvoie à une question encore plus générale : pourquoi était il nécessaire qu’il y ait des prophètes en Israël ?  Manitou répond à sa propre question en disant : « Lorsque le peuple au Sinaï a dit : « kol asher diber Hashem naassé » (Tout ce que dira D.ieu nous le ferons) cela sous-entend que D.ieu parle directement à Israël qui lui obéit.

Manitou introduit une remarque importante : « Chaque fois qu’une Mitsvah est introduite par un verset sans le terme Lémor, il faut s’attendre à ce qu’il n’y ait aucune Malhoquet (discussion) dans la Guémara ».

Et il convoque Yitro 19, 3-6 : « Ve atem tihyou li mamlekhet kohanim vegoï qadosh  eleh hadevarim asher tedaber el-beney Yisra’el» et vous serez pour Moi un peuple de prêtres et une nation sainte, voici les paroles que tu dois raconter aux enfants d’Israël.

Il est de notoriété publique que nous n’obéissons pas parfaitement à la Torah et que nous sommes encore assez loin d’être la « lumière des Nations ». Si Israël a aujourd’hui encore besoin de Cohanim et les Nations ne nous reconnaissent pas comme leur cohanim. Israël est incapable de la Torah et l’humanité est devenue antisioniste, bref, refuse Israël jusque dans sa réalité politique la plus concrète. Cela signifie que le lemor désigne accomplissement messianique de la parole de D.ieu, sa réalisation.

Présence des marranes en calabre

Selon une légende, qui atteste de l’ancienne fréquentation orientale en Calabre, Reggio a été fondée par Aschenez, arrière-petit-fils de Noé.
La synagogue du IVe siècle, riche en mosaïques, de Bova Marina, est la plus ancienne d’Occident après celle d’Ostia Antica ; à Reggio fut imprimé le premier ouvrage en hébreu avec indication de la date, le commentaire de Rashi sur la Torah ; Chayim Vital haQalavrezì, le Calabrais, était un grand érudit de la kabbale, également connu sous l’acronyme Rachu.
Au Moyen Âge, de nombreux Juifs se sont installés en Calabre, jusqu’à leur expulsion au début du XVIe siècle; ils reviennent quelques années, rappelés par les habitants opprimés par les banquiers chrétiens, mais en sont définitivement chassés en 1541, événement qui n’est pas sans rapport avec le déclin économique de la Calabre, notamment dans le secteur lié à la transformation de la soie.
Aujourd’hui il n’y a que des présences isolées, mais en été la Riviera dei Cedri est remplie de rabbins qui viennent récolter les cédrats pour la célébration de Souccot (la fête des huttes).
Il y aurait 200 000 marranes en Calabre.

Ou sont les femmes ?

Assez curieusement ce sont des femmes qui m’ont accompagné en art depuis mon enfance. D’abord ma mère qui m’amenait enfant voir le Musée Matisse à Nice ou les poteries de Picasso à Vallauris.

Andrée Putman a été la deuxième fée qui a veillé sur moi pendant plus de 10 ans.

J’ai publié mon premier livre en 2005 grâce à Héloïse d’Ormesson.

Et c’est Francine Szapiro qui a créé la Galerie Saphir il y a plus de 40 ans qui m’a proposé d’exposer mes portraits et d’entourer mes tableaux de sculptures de Chana Orloff l’une des plus grandes sculptrices du XXème siècle, comme la Dame à l’éventail (1917) ou l’allaitement.

Enfin Babeth Zweibaum (zal) m’a accompagné pendant plusieurs années depuis 2016. Je lui ai donc dédié mon exposition.

Et j’ai donc mis en vitrine des portraits de femmes valeureuses.

Des femmes ont veillé sur ma vie.

La femme a été créé parfaite, son corps est réglé sur le cycle de la lune, donc elle est absoute des mitsvoth à heure fixe, elle n’a pas besoin de brit nous dit la Tradition juive car son corps est parfait.
La Kabbale dit que la femme a un lien avec le septième attribut divin, la Royauté, qui signifie l’accomplissement dans le monde concret.
Ce sont les femmes qui ont donné leurs bijoux d’or et d’argent, la laine teinte, les pierres précieuses, pour construire le Michkane, l’abri de la Présence. L’intériorité. La paracha Terouma dit : « Il Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux » (Exode 25,8). Nos Sages enseignent que ceci signifie : « À l’intérieur de chaque individu. » Sans nos matriarches, sans la femme pas d’intériorité.
Israël à Chabbat devient la Kallah (fiancée) de D.ieu et l’on chante de le Lekha dodi et le Cantique des cantiques, un récit érotique et mystique.

Cela est merveille à nos yeux.

Chabbat Chalom à toutes et à tous.

Catégories Art

JUIFS DE FRANCE, Radioscopie en 40 portraits, Vidéo du vernissage

Vernissage de l’exposition JUIFS DE FRANCE, une radioscopie, Meïr Long

Environ 180 personnes sont venues au Vernissage de l’exposition, dans une ambiance d’amitié et de chaleur humaine palpable.

De 19h à 22h la galerie Saphir n’a pas désempli pour cette vente au profit de ceux qui sont dans le besoin.

Quatre portraits de femmes dans la vitrine donnant sur la rue du Temple et le Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, donnaient le ton au milieu des 14 livres de Didier Meïr Long. Des juifs connus (Enrico Macias, Ady Steg, Sidney Tolédano, Haïm Korsia, Elie Korchia, …) et inconnus, des corses, des rabbins (comme l’inoubliable et truculent rabbin Harboun !), des businessmans (vente de charité oblige, Meïr Long nous a déclaré qu’il était hors de question de « vendre ses amis »), des penseurs, des poètes, des curieux, des très jeunes et des très vieux y allaient chacun de leur anecdote pour parler des portraits des amis de l’Andy Wharol juif, ancien moine aux milles vies.

En entrant dans la galerie l’attention était inévitablement attirée par le drapeau à tête de maure avec peint dessus un profil de Gilles Siméoni sur un « mur des Corses » ou figurait aussi un berger de Corti et Guy Sabbagh, présent avec son frère Benny le bien nommé, petits-fils du Rabbin de Bastia Meir Tolédano de 1920 à 1970 et fils de David Sabbagh président de la communauté pendant des dizaines d’années.

Madame Francine Szapiro avait posé dés le matin le niveau en dialoguant chez Lise Gutman sur Radio J avec Didier Meïr Long (Voir ici ) . Elle qui pendant 40 ans a fait vivre la mémoire des artistes juifs dont beaucoup ont disparus pendant la Shoa ou des génies oubliés par l’histoire des vainqueurs.

Le courageux président du Consistoire Elie Korchia avait fait le détour pour honorer son ami Meïr, voisin de prière à la synagogue.

Une bougie brulait devant le portrait de Babeth Ariane Zweibaum, fondatrice de la loge Anne Frank du B’nai Brith partie vers le monde de Vérité cet été.

Elie Korchia, Président du Consistoire central de France
Elie Korchia et Francine Szapiro, Galerie Saphir

Francine Szapiro, fondatrice de la Galerie SAPHIR

Michel Gad Wolkowicz, Professeur de psychopathologie fondamentale et clinique, université Paris 11-Sud-Orsay, psychanalyste (APF), président de l’Association internationale interuniversitaire Schibboleth – Actualité de Freud.
devant le mur des psychanalystes !
Murs des psy : Le psychanalyste Gerard Haddad, Antonietta Haddad-zal (Freud en Italie), Myriam Illouz – psychanalyste, Michel Gad Wolkowicz
Lisbeth, Guy, Lisbeth et Benny Sabbagh, juifs de Corse, avec Francine Szapiro – galerie Saphir

Guy Sabbagh

Mur des Corses : Antoine Leschi, Gilles Siméoni, Guy Sabbagh.

Gilles Siméoni, président du Conseil exécutif de Corse

Myriam Illouz et Neda
Gregory Salinger

Anne et Gregory Salinger

Gaston Madar, Vaucresson
Gaston Madar devant le portrait de son fils Fabrice, Carly son épouse et de ses petits enfants
Dany Madar

Marc Smia, co-fondateur de Kea et Partners

Kristell Schuber (Google) et Romain
Neda et Judith Buchinger

Neda, Rebecca et Judith

Judith et Rebecca, amies d’enfance

Cécile et Ilan Levy

Juifs de France, une radioscopie en 40 portraits

Peintures récentes à la galerie Saphir du 13 janvier au 05 février.

Le site :

http://www.didierlongpeinture.fr