On permettra un homme âgé de 82 ans, né dans le Mellah de Marrakech, plusieurs fois docteur des universités, rabbin depuis 63 ans, à Boulogne, Versailles, Aix en Provence, Vaucresson… de donner son avis sur la grande affaire qui inquiète le judaïsme français, mais aussi la République, en cette période où notre pays ne sait plus trop que penser de notre communauté après les affaires qui ont défrayé la chronique, et tandis que l’antisémitisme renaît comme un hydre menaçant. Qui sera le prochain Grand Rabbin de France ? Et surtout pour quoi faire ?
Faut-il préciser qu’à mon âge, je suis entièrement libre par rapport aux instances communautaires et n’attend plus rien que de repartir vers la terre de nos pères.
J’ai connu le Grand Rabbin Haïm Korsia (photo) bien avant qu’il ne soit grand ou rabbin. Il est le fils d’un de mes meilleurs amis : André Korsia. Celui-ci, en plus d’être un grand poète hébraïque, était un réel talmid hakham. Haïm, que je considère et aime comme un de mes fils, a donc reçu une très solide formation auprès de cet homme hors du commun. J’ai vu grandir le fils de mon ami et je peux en témoigner.
Un homme de terrain
Comment caractériser l’homme qu’est devenu le Rabbin Haïm Korsia? C’est avant tout un homme de terrain et d’écoute. Après avoir j’ai œuvré pendant 16 ans au service de l’Armée de l’Air, il m’a succédé comme Aumônier Général de l’Armée de l’Air. J’ai immédiatement été surpris par sa capacité à gagner rapidement la confiance de grands généraux, par sa simplicité et son empathie intelligente envers eux. Un homme de terrain et d’actions donc. Le Grand Rabbin Haïm Korsia est capable de discuter de n’importe quel dossier au plus haut niveau politique, inlassablement attentif à des situations de détresse concrètes. Combien de fois l’ai-je vu discuter pour essayer de résoudre le cas de l’examen d’un jeune qui aurait dû se dérouler le jour du shabbat ? Aider des gens de toutes conditions ? Défendre la communauté et plaider sa cause au plus haut niveau de la police, de l’armée, de l’aviation civile ou auprès de ministres? C’est un homme attentif à toute détresse humaine. Il a aussi su se faire apprécier et respecter des responsables et fidèles des autres confessions religieuses, condition indispensable pour la paix de nos communautés. Cette expérience des dirigeants et responsables politiques n’a rien de mondain. Haïm Korsia n’est pas devenu l’ami des hommes politiques par intérêt ou parce qu’il fut le collaborateur du Grand Rabbin Joseph Haïm Sitruk pendant huit ans, mais plus simplement parce que ceux-ci ont trouvé en lui un homme avec qui ils pouvaient parler de problématiques qui sont aussi les leurs. Sa manière d’aborder toutes les questions sans tabou, avec simplicité et subtile intelligence, est une richesse pour notre communauté. Son expérience relationnelle longue et prouvée aux plus hauts niveaux de l’Etat est indispensable à notre communauté, à l’heure où l’antisémitisme se manifeste sans aucun état d’âme et où les juifs de France sont confrontés à des défis toujours plus grands. C’est un des rôles du Grand Rabbin de France.
Un organisateur
La seconde qualité de Haïm Korsia est son talent d’organisateur. Il a dynamisé l’Aumônerie israélite des Armées en s’appuyant sur des personnes de confiance, et ce en très peu de temps. Il est capable d’organiser, de déléguer, de répartir les tâches, de gérer une organisation de manière moderne et transparente. Et nous savons à quel point ceci est vital aujourd’hui pour le judaïsme français : qu’il s’agisse d’éducation, de cacheroute, de la place des femmes dans nos communautés, de formation des rabbins, d’étude…
Où allons-nous ? Que voulons-nous ? La bonne volonté suffit-elle ? On peut être de « stricte observance » et déployer une organisation efficace, transparente, sans compromis ni favoritisme. Sur ce point, nous juifs, nous devons d’être exemplaires. Nous avons besoin d’une communauté forte et pérenne. Haïm Korsia possède cette capacité d’organisation et de délégation du pouvoir sans laquelle il n’est pas de communauté dynamique et pérenne.
Un homme de la Halakha et un juif moderne
Oui, le Rabbin Haïm Korsia est un homme de la Halakha et un juif moderne tout à la fois. De la Halakha, car il a été un des « élèves favoris » du Grand Rabbin Emmanuel Chouchena z’l, tout en se considérant comme le fils spirituel du regretté Emeric Deutsch, un homme rigoureusement traditionnel du point de vue du judaïsme.
Moderne, non pas au sens où il cèderait à je ne sais quelles valeurs dans l’air du temps, mais parce que c’est un homme de la Tradition, un homme qui cherche à recevoir et transmettre avec les mots de notre époque, la singularité de la vie juive multimillénaire, cette particularité qui éclaire les nations et dont nous sommes, chacun à notre place, tous comptables. Un homme ouvert donc, capable de discuter avec toutes les sensibilités qui font la richesse du peuple juif.
Ce n’est pas la politique qui rassemble notre communauté, mais la fidélité à la Torah. A mon âge, on n’a plus grand-chose à espérer des honneurs et des gloires. Mais j’ai suffisamment vécu dans le judaïsme français pour savoir que l’heure du renouvellement est venue. Haïm Korsia est sans aucun doute le plus crédible et le plus expérimenté d’entre nous pour réussir à nous représenter au plus haut niveau et à organiser la communauté juive en France pour qu’elle survive et grandisse devant l’Eternel.
Puisse Hachem l’aider dans cette tâche. Et qu’il sache que toutes mes bénédictions et mon affection l’accompagnent.
Par le Rabbin Haïm Harboun – JSSNews
Il serait effectivement souhaitable que le choix se porte sur Haim Korsia.
Bonjour,
Vous avez tout à fait raison, c’est le candidat de la tolérance de l’ouverture et du respect de toute les composantes du judaïsme français, alors be ezrat hashem
C’est une très bonne nouvelle. Je m’en réjouis.