D-ieu et la vie dans les proverbes corses

Flag_of_Corsica.svgI nostri pruverbi so santi è ghusti. « Nos proverbes sont saints et exacts » dit la tradition orale corse qui se perd dans la nuit des temps. Dans la Corse traditionnelle chaque moment de la vie avait son proverbe. I proverbi dice sempre a verita perchje non manca quasi mai il suo opposto, « Le proverbe dit toujours la vérité car presque jamais ne lui manque son opposé ». Les proverbes de la tradition orale renferment l’âme corse.

« Dans la conduite de leur vie, les corses sont guidés par l’idée que ce qu’ils voient, le domaine du visible, est doublé par une face invisible, mystérieuse, mais déterminante… Cette croyance sous-entend la sagesse populaire telle que nous la trouvons dans les proverbes : leur forme imagée n’est pas un artifice de style, elle correspond à une vision de l’ordre des choses qui voit dans le visible, l’expression et le reflet de l’invisible, de l’essentiel et du spirituel… La religion assure la protection de tous les instants. On ne fait aucun projet d’avenir sans ajouter « si diu vole ». Les paysans, les bergers font bénir les champs, les maisons, les troupeaux. » (voir ici  )

Les expressions : « Que Dieu te garde » ou « que Dieu te bénisse », sont courantes en Corse. La secode vise souvent à ne pas éveiller la jalousie sur un bébé par exemple, et le « mauvais oeil » (Ocjhu) une croyance courante dans notre île  – voir ici . La nuit est liée aux morts et à la mort en Corse. On dit « Le seigneur l’a cousu de nuit » pour dire qu’une chose est bancale, mal créée comme si D-ieu était une couturière qui avait créé la nuit. Voici quelques proverbes Corses que j’ai souvent entendus de toutes celles et ceux qui m’ont précédé. Que leur souvenir vous soit une bénédiction.

A’ chi un teme a Diu un’ teme a nisunnu
Celui qui ne craint pas D-ieu ne craint personne.

Ronchi samirini un còddani in celi.
Les braiments des ânes ne montent pas au Ciel.

Aghji fedi E Diu pruvvèdi.
Aies la foi, et D-ieu pourvoira à tes besoins
(Ce mot « pourvoir »doit venir d’Abraham en Gn 22, 8 et 28 : « D-ieu pourvoira mon fils »)

Ind’ eddu un ci n’hè, Diu purveddi.
Là où il n’y a pas d’argent, D-ieu pourvoit.

Ciò chi hè scrittu in celi segui in terra.
Ce qui écrit au ciel, advient sur Terre.

Un trema una foglia Chi Diu nun voglia.
Aucune feuille ne tremble, sans que D-ieu ne l’ait voulu.

La voix de D-ieu et celle du peuple sont deux

U mondu hè fattu à scala A chi codda e à chi fala.
Le monde est comme une échelle : les uns montent, et les autres descendent.

L’omu pruponi E Diu disponi.
L’homme propose et D-ieu dispose.

Vai dirittu, o corsu, chi Diu t’aghjutera
Marche droit ô Corse ! et D-ieu t’aidera.

In un ora Diu lavora
En une heure D-ieu crée par son travail.

Aceddu in cabbia S’eddu un canta d’amori Canta di rabbia.
L’oiseau en cage : s’il ne chante pas par amour, il chante de rage.

L’ànima à Diu, e a ropa à chi si devi.
L’âme à D-ieu, et les biens à ceux à qui ils reviennent.

L’ànima à Diu, u corpu à a terra.
L’âme à D-ieu, et le corps à la terre.

Per Diu Santu,
par le Saint D-ieu (inutile de blasphémer).

Cambia di celu, cambierai di stella.
Change de ciel, tu changeras d’étoile.

À chi si muta Diu l’aiuta.
Dieu aide celui qui se donne de la peine.

Sai induve tu nasci, ma micca induve tu hai dà more
Tu sais où tu nais, mais pas où tu mourras.

A chi ti tene più che mamma, t’inganna
Celui qui t’aime plus que ta mère, te trompe (l’amour d’une mère est unique).

L’acqua core è un sangue ghjaccia
L’eau court et le sang se fige.

Sangue di e petre un si ne po caccia
On ne peut tirer du sang des pierres.

Corbi cun corbi, un si caccianu l’ochji.
Les corbeaux entre eux, ne s’arrachent pas les yeux (les gens mauvais ne se font pas de mal entre eux).

E còse tórte strappanu.
Les choses tordues se cassent.

Diu vidia bon fortuna sette maschi è femina una
Que D-ieu vous donne fortune, sept garçons et une fille (aux jeunes mariés).

L’omu ch’un piglia moglia hè cume un’anca di trisori.
L’homme qui ne se marie pas est comme une moitié de ciseaux.

Donne e boi si piglianu in lochi soi.
Femmes et boeufs se prennent chez soi (marie-toi dans ton village).

Chi duie case tene, in’una ci piove.
Quand on a deux maisons, il pleut dans l’une (on ne peut pas entretenir deux femmes).

A donna nè sà un’ puntu di più chè u diavule.
La femme en sait un peu plus que le diable.

Diu ti vardi di un bon’ ghjinnaghju.
Dieu te préserve d’un beau mois de janvier.

A chi nasce mulu, un po more cavallu.
Quand on naît mulet, on ne peut pas mourir cheval (quand on naît bête, on le reste).

A chi hà u frusgiulu, un’ ci vale tapu.
Inutile de mettre un bouchon à celui qui a la diarrhée (la bêtise est sans limite).

Chi pecco e chi s’amenda cin Diu regna
Celui qui pèche et qui s’amende règne avec D-ieu.

Ghjumenti pudditrata un bii mai aqua linda.
La jument qui a eu un poulain ne boit plus jamais de l’eau pure.

A bacia t’hà l’anchi corti.
Le mensonge a les jambes trop courtes. (On s’aperçoit toujours d’un mensonge.)

I morti incu i morti e i vivi incu i vivi.
Les morts avec les morts, et les vivants avec les vivants. (on ne mélange pas la mort et la vie).

Pace a i vivi e riposu a i morti.
Paix pour les vivants et repos pour les morts.

I ghjenti ci voli à piegna li quandu eddi nàscini E micca quandu eddi mòrini.
Les gens, il faut les plaindre lorsqu’ils naissent, et non lorsqu’ils meurent.

A chì mali vivi, mali mori.
Celui qui vit mal, meurt mal.

Chì campa rirendu Mori caghendu.
Celui qui vit en riant meurt en chiant.

Chì cù la spada ferisci Per la spada perisci.
Celui qui blesse par l’épée finira par l’épée.

Saccu biotu un pò stà rittu.
Un sac vide ne peut pas tenir debout.

Saccu biotu un pò stà rittu, troppu pienu un si pò torcia.
Un sac vide ne peut pas tenir debout et un sac trop plein ne peut plier.

A règula ci sta bè Ancu in casa di u rè.
Même dans la maison du roi, on fait des économies.

Ancu a pulgia t’ha a tossa.
Même la puce veut tousser.

In terra chè tù vai, fà usu chè tù trovi.
Lorsque tu arrives dans une autre terre, conforme-toi aux usages que tu y trouves)

L’aqua va à u mare.
L’eau retourne toujours à la mer.

Laga u buddenti E succorri l’appartenti.
Laisse de coté ce qui est urgent et porte assistance à la femme qui est sur le point d’accoucher.

A chi hà pane e vinu po invità u so vicinu.
Qui a du pain et du vin, peut inviter son voisin.

Mariteddu tamant’è un ditu Ièddu voli essa rivaritu.
Il faut respecter son mari, même s’il est de très petite taille.

Miseria e puvertà Son dui sureddi E scuncertina hè la cucin’ carna.
Misère et pauvreté sont deux soeurs ; et la zizanie est leur cousine germaine.

Par cunnoscia la ghjenti, ci voli à mangnà una somma di sali insemu.
Pour connaître les gens, il faut manger ensemble toute la cargaison de sel d’un âne.

U troppu bè s’arrivolta.
Faire trop de bien nuit. (Si on fait trop de bien aux gens, on finit par en retirer des ennuis.)

Ne spiziale ne duttòre pó guari u mal’d’amore.
Ni le pharmacien ni le médecin ne peuvent guérir le mal d’amour.

Quandu ellu canta lu cuccu la marina si reallegria
Quand chante le coucou le bord de mer se réjouit.

Poni in terra e spera in Diu.
Mets en terre, et espère en D-ieu.

U Signori à qual’ eddu ama, tocca.
Le Seigneur met à l’épreuve ceux qu’il aime.

U Signori dà a ropa à chi un ha denti.
Le Seigneur prodigue des biens à celui qui n’a pas de dents.

U Signori dà u biscottu à quiddu chi t’hà i denti.
Le Seigneur donne des biscuits à celui qui a des dents.

U tonu un casca induv’ellu c’è un santu chi prega per voi.
La foudre ne tombe pas là où un saint prie pour vous.

U Signori dà u fretu sicondu i panni.
Le Seigneur donne le froid selon les vêtements que l’on a.

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