L’hypercapitalisme né dans les années 80 s’écroule sous nos yeux. Enrichissant les riches et ne laissant aux plus pauvres que les miettes du festin il fonctionnait sur un espoir d’hyperconsommation des classes moyennes, à l’infini. La vie à crédit, devait financer la bulle. Le crack du crédit en 2008, brusque retour à la réalité, a brisé ce rêve.
Il n’est pourtant pas inévitable que la « Civilisation du capitalisme » se termine dans le chaos. Car cette civilisation, née du rêve d’égalité des citoyens d’Athènes que les stoïciens vont étendre à l’humanité tout entière, va fusionner avec l’utopie fraternelle juive et apparaître concrètement dans les monastères au moyen âge. Ces premières ‘World companies’ seront les premières sociétés de production capitalistes, des pauvres volontaires partageant la richesse de manière égalitaire. Au XIIIe siècle, les ordres mendiants nés avec les villes en pleine expansion, épouseront à leur tour ‘dame pauvreté’. Ils seront les premiers théoriciens de l’économie moderne, réfléchissant à la manière de mettre la richesse au service du bien commun. Contrairement à ce qui est souvent dit, cette période du Xe-XVe siècle voit en occident un accroissement constant de la richesse par habitant sans précédent depuis Rome.
La révolution industrielle portée par l’ « esprit du capitalisme » de la Réforme, la liberté d’entreprendre et les Lumières poursuivra cet élan. L’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité chrétienne est donc fondatrice de la Civilisation du capitalisme. Sans le judéo-christianisme ces valeurs n’existeraient pas. La naissance d’une classe moyenne et de corps politiques intermédiaires est le fruit de l’enrichissement généralisé produit par le capitalisme. A la lumière de cette histoire, la cupidité et le cynisme n’ont rien à voir avec la Civilisation du capitalisme. L’hypercapitalisme n’en est que la perversion. Si nous voulons sauver la démocratie et réinventer un capitalisme à visage humain, nous devons donc répondre à une seule question : « A quoi croyons nous ? ». La fraternité ou l’argent ?