La femme et le couple dans le Talmud

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Quelques textes du Talmud dont une bonne partie ont été traduits par le Rav Haïm Harboun. Ce post est dédié à Carly et Fabrice. 

Ta femme

Honore ta femme ; en agissant ainsi tu t’enrichiras. Un homme doit prendre toujours soin de l’honneur dû à sa femme ; ce n’est qu’alors que la bénédiction se manifeste dans sa maison. (Baba metsia 59 a)

Si ta femme est petite, penche-toi pour lui parler et prendre conseil d’elle. (Baba metsia 59 a)

Un homme doit dépenser moins que ses moyens le lui permettent pour son alimentation personnelle, suivant ses moyens pour son habillement, et au-delà de ses moyens pour honorer sa femme et ses enfants, parce que ceux-ci dépendent de lui, tandis que lui-même dépend de Celui qui parla, et l’univers fut créé (Khoulim 84 b)

Faire un couple ? Aussi difficile que de séparer la mer rouge

Rabbi Lévi commence son discours sur le verset « Car D. est juge » comme ceci : une matrone romaine demanda un jour à Rabbi José ben Halafta : « En combien de jours D. a-t-Il créé son monde ?» Il répondit : «en six jours » Elle demanda ensuite «  Depuis ce temps, comment D. occupe son temps » Il répondit : «  Il  forme des couples, en disant : la fille de cette personne devra  être l’épouse de cette personne » La matrone dit : «  C’est tout ? moi aussi je peux faire de même ; J’ai beaucoup de serviteurs et de servantes, et je peux en faire des couples en moins d’une heure » ; Rabbi José lui fit cette remarque : « Tu penses peut-être que c’est facile , mais D ; trouve cela aussi difficile que de séparer la Mer Rouge », et sur ce, il prit congé. Que fit la matrone ? Elle fit venir ses mille serviteurs et ses mille servantes, les aligna sur deux rangées et les réunit en couples pour la nuit. Le matin venu, ils allèrent à elle, un avec le crâne défoncé, un avec les yeux sortis de leurs orbites, un troisième avec un coude cassé. Ils ont tous dit : «  Je ne veux pas de cette femme pour épouse ». Elle fit venir Rabbi José et lui dit : «  Rabbi, ta Torah est vraie, tout ce que tu as dit est juste » Le Rabbi répondit : « Le couple heureux chante, le couple malheureux pleure ; cependant D. forme les couples sans égard à leurs préférences.(Vayiqra Rabba 8, 1)  

Le couple

« Le Saint béni soit-Il, fit dix dais nuptiaux pour le mariage du premier homme du jardin d’Eden, tous parés de pierres précieuses, de perles et d’or. Mais l’usage n’est-il pas de n’apprêter qu’un seul dais nuptial pour un marié et trois pour un roi ? Pourtant, afin de faire honneur au premier homme, le Saint béni soit-Il en fit dix dans le jardin d’Eden, conformément au verset : » Tu étais en Eden au jardin de D ; toutes sortes de pierres précieuses étaient ton manteau : sardoine topaze et diamant, chrysolithe, onyx et jaspe, saphir, escarboucle et émeraude, or » (Ezéchiel 28, 13.) ce sont les dix dais nuptiaux, Les anges jouèrent du tambourin et dansèrent au son des flûtes […]Le Saint béni soit-Il dit aux anges de service : « Venez, allons combler de générosité le premier homme et sa compagne , car le monde tient sur la dimension de la bonté, plus que les sacrifices et les holocaustes qu’Israël M’offrira sur l’autel. J’aime la générosité prodigue, ainsi qu’il est dit : « Je désire la bonté du cœur et non les sacrifices » (Osée 6,6) Les anges de service allaient et venaient devant le premier homme, comme des garçons d’honneur veillant sur les dais nuptiaux, ce qu’exprime : « Car il ordonna à ses anges de te protéger dans toutes tes voies » (Ps. 91, 11) Or, il n’est point de voie que celle des nouveaux mariés. Le Saint béni soit- Il, était semblable au premier chantre. Et que fait habituellement un premier chantre ? Il se tient sous le dais nuptial et il bénit la mariée. De la même façon, le Saint béni soit-Il bénissait Adam et sa compagne, comme il est dit « D. les bénit » (Genèse 1, 28.) (Pirqé de Rabbi Eliézèr 12)

« Chaque âme et esprit, avant son entrée en ce monde, consiste en un mâle et une femelle unis en un seul être. Quand il descend sur la terre, les deux parties se séparent et animent deux corps différents. Au moment de la rencontre, le Saint béni soit-Il, qui connaît toutes les âmes et tous les  esprits, les réunit à nouveau comme ils étaient au début, et ils constituent à nouveau un corps et une âme, formant les parties droite et gauche d’un individu ; donc, « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » […] Cette union, cependant, est influencée par les actions de l’homme et par la façon dont il chemine. Si l’homme est pur et que sa conduite plaît aux yeux de D., il sera uni à la partie femelle de l’âme dont il était une composante avant sa naissance » (Zohar I, 91b)

« Ce ne fut que lorsque l’union du ciel et de la terre eut lieu pour la première fois, union qui se manifesta par la pluie, que l’union de l’homme et de la femme modelée sur la nature, eut lieu face à face. Le désir qu’éprouve la femelle pour le mâle ressemble aux nuées qui s’élèvent d’abord de la terre vers le ciel ; et après avoir formé les nuages, c’est le ciel qui arrose la terre. L’homme et la femme ne furent réellement unis que lorsqu’ils se regardèrent face à face et ce fut dans cette union parfaite que naquit le principe médiateur : l’amour » (Zohar I, 35a) « Le Saint béni soit IL fit défiler les animaux devant Adam, mais cette fois par couple : «  Chacun a sa partenaire s’écria Adam sauf moi : «  Mais pour l’homme il ne trouva pas la femme qui lui convienne. » «  Pourquoi ne lui créa –t-Il pas sa partenaire d’emblée ? C’est que le Saint béni soit-Il, voyant que l’homme devait un jour se plaindre d’elle, ne lui créa pas avant que la bouche même d’Adam ne la réclamât » (Béréchith Rabba 17, 5)

« Pour la femme, le matériau qui servit à former son corps ne fut pas tiré de la terre, comme ce fut le cas pour l’homme. D. a formé un côté de l’homme en femme ; l’homme fut donc divisé et une part fut formée en femme[…] Alors ce qui ne fut qu’une seule créature devint maintenant deux ; de là la complète égalité de la femme fut pour toujours attestée » (Hirsch sur Béréchith 2, 21.)

«  On demanda à Rabbi Yéhochoua : Pourquoi l’homme naît-il le visage vers le bas et la femme vers le haut ? L’homme regarde vers le lieu d’où il a été créé [ la terre] et la femme vers le lieu d’où elle a été créée [ la côte] Pourquoi la voix de la femme porte-elle au loin et pas celle de l’homme ? C’est un peu comme  quand tu remplis de viande une marmite ça ne résonne pas, mais si tu y mets un os, ça résonne. Pourquoi l’homme est-il facile à apaiser et pas la femme ? L’homme a été créé à partir de la terre, or dès que l’on jette une goutte par terre, elle est absorbée. Hava a été créée à partir d’une côte, tu pourrais verser pendant des jours et des jours de l’eau sur un os sans qu’il n’absorbe rien […] (Midrach Rabba 17, 8)

« Ton D. est un voleur, dit l’empereur à Rabbane Gamliel, Il a endormi Adam pour lui voler une partie de son corps » La fille de Rabbane Gamliel était présente pendant la discussion. « Laissez-moi répondre, dit-elle. Et, se tournant vers l’empereur elle ajouta : » Hier, il y a eu un vol dans la maison de mon père. Ils ont pris tous les gobelets d’argent. A la place, ils ont laissé des gobelets d’or. Je demande que justice soit rendue au tribunal ! » « Pourquoi demanda l’empereur. Je souhaite que de tels voleurs fassent irruption tous les jours dans mon palais »  « Attention à ce que vous dites, dit la fille de Rabbane Gamliel, n’est-ce pas le cas d’Adam, dont une côte fut enlevée pour lui donner une femme ? » « Si D. n’était pas un voleur il aurait procédé en sa présence sans l’endormir » « Apportez moi un morceau de viande » dit la fille de Rabbane Gamliel. Elle le prit et le fit rôtir au-dessus du feu, pendant que l’empereur regardait. Peu après, elle lui dit : « C’est prêt, vous pouvez manger » « Je ne peux pas manger cette viande, répondit l’empereur en proie à des nausées, je l’ai vu crue et sanglante ! » « Tu as ta réponse, dit la fille de Rabbane Gamliel, si Adam avait vu Hava pendant sa création, il n’en aurait pas voulu » (Sanhédrin  57 a)  

Un singulier pluriel

«  Mâle et femelle, Il les créa » Rabbi Chim’one  a dit : De profonds mystères sont révélés dans ces deux versets. Les mots : « Mâle et femelle Il les créa » font connaître la grande dignité de l’homme, la doctrine mystique de la création. Assurément de la même manière que furent créés le ciel et la terre, fut créé l’homme ; car pour le ciel et la terre il est écrit : « Voici les générations du ciel et de la terre » et de l’homme il est écrit : «  Voici les générations de l’homme » du ciel et de la terre il est écrit : «  Quand ils furent créés » et de l’homme il est écrit : « Au jour où ils furent créés » « Mâle et femelle, Il les créa » De ceci nous apprenons que chaque figure qui ne comprend pas à la fois des éléments mâles et femelles n’est pas une propre et vraie figure, et voilà comment nous avons posé les enseignements ésotériques de notre Michna. Observe ceci : D. ne place pas se Demeure au-dessus d’un endroit où un mâle et une  femelle ne se retrouve pas ensemble, ni ne donne Ses bénédictions comme il est écrit : « Il les a appelés Adam le jour où Il les a créés » Note qu’il est dit les et non pas lui. Le mâle ne peut être appelé « homme » tant qu’il n’est pas uni à une femelle. ( Zohar I, 55b.)

« Le Talmud affirme que Dieu a initialement créé l’homme et la femme en  une entité unique qui, par la suite, fut divisée en deux parties, l’une masculine et l’autre féminine. (Sotah 2a) Il a créé Adam, un être dépositaire des attributs mâles et femelles, comme il est écrit dans la Torah : «  D. fit l’homme à son image […] mâle et femelle Il les créa » (Béréchith 1,27) et Il les a  appelés Adam le jour où Il les a créés » (Béréchith 1, 27)  Voilà ce qui ressort de l’enseignement des Sages du Talmud qui définissent l’être humain comme un seul être à deux faces. Il paraît donc plus facile de comprendre la Création comme celle du genre humain plutôt que celle de deux individus : D. créa l’humanité, la divisant également en composantes mâles et femelles, c’est-à-dire les hommes et les femmes » (…) « Le changement du singulier au pluriel, que nous avons tenté de reproduire dans notre traduction de cette première mention de l’homme et de la femme  dans le récit de la Création, indique déjà la pleine égalité de statut, ou l’unité intérieur entre l’homme et la femme dans la conception et la destinée de « l’homme formé à l’image de D. » Ce termes englobe les deux sexes. Seuls l’homme et la femme ensemble forment l’idée de « l’homme » et D. les a créés semblables, sans intermédiaire, avec la conscience et le libre-arbitre » (Samson Raphaël HIRSCH,  Judaïsme Eternel, Vol. II, Londres, Soncino  Press 1959,p.51)

Des disputes dans le couple

« Rabbi Méïr prêchait publiquement pour l’édification des gens, la veille du Chabbath. Parmi son large public, il y avait une femme qui est restée jusqu’à la fin. Elle s’en retourna à la maison pour prendre part au repas généralement préparé en l’honneur de ce jour ; elle fut grandement déçue, en arrivant près de sa maison, de trouver la lumière éteinte et son mari sur le pas de la porte, de fort mauvaise humeur « Où étais-tu ? » demanda –t-il sur un ton qui démontrait qu’il n’appréciait pas son absence. «  Je suis allé écouter notre sage Rabbi prêcher et son cours était extraordinaire ! » Le mari répondit : » Vraiment ? Alors si le rabbi t’a autant plu, je fais le vœu que tu n’entres pas dans cette maison tant et aussi longtemps que tu ne lui auras pas craché dans l’œil,  en remerciement pour la distraction qu’il t’a procurée […] Elle était très pieuse pour infliger une telle humiliation à qui que ce soit, encore moins à un érudit ; elle se résigna donc à demeurer dans la rue. Un voisin charitable lui offrit l’hospitalité, ce qu’elle accepta. Elle y demeura un certain temps, tout en tentant d’attendrir la volonté de son mari, qui persistait dans sa demande. Cette histoire se répandit dans le village, et parvint jusqu’aux oreilles du Rabbi Méïr, qui, immédiatement l’envoya chercher. Elle vint, et le Rabbi la fit asseoir. Il fit semblant d’avoir une douleur à l’œil et lui demanda si elle ne connaissait pas un remède, « Maître, dit la femme, je suis une pauvre créature ignorante ; comment pourrais-je connaître ce qui pourrait te guérir ? » « Très bien dit le rabbi, fais ce que je te dis, crache moi dans l’œil sept fois, cela pourrait me faire du bien » La femme, après avoir hésité, s’exécuta. Le Rabbi lui dit : » Bonne femme, retourne chez toi et dis à ton mari : » C’était ton exigence que je crache dans l’œil du Rabbi. Je l’ai fait et même plus : je lui ai craché dans l’œil sept fois. Maintenant réconcilions-nous. Les disciples de Rabbi Méïr lui firent remarquer qu’en lui offrant une telle humiliation, ceci ouvrait la porte à ce que les gens rejettent la Loi et ceux qui l’enseignent. « Mes enfants, dit le Rabbi, pensez-vous que votre maître est plus pointilleux sur son honneur que l’est votre Créateur ? Même Lui, le Saint, béni soit-Il, a permis que son nom saint Nom soit oblitéré, afin de promouvoir la paix entre un homme et une femme […] Apprenez qu’il n’ y a aucun acte qui soit disgracieux lorsqu’il est temps d’apporter joie et paix entre deux conjoints »(Vayiqra Rabba 9.)

« Rabbi Yéhouda dit : «  C’est parce qu’il a été pris de adama (terre) que son nom était Adam » Rabbi Josué ben  Qor’ha réplique : « Il fut appelé Adam du fait de sa chair et de son sang » Il lui dit : «  Adam ! Adam ! » Mais lorsqu’Il lui eut bâti une aide féminine, l’un et l’autre furent appelés Eich (feu) Que fit le Saint béni soit-Il? Il mit Son nom entre les leurs en disant : « S’ils marchent dans Mes voies et observent mes commandements, Mon non sera partagé entre eux et il les délivrera de toutes les afflictions ; mais s’ils s’en écartent, j’enlèverai Mon nom d’entre les leurs et ils deviendront feu (Eich) et feu (Eich) car le feu dévore le feu, comme il est dit : «  C’est un feu qui dévore jusqu’à Abadone (extermination totale) (Midrach Iyob 31,12.)  

« S’il n’y a de blé, il n’y a pas de Torah… » (Avoth 3, 17)

Les Sages enseignent : «  Si quelqu’un doit étudier la Torah et épouser une femme, il doit d’abord se marier et ensuite étudier. Rav Yéhouda a dit au nom de Samuel : «  Voici la halakha : un homme se marie d’abord et étudie  ensuite » Rabbi yohanann dit : « Avec une pierre autour du cou, un homme peut-il étudier la Torah ? Rabbi Hisda a dit : « La raison pour laquelle je suis supérieur à mes collègues est que je me suis marié à seize ans (alors  mon âme était parfaitement libre pour étudier). Et si je m’étais marié à quatorze ans, j’aurais pu dire à Satan : «  Une flèche dans ton œil » (Kiddouchin 29b-30a)

Plus tard, Rabbi s’occupa de marier son fils dans la famille de Rabbi Yossi ben Zimra. Il fut convenu que le fiancé étudierait auparavant pendant douze ans dans un collège. Mais lorsqu’on lui présenta la jeune fille, il demanda à n’étudier que six années. Et lorsqu’elle  fut devant lui pour la seconde fois,  il dit [à sa famille] : «  J’aimerais me marier d’abord et aller étudier ensuite » Puis, il eut honte devant son père. Ce dernier lui dit : «  Tu as l’approbation de ton Créateur ; mon fils, car il est écrit d’abord : «  Tu les amèneras [sur la terre d’Israël] puis tu les installeras (Exode 15,17) Et plus loin : « Ils me feront un Temple, et j’habiterai au milieu d’eux ». (Exode, 25,8)   (Kiddouchin, Ein Yaacob)

« De nos jours , quand tout le monde est concerné par le fait de gagner sa vie, un homme doit préparer sa maison et ses revenus en premier et seulement par la suite il pourra servir son Créateur et s’occuper à l’étude de la Torah, en accord avec ce qu’ont dit les Sages : « S’il n’y a de blé, il n’y a pas de Torah »(Avoth 3, 17) … On peut déduire de ceci l’exemple du Saint Béni soit-Il ; Il a en premier lieu préparé une maison [le monde]  et toutes les sources de subsistance pour l’humanité et seulement ensuite a-t-Il créé l’homme et la femme et les fait engendrer des enfants dans le monde » (Zohar Béréchith 5)  

Le rejet du célibat

«  Celui qui n’a pas de femme demeure sans joie, sans bénédiction et sans le bien être. Sans joie comme il est écrit : « […] et qui le réjouira avec ta maison », sans bénédiction ainsi qu’il est mentionné : » il n’est pas  bon que l’homme soit seul. En Eretz Israël on dit : « [ celui qui n’a pas de femme demeure sans Torah, sans protection ] Selon Rabba bar Ola : il est sans paix, comme il est écrit : «  Tu sauras que la paix est fixée dans ta demeure »[…] Rabbi Eléazar enseigne : » Celui qui n’a pas de femme  ne peut pas prétendre au titre « d’homme », comme il est dit : «  Il les créa mâle et femelle et les appela « homme » (Yébamoth 62b-63a)

Rabbi Akiba

« Avant que Rabbi Akiba ne devienne un savant, il était berger du riche Kalba Chaboua de Jérusalem. Cet homme riche avait une fille, qui avait remarqué qu’il était modeste dans ses actions. Alors, elle lui a dit : « Si je me marie avec toi, vas-tu étudier la Torah ? » Il répondit : «  oui, avec tout mon cœur.» Et il s’est marié secrètement avec elle, de sorte que personne n’a rien su et, quittant son maître et son travail de berger, il est allé au loin étudier la Torah. Quand Kalba Chaboua a appris que sa fille s’était mariée à un berger, il fut irrité, car il aurait pu la donner en mariage à un homme plus méritant. Alors, il a expulsé sa fille de la maison et a fait vœu qu’aussi longtemps qu’il vivrait, elle ne pourrait jouir de ses propriétés.

Le bon Akiba est resté au loin pendant douze années. Ensuite, il est rentré à la maison, avec à sa suite douze mille disciples. Une vielle femme a dit à l’épouse : «  Tu es comme une veuve, car ton mari vit au-delà des mers. » Elle répliqua : «  Si mon mari m’écoutait il retournerait étudier pour encore douze ans. Quand Rabbi Akiba entendit ces paroles, il se dit : «  Je vois qu’elle serait heureuse si je retournais étudier. Alors, il s’en retourna et continua d’étudier dans une autre école, où il demeura douze ans. »

Après ce temps, il revint et ramena à sa suite douze mille disciples, en plus des douze mille qui étaient  demeurés avec lui, pour un total de vingt-quatre mille disciples. Quand elle apprit que son mari rentrait à la maison, elle sortit pour aller à sa rencontre, et les voisins lui dirent : «  Nous allons te prêter quelques vêtements, pour que tu ne puisses pas aller à la rencontre de ton mari avec ces hardes. » Mais elle répondit : «  Un homme juste connaît l’âme de sa bête » (Pr.12, 10) Elle voulait dire que son mari connaissait les sentiments qu’elle avait pour lui, même si elle ne portait pas de vêtements fins. Lorsqu’elle arriva, elle se prosterna devant lui et lui baisa les pieds. Les disciples voulaient l’écarter, mais Rabbi Akiba leur dit : « Ne la repoussez pas, car ma Torah et toute votre Torah, nous la lui devons » Et il leur raconta toute l’histoire.

Quand Kalba Chaboua entendit qu’un grand savant était de passage dans son village, il se dit : « Je vais aller le trouver et lui demander de me délier de mon vœu. » Il ignorait que Rabbi Akiba était son gendre, mais il éprouvait de la compassion pour sa fille. Il alla vers Rabbi Akiba et lui dit qu’il avait exclu sa fille de tous les bénéfices reliés à sa richesse, mais qu’il le regrettait maintenant. Il avait fait ce vœu rude, car cela l’avait ennuyé d’apprendre qu’elle s’était elle-même engagée avec un pauvre berger qui, de plus, était ignorant.

Akiba lui dit : « Si tu avais su qu’il était un érudit, aurais-tu fait ce vœu ? » Il répondit : « Si j’avais su qu’il connaissait seulement un seul chapitre ou une seule halakha je n’aurais pas fait ce vœu. » Alors Akiba lui dit : « Je suis le berger qui gardait ton troupeau, et c’est ta fille qui m’a fait étudier et revenir avec tant de disciples. » Quand Kalba Chavoua entendit ceci, il tomba à ses pieds et lui donna la moitié de sa fortune.(Kétouboth 62b)

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