L’âme Corse, Malanni

La voix est rude comme la pierre de notre pays, elle est profonde et spirituelle car nous les corses nous vivons avec nos ancêtres dans l’ombre et toute réalité a une profondeur insoupçonnée. Les paroles et la voix sont tragiques. Ma grand mère avait ces intonations quand elle disait dans notre langue : « Ici le sang ne sèche jamais ». Hélas c’était vrai.

La guitare est celle d’un troubadour avec des accords ouverts comme en Flamenco car malgré le drame ce n’est jamais fini. Elle pleure mais elle est douce comme un homme pleure et tente de se raisonner. C’est l’âme désoccupée qui erre avec le vent. La mélancolie du traggulinu, le marchand ambulant qui errait dans nos campagnes et colportait le rêve à bon marché. L’âme corse est indestructible. Nous sommes la Nation de l’esprit. Les biens aimés de Celui qui a créé la Mare Nostrum. Nul n’est une île ? Nous sommes l’île ! Et nostalgiques nous avons vu dans tes paysages la beauté Korsica. Nous avons senti la menthe prés de la source et l’immortelle des hauteurs qui nous a guéri de tout. Korsika tu nous a blessés d’une blessure dont on ne revient pas. Sois fier fils de mon île. Relève la tête ma fille, ce monde n’est pas une fin et notre exil prendra fin. Forza mon frère, forza ma soeur le sang de la Nation Corse coule en toi, humiliée mais jamais vaincue car la Nation est en nous. Cette terre est le terminus de tous les malchanceux. Oui cette terre est tragique mais elle est la notre, fraternelle et partagée, celle des communi. Nous sommes le peuple que le destin a choisi pour révéler à toute humanité sa misère. Korsika tu es notre destin et loin de toi, oubliés de Sefarad, âmes perdues, nous sommes orphelins.

Disuccupatu, Chômeur se dit Chabbat en hébreu.

Disuccupatu sò pè la campagna
È mi ne vò pè I so chjassi solu
Fighjendune issi lochi di cuccagna
È aspettendu a notte in paisolu

Ripigliu:
I mio penseri sò à l’amarezza
À l’avvacinu à la malincunia
È mi stantu à cunservà la saviezza
Chì più d’una volta si n’anderia.

Disuccupatu sò pè la citane
È mi ne vò pè I carrughji solu
Fighjendu e vitrine à robe vane
È aspittendu di l’ore lu scolu

Ripigliu:
I mio penseri sò à l’amarezza
À l’avvacinu à la malincunia
È mi stantu à cunservà la saviezza
Chì più d’una volta si n’anderia.

Disuccupatu sò pè a stagione
È mi ne vò da casa solu solu
Or chì vulite ch’aghja una passione
Da turnami un antru omu è piglià volu?

Ripigliu:
I mio penseri sò à l’amarezza
À l’avvacinu à la malincunia
È mi stantu à cunservà la saviezza
Chì più d’una volta si n’anderia.

Disuccupatu sò ma chì vulite?
Travaglierebbe anch’eiu s’io pudia
À mè ùn mi circate tante lite
Ch’ùn m’arricordu più di l’alegria

Ripigliu:
I mio penseri sò à l’amarezza
À l’avvacinu à la malincunia
È mi stantu à cunservà la saviezza
Chì più d’una volta si n’anderia.


Je suis le chômeur de la campagne
Et je m’en vais sur les chantiers
Et regardant mes lieux aimés
J’attends la nuit qui va tomber

Mes pensées sont à l’amertume
Au vertige, à la mélancolie
Je m’escrime à raison garder
Car elle fuirait bien trop souvent.

Je suis chômeur dans la cité
Et m’en vais seul dans les rues
Et regardant les vitrines bondées
J’attends que s’écoulent les heures

Mes pensées sont à l’amertume
Au vertige, à la mélancolie
Je m’escrime à raison garder
Car elle fuirait bien trop souvent.

Je suis chômeur dans la saison
Et m’en vais seul de la maison
Que voulez-vous que j’aie envie
D’être quelqu’un d’autre et reprendre vie?

Mes pensées sont à l’amertume
Au vertige, à la mélancolie
Je m’escrime à raison garder
Car elle fuirait bien trop souvent.

Je suis chômeur, que voulez vous?
Je travaillerais bien volontiers
Ne me cherchez donc pas querelle
L’ancienne joie est oubliée…

Mes pensées sont à l’amertume
Au vertige, à la mélancolie
Je m’escrime à raison garder
Car elle fuirait bien trop souvent.

3 commentaires sur « L’âme Corse, Malanni »

  1. Un très beau poème par sa prosodie et par sa thématique.
    Que faire, que dire lorsqu’on est éloigné du monde économique si ce n’est veiller à défendre les emplois nécessaires à notre environnement. Défendre la place indispensable de l’homme car nous ne sommes pas des machines.

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