N’attends pas… (Kohélet 12)

 Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse, avant qu’arrivent les mauvais jours et que surviennent les années dont tu diras: « Elles n’ont pas d’agrément pour moi »; avant que s’obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles, et que les nuages remontent aussitôt après la pluie.

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C’est le moment où fléchissent les gardiens de la maison, où se tordent les lutteurs vigoureux, où les meunières, devenues rares, restent oisives, et où celles qui regardent par les lucarnes voient trouble; où les portes, ouvrant sur le dehors, se ferment, tandis que s’affaiblit le bruit du moulin, devenu semblable à la voix d’un passereau, et où s’éteignent toutes les modulations du chant;

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où l’on s’effraie de toute montée, où la route est pleine d’alarmes, où l’amandier fleurit, où une sauterelle paraît un pesant fardeau, et où les câpres demeurent impuissantes, car déjà l’homme se dirige vers sa demeure d’éternité, et les pleureurs rôdent sur la place.

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N’attends pas que se rompe la corde d’argent, que se brise la boule d’or, que le seau soit mis en pièces près de la fontaine et que la poulie fracassée roule dans la citerne; que la poussière retourne à la poussière, redevenant ce qu’elle était, et que l’esprit remonte à Dieu qui l’a donné.

Vanité des vanités, disait Kohélet, tout est vanité!

הֲבֵל הֲבָלִים אָמַר הַקּוֹהֶלֶת הַכֹּל הָבֶל

5 commentaires sur « N’attends pas… (Kohélet 12) »

  1. A Yod Resh. Merci de tout coeur. Ces lignes n’ont rien de pessimiste. Elles m’enchantent. Tout est dans le « n’attend pas ». C’est le même kohélét qui dit ailleurs « il est doux pour l’homme de voir la Lumière ». Combien cela est vrai

  2. Magnifiques photos qui vont bien avec le texte de Kohélet.: c’est curieux car lorsque j’ai su que je devais entrer dans le Judaïsme « avec les deux pieds », et quitter l’église catho faite de mains d’hommes, je suis tombée sur ce passage ! Avec la certitude de devoir me hâter ! Et une grande joie, et de paix m’envahit à chaque fois que je savoure Kohélet. Quand certains prêtres y voyaient de la morosité, de la lassitude,du désespoir, au contraire d’eux, j’y voyais, du calme, de la paix,une grande sagesse, de la sérénité, et un renouvellement de tout car l’essentiel finalement est D. et que tout est susceptible de nous mener à Lui.
    Est-ce que je me trompe ? J’aimerais savoir ce que tu en penses . Merci d’avance.

    1. J’ai toujours aimé Kohélet car sous son rude pessimisme il y a une forme de réalisme humain. ça n’a rien de désespéré comme le laisse croire une première lecture au contraire, il y a chez lui une sorte de « naïveté seconde », une candeur qui regarde notre condition de mortel en face. J’adore ses injonctions comme un père à son fils, « pour le bonheur n’attends pas ».Une sorte de constat chirurgical sut l’existence comme une photo de Richard Aveydon photographiant le départ de son père. Un solide réalisme : « Ce qui est tordu ne peut être redressé, et ce qui manque ne peut entrer en compte. »… »accroître sa science, c’est accroître sa peine. »… « Alors je dis en mon cœur: « Le sort du fou est le même qui m’attend, moi; dès lors, à quoi bon avoir acquis tant de sagesse? » « telle la destinée des animaux; leur condition est la même, la mort des uns est comme la mort des autres; un même souffle les anime: la supériorité de l’homme sur l’animal est nulle »… c’est tellement vrai. Cette nostalgie du temps qui passe et ce constat que nous faisons tous qu’il faut se battre mais qu’en même temps tout est toujours perdu d’avance puisque la mort aura le dernier mot. « J’entrepris de grandes choses: je me bâtis des palais, je me plantai des vignes. ».
      Un jour le Rav Harboun m’a dit : « Un juif n’a pas le droit de désespérer ». J’ai pensé à Kohélet.
      Et cet aveu super humble : « Seulement voici ce que j’ai trouvé: c’est que Dieu a fait les hommes pour être droits; ce sont eux qui ont recours à toutes sortes de roueries. »
      Il y a aussi chez lui une sorte de « carpe diem » magnifique : « toutes les fois que l’homme mange et boit, jouissant du bien-être qu’il doit à son labeur, c’est là un don de Dieu. »; « qui demeure dans la société des vivants peut avoir quelque espoir, car un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. » et : « Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de l’existence éphémère qu’on t’accorde sous le soleil, oui, de ton existence fugitive car c’est là ta meilleure part dans la vie et dans le labeur que tu t’imposes sous le soleil. »
      Kohélet c’est « comporte toi comme si tu allais mourir ce soir », non pas pour désespérer mais pour mieux vivre, garder l’essentiel. Le reste est… vanité.

  3. Todah Rabah pour ton explication que je vais méditer. C’est fou de voir tout ce qui sort de mon être profond depuis que j’ai opté pour le Judaïsme, comme si ce qui était enfoui ressort bien malgré moi. J’étais tombée sur le récit de Kohélet il y a quelques années à un moment où tout allait mal pour moi et dans le même temps où je découvrais toutes les choses erronées (pour ne pas dire mensonges) de l’église dans laquelle j’étais depuis mon enfance et que j’appréhendais dans le même temps le Judaïsme (ayant trouvé enfin, grâce à D. le secret de famille : c’est-à-dire sa Judaïté pourtant bien cachée mais dont la vie et les gestes quotidiens de ma grand-mère maternelle m’ont amené à comprendre ce qu’elle voulait que je sache sans me l’expliquer) et allant pour la première fois à la synagogue j’ai été très fortement « secouée », et « comme happée » « aimantée » à la sortie du séfer Thora !!! Les larmes coulaient et j’ai ressenti aussitôt une grande paix, comme si enfin, l’Unité se faisait en moi. C’était très curieux. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être « revenue enfin à la Maison ». Alors, quand je suis tombée sur ton témoignage, j’ai compris que nous devions être très nombreux à avoir retrouvé nos racines Juives ! Didier, merci pour tout.

    1. On est des milliers…Merci de tout coeur.Je publierai le 09 oct. Des noces eternelles, un moine a la Synagogue ou je raconte cette histoire. La suite de Defense a Dieu d’entrer. Tisha be Av arrive ! Le jeune et la joie !

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