Figures du mal

Serpent de la Genèse, Béatus mozarabe, Escorial IXè s.

C’est une discussion un peu inactuelle que je vous propose ici : parler du mal, de ce Satan biblique, diable grec, antique serpent de la Genèse qui nous semble aujourd’hui si désuet. A tort.

Pourtant le mal existe. Vertigineux. N’importe quel personne qui a un peu écouté les âmes et d’abord la sienne croise cette réalité. On peut même dire que le sens de ce monde est un affrontement de la Lumière et des ténèbres et un dévoilement du mensonge, un accomplissement de la vérité finalement. Et la vie spirituelle un combat sur un champ de bataille : Ki tetésé dit la paracha… « quand tu partiras en guerre »… contre toi-même dit la Tradition.

Aucun fascinatus à cela. Le mal n’est pas un dieu, il se présente plutôt comme une fêlure à l’intérieur du libre arbitre de l’homme qui ouvre un abysse.

Des personnes aiment voir d’autres se fracasser les unes contre les autres, l’organisent par procuration, prennent plaisir au viol ou à la gifle de l’innocent. Je ne parle pas là de l’ignorance ou d’états de fatigue qui peuvent conduire à des catastrophes, je parle de la passion pour la destruction, l’attirance sans frein pour ce qui est sale, vicieux, tordu et sombre. Certaines personnes éprouvent un vrai plaisir à détruire leur semblable et cela constitue parfois un vrai projet de toute une vie. Le diable n’existe pas. Le mal incarné par des personnalités désaxées oui.

La psychanalyse et la psychiatrie modernes semblaient nous avoir affranchis des bons vieux exorcistes, et autres chasseurs de mauvais œil. Elles nous ont prévenu des circonstances atténuantes qu’il faut attribuer aux « pervers narcissiques » et autres psychopathes qui  détruisent leur entourage de manière cachée, commettent des petits meurtres psychiques sur leur entourage. La schizophrénie parfaitement socialisée est plus banale qu’on ne le croit. Et « L’effort pour rendre l’autre fou » et le faire habiter dans deux parties de sa personnalité incompatibles (Double Bind) a été parfaitement expliqué par Harold Searles : « L’individu devient schizophrénique, en partie, à cause d’un effort continu –largement ou totalement inconscient – de la ou des personnes importantes de son entourage pour le rendre fou. »

Le mal n’est donc pas une personne comme le bon vieux satan du livre de Job. Il est le diabolon, celui qui divise m’intérieur de l’âme. Ce qui est la définition même de la schizophrénie, du double bind, ce double attachement parfaitement décrit par Harold Searles, cet « effort pour rendre l’autre fou » dont Searles montre qu’il n’est pas le fait d’une seule personne mais le résultat d’interactions dans un milieu pathogène : la mère clivée qui clive son enfant a elle même été clivée et ne connait pas d’autre mode d’interaction avec son entourage.

Face aux ‘pervers narcissiques’ nos poils se dressent. Notre inconscient est convoqué et notre système limbique nous prévient d’une danger imminent. Pourtant la personne qui nous parle semble présenter tous les signes extérieurs de l’intégration sociale réussie. Le gendre idéal, la femme du monde. Mais simultanément ces schizophrènes nous délivrent des messages à bas bruit pour nous inviter à partager leur monstruosité, une sexualité sado masochistes indicible par exemple. Le malaise nait de la capacité à montrer tout en cachant cette monstruosité.

Les personnes à l’égo brisé choisissent atour d’elles des victimes comme prolongement du self ou des émotions qu’elles sont incapables de ressentir, organisent leur entourage comme un petit théâtre. Elles sont monnaie courante dans une modernité qui a fait de l’individu le pilastre de toute vérité. La victime a en général toute les caractéristiques que ne possède pas ce bourreau pourtant si attentionné : elle est vivante, aime la vérité, s’engage. Combien de mères toxiques et intrusives ont fait de leurs enfants leurs jouets sociaux à la merci de leur égo, prête à le casser à la moindre rébellion ? passant de la paix aux cris de colère à la moindre occasion, jouant sur les nerfs de leur progéniture à coup de larmes de crocodile ? orchestrant leur folie comme le seul mode d’être au monde.

Ces mères ou ces grands-mères clivent leurs entourages, coupent les liens qui unissent leur victime à ses proches, orchestrent des jalousies familiales sur des générations. Mauriac n’a rien inventé.

Ces maniaques à qui l’humanité entière doit de rendre leur honneur perdu accaparent (capere = violer en latin) les biens, les contrats de maisons, les bijoux de famille. Ces paranoïaques procéduriers hantent les salles des pas perdus des tribunaux et des notaires en quête de la réparation narcissique ultime, du procès qui sera le jugement dernier de leur apothéose.

Il ne s’agit pas de voir le mal partout mais d’en comprendre la réalité quotidienne. Tout être un tant soi peu spirituel qui cherche la vérité est confronté tôt ou tard à cette fracture originaire de la création qui appelle le Tikoun Olam, la réparation. Une fracture qui nous traverse tous. L’orgueil spirituel, la plus haute forme du narcissisme, peut laisser croire à un religieux peu aguerri qu’il pourrait sauver ou vaincre le mal. Or seul l’Eternel « sauve » ce monde et le répare in fine. Et cela reste une croyance.

La Toute-puissance reste l’attribut de Dieu seul et la Rédemption et le Messie restent à venir.

L’approche psychologique

Un(e) mythomane ne ment pas, il croit juste ce qu’il dit. Son délire grandiose vise juste à rétablir un narcissisme défaillant en déficit permanent.

Un(e) cleptomane ne vole pas, il s’approprie seulement un bien pour reprendre ce qu’on lui a volé : son égo.

Un(e) paranoïaque n’agresse pas. Se jugeant en position de déni de lui-même il s’attribue une toute puissance morale à la mesure ce déni originaire dont il s’estime la victime. Il attribue aux autres ses propres agressions pour rétablir son narcissisme détruit.

Un(e) psychopathe ne tue pas. Il s’approprie seulement l’âme de sa victime, âme qu’il croit ne plus posséder lui-même.

Un(e) érotomane n’est pas amoureux, c’est juste une personne qui projette un désir d’être aimé à hauteur de sa frustration sur une autre personne.

Tout effort pour confronter ces ‘menteurs’ à la vérité est vain. Car ces personnes entent dans une telle angoisse qu’elles rétabliront leur système défaillant de nouveau angoissé d’une manière ou d’une autre. Un psychiatre me racontait qu’un de ses collègues avait convaincu un mythomane qu’il n’était pas le messie. L’autre lui avait renvoyé une lettre : « Docteur vous aviez bien raison, je ne peux pas être le messie en conséquence de quoi je n’ai plus rien à faire en ce monde »… et il s’était suicidé.

Tous ces malades de l’égo sont plus ou moins lucides sur ce qu’ils croient être leur monstruosité. Ils en jouent dans un subtil jeu de voilement et de spectacle par lequel il se positionnent comme les maîtres du jeu en position de toute puissance surplombante. Leur violence n’a d’égal que celle qu’ils attribuent aux ennemis imaginaires de leur narcissisme détruit. La perversion et le mensonge sont les corollaires inéluctables de cette vision grandiose de soi et faussée de la réalité qui veut imposer son délire personnel de manière inquisitoriale

L’homme du Sous-sol de Dostoïevski est l’archétype de cet égo brisé qui rêve un monde qu’il déteste de sa cave. Il rumine sa bile avec un ulcère à l’estomac. Celui de son égo détruit.

L’éclairage biblique

Dans le tribunal du Proche Orient ancien le Satan est l’accusateur. C’est lui qui va détruire la vie du pauvre Job. Le Satan est une créature qui tente l’homme pour le laisser envisager de se placer à la place du créateur. L’Eternel fini par interpeller Job, le Juste parfait, dans les pages les plus émouvantes de la Bible :

א  וַיַּעַן-יְהוָה אֶת-אִיּוֹב, מנהסערה (מִן הַסְּעָרָה);    וַיֹּאמַר.1 L’Eternel répondit à Job du sein de la tempête et dit:
ב  מִי זֶה, מַחְשִׁיךְ עֵצָה בְמִלִּין–    בְּלִי-דָעַת.2 Quel est celui qui dénigre les desseins de Dieu par des discours dépourvus de sens?
ג  אֱזָר-נָא כְגֶבֶר חֲלָצֶיךָ;    וְאֶשְׁאָלְךָ, וְהוֹדִיעֵנִי.3 Ceins donc tes reins comme un homme: je vais t’interroger et tu m’instruiras.
ד  אֵיפֹה הָיִיתָ, בְּיָסְדִי-אָרֶץ;    הַגֵּד, אִם-יָדַעְתָּ בִינָה.4 Où étais-tu lorsque je fondais la terre? Dis-le, si tu en as quelque connaissance.
ה  מִי-שָׂם מְמַדֶּיהָ, כִּי תֵדָע;    אוֹ מִי-נָטָה עָלֶיהָ קָּו.5 Qui a fixé ses dimensions, si tu le sais, ou qui a tendu sur elle le cordeau?
ו  עַל-מָה, אֲדָנֶיהָ הָטְבָּעוּ;    אוֹ מִי-יָרָה, אֶבֶן פִּנָּתָהּ.6 Sur quoi sont assis ses piliers, ou qui a lancé sa pierre angulaire,
ז  בְּרָן-יַחַד, כּוֹכְבֵי בֹקֶר;    וַיָּרִיעוּ, כָּל-בְּנֵי אֱלֹהִים.7 tandis que les étoiles du matin chantaient en chœur, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie?
ח  וַיָּסֶךְ בִּדְלָתַיִם יָם;    בְּגִיחוֹ, מֵרֶחֶם יֵצֵא.8 Qui a fermé la mer avec des portes, quand elle sortit jaillissante du sein maternel,
ט  בְּשׂוּמִי עָנָן לְבֻשׁוֹ;    וַעֲרָפֶל, חֲתֻלָּתוֹ.9 quand je lui donnai la nuée pour vêtement et une brume épaisse pour langes;
Job 38

La tentation du Juste est de se prendre pour Dieu. A force de recevoir la grâce on finit par faire des grâces «  (Jankélévitch). La confession de son impuissance à créer le monde rend à Job son monde perdu. Il s’est abimé -un mot qui signifie le gouffre et la destruction, dans sa capacité à être créé, ce qui a détruit son monde originaire.

La parole du serpent de la Genèse est probablement le plus grand mystère qui est posé à l’être humain par la Bible.

« Mais le serpent était rusé, plus qu’aucun des animaux terrestres qu’avait faits l’Éternel-Dieu. Il dit à la femme :  » Dieu a-t-il dit: vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin? » La femme répondit au serpent : « Du fruit de tout arbre du jardin, nous pouvons manger; mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, sous peine de mourir. » Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez pas; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant (yodéi) le bien (tov) et le mal. (rah) « »

Gn 3, 1-5

Le serpent n’invente rien de neuf, il se renseigne juste pour savoir s’il a bien entendu : « Dieu a-t-il dit ? » et reprend exactement l’ordre de Dieu édicté au chapitre précédent pour le retourner :

« L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant : « De tous les arbres du jardin, tu pourras manger; mais de l’Arbre de la connaissance du bien et du Mal, tu n’en mangeras pas ; car le jour où tu en mangeras tu mourras assurément (mot tamot) » (Gn 2, 16-17)

Quand la femme redit mot pour mot l’ordre de Dieu, le serpent la reprend. Il ne conteste pas l’interdiction mais son effet : « Non, vous ne mourrez pas; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant (yodéi) le bien (tov) et le mal. (rah)».

La connaissance du bien et du mal est l’enjeu de la transgression de l’interdit. Donc, selon le serpent, Dieu a menti. Dieu est celui qui ment.

Toute la tradition Biblique insiste pour dire que la Vérité est non seulement un des attributs de Dieu mais son Nom même. Dieu est Vérité. Emet.

Voilà le clivage. Qui dit une chose et son contraire dans la même phrase. Imposant à l’autre une gymnastique mentale dans deux parties de son cerveau incompatibles pour partager son secret, tout en le faisant exploser ! la vérité et le mensonge c’est la même chose. Oui et non c’est la même chose. Cette réduction d’autrui à un état pré-logique, qui ruine le principe de non contradiction qui fonde la logique tend à rendre l’autre fou. Le serpent en rendant possible l’inverse de ce que dit Dieu ruine la possibilité même de parler. Ce savoir qu’il propose à Eve qui permettrait de « comprendre le bien et le mal » en ruine en réalité la compréhension puisque les mots qui permettent de séparer le bien du mal, la vie de la mort ne veulent plus rien dire. Le serpent de la Genèse invente le Ministère de la Vérité d’Orwell dasn 1984 et sa Novlangue qui inverse le langage. Son secret : « La vérité c’est le mensonge ». Une pure fake news.

Pour Sforno, qui invente avent l’heure le principe de plaisir, le nom de l’arbre montre que l’homme a tendance à choisir ce qui lui semble agréable (le bien) et rejeter ce qui lui semble amer (le mal). L’arbre est le symbole de l’ambivalence d’un homme qui désire en même temps une chose et son contraire, le bien et le mal, la vie et la mort à la fois. Nous pouvons désirez ce qui nous fait du mal : un chocolat qui nous fait grossir, une drogue, une relation interdite… , par simple choix d’un plaisir immédiat.

L’ambivalence est donc celle de tout homme, guetté par sa propre folie au moment même où il commence à parler.

Le Midrach Hagadol commente : « Se peut-il que Dieu t’ai interdit de consommer le fruit des arbres ? Pourquoi les aurait-il donc créés, sinon pour en jouir ? ». Tout une tradition s’est emparée de cette lecture avec le slogan : « Le mal est posté à la porte du plaisir ».

La tradition juive a inventé le « mauvais penchant » qui inciterait l’homme à fauter (Yétser Hara’) et s’opposerait au Yestser Hatov ( le bon penchant).

La Torah est comprise comme un antidote au mal :

« J’ai créé le Yétser Hara’ et J’ai créé la Torah comme son antidote »

TB, Kiddouchin 30b

Cette ambivalence décrit les pulsions que l’homme peut plus ou moins contrôler et qu’il peut en partie dominer en exerçant volontairement des actes généreux (mitsvot) le plus désintéressés possibles (lichma, pour le Nom). Mais hélas, « L’axe du mal » nous traverse.

La séparation entre la vérité et le mensonge et la capacité à chercher une vérité présupposé par toute conversation même mensongère est donc le propre du sujet parlant humain. Mais la forclusion d’un mensonge originaire peut agir sur plusieurs générations ; C’est le Dieu  » lent à la colère et plein d’amouré est aussi celui qui punit « Yhwh lent à la colère et plein d’amour, qui supporte la faute et la révolte ne peut innocenter en visitant la faute des pères sur les fils, sur trois et quatre générations » (Ex 20, 5).

Trois ou quatre générations, le temps de la fabrique d’une psychose. La littérature est pleine de ce combat intérieur contre le mal dans les âmes qui exerce son emprise sur tout un village ou une société.

Dans la littérature

L’emprise du mal, le combat désespéré du saint face à lui, sa capacité à détruire les innocents sont parfaitement décrit par Bernanos ou Dostoïevski. Au détour d’un univers noir, Sonia la prostituée de Crime et châtiment, la fillette que l’homme du Sous sol envoie au trottoir par haine de la vie, le frère du starets Zosime des frères Karamazov qui lui dévoile l’amour contenu dans la création… sont des rai de lumière dans cet univers sombre.

Le mal peut se condenser en une personne chez Dostoïevski : le diable qui discute avec Ivan Karamazov, le Grand Inquisiteur, le père Karamazov ou le prince Volkovski dans Humiliés et offensés.

L’homme du souterrain, le joueur, l’idiot, Marie Lebiadkine, Smerdiakov, Marmeladov, Katerina Ivanovna sont des malades mentaux ; Stavroguine, Ivan Karamazov sont, eux, des menteurs métaphysiques.

La fascination de Dostoievski pour les joueurs -il était lui même un joueur invétéré, traverse toute son oeuvre. Le joueur est cet homme qui imagine toutes les combinaisons possibles de l’existence sans jamais pouvoir rejoindre le réel. Il est dans la combinatoire d’avant la création et le réel.

Pour Bernanos le diable est une réalité collective qui asservit les âmes et conduit à la faute personnelle. Le village rural et ses personnages religieux ou républicains, le comte, le médecin, est le théâtre où se brisent les âmes enfermées dans la chaîne généalogique de la psychose.

Monsieur Ouine, mystérieux professeur de langues, dissout les liens familiaux, commet des actes pédophiles sur son disciple le jeune Steeny (Bernanos le laisse entendre), qui croit trouver en lui un père de substitution. Monsieur Ouine a lui-même été abusé.

Miss, la gouvernante anglaise qui tente de séduire l’adolescent Steeny a déjà entrainé sa mère dans le sexe saphique, elle a été elle-même abusée dans sa jeunesse.

La Mouchette de Sous le soleil de Satan croit se libérer en fuguant vers son amant, le marquis désargenté qui l’a engrossée et elle comprend dans sa confession au prêtre Donissan, le saint de Limbres qui se bat avec le diable et lit en son âme qu’elle n’est que le fruit du péchés de ses aïeux que le jeune prêtre égrène dans son omniscience surnaturelle, elle se suicide.

Une réalité collective donc qui traverse les individus.

« Le diable, voyez-vous, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout. » « La haine qu’on se porte à soi-même est probablement celle entre toutes pour laquelle il n’est pas de pardon. » et « Le berceau est moins profond que la tombe. » dit le Monsieur Ouine de Bernanos.

Monsieur Ouine un nom qui dit « oui et non » à la fois On retrouve le mélange du mal et du bien, de la vie et de la mort, le fait de pouvoir possible une chose et son contraire simultanément qui domine les psychopates et le serpent de la Genèse.

Le mal est donc la forme moderne de la folie. Un état antérieur au principe de non-contradiction qui anéantit toute parole. Une forclusion d’un mensonge originaire qui dit à l’infini une chose et son contraire dans la même phrase. Car, comme l’a montré Habermas (Théorie de l’agir communicationnel) toute discussion présuppose la transcendance d’une vérité possible évoquée par les discutant, sinon atteinte.

Mais au fond, le diable est avant tout le médiocre qui voudrait exister en chacun de nous, à n’importe quel prix. L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu. L’inverse du saint qui aime Dieu jusqu’au mépris de soi dans le don oblatif.

Une réalité collective qui peut prendre la figure d’un Etat, d’un Reich.

Empires du mal

Le mal n’est pas de l’ordre uniquement du for interne et de la sphère privée. Il peut prendre la forme de « structures de péché » comme l’avait dénoncé Jean-Paul 2 face aux états communistes . Le 20ème siècle et Nuremberg nous ont averti de ce crime contre l’humanité qu’a constitué le IIIème Reich.

Et pourtant le 21ème siècle a commencé avec le djihadisme et l’Etat islamique. Il est aussi celui des fake news et de la surveillance de masse par les intelligences artificielles des GAFA et autres BATX.  Nous sommes un hybride de 1984, d’Orwell, un monde où la Novlangue du Ministère de la Vérité inverse les mots comme le serpent de la Genèse

« La guerre, c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force»

Un hybride de 1984 et du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley, où le principe de plaisir a remplacé toute réalité.

Les deux grands empires mondiaux actuels sont à la tête de cette nouvelle forme de guerre de l’influence sur les esprits. Le but des IA n’est pas d’abord de gagner des parts de marché mais d’influencer les manières de penser. Comme les bonnes vieilles églises d’antan et leurs confessionnaux. Au moins, ceux-ci libéraient-ils les âmes !

Les réseaux sociaux sont des tout à l’ego pour frustrer le moi tout en exacerbant sa revendication d’amour : Tu likeras ton prochain comme toi-même. Quelle sera la figure de la monstruosité à l’âge digital ou des ados se suicident après lynchage par clic interposés ?

Le spectacle organisé par les média de masse qui relaient les politiques par un storytelling de masse fast food où un clou chasse l’autre, place chacun de nous au cœur d’un Truman show dont nous sommes les dindons enamourés.

Orwell nous avait prévenu : « Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air » Et il ajoutait :

« Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire. »

« Il est plus facile qu’on le croit de se haïr » répond Bernanos qui ajoute dans Sous le soleil de Satan :

 » Oui mon enfant, souvenez vous, le mal comme le bien est aimé pour lui même, et servi « 

Un commentaire sur « Figures du mal »

  1. merci Rabin Meïr, oui ça fait penser aux situations d’aujourd’hui, mais pour moi personnellement, par des proches où par des relations. j’ai imprimé ce texte intelligent.

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