Histoire des juifs de Corse (« L’Abrei Corsi »)

 Un documentaire en trois volets de Jackie Poggioli. Histoire de la communauté israélite de Corse, à voir absolument (cliquez sur le lien)

Ghjenti du16 octobre 2009 – « L’Abrei Corsi » 1/3 – Ma-Tvideo France2

« L’Abrei Corsi » émission 2/3

« L’Abrei Corsi » émission 3/3

Le Pape et le Rabbin

Judaïsme et christianisme à un tournant de leur relation

A lire sur le blog de >>>  Marie-Pierre Samitier

Marie-Pierre Samitier et Frère Matthieu Collin

Voir aussi « Gros plan sur… Evangile et tradition d’Israël » de Matthieu Collin et Pierre Lenhardt

Yasmin Levy – Ladino

Istanbul- La Corne d'Or, photo DL

J’ai découvert les chants de Yasmin Levy à Istanbul, des romansas (poèmes narratifs et dramatiques) et des kantigas, (chansons lyriques) en ladino. Cette langue médiévale aujourd’hui disparue fut créée par les rabbins espagnols  pour traduire et enseigner les textes sacrés en respectant l’ordre des mots et la syntaxe de l’original hébreu. C’est la langue des Juifs chassés d’Espagne par les rois catholiques en 1492 qui se réfugièrent, après l’Inquisition en Turquie, en Grèce et en Bulgarie.  
Yasmin Levy travaille avec des musiciens venus d’Iran, d’Arménie, de Turquie, d’Espagne ou d’Israël, son  flûtiste et clarinettiste est Amir Shahsar. Quand je réfléchis à ce qu’est l’Exil, la galout, ces chants me viennent au coeur.

 
 
Irme Kero, madre, a Yerushalayim,
comer de sus frutos, bever de sus aguas.
Y en él me arimo yo,
y en él me afalago yo,
y en él el senyor de todo el mundo.
Y lo estan fraguando kon piedras preciozas
y lo estan labrando kon piedras preciozas.
Y el Bet Amikdash lo veo d’enfrente,
a mi me parece la luna cresciente.
Y el Kot’Marabi es eziara grande
y la shejina aho esta parada.

 

Hay, Mano Suave tenia
A tocarla, nadie se atrevia
Hay, madre..
A tocarla, nadie se atreviaSu alma le entrego
El Corazon entero
Hay madre
El Corazon entero
 
 

“Jésus de Nazareth, juif de Galilée” livre coup de coeur du Grand Rabbin Korsia

A lire sur le site de l’émission « Les enfants d’Abraham » de Haïm Korsia, Malek Chebel et du Père de la Morandais.

écrit par Haïm Korsia

« Ce livre est une présentation de Jésus dans la réalité de ce qu’il était : un juif.
La spiritualité, la façon de vivre le judaïsme de cette époque a marqué ses engagements et si durant 2000 ans l’Eglise a occulté cette vérité, il y a un mouvement évident pour connaître le judaïsme comme la foi de Jésus. Jean-Paul II et Benoit XVI ont fait beaucoup pour cela, d’ailleurs. Il y a des liens manifestes entre les Evangiles et le Talmud, ses enseignements, son sens de la parabole, son espérance. J’ai lu avec plaisir des passages du Talmud, comme la fameuse controverse entre Rabbi Eliezer et rabbi Yochoua où ce dernier fait cette réponse si juste : La Thora n’est plus dans les cieux, c’est à nous de gérer le monde avec les règles que l’Eternel nous a donné.
Le savoir de l’auteur est grand, mais pas autant que son chemin. Didier Long fut moine bénédictin, philosophe, théologien, et il est aujourd’hui père de quatre enfants, chef d’entreprise et auteur de livre à succès sur la foi. Il est profondément chrétien, et donc beaucoup juif, et ce livre est une forme de réconciliation des deux identités. C’est ainsi que la citation d’un texte syriaque du Vie siècle pourrait s’appliquer à Didier Long : Un païen demande à un « fils de l’alliance » s’il est juif et il lui répond oui. Il lui demande s’il est chrétien, et il répond oui.
Et puis, petit geste d’orgueil, l’auteur me remercie en fin d’ouvrage, mais je n’ai strictement rien fait pour cela. Alors je me suis dit qu’il s’agissait simplement de me remercier de garder vivant un judaïsme de l’accueil, du partage, de l’étude et de la joie, celui qui traversant le temps, touche les cœurs et fait de chacun un frère. »

Rembrandt et la figure du Christ

A signaler l’exposition au Louvre Rembrandt et la figure du Christ du 21-04-2011 au 18-07-2011.

 Rompant avec toutes les conventions de l’époque Rembrandt  a trés probablement fait poser un jeune juif d’Amsterdam dans son atelier. Cette communauté persécutée originaire d’Espagne et du Portugal avait été chassée par l’Inquisition de Torquemada en 1492. La « Nouvelle Jérusalem » capitale des Provinces-Unies accueillait juifs de la péninsule ibérique et d’Europe centrale, mais aussi protestants, qui y trouvèrent refuge.

Ce tableau fut peint durant les dernières années de la vie de Rembrandt (1606-1669)vers 1657-1661.

Baruch Spinoza (1632-1677) originaire d’une famille juive  portugaise vivait dans cette ville à la même époque.

Photo : Le tableau « Christ les bras croisés » (Hyde Collection), est selon David F. Setford, Directeur exécutif de la Hyde Collection : “the key image of Christ in Rembrandt’s late work” that “reflects how his idea of Christ had evolved” . Le portrait d’un jeune homme juif.

Fashion Avenue spirit…

Plus d’un million de Juifs d’Europe de l’Est parlant yiddish se sont installés à New York entre 1880 et 1910. New York est aussi le lieu de la plus grande communauté juive en dehors d’Israël. Près d’un million de personnes. Ils ont construit cette ville, dans tous les business, dont celui de la mode où je travaille ici. Fashion avenue, Garment District, ce quartier a été un centre de la culture juive.

Au pied du Rockefeller Center, cette pierre gravée d’un discours de J. D. Rockefeller Jr. en 1941 :

« I believe
in the supreme worth of the individual and in his right to life, liberty, and the pursuit of happiness.

I believe
that every right implies a responsibility; every opportunity, an obligation; every possession, a duty.

I believe
that the law was made for man and not man for the law; that government is the servant of the people and not their master.

I believe
in the dignity of labor, whether with head or hand; that the world owes no man a living but that it owes every man an opportunity to make a living.

I believe
that thrift is essential to well ordered living and that economy is a prime requisite of a sound financial structure, whether in government, business or personal affairs.

I believe
that truth and justice are fundamental to an enduring social order.

I believe
 in the sacredness of a promise, that a man’s word should be as good as his bond; that character — not wealth or power or position — is of supreme worth. »

Le Pape Benoît XVI fait un nouveau pas vers les juifs

Tout l’article du Parisien du 10 mars 2011 : Le pape fait un nouveau pas vers les juifs; et ma contribution en encadré :

Prière Ana Bekoach

(La prière inscrite sur la mémorah de l’article précédent)

Un poème de 7 vers de 6 mots attribué à un sage du premier siècle. Cette méditation kabbalistique sur les noms
de Dieu (en gras) est développée par Moîse Maïmonide dans le Guide des égarés (1,62) :
« Dieu sera UN et son nom sera UN » (Zaccharie 14, 19) dans l’Eternité
comme avant la création mais actuellement
ses noms sont multiples et
dérivés pour les
hommes
.

Ana Beko’ach G’dulat Yeminchah Tatir Tz’rurah De grâce, par la force de Ta droite délie ce qui est noué
Kabel Rinat Am’chah Sagvenu Taharenu NORA (bis) Reçois les chants de supplication de Ton peuple, élève-nous, purifie-nous, toi qui est redoutable!
Na GIBOR Dorshei Yichudcha Kebavat Shamrem De grâce, O puissant Garde ceux qui recherchent Ton unité
Bar’hem, Taharem, Ra’haméi Tsidkat’ha Tamid Gamlem Bénis-les, purifie-les, que Ta juste bonté les comble toujours
HASSIN KADOSH Berov Tuvcha Nahel Adatetcha Inébranlable, saint, avec une immense bonté gouverne Ton peuple qui est Ta part
YA’HID GE’EH Le’amcha Pne Zochrei K’dushatetcha Unique, glorifié, adresse-Toi à Ton peuple qui se souvient de Ta Sainteté
Shav’atenu Kabel Ushma Tza’akatenu YODE’A TA’ALUMOT


Baruch Shem K’vod Malchuto Le’olam Va’ed
Reçois nos supplications, et écoute nos cris. Toi qui connais les mystères de la création
Béni soit l’honneur de Son Royaume à jamais.

 

Marranes

Les marranes sont des juifs qui ont été convertis au christianisme et pratiquent la religion juive en secret. Ce nom vient des conversions forcées de juifs au catholicisme lors des expulsions d’Espagne en 1492 qui allaient pousser des juifs des juifs à migrer dans  toute la mediterranée jusqu’en Turquie et au Maghreb. Ces juifs sans synagogue, sans livres ni rabbin qui choisirent « l’exil intérieur » ont été nommés en insulte – « marrane » un mot qui signifie porc en castillan. Un article magnifique sur Jacques Derrida qui exprime de manière magnifique cette double identité.

« Cosmopolitique du marrane absolu » par Marc Goldsmith,
Revue Sens Public, avril 2008.

(…) Les marranes sont les juifs de la péninsule ibérique, convertis au christianisme afin de s’assimiler, disparaître en tant que juifs et échapper ainsi pour un temps à la persécution. Cette dissimulation du judaïsme se manifeste chez les marranes par un écart de la langue et un évitement de toutes les marques d’appartenance juive ; Derrida raconte ainsi dans Circonfessions :

« Chez les juifs d’Algérie, on ne disait presque jamais la « circoncision » mais le « baptême », non la Bar Mitzwa mais « la communion ». Dans cet écart de la langue qui travaille les marranes se dessine une formation de compromis étrange et bancale : ceux qu’on surnommait aussi « les nouveaux chrétiens » ne pratiquaient pas seulement un judaïsme intérieur, discret ou secret, invisible depuis l’espace public et peu reconnaissable pour les « non-juifs », mais la plupart d’entre eux était en même temps ignorants des choses juives qu’ils confondaient peut-être avec une caricature chrétienne. Judaïsme « intérieur » en quelque sorte très « extérieur », ou ce partage intérieur/extérieur est déstabilisé et déplacé. »

Ces juifs, qui ne l’étaient plus et qui se reconnaissaient aussi à leur méconnaissance du judaïsme, étaient donc des juifs aveugles et errants en eux-mêmes, à la recherche sans fin de leur appartenance, mais ils étaient en même temps des simulacres de chrétiens. Ils vivaient en ce sens à travers une double imitation sans modèle ni exemple, celle de juifs qui ne l’étaient plus et de chrétiens qui ne le seraient jamais, comme les lois sur la pureté du sang, inventées pour les distinguer et les démasquer, allaient tragiquement le leur rappeler. Ils restaient les juifs qu’ils n’étaient plus et qu’ils ne savaient pas être, mais ne devenaient pourtant pas les chrétiens qu’ils paraissaient être mais qu’ils ne deviendraient pas aux yeux des chrétiens. Le marrane (ou la marrane) est sans cesse parjure, malgré lui et à son insu, et pour cette raison nul ne peut témoigner pour lui, ni s’autoriser à parler pour lui ou à sa place.

Ce double jeu des marranes ne signifie donc pas une double appartenance, mais plutôt une double étrangeté, une double apparition croisée avec une double disparition. Le juif n’apparaissant qu’à proportion qu’il disparaît dans le marrane, et le chrétien dissimulant sa « nouveauté » à mesure qu’il se présente avec un corps chrétien ; Derrida écrit : 

« […] si je suis une sorte de marrane de la culture catholique française, et j’ai aussi mon corps chrétien (…), je suis de ces marranes qui ne se disent même pas juifs dans le secret de leur cœur, non pour être des marranes authentifiées de part ou d’autre de la frontière publique, mais parce qu’ils doutent de tout, jamais ne se confessent ni renoncent aux lumières… ».

On peut remarquer un chiasme d’autant plus compliqué que le marrane n’est peut-être jamais autant juif que lorsqu’il joue le chrétien, ni jamais autant chrétien que lorsqu’il fait le juif qu’il fantasme. On voit ainsi comment Jacques Derrida a pu reconnaître, dans la figure du témoin aveugle condensée par le marrane, son propre destin qu’il ne dit même pas de juif et d’aveugle, de juif séparé du judaïsme et de la judéité. A-t-il pensé le double jeu marrane comme le chiffre secret de son travail philosophique, au moment où il présentait cette figure improbable comme son joker ?

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